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 allegiance to the pain (wyn)
 allegiance to the pain (wyn)
Eira Fan
Eira Fan
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Occupation : Les mains teintées de sang, pseudo chirurgienne vendue aux vices d'un trafic d'organes qu'elle dirige.
Statut : Hantée par un homme qu'elle a répudié, déchirée par un divorce qui aurait dû lui faire oublier la douleur de sa perte.
Famille : Hel lui a montré la voie, donné pour nom Obsession et lui a confié la Branche de la Folie, Maitresse de ses disciples.
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Message Dim 29 Nov - 11:35

allegiance to the pain
failure is a bruise, not a tattoo
Elle souffle et trépigne, sur le pas de la porte, attend en vain, sans oser vraiment entrer, reste dans le froid glaçant de l’hiver norvégien qui approche, emmitouflée dans son manteau, le nez perdu dans son écharpe. La patinoire se dessine au-dessus d’elle, bâtiment qui prend des allures inquiétantes, de son point de vue de petite souris effrayée à la seule idée des souvenirs qui s’amassent comme autant de petites graines nauséabondes dans son esprit. Il y a la peur qui lui gratte les entrailles, mais encore sourde, elle ne lui accorde que quelques relents amers, sans oser vraiment s’affirmer et la prendre à la gorge. Elle est seule devant l’entrée, à attendre sans bien savoir quoi, ce qui l’attend vraiment derrière la porte. Au fond, elle se doute, prise de prémonition, sait bien additionner les choses, ne s’y trompe guère. On ne l’a jamais amené ici innocemment. Mais elle n’est pas sûre de comprendre avec exactitude les raisons du Docteur Evjen. Après tout, il n’a rien d’une amie précautionneuse qui souhaiterait lui faire renouer avec sa passion. Des fois, elle doute même qu’il la voit vraiment, qu’il décèle autre chose qu’une sublime, un sujet à étudier, lorsqu’il pose son regard sur elle – ou sinon une enfant qu’il s’amuse torp à lui rappeler avoir été. Mais elle ne trouve même plus la force de s’en émouvoir, à vrai dire, y voit son quotidien, désormais. Drôle d’animal de compagnie que l’on s’est choisi, bête de foire qui n’est plus bonne qu’a paraitre, dépouillée d’une réelle humanité. Elle ne cherche même plus à protester contre sa condition, encaisse sans mot dire, et attend sagement, puisque c’est ce qu’on lui a demandé.

Prostrée dans le froid, elle fait à peine attention à la silhouette qui marche vers elle, ne s’y attarde qu’un fois que l’homme finit par s’arrêter à sa hauteur, reconnait bien vite le scientifique aux yeux vifs, tangue un peu, sans vraiment savoir comme le saluer. « Bonjour. » Un sourire crispé lui échappe, elle a déjà les yeux fuyants. C’en est devenue une seconde nature, chez elle, de sans cesse chercher à s’échapper, trouver le meilleur moyen de fuir et de se faire oublier. « On ferait mieux de rentrer avant d’attraper froid, j’imagine ? » A vrai dire, elle n’a aucune envie d’entrer, mais se doute bien qu’on ne lui a pas donné rendez-vous ici pour rien. Autant discuter au chaud, plutôt que de s’éterniser dehors. La porte est poussée, elle s’engouffre dans le bâtiment, bien vite rattrapée par la buée qui s’immisce sur ses lunettes. Aveugle, elle finit par les ôter, soupire en frottant nerveusement les verres pour s’épargner une déconvenue, le regard résolument tourné vers le bas, sans oser croiser les siens – et de toute façon, elle le verrait flou. « Je comprends pas pourquoi on est là. » Ce n’est pas une accusation, juste une constatation qui s’ourle dans sa voix, pétrie de peur, au fond de sa poitrine, alors qu’elle remet en place ses lunettes, relève à demi la tête. Il n’a peut-être pas conscience, de la terreur qui la guette en ces lieux, des craintes qui s’amoncèlent dans son esprit fatigué. Elle n’a même pas la force de se rebeller franchement, se contente de questions, pour essayer au moins de comprendre. « Vous attendez quoi, au juste ? » Elle a la mine inquiète des enfants que l’on ramène sur les lieux de leur chute, et qui craignent de reproduire les mêmes mouvements. Mais aux côtés de Wyn, la patinoire prend une toute autre dimension qu’avec Juni. Ce n’est pas les souvenir d’enfance qui la ramènent sur la glace, les rires dans les vestiaires, les courses dans les couloirs, les gouters dans les gradins. Non, il lui semble plutôt que c’est la détermination de la compétitrice qui revient, celle qui a bien du mal à soutenir l’échec, se noie dans l’oubli et s’éloigne le plus possible de ces lieux pour ne pas avoir à trop y repenser. Parce qu’il y a un gouffre intersidéral qui s’est creusé dans sa poitrine, un vide qui gangrène son cœur, lui mord la poitrine et lui ouvre le bide en deux, lorsqu’elle ressasse les événements, sa chute, sa jambe en vrac, les dangers qui la guettent à la seule idée de remettre les pieds sur la glace. « Je vous avais déjà parlé du fait que j’étais trop blessée pour repatiner, Docteur ? » Bien sûr que c’est déjà venu dans la conversation, entre deux éclopés. Mais il lui semble bon de lui faire une piqure de rappel, alors qu’ils se trouvent là, seulement séparés de la glace par une bête vitre, et que les doutes lui percent le cœur.
Wyn Evjen
Wyn Evjen
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Occupation : Maître des runes, chercheur pour le centre de désintoxication, cours occasionnels et avancés à l'université, fouine professionnelle, fournit cercles de protection, divinations et talismans pour le Nouveau Monde et parfois ses services de façon illicte...
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Message Sam 2 Jan - 0:16

