Tu peux sentir les battements de ton cœur jusque sur tes tempes, les palpitations du sien à travers sa cage thoracique. Comment est-ce que vous en êtes arrivés là ? Quand ? Et dire que cela remonte à des années. Une nuit innocemment passée ensemble, l’un contre l’autre pour se réconforter, se tenir chaud, ne pas oublier que tout votre monde n’est pas aussi obscur que vous vous l’imaginez. L’heure en est aux remontrances et aux menaces, celles que tu profères par-dessus un plaisir que vous partagez. Tu n’avais jamais été aussi bavard dans ce genre de moments. La colère se mêle au désir, rongé par cette situation absurde qui ne cesse de se répéter. Le ballet infernal dans lequel Mahaut mène la danse même si elle te laisse la position de meneur. Elle est à l’origine de tout pour toi, elle est la raison de ces troubles qui surviennent chaque fois qu’elle passe le pas de ta porte ou que tu franchis le sien. Elle n’avoue rien, la surnaturelle. « Really? Why are you here, then? »  Tu murmures  près de son oreilles, caressant son corps  parfois légèrement, parfois en y mettant plus de force. Tu cherches sa violence intérieure. Provocateur de l’esprit et de ses membres, tu veux qu’elle admette qu’elle  te ruine, corps et âme. « Did I? » Tu prends son faux aveu en pleine face, tu l’écrases en cherchant à lui faire reconnaître la vérité. « Did I miraculously appeared in your bedshits ten years ago? » Depuis tout ce temps, cette torture. Au départ, une simple innocence et désir de l’autre s’est progressivement transformée en un besoin, la conquête du corps de l’autre. « …Or did your fingers slipped on my body while we were innocently sleeping together for the hundredth time one day? » Tes mots sont alors tranchants, tu te souviens si bien de cette nuit-là, celle où tout a dérapé, celle où vous n’étiez plus de simples amis, juste des amants en quête de plaisir, dépendants des images et des désirs.

Ton cœur loupe un battement à la vue de son sourire taquin. « What is the truth? » Plus rien ne vous couvre, plus rien ne vous fait obstacle, vous êtes tous les deux vulnérables l’un pour l’autre comme vous l’avez si souvent été par le passé. Cette faiblesse que tu ne dévoiles pas à d’autres, mais que Mahaut adore manipuler. « What do you think I feel about you? » Lorsque tu te repenches au-dessus d’elle, ta respiration est plus rapide. A chaque expiration, ton torse frôle le sien. Tes lèvres regagnent sa nuque, tu insistes de plus en plus  à tel point que des marques témoigneront de ton passage à toutes celles et ceux qui oseront poser les yeux sur elle. « What do you want me to feel? » Ton visage refait face au sien, le bout de ton nez frôle le sien, tes lèvres effleurent les siennes. Son souffle réveille quelque chose de plus puissant en toi, la rage, le désir extrême. Elle recommence. « Everytime I try to escape, you do it again. » Pendant que ses doigts cherchent ton plaisir, tu murmures une dernière fois. « Why, Mahaut? Why me? » Figeant ton regard dans le sien, le moindre de tes gestes, tu es immobile, ton rythme cardiaque s’accélère à mesure que ses manœuvres décuplent ton envie d’elle. Son ordre efface toute expression sur ton visage, tu chasses sa main en te redressant. Impassible, tes prunelles sombres se figent sur son visage pendant que tu la toises durant de longues secondes sans rien faire… Jusqu’à ce que ta mâchoire se crispe, que tu ne décides de saisir fermement ses cuisses et d’entrer en elle en échappant un léger soupire. Tes dents glissent sur ta lèvre inférieure au début de votre valse. De ta hauteur, tu la dévisages toujours. Détaillant le moindre signe de plaisir, absorbant les notes qu’elle exprime à mesure que le rythme augmente, celui que tu contrôles. Tu te rapproches à nouveau en maintenant la puissance de votre échange. Tu souffles entre ses lèvres. « I said ‘ you’re mine ’ »

