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Message Sam 15 Aoû - 18:43


   


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Le soleil commence à dire adieu à Senja, effleurant les arbres, leur donnant cette couleur singulière à cause des rayons du soleil qui caressent les fleurs et les feuilles. La tasse de thé est vide à la table qui est accoudée à côté de ta chaise de jardin, alors que tu installes tout ton matériel. Henok n’était pas présent à la maison, une garde un peu tardive. Solvi était aussi à travailler à son bar, vous aviez donc la maison pour tous les deux. C’était plutôt… rare. Intriguant même. Une sorte de table que l’on peut retrouver dans les cabinets de médecins, de kinésithérapeute ou encore dans les centres de soins. Tu réfléchis attentivement, alors que des doigts parcourent le tissu, pensif. La première séance avait été… pour le moins pleine d’appréhension. Cela faisait une éternité dans ton esprit que tu n’avais pas touché le corps de Wyn, tu ne savais donc pas quoi en penser au début. Mais ton esprit professionnel avait pris le pas sur le reste durant toute la séance. Tu savais exactement quoi faire, même si tu sentais le malaise entre vous deux, pour des raisons certainement diverses et variées, et pourtant sûrement profondément lié entre les deux êtres que vous êtes.

Tu rentres à l'intérieur de la maison un bref instant, pour faire couler l'eau et prendre un savon pour laver tes mains et nettoyer tes ongles. Tu te laissais ressortir, un torchon propre entre les mains, alors que tu bouges ta nuque pour la détendre. Tu t'arrêtes simplement quand tu entends le son d'une jambe qui n'est pas égale à une autre qui parcourt la maison, le pas incertain. Tu reposes le torchon sur le dossier de la chaise du jardin, alors que tu détournes tranquillement le regard vers le seul habitant actuel de la maison. « Wyn. » Ta voix grave et sourde l'accueille quand il apparaît sur le seuil du balcon menant au jardin. Ton regard ne quittant pas vraiment l'allure de ton ancien sublimateur. Avant de faire un mouvement de la main pour l'inviter à s'approcher de la table pour qu'il puisse se reposer, mais sans pour autant se montrer tout de suite insistant. « Est-ce que tu es toujours d'accord pour tester avec la sphère autour de nous ? » Tu avais rarement utilisé la sphère de paix en étant deux à l'intérieur, tu préférais l'utiliser rarement et simplement à bon escient, pour ceux qui en avaient réellement besoin.

Les derniers mois avaient été plus que traumatisants pour les habitants de la maison. Même si finalement, tu te considérais comme celui le moins affecté de tous. Peut-être que tu cherchais simplement à te protéger de tout ça, ne plus te laisser atteindre, pour arrêter de souffrir, tu avais assez donné dans ta jeunesse pour le reste de ta vie. Il hésite, tu peux sentir son inquiétude, sa suspicion de là où tu te trouves. Tu fermes les yeux un instant avant de t'approcher de lui, gonflant un peu la poitrine pour inspirer. Puis relâcher ton souffle avant de lui proposer sa main, plus comme une invitation que pour qu'il s'en aide pour marcher. « Nous n'avons jamais essayé après tout. » Cependant, tu doutais très clairement qu'il n'est pas apprécié la première fois. Tu avais quand même la fierté d'être le maître des druides. Tu savais ce que tu faisais. Et tu apprenais tous les jours en secret comment soulager en partie la douleur par les massages et les manipulations du corps. Non seulement cela serait utile pour Wyn dans l'immédiat, mais aussi pour tous les corps meurtris qui auraient besoin de ses soins à l'avenir. « Et puis si tu ne te sens pas à l'aise, tu sais que j'arrêterai tout de suite. »
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Wyn Evjen
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Thèmes abordés : deuil, drogue, rapport au corps, santé mentale
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Occupation : Maître des runes, chercheur pour le centre de désintoxication, cours occasionnels et avancés à l'université, fouine professionnelle, fournit cercles de protection, divinations et talismans pour le Nouveau Monde et parfois ses services de façon illicte...
Statut : Célibataire | Divorcé d'un humain depuis février 2021
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Message Mar 1 Sep - 12:56

Are you hearing voices again ?
Le monstre quitte son antre, verrouille la porte derrière lui. Il appréhende les obscurités qui teintent le couloir familier. Le bois absorbe les ombres. Il appréhende la lenteur de sa démarche jusqu'au jardin, jusqu'au kaléïdoscope coloré des baies vitrées, jusqu'à la chaleur intempestive. Le brouillard du matin c'était levé - dehors en tous cas. Dans l'esprit de Wyn, c'était encore autre chose. La maison est silencieuse et le bruit de sa canne martelant le sol, lourde de son corps lui fait l'effet d'un tambour qu'on frappe contre une migraine. Les murs parlent de souvenirs qui n'existent plus, perdus dans les abysses malades de ton esprit en gruyère. Deux adolescents qui ont la maison pour eux tout seuls. Comme avant.  C'est vaguement embarrassant, une sensation intimidante comme il n'en a plus souffert comme… les premiers mois après. Quand il jouait à cache-cache dans la grande maison toute vide, creusée de l'intérieur, symbole de la coquille vide que Wyn avait l'impression d'être devenu.
Grosse sensation de déjà vu avec la maladresse en prime.

