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Message Dim 23 Oct - 19:51

Ça fait au moins six semaines et ça en fait six de trop – Laila a été claire là-dessus, et Avery sait qu'il faut qu'elle arrête de déconner avant que sa patronne ne soupçonne qu'elle veut la lui foutre à l'envers. Elle a eu maintes et maintes occasions d'aborder Haldora, et chacune s'est soldée sur l'échec le plus total – le refus d'obstacle, dirait même sa conscience, si toutefois elle l'écoutait. Elle trouvait à tout participant involontaire et éloigné de chaque rencontre une part de faute dans sa dissuasion personnelle : le serveur lui tenait trop la jambe, Judith (emmenée contre son gré) prenait toute son attention en dévalisant le stock de burgers, sa cible avait l'air en colère et elle préférait attendre de meilleurs auspices… Ce n'était jamais le bon moment, lui semblait-il. Pourtant, chaque fois qu'elle cherche du regard la jeune femme, elle trouve celle-ci en train de l'observer. Toujours, un rituel comme du papier à musique ; elles se guettent et tous les non-dits filtrent en filigrane dans une conversation qui ne commence pas, parce qu'elle ne cesse de la repousser. Et, de façon fort vraisemblable pour la lâche qu'elle est, nul doute qu'elle arrivera à trouver une énième excuse pour repartir chez elle bredouille ce soir. Parce qu'elle ne sait pas s'y prendre, qu'elle n'a au final aucune idée de comment elle peut se réintroduire dans la vie de son ex d'un autre temps, encore moins pour la livrer sur un plateau à un bourreau qui n'attend que ça pour la briser entre ses mâchoires acérées.

Beaucoup d'excuses pour dire qu'au fond, Avery n'a aucune envie d'être là.

Elle a répété le speech, pourtant : elle est devenue femme d'affaires, du genre start-up nation, la self-made woman qui a sorti une idée de génie de son cul et qui s'est entourée des meilleurs pour la mettre au point. Une histoire d'outil connecté pour personnes âgées isolées, un truc qu'elle a à peine poncé, parce que l'ambition n'est pas d'aller jusque-là : retrouver sa confiance, n'en serait-ce qu'une ébauche, suffira pour le moment. La suite, elle avisera. Elle a prévu les trois tailleurs qu'elle met à chaque fois, révisé ses manières pour renvoyer l'idée de luxe et de hauteur ; tout est prêt jusqu'au détail en forme de bijoux à son cou. Et là, assise dans un siège en cuir sur son trente-et-un face à un mec qu'elle a payé pour s'habiller en riche et donner le change, à attendre sa commande dans le fast-food le plus fréquenté du quartier, elle réalise sans détour et avec une puissance qui ne l'avait pas percutée jusque-là :

Elle n'a aucune envie d'être ici.

Qu'importe sa propre nécessité, une voix distante qu'elle s'échine à faire taire lui rappelle qu'Haldora a voulu disparaître, comme elle l'a fait tant de fois ; que si on l'avait suivie, qu'on l'avait ramenée à ses vieux démons, elle aurait fini par en crever, c'était certain. L'idée même de lui infliger son propre cauchemar éveillé lui fout une nausée puissante et culpabilisatrice. Il est encore temps de partir, lui chuchote cette même voix alors que l'inconnu face à elle fronce les sourcils, attendant manifestement une réponse de sa part. Il est encore temps de se barrer d'ici, de couper tout contact avec Laila, d'arrêter tant qu'elle peut juguler les conséquences, tant qu'Haldora ne l'a pas vue – peut-être même qu'elle n'est pas là, ce soir, que le destin lui envoie un signe rouge fluo pour lui dire de se sortir les doigts et de foutre la paix à cette femme qui n'a rien demandé d'autre que d'être loin d'Avery Yazdani. Elle y songe si fort qu'elle est prête à prendre son faux Gucci pour se casser avec, tant pis pour la commande payée et non récupérée. Mais les yeux s'égarent et s'arrêtent sur une silhouette, derrière, discrète. Le genre de mecs qu'on remarque pas ; les yeux cernés par la dope et les insomnies, des cheveux soigneusement coiffés qui tranchent avec les fringues mal assorties, la petite valise en cuir que seuls les escrocs prennent parce que c'est la moins chère. La même que celle qu'elle a, à ses pieds ; sauf que la sienne est vide.

Une demi-seconde à peine, et le mec lui rend son regard, avant de le balancer de l'autre côté de la pièce. La panique commence à dégouliner contre sa nuque, fraîche et épaisse ; Avery est sur le qui-vive, la main sur son téléphone et le pied déjà en-dehors du siège où elle attend sa commande. Son pseudo acolyte continue à parler sans recevoir de réponse ou d'attention de sa part, parce qu'elle est déjà toute aux prises d'une peur-panique qui grimpe : il n'y a aucune raison qu'ils soient là pour elle, ici, spécifiquement ce soir, dans un fast-food à la con. Il n'y a aucune raison rationnelle ; le mec la regarde et il regarde sûrement tout le monde pareil, et ni lui ni sa comparse ne lui sont familiers. Pourtant, le reptilien gueule et l'exhorte à fuir, et Avery a appris à ses dépends que le remettre en question, c'était finir flanquée avec un cran d'arrêt dans le tissu musculaire du genou. Alors la jeune femme se lève de son siège, aussi délicatement qu'elle le puisse, adresse une excuse vide à son partenaire du soir et se dirige prestement vers les toilettes du personnel à côté des cuisines, dans une contenance qui laisse à désirer. Les pas sont vifs au travers des quelques clients présents ; une épaule se heurte à la sienne et toujours le cerveau lui intime d'accélérer jusqu'à se trouver contre la porte.

Fermée.

« Putain », qu'elle marmonne entre des maxillaires crispées à s'en faire mal. À tous les coups, les mecs ne sont pas là pour elle, et elle va passer pour une gigantesque conne auprès d'Haldora, si celle-ci l'a vue.
Et à tous les coups, ils sont là pour elle et il ne lui reste que quelques fractions de secondes avant qu'ils ne surgissent.
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Message Mar 25 Oct - 13:48

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L’écho entêtant des dernières semaines, est mis sur le compte de la fatigue. L’anxiété déchaîne sur son existence suffisamment de désagréments pour qu’elle s’invente une décompensation psychotique par-dessus la névrose évidente. Un diagnostic foireux qu’elle préfère largement à la réalité. Car s’avouer que l’île entière est devenue un cimetière à ciel ouvert ne la ravit nullement. Autant de fantômes pour la pourchasser de son domicile à ses points d’intérêt. Après Laila, Avery ressurgit. Et ce spectre-là opérerait à davantage de ravages si elle ne résistait pas à l’envie de décrédibiliser les coïncidences. Trop cartésienne pour estimer que le cosmos les a réunies au moment où elle en avait la nécessité. Pas assez naïve pour y voir le signe d’un cycle voué à se répéter jusqu’à ce qu’elle soit apte à le briser. N’a-t-elle pas déjà essayé par deux fois autrefois ? Est-ce que la roublarde imite les rouages du destin pour la dénicher ? Ou est-elle est victime du même phénomène qu’elle ? Si Haldora se concentre sur ça, tout ce qui lui reste d’équilibre déraillera. Incarnation même du chaos émotionnel, son ancienne alliée la propulse dans une cacophonie interrompue, orchestre composé de timbales et de tambours aux sons lourds, boucan qui la harcèle et fractionne ses pensées. Il est compliqué de réfléchir de façon froide et sensée quand elle apparait. Ascendant qui a été dramatiquement amplifié par les récents événements. Les endroits qu’elle hante, deviennent sujets à tentation. Le désir d’y repasser pour vérifier qu’elle y sera encore là, ne manque pas de lui faire effectuer des détours inutiles, d’encombrer son quotidien déjà bien décousu par des horaires éprouvants. Non, la trentenaire n’a pas le luxe d’offrir à cette femme, le loisir de revenir saccager ses restes de stabilité.

Et pourtant. Même piégée entre les fourneaux et le comptoir, l’ancienne infirmière la perçoit sans aucune difficulté, l’a détaillée attentivement entre deux actions inintéressantes. L’accoutrement signe les évidences et les tient bien éloignées, il semblerait. Du moins, a-t-elle cherché à s’en convaincre. Tandis qu’elle a régressé de bien des façons, sa comparse, elle, est parvenue à avancer. La dissonance entre ce qu’elle dégage dans ses vêtements élégants et le cadre saturé en graisse, reconnu pour ses repas bon marché, ne manque pas de la titiller cependant. Il faut croire que son imprévisibilité se manifeste encore sous une forme inattendue. Et ça devrait s’arrêter là. Un constat simple, quoique bancal mais suffisant pour l’oublier, passer à autre chose. Pour cesser d’entretenir les œillades à la dérobée à chaque fois que les rencontres fortuites se multiplient. L'ironie pique tant elle est vile. Plus elle tente d’y résister, plus elle se sent attirée, magnétisme incohérent qui la pousserait bien à se tordre le cou pour l’aviser. La veuve se sent aussi stupide qu’une adolescente vénérant quelques images sur papier glacé, nourrit la même ferveur pour une personne inatteignable désormais. Puisse-t-elle un jour disparaitre à nouveau, lui offrir un semblant de paix car il lui parait bien ardu de se focaliser sur sa tâche quand son ex continue à subsister dans la pièce d’à côté.