La faiblesse sur tes traits. Force de caractère ramollie par le plaisir. Tu as beau prendre le contrôle, tenter tant bien que mal de lui prouver qu’elle n’a aucun pouvoir sur toi, que tu ne t’inclineras jamais devant son statut de surnaturelle, elle aura toujours cette emprise sur toi, ton esprit, ton corps et ton cœur. Si fiers de vous déclarer la guerre, l’armistice ne tarde jamais à être signée. Tu ne peux écarter cette dépendance malgré tes vaines tentatives visant à te tenir àl’écart de tout ce qu’elle incarne. Mahaut a tracé un nombre incalculable de blessures sous ta peau et tu ne comptes plus les fois où tu as donné de la voix pour que cela cesse. Non, lorsqu’elle veut quelque chose, elle l’obtient et tu ne peux plus rien faire pour l’en dissuader. C’est bien la première fois que tu la confrontes pendant votre danse charnelle, inconsciemment désireux de la voir s’effondrer sous le poids de la culpabilité à grand renfort de vulnérabilité. Celle qui vous possède tous les deux. Tu obtiens si peu de réponses. Le verre est si difficile à briser. Cette barrière derrière laquelle elle se mure. Celle-ci même à l’origine de toute ta frustration puisque tu n’as pas l’impression de lier ton âme à la sienne pendant que ton corps se lie si naturellement au sien, comme s’ils avaient été conçus pour ne faire qu’un. Elle ne jure que par la plaisir, Mahaut. Instinctivement, c’est ainsi que tu as ressenti le besoin d’obtenir des réponses aux questions que tu ne t’entends même pas formuler. Tu n’es plus toi-même, Zakaria. Il y avait une humaine avant la présente surnaturelle. Cette fois, précisément, ton être entier cherche à réveiller celle qui ne s’était pas encore vouée à Freyja.

Elle ignore pourquoi tu es l’une de ses cibles. Pourquoi elle t’a choisi. Pourquoi elle apprécie tant torturer le pauvre humain qui ne se prosternera jamais. Parasite de ces Dieux qui régissent votre monde d’une main de fer. Elle ne le fait pas pour sa Déesse. Quelque part, tu t’es persuadé qu’il s’agit d’un plaisir personnel, que même elle ne contrôle pas. Elle en a besoin. Ces mots te font doucement rouvrir les yeux. Ta main libre se déplace jusqu’à son visage, ton pouce caresse délicatement sa joue. Elle a besoin de toi, elle a toujours besoin de toi. Ton cœur loupe un battement. Comme si tu attendais d’entendre l’équivalence de ces mots depuis le début alors que tu ne savais absolument pas à quoi t’attendre à l’origine. Mahaut est tant pleine de surprises que même la pire des réponses aurait pu être entendue. « I do too. » Tu souffles, laissant un soupire de plaisir se lier à l’un des siens. « So much. » Faiblesses partagées, tu ne souffres plus dans le brouillard formé par tous ces moments partagés, jugés dès le lendemain comme étant de simples souvenirs indésirables, dépourvus de sens. Ils en ont un à présent. Tu n’as qu’à rapprocher légèrement ton visage du sien pour cueillir une nouvelle fois ses lèvres avec les tiennes. La cadence ralentit doucement, jusqu’à ce que tu ne décides de t’allonger sur le côté, tout près d’elle, pour murmurer à son oreille  « Show me how much you need me. »

Ta main glisse lentement sur son corps au moment où tu te laisses délicatement retomber sur le dos. Est-ce que tu es redevenu toi-même ? Pas entièrement. Il y a toujours cette partie de toi qui détaille le moindre geste, attentif au moindre mouvement troublant, un faux-pas que tu redoutes au fond de toi, qui pourrait gâcher ce partage. Ces sentiments échangés, jamais prononcés par le passé avec autant de sincérité. La vérité, adoptée toute entière, elle est enfin parvenue à te convaincre. Si désormais tu ressens que ton âme est liée à la sienne, tu acceptes de lui rendre le contrôle qu’elle t’a offert avec tant de désinvolture. Sur toi, tu dévores son corps des yeux sans rien dissimuler, sans honte, avant de relever tes prunelles sombre pour mieux plonger ton regard dans le sien. Un demi-sourire se dessine. Tes mains remontent le long de ses cuisses. Tes doigts attrapent les siens et se glissent entre eux. D’un mouvement brusque, tu attires la brune vers toi pour qu’elle se laisse légèrement tomber vers l’avant. Tu t’esclaffes doucement, explorant votre plaisir au sens propre, et non plus comme une bataille livrée dans l’espoir d’en ressortir vainqueur une nouvelle fois. Tu n’aurais jamais cru pouvoir vivre cette complicité un jour, avec Mahaut. L’une de tes mains se libère, tes doigts glissent entre ses mèches brunes et les déplacent derrière son oreille. « Do you feel it? » Tu murmures en scrutant ses iris sombres. « How beautiful it is to share our bodies and our souls. »