TW: image du corps & handicap | drogue

Allegiance to the pain


Dans quel philtre ? - Dans quel vin ? - Dans quelle tisane ? Les mots du poème rebondissent dans son crâne comme de la menue monnaie dans une poche trouée, comme ricoche le son de sa canne et de sa jambe sur le pavé. Jambe - Canne - Jambe, pas du chenapan en escapade en rythme ternaire. Il lui semble avoir au fond des poches, un larcin sonnant et trébuchant. Ce ne sont que des cachets à la gueule de bonbons à l'anis qui l'attifent comme un criminel et un voleur au nom de tout Senja. Il lui semble avoir laissé sur les pans de son long manteau noir, des traces de farine ou de suie qui l'épingleraient à vue comme un vaurien. On ne peut pas lire sur ses traits son méfait puisqu'il n'a pas ses traits à la vue : Wyn apparaît comme un jeune homme.  Ce n'est qu'à la vue de la patinoire qu'il reprend le visage que le monde lui connaît, brouillage nauséeux d'un visage de pâte à modeler.

Ses habitudes de retard pathologiques sont devenus des encombrements physiques, dans une ville où l'on se déplace tant à pieds. Trouver prothèse à son pied lui sert de mot d'excuse pour faire l'école buissonnière. Il a déserté tous les taxis, préférant marcher, peser le poids de la prothèse et de tout ce que sa jambe charrie avec comme un boulet au pied.
Wyn se plaît dans les petits matins froids où finissent bien de ses journées. Entre Yildun et Henok, puisque c'est comme ça qu'il date la chronologie de sa vie, dans des intervalles ouvertes et fermées qui portent le nom des gens dont il vole les habitudes, les personnalités , la stabilité. Dans l'intervalle entre Yildun et Henok, où s'étire Aslaug n+1, il avait l'habitude de rentrer du labo au petit matin, les mains dans les poches, le monde grand à la clarté blanche de l'aube.

Dans la lucidité de la froidure, ce qu'il s'apprête à faire ressemble à une déchirure.  Il ne craint pas le froid ni ses petites dents de chats sur son épiderme. La bise avive les pensées. Il sacrifie le canari. Il rejoint la masse oppressive, systémique que ses parents ont toujours pointé comme l'épée de Damoclès au-dessus de ses priviléges. L'honnêteté dit que la petite annonce déposée en ville il y a des mois étaient déjà le premier pas dans l'abime. Pourtant, son état d'esprit à l'époque n'avait plus rien à voir avec celui de la fin d'automne. Les feuilles meurent et il lui semble que son moignon bourgonne, aiguillonné par la curiosité. Il avait cherché Isolde comme remède à la morosité, il poursuit l'enquête avec l'esprit de la nécessité.  