Le nez penché sur le grill, la goule divague encore. Combien de steaks ont été jetés en raison de sa distraction ? Elle a préféré ne pas compter, les a enfoncés autant que possible au fond de la poubelle pour que personne ne s’en aperçoive et se mette en tête de la remplacer. Par chance, le quatuor en place aujourd’hui peine à maitriser le flot constant de clients. Tellement débordés, qu’on lui somme de s’orienter vers l’audacieuse pour l’arrêter, manager craintif de voir cette inconnue percer les interdits pour atterrir dans la cuisine. Trop occupée jusque-là pour avoir suivi les dernières instants, elle ne sait pas vers qui elle se met à évoluer. L’identité ne se révèle que quand l’accrochage se produit. Le face à face ôte les couleurs que la chaleur des réchauds a réussi à provoquer. Les doigts arrachent immédiatement le filet à la tignasse, réflexe compulsif pour se donner une allure un peu moins minable alors que les mots lui échappent difficilement, se trouvent du côté des ordres renvoyés plus tôt. « Ces toilettes sont réservées au personnel et pas à la clientèle. » Vraiment pas ce qu’elle aurait aimé lui dire après tout ce temps passé à se fixer et à entretenir un silence inconvenant. Le ridicule de la situation lui arracherait presque un rire nerveux si seulement, elle possédait encore cette prédisposition à l’amusement et à l’autodérision.

Les yeux se braquent avec un temps de latence dans les siens, écaillent légèrement le fond de l’iris pour entrapercevoir de nouvelles ombres. Les traits crispés ne trompent pas, pas plus que le fracas qui émerge abruptement de la salle principale. L’esprit ankylosé par cette soudaine proximité et par la panique d’être si subitement entrée en contact avec elle, permet à l’instinct de reprendre les commandes du vaisseau. Et il fonce droit vers ce qui se devine à l’horizon. « Tout va bien ? » Dans son dos, les injonctions d’un autre employé éclatent, exigent de quelques personnes qu’elle ne peut discerner, de ne pas franchir la limite indiquée. Discussion animée qui provoque une tension généralisée, les conversations s’estompent autour d’eux jusqu’à provoquer un contexte particulièrement anxiogène où les quelques cris issus de la confrontation sont captés avec plus de vivacité. « Qu’est-ce qui se passe ? » Aucune envie de quitter sa position, de foncer droit sur la source des dérangements et d’abandonner la potentielle cause et cible de cette agitation. Rempart entre l’ici et le là-bas, l’ancienne combattante attend, les explications, un mouvement, une raison de relâcher son intuition pour marquer à nouveau la distance avec celle qui devrait aujourd’hui n’être qu’une étrangère de plus dans cette ville gangrenée.
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Message Mar 25 Oct - 16:07

Elle est belle, Haldora ; tellement belle de loin qu’Avery a peur de s’approcher et de tout foutre en l’air, encore, parce qu’il n’y a que ça qu’elle sache faire. Qu’elle veuille faire, même, s’il fallait être honnête - rien de bon ne ressortira du pacte tissé avec la Carlsen, elle s’en est elle-même assurée en posant les termes de leur alliance. Les mots auto-sabotage n’ont jamais traversé son esprit, parce qu’elle est infoutue de conscientiser sa propre démise ; elle se contente de se dire qu’il ne s’agit jamais que d’un moyen rapide et à sa portée pour de l’argent facile, une proie si atteignable qui ne sera que dommage collatéral au besoin urgent de survie. Qu’importe, pour les mille autres moyens déjà employés par le passé pour arriver à ses fins : elle a déjà épuisé toutes ses ressources, se sent en bout de course, essoufflée et foutue à genoux. Et aucune de ces ressources ne valait de toute manière autant que Stenberg, aucune n’avait le poids des velléités d’une mère vengeresse. Avery s’y était pliée avec plaisir, avait tendu l’arme à Laila pour qu’elle la retourne contre sa tempe. Ainsi soit-il, donc. Elle jeterait Haldora dans la gueule du loup, parce que c’était son dernier recours avant de se plier à la certitude d’une mort lente.

Elle revoit sa mère, les tremblements, puis les bégaiements, les muscles qui lâchent, la démence ; Paul, qui avait sauté toutes les étapes pour aller directement à la mémoire affectée, aux larmes qui coulent sans qu’il soit capable de les comprendre ni même de les essuyer. Elle revoit la cage dorée dans laquelle on les a fait subsister le plus longtemps possible, et elle se demande combien de temps, elle, elle y survivrait. Qu’importe les conjectures dans lesquelles elle se lance, elle atterrit invariablement sur la même réponse : ils ont subi une torture à laquelle elle refuse de se plier. Et chaque jour qui passe, chaque tremblement suspecté est un rappel du temps qui s’égrène sans l’attendre ou lui laisser possibilité de quelque marche arrière.

Alors tant pis pour la conscience. Celle-ci ne lui avait jamais été d’une quelconque utilité, de toute manière.

Elle hésite à peine, quand elle s’élance du côté de la barrière réservé aux employés ; sa nervosité la force à repasser son tailleur du plat de la main pour se donner une contenance, essayer de ralentir le temps alors que des possibles assaillants sont là, à quelques mètres, à relever le duvet sur sa nuque. La voix qui se mêle aux autres sans totalement s’en dégager l’extirpe pourtant de son sentiment d’urgence pour un trop long instant : toilettes réservées. Dégage. Avant d’assimiler les mots et leur signification, elle entend et savoure la voix réticente, mal assurée, reconnaît son inflexion parmi toutes ; ose à peine relever le nez, le décrocher de la foule qui s’épaissit et s’amoncelle autour de leurs silhouettes, parce que croiser son regard lui semble soudain trois fois pire qu’affronter quelque emmerde qui l’attend dans la salle principale du fast-food. Je suis venue pour té détruire, qu’elle songe, en priant de chaque fibre de son être pour que d’une façon ou d’une autre Haldora le comprenne et disparaisse, fais demi-tour, retourne au fourneau, laisse-moi être jetée dehors. Elle lui en veut presque pour le regard qu’elle sent peser sur elle, intense et fixe, le regard qui l’a toujours couvée d’une affection qu’elle n’a jamais retrouvée ailleurs, de mille questions auxquelles elle n’a jamais su répondre. « Les toilettes pour la clientèle étaient trop sales », qu’elle lâche d’une traite, mi-narquoise mi-inquiète, alors que le regard fait l’aller-retour entre le mouvement en arrière plan et la jeune femme qu’elle aurait pensé ne jamais revoir. Et elle la dévore du regard, encore et toujours, parce qu'Avery n'a jamais rien su faire de plus face à elle. Près d'une moitié de vie plus tard, qu'importe : c'est le genre de choses qui ne changent pas. Elle a eu tort de se penser au-dessus.

A la question sur son état, elle ne répond rien - non, tout ne va pas bien, rien ne va plus et bientôt rien n’ira pour Hal, non plus. Mieux vaut ne rien dire : elle se contente de hausser les épaules, adoptant toute la désinvolture qu’elle est capable de rassembler en elle-même, trop consciente que commencer à montrer le moindre signe de faiblesse, c’est déjà se condamner auprès de l’ancienne amante. « Ils ont essayé de voler mon sac », lâche-t-elle plutôt, suffisamment fort pour attirer les questionnements et que l’attention se reporte sur ses assaillants et se mêle à l’indignation. Les rumeurs de foule s’enorgueillissent de la réponse pour ne plus cesser de rugir, et les silhouettes foutrement familières et menaçantes sont reléguées à l’arrière-plan, suffisamment loin pour l’épargner, bien que ce ne soit que pour quelques secondes. Ne reste alors pour elle que de regarder sa vis-à-vis, les traits qu’elle avait l’habitude d’apprendre par coeur et de frôler du bout du doigt maintenant trop marqués par la fatigue, éloignés par la situation. « J’ai besoin de sortir », qu’elle se retrouve à sortir entre des dents serrées, à des lieues de la nana en tailleur et soudain bien plus proche de la gamine trop frêle pour tenir debout face à l’emprise de Laila, à la colère d’Haldora. Elle retombe quinze ans en arrière, la fausse assurance reléguée au placard et l’envie de courir, courir, courir toujours plus loin pour ne jamais plus se retourner. « Tu m’fais passer par l’arrière ? » Même sa voix, lui est étrangère, songe-t-elle sans le conscientiser, alors qu’elle ponctue sa demande d’une prière finale : « S’il te plaît. »
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Message Mer 26 Oct - 17:54

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De pensées clandestines en mensonges grossiers, Avery s’est construite de sorte à bâtir, à partir de ses vestiges, un véritable mythe. Évolution soumise à des conditions que Haldora méconnait aujourd’hui. Elle la reconnait futée, dotée d’un panel de capacités qui la rendaient autrefois déjà habile pour s’extirper du danger. Mais l’intervalle a sustenté bien d’autres mécanismes que la trentenaire ne pourrait identifier. La seule légende perceptible ne tient déjà plus qu’à leurs souvenirs dérobés à l’époque où Laila ignorait qu’elles se fréquentaient. Et ça lui semble si lointain désormais qu’elle se demande si la réalité lui a vraiment échappé et si l’imagination n’a pas remplacé les détails dérangeants, par une fiction plus à même de la faire tenir quand son monde a basculé. Avant que Manning ne ramasse l’égarée, elle se raccrochait encore aux débris de leur relation fracassée, rares moments positifs de son passé qui lui faisaient encore espérer que tout n’était peut-être pas à jeter. Est-ce que l’ironie de l’instant chercherait à la détromper de ses plus récentes conclusions à ce sujet ? La lui ramenant au moment où l'avenir ne l'intéresse plus ? L’hypothèse du destin a déjà été révoquée. La prétendue cuisinière n’appartient pas aux rêveurs ou aux optimistes. Cependant, il est inutile de nier les faits. Son ancienne alliée se tient bien là, dans un style si élégant que le sien jure un peu plus intensément. Les mains enfoncent le filet ôté plus tôt à la tignasse pour l’enfoncer au fond du tablier, les doigts se ramassent contre le même tissu pour en essuyer la graisse plus prestement alors que la réplique se fait attendre. Un cadre qu’elle n’aurait pas pu trouver plus indécent pour des retrouvailles. Au moins à l’hôpital, elle pouvait lui prouver sa remontée des enfers, la défier du bout des cils sans sourciller. Regarde comme je m’en suis sortie. Du fond de ses galeries, la goule espère encore que la lumière ne mette pas plus en exergue sa monstruosité. Autant de considérations que son vis-à-vis n’a pas le loisir d’embrasser, sans doute. Car dans le dos de l’employée, les injures ne cessent de s’amplifier au point où un caissier participe à l'obstruction du passage.