Sentiments partagés. Union des corps et des esprits. Fusion des âmes. Un mince sourire étire tes lèvres lorsque Mahaut confirme que votre partage est splendide. « I don’t know either. » Tu ne sais pas de quoi il s’agit. Cette aura chaotique, addictive, puissante, à la fois violente et douce. Comme si vos mots étaient en réalité une formule magique et que celle-ci venait de vous envouter sans forcer votre destin. Ta relation avec la surnaturelle s’est toujours retranchée dans les extrêmes. Entre folie furieuse et affection surréaliste… mais elle est toujours restée. Après toutes ces années, son visage fut l’un des premiers à s’imprimer dans ta mémoire lorsque tu es arrivé au nord du monde. Il ne s’est jamais effacé de ta mémoire. Vous avez grandi et commencé à vieillir ensemble. Si la brune est avant tout ta meilleure amie, il n’empêche que vous avez dérapé de si nombreuses fois que la limite est toujours si simple à franchir entre le plaisir physique et affectueux, la fusion des deux. Le goût du risque, du danger, est probablement ce qui vous attire le plus dans cette relation. « It’s like… we finally know what we want. » Tes doigts pressent encore légèrement les siens. Si l’addition te semble parfaite à cet instant, tu ne penses plus aux regrets et le sentiment qui en résulte est incroyable. La puissance qui émane de vos êtres te fait oublier le temps et l’espace, comme s’il n’y avait que vous et rien que vous.

Tu t’esclaffes doucement à ses mots et voilà qu’elle t’en dit plus sur la vision qu’elle se faisait de toi. Votre première rencontre remonte à vingt-six ans, enfants de la tourmente arrachés à leur passé et destinés à un futur misérable, vous êtes devenus ce que vous vouliez. « I revealed my true self. » L’expression toujours amusée, tu es loin de te douter de ce qui t’attend désormais. Permutation des rôles par vos positions la surnaturelle reprend le contrôle et si tu lui rends avec innocence, c’est à son tour de mettre en lumière les zones d’ombre de tes sentiments à son égard. Ton jeu se retourne contre toi, le plaisir est sien à présent et la rancœur s’est dissipée. La cadence se fait plus prononcée soudainement, ton rythme cardiaque s’emballe à nouveau. Ton envie d’elle redevient étourdissante, sa façon de s’y prendre est tellement plaisante que ton corps se cambre légèrement, tes paupières se referment, tes muscles se resserrent. « Mahaut… » Son prénom s’échappe dans un souffle traduisant ta vulnérabilité qui devient encore plus explicite lorsque tu rouvres les yeux. Faiblesse non dissimulée sur tes traits, elle te rend fou. Puis, d’un claquement de doigt, elle ralentit le rythme de sa danse.

« You don’t believe me? » Ta question file dans l’exhalation provoquée par l’union de vos corps. Ton torse se soulève encore au rythme de ta respiration accélérée, la brune est plus forte que toi à ce jeu là. Tu as l’impression qu’elle doute de toi, que tout ce que tu viens de lui avouer n’est qu’une fantaisie engendrée par votre désir de l’autre qui ne date pourtant pas d’hier. Serrant les abdos, tu te redresses pour te rapprocher de son visage, glanant la chaleur de sa poitrine contre la tienne. Tes mains se glissent sur sa taille, elles retiennent prisonnier le corps frêle que tu brutalises de plaisir d’un coup de reins. « Or is it because it’s new and scary? » Tu la dévores des yeux, incapable de détourner ton regard du sien, happé par chacune des réactions portées par tes mots. Vous voyagez l’un et l’autre entre deux humeurs depuis des années et voilà qu’à la trentaine, vous décidez d’explorer un nouveau territoire. « Are you afraid of me? » Tu demandes à nouveau, en fermant les yeux, profitant que ses bras reposent sur tes épaules pour embrasser le pli de son coude, abruti par la douceur de sa peau sur tes lèvres et son odeur si familière. « Of you? » Lorsque tes paupières s’ouvrent, ton regard se plonge immédiatement dans le sien. Ton torse s’appuie un peu plus contre le sien. Tu la forces à se pencher en arrière tout en la serrant fermement contre toi, pour qu’elle puisse accueillir en son corps les mouvements plus vifs de ton bassin. « Or…of us? » Tes lèvres frôlent les siennes, le timbre de ta voix déraille par un nouveau soupir, les notes de tes mots disparaissent dans un murmure. « It’s like I never wanted to listen but now... » Tu te redresses, lui laissant de nouveau le pouvoir, le contrôle de ton corps, on aidant parfois le sien, ajoutant plus de force et de tendresse à ses mouvements. Ton cœur s’emballe chaque fois qu’elle réagit. « …I feel like I want to try something new. » Paupières de nouveau closes, tes mots s’évanouissent entre ses lèvres, dans la chaleur de son souffle. « Don’t you? » Expérience proposée, appliquée par le touché. Le bout de tes doigts effleure son épiderme, le bout de son sein, et remonte jusqu’à son dos, chatouillant ses côtes au passage,  pour se réfugier sous ses  longs cheveux bruns. « You told me you want everything. » Ta cage thoracique se soulève toujours avec frénésie, tu te rapproches dangereusement de l’apothéose. « This is everything. » Tes dents viennent quérir délicatement sa lèvre inférieure. Saisissant toi-même le poids de tes mots, tu en es l’incarnation physique, vulnérable, mis en lumière, c’était ce que Mahaut voulait.