Le scientifique reste un instant figé sur le seuil du jardin, le bout de sa canne enfoncée dans la terre meuble. Les brins d'herbe vont le suivre pendant des jours. Comme le regard de Yildun qui l'épingle sur place comme la collection de papillons dont Wyn a dû se débarrasser il y a 20 ans. Le regard de druide est posé sur lui, l'enveloppe d'une série de questions que Wyn ressent presque comme des picots sur sa peau. Il soutient son regard - mais sa voix est plus difficile, elle file droit vers son âme, ultrason pour une chauve-souris dont l'esprit est percé de trous. Il a avancé dans le jardin sans s'en rendre-compte à pas qui clopinent, vers celui qui appelle son prénom. Il est en terrain inconnu, dans l'empire de Yildun. Connaître le nom de toutes les plantes ne fait pas de vous un jardinier. Il observe plus souvent le druide au soleil, de son bureau qu'il ne se promène dans le potager. Toujours quand il n'est pas là. Il est épinglé sur place, incapable de bouger, de fuir. De se retirer dans son antre comme un bernard l'ermite. Yildun, Bo, Renata. C'était les plus terribles ceux qui d'un regard lui rappelaient ce qu'il n'était plus (ce qu'ils n'étaient plus, dans le cas de son sublime). Ceux qui savaient la vibrance de sa personnalité, l'éclat de ses yeux, l'agilité de son corps, son désir de se lier aux autres, de comprendre le monde, de se fondre en lui jusqu'à la lie. Des miroirs qu'il n'avait pas envie de voir.

Sa tenue montre qu'il n'a pas oublié leur rendez-vous (comment oublié quand il est incapable de penser autre chose depuis ? Qu'il a failli retenir Henok, les doigts pris dans sa veste, pour lui demander de ne pas le laisser seul.) - un t-shirt, gris, doux, et un châle noir noué autour de ses hanches, essayant de camoufler le pire et le rendant encore plus visible. Il traîne au sol, piétiné par sa cane et dévoile son genou de l'autre côté. C'est maladroit, comme les shorts qu'il devait porter quand il allait en rééducation. Mais sentir quelqu'un vous déshabiller de façon clinique et médicale… C'est le pire. Il ne s'habituerait jamais à cette posture, à cette maladresse, lui autrefois vibrant d'énergie.

Aux oreilles de Curiosité sa question résonne comme un défi. «- Pour qui est-ce que tu me prends ? » Il siffle dans sa barbe, avec douceur, avide de retomber en terrain connu - bien sûr qu'il veut tester la sphère. Même s'il a le coeur dans la gorge. Il n'a jamais demandé. Jamais osé. Il avait détesté tout ce qui lui rappelait que Yildun était différent maintenant. Ensuite… Ensuite c'était trop tard. Des années plus tard c'est toujours aussi étrange. D'être deux et non plus un. Il a envie de s'étriper le coeur avec les ongles. Le vide entre eux est douloureux, nouveau. Il avait cru qu'ils étaient arrivé à être apaisés, mais il ne se sent pas apaisé. Yildun est si loin. Comme il l'avait été quand Aslaug était morte. Quand une partie de Wyn était morte. Il sait qu'il lui en veut pour ça, mais que voir Yildun s'écarter serait pire. Pas après Aslaug.  Le châle retombe au sol, en laissant sur sa peau l'impression d'une pierre ponce et expose le moignon et le vide après.
On peut arrêter quand tu veux. Cela fait naître un sourire sur le visage de Wyn, le premier. Il secoue la tête, son sourire ne s'efface pas même s'il regarde le sol - il relève les yeux pour lui lancer un regard… d'une certaine tendresse. «- I know, do you really think I forgot that ? Not that. Not yet. » Il entend dans la voix d'Yildun ses propres mots, à l'époque.

Le soleil éblouit les prunelles sensibles et délavées quand il s'allonge. Il place un bras devant ses yeux, allongé sous le soleil qui vient darder son corps avec curiosité, comme un serpent s'aventure sur les pierres. Il ne voit plus Yildun, au moins. Il savait pourquoi ils avaient mis tant de mois à se retrouver là alors que le maître druide était le mieux placé pour l'aider. Savoir qu'il allait voir, sentir, toucher son corps, voir l'âge, voir l'infirme, lui qui était le mieux placé pour savoir les ravages… Il est tendu dans l'attente, dans la crainte. Il se concentre sur le goût métallique de sa lèvre. La douleur s'est dissoute, lentement, dans une gangrène silencieux. La gêne est toujours présente. La honte. Comme la première fois, Wyn détourne les yeux, fixe les plantes qui s'agite sous la torpeur de la fin de l'été. Il a beau détourner le regard, pour ne pas supporter de voir l’atrophie de sa cuisse, c’est impossible de pas sentir, la présence, tangible, de Yildun près de lui. Il a besoin de s'occuper l'esprit. De ne pas penser à ce qui va venir. La question est plus forte que lui. Il n'a pas souvenir de lui avoir déjà demandé. «- You like what you're doing, now ? » Etre druide. C'est à dire le rejet de ce que Wyn l'a poussé à faire, les études, l'océanologue, ce qu'il faisait avec Wyn. Tout était faux. Tout avait disparu dès qu'il avait pu.