Le conflit ne dénoue rien des raisons à la fuite observée. La justification bancale des premiers instants s’effrite alors rudement. Une explication qui tient sur une seule ligne alors que dans la pièce adjacente, c’est plusieurs paragraphes qui sont créés par les mécréants. D’abord, l’émoi. La voix supplie et la veuve se voit obéir docilement, la raison anesthésiée, le regard hanté du sien. Presque prise à partie dans une confidence comme autrefois, tout aussi apte à tordre les interdits pour la protéger, à deux doigts de redevenir l’adolescente qui se précipite vers la poignée de porte pour lui délivrer tous les accès. L’œil dévie néanmoins, s’achète un peu de répit en désertant le fond de la nuit. Le contact visuel rompu, la conscience ressurgit plus aisément. Le chemin est retracé du bout des yeux plus calmement. Elle songe aux conséquences, aux risques avant de la balancer droit vers la sortie et envisage tous les scénarios, la tête plus froide. Ses priorités se sont réinventées depuis que le décès de son époux lui a greffé de nouvelles responsabilités. Kamilla n’a rien d’un appendice dont elle voudrait se séparer. Cependant, elle est forcée de constater que sa liberté d’actions s’est drastiquement réduite maintenant qu'elle doit prendre en compte cette donnée. Au lieu de lui offrir ce que la fuyarde lui réclame, la furibonde choisit d’anticiper la suite. « Pour qu’ils te rattrapent dans l’allée aussi ? » Elle ne sera pas plus en sécurité là-bas qu’ici - là où elle peut en plus la protéger. Une excuse qui lui permet de mieux digérer son manque de réactivité quant à l’aide réclamée. La cervelle continue à turbiner en ce sens, pour apaiser son cœur aux prises avec ces décisions aux airs de trahison.

Avec un brin d’audace mais en réalisant avec un peu plus d’aplomb le maintien de la débâcle plus loin, elle cherche à établir un lien, à éclaircir des dissonances dans le comportement adverse subitement. « T’as un truc qui les intéresserait dans ce sac, qu’ils se donnent la peine de foutre le bordel dans la pièce d’à côté au lieu de chercher une autre cible ? » Pourquoi attirer l’attention sur eux ? Pourquoi tout risquer pour un butin qu’ils pourraient trouver ailleurs ? L’accoutrement leur a inspiré le mouvement et une fois lancés, ils ont eu assez d’égo pour ne pas se détourner ? L’esprit replace le contexte rapidement, mémoire affûtée par les entrainements d’une tutrice intransigeante. Le comparse qui l’accompagnait, ne les aurait pas intéressés ? Déjà enfoncée jusqu’au cou dans des spéculations insensées, l’hargneuse remet en perspective les termes du lien qui les unit aujourd’hui. Des étrangères nouées par des réminiscences entêtantes. « Tu sais quoi, ça me regarde pas. Par contre, je risque de me choper un avertissement au mieux si on me voit te faire passer par là. » Traverser la cuisine pour atteindre le fond de la salle et enfreindre des règles d’hygiène atrocement strictes. Le blâme risque de tomber et avec lui, peut-être que son emploi sautera au vu d’autres incidents passés qu'elle a provoqué. Elle ne peut pas se permettre de perdre cet emploi. Il lui suffit pourtant de revenir poser son attention sur son interlocutrice pour en ressentir une pointe de culpabilité couplée à une inquiétude vorace quant à la véhémence de ses opposants. Le mal s’inscrit à l’encre de chine contre sa rétine, filaments obscurs échappant à l’iris et dessinant son emprise sur sa psyché. « Tu peux attendre là qu’ils se tirent après. » Intoxication des songes, la roublarde entreprend de contaminer sa lucidité en trop peu de temps. Tout pour la retenir. « Je pense qu’ils vont appeler les flics, c'est la procédure. Vaut peut-être mieux que tu sois là pour expliquer le délire, non ? » A moins que son ancienne compagne n'ait des raisons de quitter l’établissement avant d’être interrogée. Et si elle planque bien des secrets derrière ses mots tout trouvés, Haldora n’est pas mieux à ce petit jeu. Elle aussi a une liste de crimes à se reprocher. Certains bien plus sanglants et répréhensibles qu'un petit vol mal géré.
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Message Dim 30 Oct - 16:12

Tout va trop vite : les possibles assaillants forcent le passage jusqu’à l’endroit où elle se trouve, la sécurité du fast-food se joint aux quelques serveurs et caissiers pour leur bloquer le passage, le ton monte et les clients s’attroupent pour y aller de leur commérage. Merde, qu’elle songe face à la cohorte. Merde, merde, merde. Elle est venue ici pour être discrète aux yeux de tous, sauf de ceux qui la remarquent à peine ; s’exposer davantage, c’est risquer d’avoir ses créanciers aux trousses et d’attirer une attention dont elle a bien peu besoin pour sa mission actuelle. Il suffira qu’Haldora soupçonne quoi que ce soit pour que sonne la fin de la récré, et qu’elle puisse rentrer chez elle sans un rond, sans un plan de sortie, ni même une toile de sécurité. La jeune femme a beau être semblable en tout point à une inconnue, avec les années passées loin l’une de l’autre, Avery sait qu’elle la connaîtra toujours suffisamment pour défaire n’importe lequel de ses plans. Ne lui reste plus donc qu’à viser l’excellence, afin qu’aucune de ses toiles tissées ne se délite sous ses yeux. Et l’agitation actuelle est en première place pour foutre en l’air tous ses plans.

Elle ne se laisse pas démonter, pourtant ; elle sort le regard de labrador battu, supplie avec chaque fibre de son corps - et c’est sincère, si sincère que ça lui tord le bide d’être à ce point vulnérable - alors que l’ancienne amante se montre inflexible. « Je suis assez rapide pour les semer », qu’elle rétorque, sourcils froncés, à la première retoquade de la cuistot. Rien à faire : Stenberg est inflexible, bien plantée sur ses deux pieds, ne lui laissant le choix ni de fuir par l’arrière ni de se réfugier dans les toilettes du personnel. Ca y est : tout le monde l’a vue, c’est certain, ses assaillants ont pu confirmer son identité et ce n’est qu’une question de minutes, sinon de secondes, pour que le reste des passants s’aperçoive de la supercherie : le sac est vide, et Avery n’a rien de la businesswoman qu’elle tente d’imiter avec une maladresse parfois risible. « J’ai rien. » Ce qu’elle s’empresse de rétorquer n’a pas grand poids, s’aperçoit-elle en le disant, en sa faveur. « Juste des dossiers pour le boulot. Des affaires en cours. » Elle est infoutue de préciser plus, parce qu’elle n’est pas allée assez loin dans le personnage pour savoir sur quoi elle bossait. Qu’importe : Haldora semble s’en satisfaire et elle-même est trop agitée pour penser à quoi que ce soit de plus poussé. « Ils ont l’air de vouloir se tirer ? » lâche-t-elle, presque agacée par l’insistance de la jeune femme ; et il ne lui en faut pas plus pour se rendre compte qu’elle a totalement ruiné le but de leur entrevue : elle n’est plus focalisée sur la jeune femme, ni sur la complicité qu’elle va devoir s’échiner à regagner entre elles ; ne reste que l’instinct de survie le plus pur et brut, sans concessions.

Elle s’empresse de lâcher un « pardon » alors qu’elle passe une main nerveuse dans ses cheveux, le regard toujours à l’affût. Un coup en direction des deux importuns bloqués : c’est bien elle, qu’ils regardent. Nul doute maintenant qu’ils sont à sa suite, et qu’Haldora a vu juste : retrouver l’allée extérieure, que ce soit par l’avant ou l’arrière de la boutique, ne changera ultimement pas grand-chose, sinon un laps de quelques secondes avant qu’on ne la rattrape. Et sa couverture sera grillée, hachée finement et bonne à balancer dans le prochain burger à sortir des fourneaux. Ne reste qu’à attendre la police, imagine-t-elle. Putain. « C’est toujours pas le grand amour avec les flics, tu sais. » Avery force un sourire contrit, s’empêchant de se balancer d’un pied sur l’autre pour retenir le stress marqué, trop prégnant pour sa couverture. Elle aurait pu se rebeller entièrement rien qu’à l’idée ; laisser sa fierté considérer la reddition comme un échec de plus qu’elle ne peut pas se permettre, mais Hal la regarde, elle a son attention, et le fait est trop beau et unique pour qu’elle ne le laisse passer. « Ok. J’attends », se résout-elle. Tant pis pour les flics. Elle leur sortira son meilleur numéro de pipeau sous un pseudonyme recherché à la va-vite, et trouvera un moyen de s’éclipser avant qu’ils n’aient le temps de lui proposer une main courante. En attendant, les inconnus sont maîtrisés, et semblent lâcher l’affaire - pour l’instant, du moins. Ses épaules se relaxent perceptiblement et elle s’autorise un « désolée, Hal. Je voulais pas venir t’emmerder ici. » Et c’est vrai, dans une certaine mesure. Le but n’est pas d’être perçu comme une nuisance : tout l’opposé. « Je t’offrirais un café pour me faire pardonner mais j’ai vu quelqu’un le recracher dans sa tasse. J’ai pas envie de t’empoisonner. » Elle fera ça plus lentement. Et rien que comme ça, la main de la paix se tend entre elles, encore fébrile et prête à disparaître à tout instant. Mais là, néanmoins, le temps qu'elle trouve comment retomber sur ses pattes et s'enfuir.
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Message Mar 1 Nov - 15:06