Tu pèses le poids de ses mots. L’envie de te croire, l’envie de croire à ce que vous ressentez, l’envie de dépendre plus de l’autre à l’avenir que par le passé, d’allier vos espérances et vos vies pourtant incompatibles. Relevant presque de l’impossible, le défi t’effraie moins que ce que vous êtes capables de vous faire endurer. « I want you too. » L’aveu s’échappe un peu avant que tu lui précises ce que tu considères comme étant le tout qu’elle exige et que tu imagines. Tu es conscient qu’aucun de vous deux n’est capable de se projeter même dans le futur le plus proche et que là est tout l’intérêt d’explorer un terrain inconnu ou visité chacun de votre côté, il y a des années de cela. Tu ne sais rien de ce qui vous attend et tu ne veux pas le savoir, enfermant tes incertitudes au placard. Tu ne t’autorises à rien pour le moment, surtout pas à réfléchir et cela t’es bien impossible à cet instant précis. Mahaut a repris les pleins pouvoirs et tu n’as qu’une envie, qu’elle garde le contrôle jusqu’à l’apothéose. Prolongeant le baiser qu’elle dépose sur tes lèves en remontant ta main perdue dans son dos jusqu’à sa nuque, vos souffles erratiques se mêlent, de plus en plus ponctués par l’expression de votre plaisir partagé. La surnaturelle s’écarte doucement pour se cambrer, prenant appui sur le matelas, légèrement à l’écart de votre union. Ton regard se fige dans le sien, elle te torture une nouvelle fois par la beauté de son corps et son geste calculé, elle t’attend. Une intense chaleur consume lentement tes entrailles, ta respiration s’accélère et n’est expulsée plus que par ta bouche, ton rythme cardiaque menace de faire exploser ton organe vital, tes sourcils se froncent vers le haut, toute ta faiblesse est là, sauvagement mise à nue, l’expression de ce que tu ressens à l’instant. Un léger spasme brutalise ton corps sans que tu ne puisses le contrôler, l’implosion de ton plaisir est lente, merveilleuse, parfaite, ce à quoi Mahaut t’a toujours habitué.