Une partie de son esprit s'impatiente, guette les effets de la bulle. Il ne s'attend pas au silence. Il ne s'attend pas à se sentir aveugle et sourd, au gobelin qui s'assoit sur sa poitrine, l'enterre sous la neige, l'inhume quand son souffle se bloque dans sa poitrine, quand il agrippe le poignet de Yildun comme pour s'empêcher de mourir, comme il aurait voulu le faire là-bas, comme s'il était la seule chose le reliant au monde des vivants.

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@Yildun Friðr | août 2020
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Message Ven 25 Sep - 18:41


   


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Tu ne sais pas vraiment ce que tu attends comme réponse de sa part. Tout est n'importe quoi, simplement de la taquinerie voire même une pointe de moquerie, c'est tout ce que tu peux imaginer. Après tout, il n'avait jamais posé de question, n'avait jamais voulu avoir le courage de t'approcher pour te demander de quoi il en retournait. Peut-être qu'il était curieux de tout, sauf de toi à présent. Plus de lien avec lui, voulait peut-être dire qu'il n'y avait plus de raisons pour s'intéresser à ta personne. Maintenant il a Henok avec qui il allait finir par se lier à son tour, incapable de rester seul dans son esprit, le fragilisant un peu plus. Il y avait Solvi, même si tu ne savais pas combien de temps elle resterait dans les parages. Tu le connais assez pour savoir qu'il a des questions, des interrogations, des curiosités, puisque tu peux sentir son Œil sur toi à des moments et d'autres, trop habitué à savoir sa surveillance et sa présence pour vérifier que tout va bien. Mais s'il avait du courage, il n'avait aucune témérité pour t'affronter, comme si tu étais devenu le monstre sous le lit dont il avait peur quand il était petit. Quoi que, même ce monstre-là, il devait communiquer avec lui.

Ton regard ne le quitte pas. Bien sûr qu'il s'en souvenait. C'était une des choses que Wyn lui avait réappris au cours de son existence sans importance, aucune. Consentement, permission et quand il t'avait offert la sienne, au bout du coup, il avait fui sans se retourner alors que vous habitiez toujours dans la même maison. Il avait fallu Aslaug pour reconnecter les morceaux. Pas entièrement, bien sûr. Mais Wyn était prompt à espérer cacher votre douleur commune de la perte de l'un et l'autre en prenant d'autres pour sublime, pour t'oublier. Pauvre Henok. Espérer quelque chose qu'il n'obtiendra sûrement jamais de la part de Wyn. Même sur le long terme, qui sait, il pouvait être encore surpris. Tu le laisses s'installer, sans l'aider. Tu n'es quand même pas impoli au point de lui offrir une aide dont il n'a pas besoin. Il est peut-être en partie infirme, mais pas incompétent. L'aide vient seulement dans l'urgence et quand elle est demandé (sauf si la personne est trop têtue comme Wyn, mais ça c'était autre chose encore). Quand il est installé, c'est une découverte. Tu as déjà vu son moignon, ici et là, mais sans t'en être approché.

Tu sais pourquoi il n'a jamais désiré que tu vois de trop prêt. Mais tu t'en fiches. Et en tant que druide, tu as l'habitude de voir des corps meurtris, des corps vieillis, mais jamais tu ne ressens de la pitié ou de la honte pour eux. C'est un corps, qu'il faut traiter avec compassion. Mais jamais avec sentiments, sinon on finit par se perdre et à pleurer pour chaque âme en peine quand la nuit tombe et qu'on est caché derrière la porte de sa maison. Tu passes une main au-dessus de son corps, curieux. Tu sens la chaleur, le magnétisme que dégage son corps, s'il ne transpire pas de peur, c'est de l'appréhension que tu peux sentir. Un rictus passe sur ton visage. « Finally, you ask. » Il n'avait pas le choix que de détourner son attention que de se concentrer sur lui, pour lui poser enfin des questions qu'il garde en lui depuis tant de temps. Tu n'arrives pas bien à cerner si cela te fait plaisir ou si cela te fait un pincement au cœur. Est-ce que Wyn allait vraiment prendre note de ce que tu avais à dire, est-ce que ton avis comptait réellement ou bien vous qui vous considériez comme parole d'évangile avait finis par s'effacer pour le scientifique aussi ?
« Mon diplôme n'est pas périmé et je continue à étudier les derniers articles sur le sujet. J'ai toujours des contacts avec le laboratoire aussi, si ça t'intéresse. » Ta main s'arrête au-dessus du moignon, sans jamais le toucher bien évidemment. Tu sens l'énergie passer dans tes doigts, tu peux sentir que tu es prêt et qu'il ne faut pas plus attendre. « Maintenant, je veux que tu essayes de te détendre du mieux que tu peux. ». Tu fermes les yeux, gardant ta main au-dessus de lui, tandis que ton énergie s'échappe, que Freyr vient à toi. Il ne devient pas aveugle, ni sourd, mais le paysage autour de vous devient plus flou. La température change légèrement, la lumière est plus douce, l'humidité ambiante du jardin qui vous entoure disparaît. Cette sphère qui vous entoure vous empêche d'entendre les insectes dans l'herbe et les oiseaux sur les branches. Il y fait bon vivre, tu pourrais y rester des heures à l'intérieur. Tu retires doucement ta main, levant les yeux autour de vous, pour observer cette séparation entre le monde extérieur et votre monde à présent. Souvenir délicieux et lointain « Je sais que je suis une déception pour toi. ». Pourquoi ça ne serait pas le cas ? Si Wyn est le premier à croire en Mimir, il reste l'esprit affuté de la science. Mais toi ? Oh pauvre de toi, tu es sûrement retombé dans les travers des païens, un druide, quelle idiotie. Tu as perdu toutes tes connaissances, tu ne sais sûrement plus analyser, critiquer. Tout passe par le ressenti et l'interprétation. On est sorti de l'ordre des ténèbres pour celle de la médecine, des gens comme Henok, tous les collègues de Wyn et les autres. Tu fais tâche visiblement dans cet univers. Dans son univers à lui. « How are you feeling now ? » Après tout, on était pas là pour parler de tes états d'âmes.
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Message Lun 16 Nov - 0:42