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Toutes les cordes sont tirées à vitesse effrénée, autant de ficelles pour un jeu de marionnettes inconnu. Spectatrice de l’instant, l’employée ignore à quelle émotion vagabonde elle doit se dévouer. Mélange détonnant de frustration mal contenue, de regrets et de maladresse, Avery s’insère dans son monde sans rien épargner. Bombe à retardement, éjectant un trop plein de sentiments et un assemblement incohérent d’événements, elle incarne un chaos aux implications encore nébuleuses. Laila la qualifiait de gamine à problèmes, de belle parleuse aux promesses creuses et à l’âme avide. Les années de fuite ont permis à la surnaturelle de prendre toute la mesure des mensonges susurrés par sa tutrice, ont réussi à l'écarter du faux pour retrouver le vrai. Pourtant, la justification reste faible, évasive par endroit et ne lui permet pas de penser que son innocence puisse être clamée. La goule fonce dans la nuit, creuse de nouveaux souterrains dans la pupille pour pouvoir analyser de plus près la véracité des propos recrachés. Seules ses excuses raisonnent avec une sincérité toute trouvée. Dans quels ennuis t’es-tu fourrée, Avery ? L’envie de gratter ne cesse de se déployer, les mots se forment dans la gorge, y restent bien piégés. Elle ne ponctue que d’un « Mh. » peu avenant l’ensemble de sa plaidoirie. Sauf qu’il ne s’agit pas ici d'un procès. Haldora ne saurait pas elle-même à quel camp appartenir si le cas se présentait, avocate des derniers instants pour son ancienne comparse ou positionnée à l’opposé pour déduire les troubles qui la poursuivent. L’œil se charge de distiller ses doutes, ses gestes eux se résument à jeter des regards frénétiques en arrière pour s’assurer que le danger soit bien contenu. Le gage de paix et d'excuses n’est même pas relevée, la seule perspective de partager le moindre breuvage dans quel cadre que ce soit avec elle, la terrorise. L’attraction se précise à chaque instant, se concrétise dans le peu d’échanges collectés. Son prénom sonne trop bien dans sa bouche, gagne en élégance dès qu'elle le manie. Le passé coulisse à la manière d’une ombre venue dévorer le sang-froid qu'elle parvient généralement à manifester, l’emporte dans une nostalgie que la veuve refuse d’endurer.

Elle pourrait se détacher, retourner à sa place, derrière les fourneaux pour poursuivre ce job sans intérêt, distancer ce Hal qui lui écrase l’estomac et lui agite le cœur. Sauf que la loyauté l’empêche de se dérober. Les orbes s’activent à récolter tout ce que le temps a semé, réflexe qu'elle n'a pas la force de contrer. Les lèvres s’entrouvrent sur une note qui se perd dans un fracas singulier. Le cou se tord pour qu’elle puisse aviser la source des éclats. L’ensemble de l’ambiance se décrypte en une demi-seconde. Le manager frappé est accolé au comptoir, trop sonné pour continuer à agir en barrage tout désigné. L’employé, lui, a préféré lâchement filer en voyant la férocité des opposants. En quelques enjambées, les silhouettes menaçantes les auront atteintes et depuis sa position, la trentenaire a le loisir de soupeser leur hargne, palper leur volonté inébranlable. Ils ne sont pas là pour échouer. Frisson d’effroi, l’intuition ordonne à toute logique de se carapater. Le système nerveux injecte autant de décharges électriques dans ses membres pour qu’elle agisse avant même de réfléchir. « Merde. Merde. Merde. » L’anxiété mue en adrénaline, elle s’inclut sans le conscientiser dans la situation, se greffe comme un appendice entêtant à la fugitive, attrape dans un spasme le bras de son alliée pour mieux se mettre à détaler. « Je prends ma pause. » Qu’elle hurle alors à son collègue à proximité en traversant la cuisine sous le regard hagard de ce dernier. Sa complice est emportée dans le mouvement, tirée avec force jusqu’à la sortie qu’elle lui a refusé deux minutes auparavant. La survie prime sur les règlements.

Pourquoi la fuite ? Pourquoi avoir délaissé l’option confrontation ? La furibonde ne pourrait l’expliquer, ne s’essaie pas d’ailleurs à matérialiser des raisons à ce comportement impulsif. L’instinct lui a ordonné de courir et elle a obéi. C'est ce qu'on lui a appris. Les clés au fond de la poche de son jean sont extirpées à la va vite une fois l’allée atteinte. Elle manque de butter sur les quelques poubelles posées contre le mur près de l'entrée, saute par-dessus l’une d’elle en poussant devant elle, sa comparse d’infortune. Le trottoir rejoint, elle lui reprend son poignée, la traine dans une direction précise, jusqu’à sa voiture stationnée à quelques pas de là. « Entre là-dedans ! » Les portières déverrouillées, elle se jette sur son siège, tente de refouler l’atrocité du contexte et ce qu’il signifie pour ses nerfs déjà usés. Sa vieille amie troublant la sérénité d’un habitacle qui a abrité des rires et des regards qui ne la concernaient alors pas. Le véhicule de Manning n’aurait jamais dû servir à une échappée aussi rocambolesque avec une créature à même de rompre ses promesses de fidélité. Jusqu’à ce que la mort nous sépare. Mais elle n’a rien séparé, s’entête-t-elle à penser alors que l’heure n’est pas dédiée à une introspection mal avisée. Le souffle court, l’affolement bien présent, l’égarée balance tout ce qui pourra trancher le silence oppressant. « Je crois que c’est plus qu’un café que je vais mériter là. Mais on en reparlera plus tard. » Le moteur geint, refuse d’obéir au mécanisme. Elle a été incapable de se débarrasser de cet engin passé d'âge qui refuse de fonctionner correctement, trop attachée par ricochet à ce que Manning affectionnait. Obligée de le rafistoler de toutes les façons possibles pour le voir tenir et ça ne suffit jamais. « Me lâche pas, me lâche pas, putain ! » Qu’elle gueule pourtant en réessayant, tournant la clé mille fois. L'impatiente frappe alors d’un coup sec le tableau de bord inutilement. Les vieilles parts de sa personnalité étouffées par la bienveillance de son ex-époux, s’exhument naturellement au contact de son ancienne copine. Et c’est dérangeant de le constater. Oui, Avery est assurément une grenade posée au centre d’un quotidien bien huilé. Et Haldora parait bien partie pour être la première à la dégoupiller.
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Message Mer 16 Nov - 15:25

« Putain, putain, me fais pas courir ! » qu’elle s’écrie, décidément bien mal à l’aise dans son costume en toc avec des talons qui ne lui vont définitivement pas. Elle n’a de la businesswoman que l’apparat, Avery, et surtout pas le temps d’apprendre à se fondre dans le personnage à la vélocité suffisante pour savoir courir sur dix centimètres de hauteur en plus.
La situation a pris une demi-seconde pour se corser, et Haldora une fraction de milliseconde de moins pour agir et avant même qu’elle ne le sache, Avery a quitté le fast-food et se retrouve en pleine rue, ses assaillants à leurs trousses, la main de Haldora dans la sienne alors que cette dernière l’entraîne à l’écart. Elle ne réfléchit pas autrement qu’avec son corps, qui se meut et agit pour elle ; les cellules grises sont encore à la traîne, toujours dans le demi-repos du restaurant en coin de rue, les yeux posés sur celle qu’elle n’avait pas vue depuis trop longtemps, à profiter de retrouvailles déjà contrariées par les astres. Elle n’a qu’à peine le temps de s’en maudire, de se morigéner de ne pas avoir fait demi-tour alors qu’elle le pouvait encore, d’avoir foutu son ancienne amante dans cette merde en compromettant par la même occasion toute opportunité de se rapprocher d’elle un tant soit peu platoniquement. Rien n’est encore conscientisé alors qu’elle grimpe dans la voiture, parce que tout son être s’est mobilisé pour réchapper aux attaquants possibles : souffle court, regard voilé et restreint, pieds douloureux qu’elle a tôt fait de libérer en ôtant ses chaussures à même le sol de la voiture. « C’que tu veux, Hal, tu me connais. » Un sourire narquois éclot sur ses lèvres de façon tout à fait déplacée et inattendue face à la remarque de l’aînée - rien de quoi la faire rougir face à une Avery qui a toujours été trop entreprenante, trop désinhibée, trop tout ; mais suffisamment pour trancher avec l’incongruité d’une situation qu’aucune des deux ne maîtrise. A fortiori alors que le véhicule  joue contre elles, aussi indifférent à leurs supplications qu’elles-mêmes sont pressées par le temps. « C’est pas possible », râle-t-elle pour elle-même, pouce et majeur fatigués qui roulent au-dessus de ses arcades sourcilières pour en chasser la fatigue. « Ca sert à rien. Laisse, on y va. » Son ton à elle est doux, tranche étrangement avec l’impatience cassante de Haldora, lui rappelle leur duo d’antan d’une façon particulièrement inversée. La douceur a changé de côté, mais le calcul pur, lui, est resté ancré en elle.