Le martèlement  sous ta cage thoracique met un moment à cesser. Tes doigts voyagent sur le corps de la brune pendant ce temps. Paupières closes, tu détailles les marques sur sa peau, dessines encore les courbes, caresses le plus de surface possible comme si tu la marquais à l’encre invisible de ton passage. Tes bras enserrent tendrement sa taille lorsque tu rouvres les yeux, accueilli par un sourire que tu ne peux t’empêcher de lui renvoyer. Tu as l’impression de découvrir une autre Mahaut, plus vulnérable, moins orgueilleuse, comme si elle te révélait une page dissimulée dans ce livre que tu connais pourtant par cœur. Ton palpitant loupe un nouveau battement alors que sa bouche gagne ta nuque et ton visage pour terminer  sa course sur tes lèvres. Tu insistes davantage, appréciant le baiser scellant la fin de votre acte, chatouilles brièvement le bout de ses lèvres du bout de ta langue. Mahaut s’attache à ton torse, force à te faire doucement basculer sur le dos, elle rit et entraîne avec elle un souffle amusé de ta part. Sa tête épouse le creux de ton cou, pendant que tes bras l’enlacent, comme si tu souhaitais la couvrir de ta chaleur. Alors que les endorphines menacent de t’endormir, la voix de la brune perce le silence. Tes paumes caressent le bas de son dos pour l’une, le haut de son dos pour l’autre. À ses mots, tu redresses légèrement la tête pour embrasser son front pendant que tes doigts les plus proches regagnent sa chevelure et jouent avec ses mèches brunes. Tu veux qu’elle se sente en sécurité et ses nouveaux aveux te font réaliser qu’il s’agit probablement de l’une de ses quêtes inconscientes. On n’a pas ce sentiment en la compagnie de n’importe qui. Néanmoins, tu sais qu’un mais ne tardera pas à suivre.

Mahaut décortique, cherche encore des réponses au milieu de celles que tu lui as déjà données. Tu prends plusieurs secondes pour réfléchir à sa dernière phrase, peser tes mots. Elle sait qu’habituellement tu ne les mâches pas et ce n’est pas aujourd’hui que tu vas commencer à le faire. La surnaturelle se redresse, tu l’observes avant de poursuivre. « I needed to know if you really care about me or if… I’m one of your guilty pleasures. » Elle sait aussi que tu ne la juges pas, ce n’est pas ton genre et tu n’es pas tout blanc non plus, mais il y a toujours eu quelque chose en plus avec Mahaut. Tu ignores s’il s’agit de vos comportements passifs-agressifs en passant par une complicité à la fois bien connue qu’étrangère. Ton regard échappe au sien pendant quelques secondes, puis tu enchaines. « I don’t know I… feel something different everytime we’re having a moment. » Tu prends une longue inspiration, puis relâches l’air contenu dans tes poumons en prononçant ta prochaine phrase. « And when you told me you always need me, the penny dropped. » C’est inexplicable et plaisant, tu ne sais pas s’il s’agit d’un bien ou d’un mal, si ce sentiment est blanc ou noir, tu ne comprends pas sa nature. Tu te redresses sur un coude à ton tour, caresses sa joue au passage, puis tu soulèves ton épaisse couverture pour l’inviter à te rejoindre dessous. Tu t’assois, reposes ton dos contre le mur, attrapes la main de Mahaut pour reprendre votre étreinte là où vous l’avez laissée au milieu du lit. Le bout de tes doigts glisse sur son bras pendant que ton autre main explore à nouveau son dos. « I’m sick of regretting it each time I wake up by your side. » Tu baisses les yeux pour la regarder. En vérité, tu n’as jamais aimé ressentir cette colère sortie de nulle part chaque fois que tu la découvres à tes côtés le lendemain d’un écart, mais jusque là, ces excès de plaisir ne vous ont jamais séparé. Ce n’est pas l’acte que tu regrettes, seulement l’incohérence de cette addiction assumée d’un côté, mais complètement hors de contrôle de l’autre. « I’m sorry. It was selfish. » Tu laisses un silence s’installer. Tu as très souvent réagi excessivement, craignant de n’être qu’un objet de plaisir aux yeux de la surnaturelle et ses révélations te confirment que tu es plus que cela. Tu relèves légèrement le menton, tu appuies ta tête au mur. « I think I’m also sick of flirting and starting fights right after. I mean, sometimes you wake up and I’ve already left. Sometimes it’s you. I was punishing myself for feeling something about you. » Et ta crainte de dépendre d’une autre âme, de ne pas résister à ses envie, de craquer chaque fois que ses doigts parcourent ta peau, que son envie à elle se propage en toi alors qu’elle y sommeille constamment au fond et se réveille chaque fois que ton regard se pose sur elle. « We could keep this to ourselves. » Tu te mords la lèvre inférieure, retenant un sourire à l’instant où ses prunelles sombres croisent les tiennes. Cet attachement, plus puissant que vous ne le croyez n’a pas sa place à Senja. S’il venait à être exposé en dehors de vos espaces personnels, Mahaut pourrait perdre toute crédibilité au sein de sa caste. « We aren’t supposed to… go this far. Our kinds don’t want us to. » Tu resserres ton emprise, reposes ton menton sur le sommet de sa tête. Tu t’enivres du parfum de ses cheveux, les paupières à nouveau fermées. Toujours à voix basse, tu poursuis. « Especially yours… Even if I still want you to feel safe with me. » Tu te détaches un peu, le bout de tes doigts soulève doucement sa mâchoire, vos visages sont encore si proches l’un de l’autre. « I’ve known you since forever and I’ve never seen you like this before. » Tu esquisses un demi sourire. « I like it. »