Are you hearing voices again ?


Il lui semble que la trépidation devrait se transmettre à son corps, à la table, faire bruisser les branches des arbres, la cacophonie dans ses oreilles devraient se répercuter dans le réel. Mais ce n'est que son coeur. Ce n'est que l'anxiété qui enfle dans sa poitrine, l'appréhension de ce qui l'attend, de ce qu'il sait être désagréable plus émotionellement que physiquement. Ce n'est pas juste que d'avoir autant d'émotions enfermées dans un seul corps, il lui semble qu'il va en sortir. Il crève de l’envie de sortir de son corps, ne plus être sujet du regard d’Yildun sur son corps meurtri, son âme diminuée. D’aller voir ailleurs, de les voir de loin. De ne plus être là. La honte grimpe le long de son thorax, marbre sa gorge de rouge, ses cheveux comme un voile sur ses tempes. Il a pris l'habitude regarder Yildun de loin, de le voir faire sans être là. La proximité est insoutenable. C'est plus facile, sans chair pour trahir l'esprit, pour penser au calme.

Sa barbe gratte la table quand il détourne le visage pour n'exposer que son profil à l'ancienne moitié de son âme. Elle est criante, cette moitié arrachée, avec son ombre qui lui voile le soleil, son aura tangible autour d’eux. Cela se voit comme le nez au milieu de la figure. Il s'en laisse vieillir. Sa glotte reste prisonnière de sa trachée, avalée de travers. Derrière ses paupières à demi-closes, le soleil insolent irradie et aveugle.

Il n'avait pas demandé, depuis 7 ans. Pourquoi demander quand il savait : les contacts de Yildun, son changement de métier, de vie. Comme si Yildun avait fait table rase sur l'homme qu'il avait été à ses côtés, jusqu'à ce qu'il ne reste comme souvenir de leur vie ensemble qu'un tatouage derrière son oreille et une maison de bois et de couleurs. Des années plus tard, Wyn a toujours peur qu'un jour le verrou ait changé, que sa mémoire lui joue des tours. Il n'a jamais vécu là, tout est dans sa tête, Yildun oublie.   «- Je n'ai pas demandé, car je savais ce que tu faisais. Ce que je ne sais pas, c'est si… » Sa voix siffle dans sa poitrine alors qu'un poids lui est arraché. Il lui semble qu'on lui arrache un plâtre qui immobilisait toute sa poitrine. Il devrait se sentir léger, mais il se sent en chute libre. Il lui semble entendre la voix d'Aslaug lui rappeler de détendre ses épaules, décrisper sa mâchoire et il le fait, inconsciemment. Son corps raide sur la table se détend imperceptiblement, malgré la crispation de sa jambe existante, à demi repliée. La chair de poule qui était née sous sa peau nue s'apaise sous la brise. Il a l'impression de sentir les doigts de Yildun dans ses cheveux à une époque où ils étaient encore dorés sous le soleil, où ils étaient jeunes et les cicatrices de Yildun presque cicatrisées, où ils pouvaient grimper aux arbres, dormir sur le toit chalet pour regarder les étoiles s'allumer. Son corps crispé à oublier la commande de se détendre, son esprit toujours pris dans les engrenages de pensées permanentes, qui bourdonnent jusqu’au point de rupture pour compenser les membres fantômes. Il ne sait plus se détendre que lorsqu’on le force, lorsqu’on brise et lie son corps jusqu’à ne plus laisser qu’un esprit cotonneux.  Mais le soleil ne laisse que des cicatrices de lumière sur sa peau.