Elle ne s’explique pas plus avant de s’extraire du véhicule, pressant Haldora jusqu’à ce qu’elle la suive, rattrapant sa main davantage pour avoir sa proximité que vraiment par peur qu’elle ne la perde : les ruelles sont trop étroites et désertes pour qu’on ne puisse les séparer, leurs assaillants vraisemblablement encore ralentis par la progression dans la cuisine et par la porte de secours. « Je connais un coin », lâche-t-elle plus bas, soucieuse à présent de trop dénoter alors qu’elles sortent dans une rue un peu plus large, un peu plus fréquentée, et que la brune trace jusqu’à la salle d’arcades la plus proche.

***

Du haut de ses 45 ans, Redding est dans le prime du bad boy sur le retard, du mec encore séduisant mais pour qui ça se joue à peu : sa chemise de bûcheron sert de masque à un costume médiéval tout à fait charmant, sa barbe bien taillée est nourrie à la lotion pendant deux heures chaque matin et son man-bun cache savamment le seul cheveu blanc qui commence à pousser. La salle d’arcades est son fief et Croquette, golden retriever aveugle de douze ans, son fidèle gardien. D’abord pour lui tenir compagnie, ensuite pour assurer que l’accès à l’arrière-porte menant aux salles avec des strippeuses soit protégé d’un gamin de douze ans téméraires ou d’un flic un peu trop curieux. L’arrière-porte, rares sont ceux qui y accèdent, mais Redding les laisse faire, pour une contrepartie monétaire satisfaisante. Il pose pas de questions, du moment que le fric suit.
Il est donc à peine surpris de la voir débarquer avec ses cheveux en vrac et ses yeux de biche affolée, Redding ; il l’a vue dans de pires états et ce sera certainement pas la dernière fois qu’il la verra comme ça. « Yo, Cat », qu’il lâche, cure-dent entre les molaires, sans même se retourner sur elle et sa drôle de comparse.

Avery lui rend son salut et continue de se précipiter jusqu’à une salle en bas. Une nana au crâne rasé les y accueille avec un sourire goguenard et des susurrements aguicheurs mais Avery a tôt fait de lui demander de sortir d’un regard clair et tranchant. La porte se referme sur la strippeuse et le silence revient, tout nouveau, revêtant un goût qui lui rappelle celui de l’embarras. « C’est bon, on est tranquilles », qu’elle annonce, trop consciente que ça ne résout pourtant rien. Y a toujours les mecs dehors, ils sont toujours à ses trousses, et Haldora ne sait toujours pas ce qu’elle fout là. Ni ce qu’Avery est venue foutre chez elle, par ailleurs ; trop de points sont marqués à l’agenda et la jeune femme n’a aucune putain d’idée d’où commencer. « Merde. Je- Désolée. » Yazdani s’effondre sur une banquette recouverte de velour et prend sa tête dans ses mains, soudain accablée par la fatigue de la course, par sa propre connerie, et un million d’autres choses qu’elle aimerait soigneusement écarter du fameux agenda de points à régler. « Vraiment. » Elle relève enfin les yeux, pas certaine qu’une tronche de golden retriever battu suffise à la disculper de la plâtrée de chefs d’accusation qu’elle sent planer au-dessus d’elle. « Je peux même pas t’expliquer. J’sais pas ce qui s’est passé. » Et c’est vrai, mais pas pour les raisons qu’Hal pourrait l’imaginer brandir : elle n’a plus grand-chose de la businesswoman assurée, même là. « J’irai chercher ta voiture tout à l’heure. » Peut-être qu’en focalisant sur un détail, Haldora oubliera le reste.
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Message Sam 19 Nov - 17:34

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Les distances se froissent dans l’urgence, les injonctions s’adoucissent dans sa bouche à elle. La violence à leurs trousses, ne semble pas agir pour l’heure sur l’attitude de sa comparse qui se fait presque taquine. La touche de légèreté n'apporte qu'un peu plus de gravité pour la nerveuse. Pas le loisir de grogner dans sa direction car la suite est déjà reprise par cette main confiante, la voiture délaissée à regret. Pointe d’anxiété à l’avoir ainsi exposée au regard des pillards. Même si elle ne fonctionne plus, cette vieille bagnole, elle espère encore pouvoir conserver sa carcasse et l’ajouter au musée qu’elle s’est créée des possessions que son époux lui a laissées. Ces vestiges sont bien tout ce qu'il lui reste de lui. Pensée viciée par le deuil qui la plonge dans une mélancolie avérée, capable de transcender pour un instant le danger actuel. Heureusement, Avery garde le nord et ses doigts bien calés dans les siens. Un contact qui frise un naturel ridicule, qui ne heurte même plus la trentenaire, aux prises avec le surréalisme complet de cette journée. Les enjambées se prennent sans même qu’elle le conscientise. Ce n’est que devant une enseigne méconnue, qu’elle daigne se recaler bien plus farouchement à leur réalité. La paume échappe à la sienne alors, se reprend presque jalousement. L’incompréhension attise l’appréhension, les regards se pressent par-dessus l’épaule frénétiquement alors qu’un voile est relevé sur les nouvelles habitudes prises par sa comparse, à évoluer dans des endroits secrets et pour le moins inattendus. A se réfugier là où il semble qu’on ne connaisse même pas vraiment son identité. Interloquée par l'échange et le chemin emprunté, Haldora n’en demeure pas moins muette dans un premier temps, suit docilement la marche par nécessité. Le décalage se marque plus effrontément à chaque pas, entre ce costume désormais chiffonnéet ce lieu incongru. Mille visages, mille indices pour aucune conclusion solide. L'arnaqueuse reste un mystère qui se complexifie un peu plus dès qu’on cherche à l’élucider. Incertitude qui a attisé sa curiosité autrefois, qui exacerbe son anxiété désormais. L'impétueuse éprouve le besoin de conserver une certaine stabilité pour ne pas définitivement basculer.

Elle se fond ainsi bien mal dans le décor, analyse chaque détail avec perplexité et termine sa course aux côtés de son acolyte. Le fauteuil contre lequel la roublarde s’effondre, n’est pas investi cependant. Elle reste debout, bras farouchement croisés comme pour affirmer son envie de n'être que de passage, trop méfiante pour s'installer là avec sérénité. La sollicitude des premiers instants cède la place à une toute autre attitude. Le chaos apporté par l'imprévu a bousculé son quotidien monotone, morne et sans couleurs. Celui qu’elle entretient avidement pour ne pas reprendre réellement le cours de sa propre vie, préférant ne pas appuyer sur le bouton démarrer, encore moins sur celui visant à accélérer chaque instant. La bande est rembobinée plus volontiers. Et si cette fois-ci, elle allait trop loin, remontait le temps jusqu’à la retrouver vraiment, celle qui n’aurait pas dû ressurgir de son passé ? Il y a trop de terreurs en son sein pour qu'elle s'adonne à un quelconque élan de compassion qui pourrait, pourtant, facilement émerger face à l’abattement allié. Un peu de férocité embrassée l’oblige à retrousser ses babines.« Tu peux pas ou tu veux pas ? » Qu’est-ce que ça changerait de toute manière à la situation ? Le piège s’est refermé et elle a choisi elle-même de s’y faufiler, par instinct de loyauté. Les retombées s’annoncent déjà suffisamment corsées. « S’ils me l’ont pas démontée ou foutue un peu plus en l'air, la caisse, j’imagine. » Ce songe lui contracte l’estomac, durcit ses traits. Le souffle se raccourcit naturellement. Arracher aussi tangiblement des pans de sa vie d’avant, parait lui ôter tout autant de sa chair au présent. Il lui faut animer différemment son esprit, y faire danser d’autres considérations.

Par chance, la distraction n’est pas si compliquée à trouver. Les yeux parcourent les environs, remplis par une seule et même émotion, la confusion. « C’est quoi cet endroit ? Ton nouveau passe-temps, Cat ? » Le soupir projeté vient écarter les relents d’aigreur de sa voix. La trentenaire finit par céder à son propre désarroi, relâche la tension pour atterrir contre le velours à son tour.  « Je devrais peut-être leur demander s’ils ont un taff pour moi, tiens vu que je vais sûrement perdre le mien. » La lassitude se réapproprie son timbre, elle lâche prise sur toutes les problématiques soulevées par la situation actuelle, se jette plutôt sur l’instantané. Et il est tout autant perturbant d’être assise à côté de son ancienne amie, à partager cet ensemble de bouleversements.  « Qu’est-ce qu’on fait ensuite ? Tu veux qu’on se tape le spectacle aussi ? » Le tournant pris par la journée continue à lui donner le vertige. La tête glisse entre les deux paumes relevées, coudes contre les genoux. Comme si elle avait besoin d’ajouter d’autres soucis par-dessus les siens, d’être pourchassée par d’autres ombres quand la plus redoutable d’entre elles, s’est mise en tête de la récupérer. A croire que son filet de sécurité a définitivement sauté avec son mariage, conserver l’alliance à l’annulaire ne change rien à ce fait, pas plus que les tatouages qui ornent ses bras et qui la lient inéluctablement à Freyr. Rien ne pourra la sauver de ce qui a été. Et le retour de son interlocutrice ne fait que surligner cet état de fait. Les orbes dévient du sol pour atteindre les reflets opposés, restent à la surface pour tenter d’y entrapercevoir ce qu’Avery y planque vraiment et qu’elle ne parait daigner lui dévoiler.
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Message Mar 13 Déc - 16:38