Peut-être qu’il ne s’agit que d’une impulsion. Peut-être que tout cela ne veut rien dire. Serait-ce un fantasme orchestré par la puissance de vos plaisirs respectifs ? Au fond de toi, tu ne l’espères pas et tu te forces à ne pas y songer sur le moment. Pour la toute première fois, le partage t’évoque quelque chose de nouveau, quelque chose de vivifiant et tu souhaites que ce sentiment survive aux premières lueurs du jour. Depuis quelques temps, tes doutes n’étaient réduits qu’à l’état de troubles que tu cherchais tant bien que mal à enterrer, te refusant avec vigueur de ne pas les exprimer, de tempêter pour les effrayer comme s’il s’agissait de petites créatures parasites qui se nourrissaient de ton fort intérieur. Tu constates que ces nuisibles ne faisaient qu’apporter de la lumière au milieu de l’obscurité enveloppant ta relation avec Mahaut d’une brume toxique et perturbante. Maintenant que tu le réalises, une douceur s’est entortillée autour de vous et tu as la sensation que dans tes bras, la surnaturelle a toujours eu sa place. Avec son visage à quelques centimètres du tien, son souffle sur ta peau, tu n’as pas cru une seconde que ce moment puisse être irréel. D’un claquement de doigts, cette douleur qui te tourmentait s’est envolée, anéantie par des aveux retenus à bonne distance pendant des années. La tendresse de ses lèvres se posant sur les tiennes bouscule l’intégralité des sensations qui te dominent depuis le début de cette union. « It’s okay. It’s not your fault. » Mahaut comprend aussi que ta carapace ne se perçait pas pour une bonne raison, mais tu conçois aussi que tu n’étais pas le seul à en avoir une. Elle n’est pas fautive, elle joue elle-même avec son plaisir et tu n’en étais pas la victime, tu étais juste acteur à ses côtés, t’accrochant un peu plus à cette personnalité à la fois si compliquée et attirante.

En réalité, ce pouvoir d’attraction va à double sens, tu n’étais pas qu’un simple pantin dont le rôle n’était que de répondre à ses désirs. Désormais intrigués par cette mystérieuse flamme grandissante, embrasant vos entrailles, l’envie de lier vos âmes en plus de vos corps fait sens, mais… à quel prix ? La dépendance qui t’inquiète depuis si longtemps et sa chute te semblent inenvisageables malgré tout. S’il faut que les surnaturels se tiennent à distance, mieux vaut pour vous qu’ils n’en sachent rien.  « This is exactly what I was thinking. » Un silence s’installe, le bout de tes doigts s’attardent sur son visage, ton pouce caresse délicatement sa joue. « I’m glad we talked about this. » Sa réflexion te tire un sourire. Tout ce que vous êtes l’un pour l’autre dans la si douce atmosphère de votre intimité, rien de tout cela ne devra se savoir. « I don’t know. You drive me crazy most of the time so… I’m not sure I’ll keep my mouth shut. » Tu attrapes ta lèvre inférieure entre tes dents lorsque tu la libères pour qu’elle vienne s’installer sur toi, ses bras entourent tes épaules pendant que tes mains glissent une nouvelle fois sur ses cuisses. Tes paupières se referment au contact de ses doigts sur ta nuque qu’elle masse délicatement et qui t’anesthésie le haut du corps. « I think I am too. » Tu l’avais exigé, elle ne l’avait pas admis, mais il n’y a plus de frontières dans votre univers, plus rien pour vous empêcher de vous lier l’un à l’autre, comme s’il n’y avait plus que du vide à l’extérieur de cette pièce. Tes mains remontent sur ses hanches, tu rouvres les yeux lentement et te redresses pour l’attirer encore un peu plus contre toi. Ton front se repose contre le sien et tes lèvres rencontrent à nouveau les siennes. Sans lui laisser le temps de d’anticiper ton geste, tu pivotes en embarquant son corps avec toi pour inverser les positions. Elle se retrouve allongée sur le dos pendant que tu te tiens au-dessus d’elle, profitant de quelques minutes pour repartir à l’assaut de sa bouche avant de te laisser glisser sur le côté.