Les yeux clos, Wyn perd la notion du temps, perd le fil de sa phrase. «- Non ?! » La fermeté de sa voix surprend dans ce masque d’absence.  Il est ébloui par la lumière lorsqu'il rouvre les yeux, des cercles dorés dansent dans ses prunelles.   Son bassin pivote légèrement sur la table, tandis qu’il le regarde en face, comme lorsqu’il se tournait dans leur lit pour chasser ses cauchemars. Il pourrait presque prendre ses hanches entre ses jambes à nouveau, s’il en avait encore deux. L’alacrité s’allume dans son regard, le visage d’un homme plus jeune, plus entier, avide dans ses cajoleries. Le vestige d’un homme qui murmurait nuit après nuit sa valeur à son âme sœur, d’une âme qui s’enroule autour d’une autre dans les ténèbres, qui se donne à corps et à cris, sans retenue. Lorsqu’il n’y avait pas encore la crainte d’être blessé, la contrainte policée, l’urbanité distante. Lorsqu’il y avait encore eu lui, suffisamment pour se donner entier, jusqu’aux tréfonds de son âme, sans rien cacher, sans rien restreindre. Il y a le même certitude aimante que lorsque Yildun s’était éveillé du coma, son âme à côté de lui, lorsque Wyn lui jurait que personne ne toucherait à un seul de ses cheveux sans son accord. La même plénitude, brusquement. C’est à la fois le cas, et à la fois différent lorsque Yildun les enveloppe de sa présence, distille sa sérénité au compte-goutte là où Wyn avait pris l’habitude de se noyer dans son âme. Cela réveille sa soif de lui.  Cela attise sa soif, assèche sa gorge. Wyn renverse sa tête en arrière, laisse ses cheveux débagouler sur la table.
Quand elle passe, elle laisse un peu plus de vide à l'intérieur de lui.

«- Tu n'es pas une déception pour moi. Je suis déçu. De tes choix, de… ce que nous sommes. » De l'avoir perdu. Déception n’était pas assez mot assez fort pour le dégât que leur séparation a fait à son âme, ce qui le ronge encore, l’handicape plus qu’un membre fantôme. Yildun est le membre fantôme qui le toise. Déçu de là où ils en sont. « Mais tu n’es pas une déception. Tu ne l’as jamais été. » Les mots sont importants. Yildun n’est pas une déception.   « - Cela serait plus qu’hypocrite. » Cela veut dire quoi ?  Déçu de l’avoir mal éduqué ? L’avoir mal dressé ? Il a un grimace de dégoût qui contracte ses traits. Il aurait dû être fier que Yildun finisse seul ce qu’ils avaient commencés ensembles.

Il voudrait qu’il le regarde, soudain. Il voudrait le convaincre.
Il doit dire à Yildun comment il se sent. Il doit dire à Yildun comment il se sent. Il doit…Yildun n'avait pas demandé, comment il se sentait, avant qu'ils se perdent. L’injonction va jusqu’à la nausée, la névrose. Il n’a jamais dit à Yildun comment il se sentait. C’est un interdit incontrôlable, une phobie qui oppresse sa poitrine. Ces mots ne peuvent pas franchir ses lèvres. Ils n'en avaient jamais eu besoin, avant. Wyn n'avait pas voulu entendre la réponse, puis l’agacement avait progressé dans son ventre, se transformant en une boule de frustration mal consommée, mal gérée, qui le rendait ronchon. Ce n’était jamais le bon moment. Il avait peur de tout faire de travers et le mage se murait encore plus dans sa frustration et isolement, empilant les blocs de pierre jusqu’à ce que la seule chose qui suinte entre les fissures, soit l’agressivité qui n’avait jamais fait partie de Wyn jusqu’alors. Pendant des années.   «- You finally ask. » Il singe avec une rictus et un reniflement qui  n'a rien de drôle. Il rejette ses cheveux en arrière, son regard dans le vide. Il fait chaud. Il fait bon. Il entend à peine le bruit du vent qui finit toujours par lui être insupportable quand il travaille.  C’est facile de croire qu’il n’y a pas ce fossé irréparable entre eux, qu’ils ne se sont pas faits tant de mal, qu’ils sont encore un. Que Wyn n’est pas un demi. « - Tu me dis. Est-ce que ma jambe a repoussé ? » La malice remonte à ses lèvres, sémillante.  L’humour toque derrière ses paupières closes, un mince sourire déchire sa barbe blonde en deux. Facétie timide, intrépide. Il s'est redressé, et a refermé ses bras autour de son genou relevé, sa cuisse posée contre la table. Il gagne un peu de dignité passée la vulnérabilité terrible. «- Tu ne m'as pas répondu. Est-ce que tu aimes ce que tu fais à présent ? »


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@Yildun Friðr | août 2020
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Message Dim 10 Jan - 21:01


   