Frankie est vautrée sur sa chaise en fin de sieste slash début de clope quand elle aperçoit la toison brune d'une Catalina visiblement pressée ; le flap flap des pieds nus a remplacé le clac clac des talons dans lesquels elle semble toujours si mal à l'aise. Ça pourrait interpeller l'oeil inhabitué, mais Frankie a trop vu de fantaisies de la part de leur invitée prestige pour tiquer. Y a pas grand-chose qui dénote, du reste : elle est avec une nana, une nouvelle, toujours une nouvelle ; elle les garde rarement longtemps et c'est même quasi du jamais vu de la voir repartir avec la même. Quoique, non : la dernière fois, elle est repartie non seulement avec la même meuf, mais avec un nez pété. La blonde d'une trentaine, visiblement cokée jusqu'au cul, la suivait en courant sur ses talons et en s'époumonant sur le chauffeur Uber qui trouvait pas la destination ; Catalina se tenait le nez avec une main rageuse et toute maculée de son propre sang. C’est la seule occurrence d’une Cat en vrac dont elle se souvienne, hormis la présente. Elle ne ressort pas de son entourage plus malfamé qu’elle, pourtant ; c’est davantage la nana qui l’accompagne qui sort du lot, avec son anxiété qui pue jusqu’au bout du couloir, et leurs regards hébétés qui cherchent absolument une échappatoire. Rien d’inhabituel, au fond : c’est surtout parce que Catalina lui fait penser à sa gamine, qu’elle la remarque autant. Mais suffit à Frankie d’enfiler un nouveau rail et de retourner à sa clope pour qu’elle s’efface, une fois le couloir passé.

La mal prénommée Catalina, elle, referme la porte sur elles alors qu’autour tout s’effondre, trop consciente que la couverture qu’elle a mis des semaines de réflexion à construire s’est évaporée comme neige au soleil et qu’elle aura grand mal à sauver ce qu’il en reste ou s’en inventer une nouvelle dans les secondes qui arrivent. Sans grande surprise, les questions pleuvent, accusatrices, plus froides que celles qui ont guidé leurs retrouvailles ; le regard plein d’appréhension mais d’une tendresse presque palpable s’est refroidi pour ne lui donner l’impression que d’être une inconnue. Rien de plus - et Avery a l’horrible impression qu’en cet instant, elle ne vaut rien de mieux. « Je peux pas, Hal », qu’elle rétorque à la question, maxillaires comprimées, furieuse de n’avoir rien pu prévoir du scénario ; le champ des possibles s’étale sous ses yeux mais aucune hypothèse n’est privilégiable. Impossible de savoir si on lui a envoyé des créanciers sur le dos, si c’est d’anciens employeurs roulés, ou de trop anciennes relations dont elle ne se souvient même pas. Elle est à poil, et d’autant plus en danger qu’elle ne contrôle rien. Or, par extension, Hal l’est tout autant.

Et elle semble vouloir le faire valoir, parce que les mots se font plus incisifs, dénués de toute clémence en honneur d’une tendresse passée. « Un abri. Dans dix minutes on en est parties. » Elle s’efforce de ne pas relever le surnom, ni l’aigreur dans la voix de sa vis-à-vis - c’est la remarque suivante, qui la fait tiquer, davantage qu’elle n’aurait voulu s’admettre touchée : « J’t’ai pas - » forcée, voilà ce qu’elle retient, qu’elle garde pour elle au dernier moment parce que même ça, elle n’en est pas vraiment sûre. Elle ne lui a pas foutu le couteau sous la gorge, certes ; n’en demeure pas moins qu’elle s’est mise en travers de son chemin et l’a contrainte (par sentimentalisme, par nécessité) à la protéger. Elle pourrait se fourvoyer en prétendant qu’elle n’avait forcé personne mais c’était ignorer l’affect, la persuasion dont elle avait fait preuve, et l’élément de surprise qui avait joué pour elle. Elle n’a pas le droit de remettre la responsabilité sur Haldora ; Hal qui l’avait protégée en sachant qu’elle allait perdre son boulot, Hal qui n’aspirait sûrement qu’à une vie plate et heureuse avec son mari en disparaissant de la circulation. Avery masse la zone juste au-dessus de ses sourcils, soudain fatiguée, frustrée par son propre comportement, et surtout, mise au pied du mur. « Mon frère est malade aussi. » Ca sort tout seul, c’est si aisé qu’elle oublie de s’en sentir mal ; ça pourrait tout aussi bien être vrai, et c’est ça qui la sauve. Elle ne fait qu'intervertir le nom de son frère avec le sien ; sort le plus pourri pour garder la substance. La culpabilité l’empêcherait de tenir la route, sinon. « Il est parti en Iran y a quelques temps. Il l’a appris là-bas, et il peut plus se rapatrier. » Elle ignore d’où lui viennent les horreurs qu’elle débite, mais elle les accepte et se laisse porter par le flux, de peur d’avoir l’air de trop chercher ses mots. « On s’est pas tournées vers les bonnes personnes pour l’aider. C’est tout. » Elle conclut l’histoire d’un geste dédaigneux, honteux presque, comme hâtive à l’idée de refermer la parenthèse - qu’importe, au fond, combien elle infuse de vérité à son histoire : elle se peint comme la méchante, tout du moins l’idiote, et Haldora n’aura aucun mal à la croire. Elle se relève de son siège, s’adosse au mur, mains croisées sur la poitrine, menton levé vers le ciel, l’air embourbé dans des réflexions trop profondes pour être partagées. « Merci de m’avoir aidée. Je… » Avery contemple ses mots, prend le temps de les choisir, de tester leur saveur sur ses lèvres et leur poids sur son coeur. Le moins possible d’affect, se rappelle-t-elle. Elle n’est pas venue ici pour renouer outre-mesure : juste pour rendre des comptes à Carlsen. « Ca me fait plaisir d’te revoir, Hal. » C’est sincère, cette fois ;  ça se voit dans ses yeux, ça s’entend dans la tournure douce qu’a pris sa voix chaude et éreintée par la course, ça l’emmerde tant c’est vrai et ça ne rend le tout qu’infiniment plus compliqué. « J’te ramènerai chez toi et je t’emmerderai plus. Promis. » Les orbes brunes se plantent dans ses jumelles, l’air interrogateur, un peu triste ; celui de la gamine de l’époque, de la galérienne qui ne se reconnaît que trop. Elle le dit sans le penser, sans le vouloir non plus, prête à se raccrocher à tout pour qu’il y ait une autre fois, toute futile soit celle-ci.
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Message Jeu 15 Déc - 14:47

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L’isolement encourage les démons à picorer le cœur jusqu’à perforer la membrane, à goûter le sang mal oxygéné. Elle espère les empoisonner par ce biais avant qu’ils aient le loisir de l’acculer. Car les apparences ne trahissent que son anxiété exacerbée, ne révèlent pas ce qui se chuchote plus bas quand les orbes s’entrechoquent et que les nuits se confondent comme autrefois. Elle lui dérobait alors chaque lueur quand elle le pouvait, se faufilait entre les ombres pour la redécouvrir plus terrifiée que terrifiante - Avery et ses mille nuances enfouies, ses secrets éparpillées que Haldora pourchassait parfois. La course a repris à son insu, emportant l’intérêt avec elle. La veuve l’a craint. Une fois élancée, elle ne parvient pas aisément à s’arrêter. La collision lui semble inévitable dès que l’intimité tisse une toile épaisse autour d’elles. Exilées du monde réel pour dix minutes, donc. Six cent secondes pour mettre à l’épreuve sa seule loyauté, pour abjurer toutes les émotions que son ancienne compagne attisent en ne faisant que respirer juste à côté. L’irritation et l’appréhension ne refluent pas mais n’abolissent pas le courant que la surnaturelle perçoit entre elles, qu’elle sent s’intensifier à mesure que l’échange s'éternise. Trop d’enchainements jusque-là pour conscientiser la nature même de ces retrouvailles inopinées. La temporalité se désagrège, autant de failles pour dresser entre elles une multitude de dimensions parallèles. Que se passerait il si l’offusquée s’adoucissait ? Si elle lui prêtait durablement sa main et son épaule à l'accablée ? Qu’elle allait au-devant de cette suite chaotique pour la réintégrer plus concrètement dans son quotidien ? Pas spécialement altruiste mais protectrice par essence, la désorientée voit ainsi ses mécanismes de défense se démanteler sous la révélation alliée. Elle gobe chacun de ses mots, trébuche sur la douleur simulée et se fait avalée sans difficulté par le piège tendu. Déjà menottée à des sentiments trop profonds pour ne pas s’y noyer, la furibonde réapprend à déglutir correctement avant de réussir à s’exprimer.