Tu pensais avoir fermé les yeux une seconde. Lorsque tu les rouvres, la lumière du jour te brûle les rétines. Toutes les images te reviennent en mémoire. Les vêtements qui s’envolent, les aveux, les corps et les âmes qui se lient… Ce tout, réveillé par le parfum unique de la longue chevelure de Mahaut, dont le corps est tout emprisonné contre toi, enserré par ton bras. Au milieu du silence, bercé par la respiration de la surnaturelle encore endormie, tes prunelles ambrées s’habituent aux lueurs agressives transperçant tes fenêtres. Sur sa nuque découverte, tes lèvres se pressent délicatement pendant que tu resserres tendrement ton étreinte. Tu te redresses sur un coude, afin de mieux voir son visage. Un sourire en coin se dessine alors que ses yeux aussi s’habituent au jour. Tu arques un sourcil, plus amusé qu’étonné. « You look like shit. » Soufflant ta remarque désobligeante avec un rire, tu attends quelques secondes avant réfugier tes lèvres dans le creux de son cou pour mieux t’en défaire et la taquiner en chatouillant le bout de son nez avec le tien. « How’s the hangover going? » Tu te mords la lèvre inférieure pour réprimer ton sourire moqueur, en vain.

Il n’y a aucun ressentiment lorsque tes yeux s’ouvrent sur la lumière éblouissante qui noie ton appartement, comme si les mots de la nuit passée avaient été gravés dans ta mémoire. C’est une grande première pour toi comme pour Mahaut qui s’extirpe doucement des bras de Morphée et tu l’accueilles d’une remarque insolente que tu ne penses même pas. Malgré les trois grammes d’alcool et la drogue qui doivent encore salir son organisme, elle est toujours aussi belle. Elle rit à la remarque en essayant tant bien que mal de ne pas se cramer les rétines. Alors que tu te rallonges sur le côté, elle se tourne vers toi, fuyant la lumière du jour comme une créature de la nuit vulnérable aux rayons du soleil. Tu resserres ton étreinte. « I don’t need curtains. I usually wake up before the sun rises. » À cette heure-là, tu serais déjà dehors en temps normal. La brune te parle des effets secondaires liés à ses excès de la veille. Un mince sourire se dessine sur tes lèvres pendant que ta main libre chatouille ses mèches brunes. « Oh. Sounds like a nightmare. » La comparaison à une soirée bruyante et agitée dans sa boîte crânienne te fait ricaner, mais fidèle à toi-même tu feins une expression interrogative. « Aren’t rave and aweful the same thing, by the way? » Mahaut se redresse, établissant elle-même les dégâts de sa gueule de bois, cette sensation désagréable qui ferait regretter à n’importe quel corps les gourmandises qu’il s’est infligé.

La surnaturelle s’échappe des couvertures en te sommant de ne pas bouger. Tu hoches la tête, les sourcils froncés. « I’m stark bollock naked! Where could I go?! » Comme une évidence, tes vêtements sont éparpillés un peu partout sur le sol et tu n’as pas spécialement envie de bouger non plus, mais Mahaut s’est déjà réfugiée dans la seule pièce séparée de l’ensemble de ton minuscule appartement, probablement pour aller se servir un verre d’eau. Au passage, elle t’en sert un et tu l’imites lorsqu’elle t’invite à trinquer avec elle. Tu hoches la tête de gauche à droite à sa remarque, un sourire amusé au coin des lèvres, sous entendant qu’elle abuse. Pourtant, elle a raison. « It wasn’t that hard after all. » Tu déclares avant de vider le contenant que tu reposes près du sien ensuite. Elle se blottit contre toi, probablement impatiente que son aspirine fasse effet. Ton sourire s’élargit alors que tes paupières se sont refermées, savourant la douceur de ses gestes sur ta peau en les reproduisant sur la sienne, dans son dos. « I can be nice sometimes. » Tu rouvres les yeux, dévoilant l’ambre illuminée par les rayons du jour. Si près de son visage, tu murmures « You’re gorgeous. » Baisé volé, souffle écrasé contre ses lèvres, tu te détaches pour ajouter d’un air sarcastique légèrement enroué par le sommeil. « …even though you look like shit right now. »