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La voix de Wyn qui s'élève dans l'air est comme une gifle dans le vent. Cela te ramène 15 ans en arrière, quand il essayait de te faire comprendre que les choses n'étaient pas ta faute. Qu'il fallait que tu te rends compte de l'évidence. Tu essayes de le garder dans la même position, pour ne pas l'oublier, pour qu'il ne descende pas, qu'il disparaisse entre tes mains. Car tu ne veux pas qu'il quitte ton giron. Autant parce qu'en tant que personne qui prend soin des autres, cela t'inquiète, mais aussi pour une raison plus sombre et égoïste que tu ne partagerais avec personne d'autre que lui. Et même si tu appliques tout le toucher professionnel qu'il faut, car vous n'êtes plus ces amants-là. Vous retrouvez ensemble, seuls, est une épreuve presque inédite. Son regard te transperce comme à l'époque, mais tu as plus de muscles et d'aplomb pour lui résister. Il t'a appris à lui faire face et a rencontrer mieux tes ennemis, sans pour autant cacher ton attention de vouloir les démembrer en place publique. Tu le jauges silencieusement, le défiant du regard. Il mentait très mal ou tu détestais le ton de sa voix quand il l'avouait.

C'était donc ça que tu avais quitté et que tu avais gagné : l'incompréhension et la culpabilité. Un souffle plus puissant s'échappe de tes lèvres et tes narines, comme si tu balayais son exposition. Tu ne le crois pas ou plutôt, tu n'as pas envie de le croire. « Ne joue pas sur les mots. Tu sais aussi bien que moi, qu'être déçu, c'est éprouvé l'état de la déception, d'échec. » C'est lui qui t'avait appris à faire attention aux mots et à leurs sens. Tu avais toujours détesté parler, étudier la grammaire, l'étymologie. Cela n'avait aucun sens, quand le silence était ton langage favori. Tu aimerais simplement qu'il ait l'honnêteté de le reconnaître. « Parce que j'adore le fait que tu n'oses même plus me regarder dans les yeux quand je te parle, fuir ma présence, comme si j'étais un foutu chien galeux que tu n'oses pas abattre. » Toujours la tête ailleurs, trop pressé, trop pris par le temps. Tu en avais tout simplement eu marre, d'essayer de parler avec lui. Il avait fallu Aslaug, mais là encore, cela avait été une demi-réussite. Tu le connaissais par cœur, bien plus que Henok ne le connaîtrait jamais. Bien sûr que tu crevais de jalousie de leur nouveau lien, même si tu voyais déjà la fumée d'une relation branlante dans ses fondations. L'homme était perdu et Wyn ne comprenait pas le mur qui se dressait toujours plus haut sur sa route.

Tu ne rigoles pas plus que lui quand il t'imite. Mais cela semble fonctionner, le lien de ton pouvoir semble isolé un peu Wyn et le convaincre de se détendre et se sentir un peu mieux dans un sens. Tu le sens, parce que tu te sens toi, frustré. De tes propres émotions, mais tu es aussi le filtre, le catalyseur de cette expérience. Mais il ne se rend compte de rien et toi d'absolument tout. Mais le but, ce n'est pas que les gens hésitent à venir te voir. Certains seraient récalcitrant à venir demander ton aide, s'ils savaient l'impact que cela avait pour toi. Tu tends ta nuque légèrement sur le côté, sentant le picotement dans ta nuque. Tu sais que les mots qui sont sortis, ne sont qu'une poussière des sentiments de Wyn qui t'influencent. Tu as de la bile dans la gorge, ce n'est jamais agréable à traiter ni à laisser ailler. Tu jettes un coup d'œil à sa jambe, tandis que tu appuies tes fesses et son dos contre la table, les mains croisées sur ta poitrine, un rire soulève ton thorax en regardant devant vous, votre jardin, votre petit instant de paix et sérénité. « Tu aurais dû m'envoyer à école de médecine ou de prothésiste, je suis sûr que j'aurai fait des merveilles. ».
Tu lui jettes un coup d'œil, haussant un peu les épaules. Tu n'es pas mécontent de ton travail, tu l'aimes vraiment. « Le laboratoire et mes poissons me manquent. » Peut-être que ta propre honnêteté lui donnerait l'exemple à suivre. À savoir : ouvrir sa bouche et parler avec le cœur et pour une fois, laisser l'esprit de côté. Wyn était un flemmard dans un sens. Il fallait que tout vienne naturellement et quoi de mieux qu'un sublime pour cela ? Enfant gâté, le bec ouvert et tout lui tombe dans la bouche. Il a oublié que les relations humaines, ce n'est pas ça. Et que 99 % de la population mondiale fonctionne sur le fait qu'on ne sait pas ce que pense et ressent l'autre. Un sacré handicape quand on est Wyn Evjen. Wyn a trop de pensées, trop de frustrations inavouées, ça ne lui ressemble pas. Il est malheureux, dans un sens, sans réellement s'en rendre compte, aveugle à son propre malheur. « Sérénité. C'est quand même une belle connerie. » Tu n'avais absolument rien de serein. Depuis ta tendre enfance, tu avais toujours été un faux-calme, un faux-serein, prêt à montrer les dents au moindre signe suspect, haïssant le monde qui t'entoures. Tu avais trouvé une place que tu avais fini par laisser tomber pour un dieu sourd à la douleur de ses enfants. Tu avais perdu au change beaucoup, simplement pour avoir écouté une voix dans ton sommeil. « Et c'est pour ça que tu me détestes. En étant persuadé que ma vie est meilleure maintenant que je ne suis plus à tes côtés. C'est une torture. ».