La voix cherche encore à tromper, à distancer tous ces liens qui se renouent peu à peu sous ses yeux sans qu’elle ne soit capable de les empêcher. Aucune lame pour les trancher, elle se sent un peu plus concernée et affectée. Un peu plus aux prises avec cette humanité qu’elle redoute, qui finira par l’achever. L’étranglement est immédiat, génère une dissonance avec son état laconique coutumier. «  C’est tout ? Tu me dis que t’as des gars louches au cul, et c’est tout ? » L’inquiétude est palpable de voir le danger continuer à rôder pour elle aussi. Toutes deux piégées dans des cycles destructeurs depuis l’enfance. Et si elles avaient décidé de tout plaquer, de partir sans se retourner, seraient-elles parvenues à briser cette spirale pour de bon ? S’offrir un cocon véritable au lieu de se tourner vers des solutions pansements futiles, des abris de cet acabit qui ne ressemblent qu’à des trous dans lesquels se terrer comme des animaux blessés et effrayés. Elles sont encore le gibier, après toutes ces années, traquées par des circonstances dépendant de familles fracturées. Cette réverbération rappelle la force de ce qu’elles ont pu partager, ramène un peu de l’essence égarée. C’est l’adolescente qui se manifeste dans l’œillade suivante, se montrant un peu plus avenante que cassante. «  Je sais pas si c’est une question de thune ou si c’est une histoire plus sombre que ça mais si c’est pas un délire de petit vol foiré, ils risquent de t’emmerder longtemps encore. J’espère que t’as pas que cet endroit pour te planquer ? » Possède-t-elle un système de soutien pour parvenir à palier à ces difficultés ? Les interrogations les plus indiscrètes sont ravalées, la pudeur la préservant d’un empressement dans le questionnement. La sincérité se charge de redorer les intentions initiales, incruste dans la mélodie une compassion soudaine. Ce pan en particulier picote, ravage son insensibilité. Elle sait très que l'infortune a frappé leur foyer. Et elle déplore que son ancienne complice ait à revivre ça. « Je suis désolée… Pour ton frère. T’arrives à avoir de ses nouvelles quand même ? » La volonté s’affaiblit, de maintenir ses positions face à cet aveu. Comment la tenir éloignée, comment ne pas succomber à chaque pulsation que ce fantôme du passé s’est mise à provoquer.

L’inconfort du silence remplace la débâcle de l’insécurité. La quiétude sustente toujours plus l’essaim qui n’en finit pas de bourdonner désagréablement au fond de la poitrine, autant de rappels de sa propre fragilité. Leurs dards menaceraient bien de l’infecter, de lui donner une fièvre particulièrement mortelle qui la pousserait ultimement dans une direction redoutée. L’attraction se déploie toujours même à l’ombre des tragédies dévoilées, surtout quand l’affection se concrétise de l’autre côté, prend la forme d’une réplique si simple qui suffit à lui retourner le cœur. La goule peine à relever le menton désormais mais ne contient pas ses excuses détournées face à cet élan d’amitié. « C’est pas toi qui m’as emmerdée, c’est moi qui m’en suis mêlée. J’ai pas réfléchi. » Juste agi. Presque viscéralement, automatisme qui tire sa source dans un conditionnement acquis auparavant. Bien qu’elles aient joué trop longtemps aux étrangères, elles n’ont rien oublié, n’ont pas tout effacé, la mémoire ne permet pas ce type de répit. Dès lors, tout se complique, jusqu’aux tentatives de rayer l'ensemble rapidement pour ne plus le mentionner. Ça excite les guêpes logeant dans le bide, ça arrache les ailes de quelques autres insectes qui s’y sont incrustés. « Fais pas de promesses que tu peux pas tenir vu comment on fait que se croiser. » Et comment elle ne peut s’empêcher d’intervenir. L’erreur survient ensuite alors que le bout des cils s’oriente vers sa comparse, que l’iris fixe de plein fouet l’éclipse jusqu’à cramer la rétine. La phrase part avant qu’elle ne puisse la rattraper, comme une surexposition de souhaits mal assumés qui auraient outrepassé ses défenses inébranlables. « Puis je croyais que tu devais me payer un café. » La honte lui mord les artères, déchiquette le réseau sanguin. Le vide s’installe à la place du palpitant, plus rien ne bat pour quelques instants.

Seule demeure la vérité, celle qui la rend aussi fébrile qu’incohérente, l’état de surprise et de choc qui ne désemplit pas depuis que la brune s’est réinvitée dans son champ de vision. Elle tente de broder pour ne pas offrir au néant de nouvelles raisons de réactiver les électrochocs et avec eux, un manque de contrôle singulier. « En toute franchise, j’ai toujours cru que tu finirais par quitter Senja. Je m’attendais pas à retomber sur toi comme ça, autant de fois. Puis que tu sois dans ce genre d’emmerdes, ça m’a prise au dépourvu et je… » Elle se racle la gorge, perd le fil dès qu’elle revient porter son attention sur la silhouette alliée.  « C’te situation est vraiment étrange. Mais j’imagine qu’on est abonnées à ce genre de bail toi et moi. Y a des choses qui changent pas. » Alors qu’elle a, elle-même, subi plusieurs métamorphoses depuis leur rupture, qu’elle s’est appliquée à conserver cette dernière version d’elle-même sans rien y toucher depuis plusieurs années. Roc contre lequel la marée ne devait que ricocher sans jamais le déloger ou l'atteindre. Pourquoi fallait-il qu’Avery revienne pour lui démontrer que le sel était à même de l’éroder, de la façonner. De lui rappeler qu’elle n’a pas toujours été qu’un caillou égaré au milieu d’une tempête continuelle. La tension s’aggrave à cette constatation. La souffrance extériorisée de l’autre côté a généré la sienne, l’a tout autant ramenée à cette solitude imposée. Haldora incarne l’orage mais ne supporte déjà plus ironiquement les éclairs. Elle se relève d’un seul coup, marche nerveusement jusqu’à la porte, trop consciente de l’attrait qui ne s’essouffle pas mais se reconstruit petit pas par petit pas. «  On peut sortir maintenant ? » Avant qu’elle ne fasse ou ne dise d’autres choses plus stupides encore, qu’elle regrettera une fois sortie de là. Intoxiquée, définitivement par cette proximité et par une éternité à n’avoir pour émoi, que le chagrin qui n’en finit pas.
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Message Dim 18 Déc - 16:06

Un bordel sans nom, et pas grand-chose de plus pour le décrire : voilà où elles en sont rendues, dans le sous-sol d'un établissement qu'aucun sinon le duo de propriétaires à l'étage ne qualifierait de très fréquentable, à s'éviter du regard alors que l'une essaie de reconcentrer ses pensées pour démêler le déroulé trop rapide de la soirée, l'autre s'affairant plutôt à trouver des explications plausibles à la course poursuite avec des deux assaillants, et à sa présence tout à fait naturelle dans un bar à putes qui lui sert de refuge. Il se met à pleuvoir, dehors, à ce qui semble être des lieues de l'endroit où elles se sont planquées, comme si les dieux prenaient un malin plaisir à se foutre de leur gueule. Avery jette un regard en biais à sa vis-à-vis, sent toute l'affection qu'elles se sont un jour portées et qu'elle est en train de traîner dans la merde en s'acoquinant avec Carlsen pour du fric, et se dit que ces connards qui ont donné les surnaturels ont sûrement sorti le popcorn.

Haldora, elle, a profité de leur planque pour remettre de l'ordre dans ses idées et la soumettre à un interrogatoire auquel la jeune femme se prête sans rechigner, trouvant dans ses ressources les mensonges les plus crédibles qu'elle puisse sortir, trop acculée pour même considérer de lui dire la vérité. Il en va du reste, de la mission ; de Carlsen qui peut très bien achever sa vie avant qu'elle n'ait besoin de soins à son tour, si elle venait à faire un pas de travers ou à aider sa fille à s'échapper. Sa voix est pourtant drôlement étouffée, ténue pour celle qui prend toujours de la place avec son timbre grave ; la culpabilité se lit sur chacun de ses traits et elle n'a que la fatigue assumée et deux mèches de cheveux pour l'aider à maquiller le tout. « Ouais, c'est tout », répond-elle sans hausser les épaules, mais avec une simplicité qui veut bien en dire autant. « Ils ont pas réussi à me choper dans l’équivalent basse qualité de Burger King, je conjecturerais que je suis pas trop en danger. » Elle omet bien sûr la partie dans laquelle sa tête serait sûrement en train de griller sur une broche, si Haldora n'avait pas été là pour lui offrir une porte de sortie. Ça semble faire le taf, pourtant, parce que la surnaturelle soumet des hypothèses mais ne lui demande d'en valider aucune, visiblement plus intéressée par le choix relativement original de planque : « Ouais, t’inquiète, je vais pas aux putes à chaque fois qu’on me court après. » Elle sait pas comment elle en rit, Avery ; elle sait juste que si elle ne le fait pas, elle sera trop en proie à la culpabilité et à l'envie de tout révéler à Haldora ; lui dire qu'elle est à ça de vivre à la rue et que ses mains qui tremblent la font flipper comme elle n'a jamais eu peur depuis sa mère ; qu'elle va probablement la briser en deux à son propre profit en la livrant à tout ce à quoi elle cherche à échapper, et qu'elle ne s'excusera même pas de le faire. L'humour offre cet avantage qu'il retient au moins toute émotion parasite, la force à endosser cet air assuré qu'elle porte décidément bien mal.

« C’est pas encore trop avancé. L’urgence c’est de palier à ce qui est déjà touché avant que ça se dégrade encore plus. » Là non plus, pas de réflexion à avoir ; il n'y a qu'à repiocher librement dans les pires souvenirs de sa vie, revoir les docteurs qui vont et vient autour de sa mère et ressortir mot pour mot les sentences qu'elle n'a jamais réussi à effacer de sa mémoire. « On reste en contact. On s'organise. » Le reste, c'est du mensonge pur qui ne la dérange même plus face à la douleur flagrante qu'elle s'inflige pour être crédible. Et à ce stade, elle n'a même plus de doute quant au fait qu'Haldora prendra son silence pour de la pudeur plutôt que pour ce que c'est : un refus d'obstacle qui ne la convainc même pas tout à fait elle-même. « Je peux faire semblant de pas te voir, si c’est que ça », lâche-t-elle avec un sourire narquois à la réflexion d'Haldora – comment lui dire, sinon, que leurs nombreuses rencontres n'ont rien à voir avec un quelconque hasard ou une destinée nébuleuse, et tout à voir avec sa persistance à se rappeler à son bon souvenir ? Elle élude tout ce passage coupable, et Haldora a tôt fait de lui rappeler qu'elle lui doit un café, pour tout ce dérangement ; et la main tendue par Avery en sa direction est attrapée, ce qui semble être des siècles après. « J'imagine que te payer une strippeuse, plutôt, ça t'intéresse pas ? » Sourire en coin, un peu sardonique et surtout complètement démuni, du millième degré pour palier à la gêne entraînée par la situation surréaliste.