Tu passes une main dans tes cheveux, soulevant largement ta poitrine lorsque tu inspires. « A tel point que je n'ose même plus foutre un pied dans ton bureau, parce que tu vas m'ignorer, comme tu le fais depuis toutes ses années. » Tu avais brisé toi-même ce contrat entre vous. Tu n'étais plus le bienvenu dans ce bureau. Pourquoi faire, pour que Wyn t'ignore encore plus qu'avant ? Pour y voir quelqu'un d'autre à ta place ? Tu préfères encore te taillader le corps que de voir cette possible vérité de tes propres yeux. Un peu comme l'idée qui te répugne de t'approcher à moins de cinq kilomètres de Svart. Comme voir Wyn prendre des sublimes, comme s'ils étaient des foutus poupées interchangeables, alors que tu restes dans ton coin, mourant de peine à chaque fois que cela se produit, obligé de regarder ce spectacle depuis sept ans. Tu sais que Henok est le prochain sur la liste. Le combo final : époux et sublime. Il ne te restait plus qu'à faire la donation de la maison au couple et partir définitivement vivre dans la montagne pour ne plus subir l'humiliation que tu t'infligeais depuis sept ans.
© Frimelda, sur une proposition de © Blork
Wyn Evjen
Wyn Evjen
connaissance vénérée
Personnage
Arrivée : 17/03/2020
Missives : 1023
Pseudo : Elorin
Avatar : Charlie Hunnam
Crédits : chandelyer (av) & alcara (icon) & akira (gif)
Thèmes abordés : deuil, drogue, rapport au corps, santé mentale
Infos RP : pris / rp le week-end / 800-1000 mots, dialogues en fr/eng au choix
Comptes : Wighard Wolden
Points : 2080
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Âge : 48
Occupation : Maître des runes, chercheur pour le centre de désintoxication, cours occasionnels et avancés à l'université, fouine professionnelle, fournit cercles de protection, divinations et talismans pour le Nouveau Monde et parfois ses services de façon illicte...
Statut : Célibataire | Divorcé d'un humain depuis février 2021
Famille : Connaissance | Mystère | Curiosité
Dons : Troisième oeil astral | Multiface | Ecureuil d'Albert
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Message Sam 27 Fév - 22:03

Are you hearing voices again ?


Il s’est échappé de ses mains, comme un voleur. Comme après tant de leurs baisers, lorsque Wyn était aimanté par son affection, venait déposer un baiser sur ses lèvres, sur sa peau avant de disparaître comme un baladin aux pieds mutins, joignant leurs corps pendant un bref moment, comme leurs âmes l’étaient constamment. Wyn se protège, se barricade dans sa vulnérabilité, un genou ramené contre sa poitrine, l’autre, laissé dans l’Arctique. Il semble rajeuni le menton sur son genou, et ses cheveux diaphanes tombés devant son visage. Il ne ressemble pourtant en rien à l’homme qui a sublimé Yildun, physiquement, mentalement. Ses yeux brillent d’une brûlure plus que d’une étincelle. Lorsque ses mains, larges et chaudes, quittent sa peau meurtrie, elles laissent la place à une impression de déjà-vu. Le vide.

Lorsque Yildun parle, il ne s’arrête plus, sincère jusqu’à la violence. Ses mots sortent de ses lèvres comme une langue que le scientifique ne maîtrise pas, ne maîtrise plus. Les mots, séparément, ont un sens, mais ils ne forment pas de phrases. Ses lèvres entrouvertes laissent voir sa morsure et sa confusion. Yildun a un drôle de timbre, qui ne lui appartient pas et qui met à nu tous les non-dits, comme on arrache le bandage d’une blessure infectée. Wyn connaît la sensation par cœur, en est hanté dans ses rêves.
Mais Yildun n’est pas un chien galeux.

Et Wyn le regarde. L’époux qu’il chérit, les voyages qu’il entreprend, les émerveillements où sa curiosité le mène, les études qu’il poursuit, l’attention portée à son clan, à sa caste détournent son œil toujours vigilent, ajout des objets où reposer son regard lorsque du sang sèche au coin de ses yeux. Mais Wyn le regarde, sans cesse, captif de ses mouvements, captif de la façon qu’à Yildun d’être plein de sa propre âme, captif de la façon dont il trouve ses objets perdus dans ses expressions, dans ses gestes. Jamais dans les yeux, non. Surtout pas maintenant, quand Wyn gîsait sur une table, exposé et mis à nu.
Non, Wyn l’observe plutôt à la dérobée, lorsque Yildun regarde leur jardin. Wyn n’a pas besoin de le regarder, n’a pas d’intérêt pour les plants de tomates et l’établi de Yildun, pour la petite forge qu’il s’est octroyé et le lent mouvement des arbres dans la chaleur suffocante de juillet. Le jardin ploie sous le soleil. L’ombre enveloppe la bulle dans laquelle les deux hommes sont enfermés. Il sait que la maison n’est habitée d’aucun fantôme à cette heure, aucune silhouette ne viendra le sauver à la fenêtre, son mari et Solvi ne sont pas là. Et il y a, dans la solitude qui les laisse que tous les deux, une nostalgie persistante. Dans son corps, dans son âme, il reste une place en forme d’Yildun. Un pli qui ne s’efface pas. Une habitude.

Son alliance, sa jambe crèvent l’illusion. Wyn pourrait reprendre le visage de sa quarantaine, mais il ne pourrait singer l’innocence de son impertinence, la voracité de son regard, la plénitude que la présence de Yildun insérait dans son âme, l’empêchait de courir après des chimères. « - C’est toi qui a choisi ta voie. Mais tu aurais été un excellent médecin, j’en suis certain. » Comme Henok. Même si Wyn trouvait que pour l’heure, Yildun faisait un druide plutôt nul, la jambe traversée de douleurs fantômes.

« - Tu n’étais pas forcé de partir. » Du laboratoire, ou de son âme. Il était bien resté à la maison. Il devait manquer aux poissons autant qu’il manque à Wyn. Sa respiration le happe. Wyn sent sa respiration oppresser ta poitrine, comme s’il s’attendait encore à respirer le même air, et que ses poumons s’asphyxient.   « C’est ce qui a enlevé la mienne, ironiquement. » Il ironise, la répartie vive, mais non pas cinglante. Reliquat de malice. Il avait perdu sa sérénité en même temps que Yildun. Il n’y avait jamais été accroché que par un fil, celui tracé entre leurs âmes. Après douze ans de paix, il s’était retrouvé dans la tourmente hyperactive de ses propres émotions, indisciplinées, avides.

Sa voix sort étouffée d’entre ses paumes, plaquées sur son visage. Il se frotte le visage, son alliance griffant sa peau, ses cheveux s’y coincent et s’arrachent, tombent blancs comme neige, emmêlés autour de l’or.  « - Je veux que tu sois heureux, mei. » Le mot latin lui échappe – mien. Depuis leur rencontre, Wyn avait œuvré dans ce sens, ajoutant des pierres à l’édifice jusqu’à lui donner une forme de foyer, de refuge, de maison dont le toit serait toujours là pour Yildun. Des années durant, le velours vieux rose prend la poussière. Témoin silencieux du temps qui passe. Sanie de ce qui change. Boiterie qui fait clocher tout le bureau.  « - C’est chez toi. Tu peux entrer où tu le désires. C’est toi qui est parti, moi qui suis resté. » Resté, des heures, des jours à l’hôpital, à se perdre dans la vision de son sublime à l’hôpital, à créer dans son âme un grand trou rempli de vagues horreurs indicibles, abysses où Wyn avait osé regardée. Elle lui avait causé la même horreur qu’aujourd’hui ce moignon, mais il s’y était plongé. Son esprit était toujours hanté du vertige.  «  - Et je te regarde. »  Il a sur le corps, des dizaines, des centaines de cicatrices pour prouver son dénuement. Certaines, légères comme des coupures de papier, s’effacent, s’effaceront d’ici une heure, une minute. D’autres, séquelles d’heures perdues dans les limbes, d’autres, séquelles de journées passées hors de son corps, laissent sur sa peau des gravures profondes, des cicatrices qui écrivent sur sa peau les heures passées auprès de Yildun lorsqu’il était dans le coma, lorsqu’il est parti.

Mais le pus sort de sa blessure. Sérénité. Plutôt travail de psychanalyse qui laisse éreinté. Il vacille. Il a baissé les mains à nouveau, pour entourer ses membres inférieurs, maigre protection. Les runes de ses poignets sont cachées. Mais sa tête est penchée sur le côté, sa joue contre son genou, et ses cheveux cascadent contre sa nuque, dévoilent les tatouages des runes derrière son oreille, comme au fer rouge, sous le soleil.  Il n’y a nulle sérénité dans son cœur, juste un trou qu’il creuse, qu’il arrache de sa poitrine à chaque mot. Ce n’est pas ça la sérénité.  « - Je ne t’ignore pas.  Je ne te déteste pas. Je déteste Frey. Et je déteste que tu sois parti. Mais je n’avais aucun droit de te retenir auprès de moi, aucun. J’ai tout fait pour te soutenir dans tes démarches, j’étais là quand tu t’es ouvert les veines, j’étais lié à toi, je suis mort avec toi, Yildun. »  
Il a fermé les yeux, les cils lourds de larmes. Sa voix s’est faite tranchante, par manque de souffle, tandis qu’il agonise, tandis que sa poitrine l’oppresse, tandis que son timbre sort à blanc, atone, à vif. Il ne partage cette réalité qu'avec Renata, les deux trop sensibles, à fleur de peau pour y trouver les mots. Conscients de l'indicible. Il s’était senti mourir, par deux fois. Il avait senti Yildun mourir. Une part de lui était morte. Et Yildun semblait être un étranger, qui n'avait jamais partagé cette effroyable finalité avec lui. « - Comme je suis mort avec Aslaug. »  

code par drake.
@Yildun Friðr | août 2020
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