Avery le sait : elle aurait dû se réjouir, qu’Haldora parle d’elle-même de leur passé commun, sans fard ni faux-semblants, à des lieues de ce qu’elles faisaient à l’époque où la jeune femme se pointait trop souvent à l’hôpital avec des blessures obscures. Y a des choses qui changent pas, songe-t-elle en écho : elle est exactement en train de faire ce dont Leila l’a accusée à l’époque. Elle aimerait que ce soit mille fois l’inverse, mais elle ne peut en être heureuse. « Cette partie-là, au moins, j’aurais aimé qu’elle change. » Et elle le pense, cette fois - pour de vrai et jusqu’au bout. Elle a envie d’être là de son plein gré, de lui sourire et de s’offrir le confort de ses réassurances sans arrière-pensée, sans motif ultérieur, sans le danger qui lui colle au cul et les menace l’une comme l’autre. Qu’importe : « Ouais, je te ramène. » Et elle de se lever, soudain un peu plus froide, ouvrant la porte d’une main délibérée et presque sèche alors qu’elle prend les devants jusqu’à ressortir. Elle envoie un coup de menton de salutations à Frankie, et considère à peine Redding alors qu’elle rejoint le trottoir, pieds nus et regard fixe sur l’horizon, soudain tiraillée entre son envie de proximité avec sa victime et son besoin vital d’un fric et d’un temps de répit qu’elle ne possède plus. « Tu… Vous vivez où ? » Elle ne présuppose rien, ne daigne même pas accorder un regard à la bague qui orne son doigt, l'ayant déjà trop remarquée plus tôt ; elle choisit la pudeur, la politesse, ne s'engage jamais trop quitte à en rester trop lointaine. Quoique… « S'il demande, t'auras qu'à lui dire qu'une ahurie t'a kidnappée pour un McMorning. » Et elle se met en marche, sans savoir exactement où la mènent ses pas, rejoignant prestement les artères principales de la capitale. Il sera plus difficile de les suivre, ici ; il sera surtout beaucoup plus facile de ne pas céder à la tentation de reprendre sa main ou de chercher un semblant de leur proximité d'antan.
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Les variations de l'humeur entament la confusion, la désinvolture se replace. Une parade bienvenue face à des enjeux importants ? Les yeux partent en quête de quelques clés de compréhension, buttent contre les pupilles, s’enlisent dans l’ambre sans difficulté. Elle en ressort plus déconcertée, relâche la bride pour ne pas s’écorcher davantage contre la verve alliée, alimenter les provocations qui sustentent un tout autre brasier. De toute manière, c'est un énième revirement qui les tire de leur abri d’infortune. Les quenottes grignotent alors des mots futiles, ne leur laissent aucune chance de s’extirper correctement. L’atmosphère pesante est désertée, Haldora emboite le pas d’Avery naturellement, pourchasse son ombre avec une familiarité retrouvée, encombrante et affreusement réconfortante. Sentiment singulier et dérangeant ayant éclos à son insu, qu’elle tente bien d’annihiler à grands coups de goulées d’air avalées. Et maintenant ? Une question qu’elle se pose chaque jour depuis que Manning a été vengé par ses soins. Qu’elle réitère étrangement, coulée dans le spectre d’une relation passée sans savoir quoi penser de cet avant et en ignorant tout de l’après. Retourner au confort de sa solitude, embrasser sa monotonie l’agacerait presque désormais, autant de concepts qui célèbrent son apathie – tout du moins jusqu’à ce que ses activités secrètes n’empiètent sur cette routine bien huilée. Cette rencontre ne s’apparente en rien à ses petits casses illégaux, menés par une bande atypique de téméraires. Il ne s’agit pas d’une nécessité dans ce cas précis mais du début d’une envie qu’elle ne s’autorisera pas. Aux prises avec son propre chaos, la trentenaire ne froisse pas le silence la première, se contente de trébucher sur les sons produits par son vis-à-vis. Captive de pensées parasites, tenue éloignée de cette temporalité, elle ne comprend pas immédiatement la teneur du propos élaboré, recrache aussi vite son incompréhension. « De quoi est-ce que… » Les pièces s’emboitent alors rapidement dans un claquement macabre. Les doigts glissent jusqu’à l’alliance qu’elle aurait dû avoir le cran de retirer, scellent son déni vorace. Le cœur s’accélère en conséquence, menace de briser les os pour échapper à la cage thoracique, se jeter au sol, finir piétiné. La moindre pulsation est vécue comme une violence, la brutalité des émotions la pousse à ralentir la cadence, sa démarche souffre de son inconstance.

La bouche s’entrouvre sur un son muet. L’aplomb se ramasse difficilement, alors que les mains agitées trouvent leur place au fond des poches de ce tablier qu’elle n’a même pas pris soin d’ôter. La seule pirouette exécutée tient à une improvisation bancale pour retarder l’échéance, mime encore une stabilité dont elle est dépourvue. « Comment tu peux être certaine qu’il s’agisse d’un il ? » Mais l’accusation s’effondre déjà, la tête rentre entre les épaules, les cheveux se chargent de la camoufler alors que la distance se creuse naturellement entre elles. La veuve ne tente plus de la rattraper, le souffle s’est dissipé, s’efface comme la brume au milieu de l’obscurité. Le chagrin se modèle sous l’impulsion de la surprise, obstrue le larynx, empêche l’oxygène d’y circuler. Ça saccade drôlement la voix, prouve qu'elle repose sur un socle déstabilisé. Le séisme imposé continue à faire trembler la terre et le squelette tout entier. « Il est pas… Il est … » Décédé. Trois syllabes, trois seulement, qui résonnent avec force dans le crâne, que la gorge ne parvient pas à faire remonter. Trois perforations dans le gosier qui entraine un mutisme inconvenant pour quelques instants. Il faut plusieurs secondes pour réussir à se recomposer, chasser les craquelures dans l’intonation. Elle serait bien incapable de lui délivrer des explications, pas sans conséquences. Douleur si personnelle qu’elle ne se sent pas de lui déposer sous le nez, ça reviendrait tout autant à lui dédier un emplacement où s’incruster serait aisé tout autant qu'elle ne souhaite pas endurer sa pitié. Il existe une foule d'autres raisons qui ne lui permette pas de faire preuve d’honnêteté. Alors à la place de l’aveu, elle évoque sa réalité sans la préciser. « Il va rien demander et rien savoir. » Avant de continuer à se démanteler, la furibonde se jette sur l’essence même de la réplique, détache l'ectoplasme de son époux de cet ensemble pour tenter de comprendre la démarche alliée, retourner la situation pour ne plus avoir à s’expliquer, pour espérer que l’absence de transition suffira à lui faire omettre le drôle d’état dans lequel cette mention l’a projetée.

Elle s’essaie à jouer avec quelques illusions, maladroitement occupées à changer les contours de quelques monstres en animaux inoffensifs. La désorientée cherche juste à sortir la tête de l’eau avant que son ancienne compagne ne doive l’en sauver. « Même si ça avait été le cas, je lui aurais quand même dit la vérité. Que j’ai voulu t’aider. Je vois pas ce que j’aurais à cacher, Avery. Y a quelque chose d’honteux à ce qu’on a fait là ? A part que tu m’as emmenée dans un endroit douteux… » Les épaules se haussent alors, le bout du nez s’essaie à échapper à la crinière, l’œil brille alors en direction de la silhouette adverse. Tout pour dissiper la gravité que sa réaction à chaud a provoqué, elle s’essaie à un peu de légèreté sans parvenir à désamorcer le déséquilibre de sa mélodie, notes trop aigües pour parfaire la totale assurance. « Ça aurait été différent si t’avais tenté de faire, toi, la stripeuse. Mais ça va, t’as juste proposé de la payer. » Le silence à nouveau, revenu les encercler, comme l’entracte après un drôle spectacle. Elle a plus froid que dix minutes auparavant, Haldora, elle est plus paumée que jamais quand elle continue à suivre son amie sans savoir vers quel endroit évoluer. Tant qu’elles sont en mouvement au moins, le danger parait être semé. Pour autant, le point de chute devra bien se dénicher. Le regard coulisse vers la roublarde, la redessine prudemment. « Je vis à Laere. Mais t’es pas obligée de me ramener. De toute façon, je devrais plutôt retourner voir mon taff, histoire que je sache si ça vaut la peine de revenir demain. » Elle écrase un soupir entre elles avant de ré-attaquer avec une volonté tout à fait renouvelée, bribes d’empathie qu’elle n’arrive plus à refouler. « T’es sûre que ça va aller ? Pour rentrer ? C’est plutôt toi qu’aurais besoin que je te raccompagne vu ce qui te court au cul. » Et pour justifier cette soudaine préoccupation, les faits les plus évidents sont déployés. « On peut quand même pas faire semblant de pas se voir là dans l’immédiat, hein. Et je peux pas faire du coup comme si je savais pas ce que tu risquais. » Et comme si j’en avais rien à faire de ce qu’il t’arrivait.  
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