Il n'y a qu'une jeune femme qui attend emmitoufflée devant la patinoire, comme une athée devant une église d'Italie. Comment les prothèses passent-elles la douane des aéroports ? Isolde est incapable de faire face à l'entrée, mais ne peut pas s'empêcher de sentir la lourdeur des rêves déchus, comme un prédateur sur son épaule. Wyn se fend d'un sourire sincère et doux quand il ouvre la porte de l'épaule, lui tend le plateau de carton où trônent deux mugs de café bien chauds - caramel macchiato pour Isolde, triple shot d'expresso et crème fouettée au caramel pour Richard, l'invitant à se servir tandis que le carillon de l'entrée grelotte de froid. « - Bonjour, Isolde. Après vous. » Elle semble s'effacer comme une fleur pressée dans un herbier. Parfois dans les silences entamés, les phrases coupées, cela lui brûle les lèvres. De lui dire que la sublimation n'est pas être une souillure ni une laisse. Qu'il aurait préféré être son sublimateur plutôt que la laisser dans ces rêts. Qu'elle pourrait rejoindre Mimir ou n'importe quel dieu des êtres meurtri. L'impudence de la pensée le choque. Mais le lien que son don lui permet de percevoir autour de la jeune fille apparaît comme une cicatrice purulente. C'est plus obscène qu'un moignon, c'est contre-nature. C'est l'inversion de tout ce qu'il croit, tout ce qu'il a élevé au rang de foi. Cela lui lui donne la nausée, et jamais Wyn ne le fixe longtemps avec son troisième oeil. Il doit garder en tête que toute atteinte au surnaturel sera punition pour le jeune femme. Voire la sublimation comme joug lui semble un casse-tête chinois. Il a dû mal à l'oublier, du mal à s'en souvenir.

Wyn relève ses lunettes sur son front, tirent les fils argents de ses cheveux en arrière et placent ses cernes en premier plan. Il l'entraîne dans les vestiaires. «- De la science. N'est-ce pas ce qu'ils font à chaque fois qu'ils se voient ? Comme elle tourne un oeil borne aux fenêtres, Wyn tourne son oeillère contre leurs infirmités. Comme Marko elle est une porte entrebaillée sur l'handicap qui le gangrène de l'intérieur, une faiblesse qu'il n'est pas prêt à admettre. Depuis le départ d'Henok, le miroir en pied est tourné vers le mur de peur que Narnia n'emporte ses rêves de cartes.  A pousser Isolde dans le vide, il cherche peut-être son propre courage à sauter. «- Je vous ai déjà parlé du fait que j'étais trop unijambiste pour repatiner ? » Au delà du flegme qu'il traîne dans les vestiaires, il aurait l'air d'un flamant rose. Il avait une tendance aux étangs gelés lorsqu'il était plus jeune et la poitrine brûlante d'air vif et invincible. Il ne croyait pas à la noyade jusqu'à ce que les glaçons poussent dans leurs poumons sublimés. « C'est deux éclopés qui rentrent dans une patinoire…. »  On croirait qu'il récite du Baudelaire en français dans le texte. La belle assurance qu'il a quand il s'assoit sur le banc du vestiaire, prothèse et canne tendues dans le passage. Tant qu'ils ne mettent pas pied à terre, c'est facile de se convaincre que leur vie n'a pas été amputée.

«- Première chose, si Rurisk apprend ce cénacle, je vais posiblement passer le reste de mes jours en chaise roulante et ce serait dramatique puisque mon bureau est au second étage.   Deux mois auparavant, il aurait eu la décence de ne pas lui proposer cela. Si ce n'était parce que son père était son ami d'enfance et l'une des raisons pour lesquelles sa tête de piaf était encore sur ses épaules, bon gré mal gré. Parce que les premiers retours de consommation témoignait de la brieveté de la doruge et de la longueur de l'addiction. Il se rend compte de l'horrible de ce qu'il lui propose.
Mais c'était la vocation du cachet blanc. Elle était faite pour ça. Soumise au capitalisme et la domination des castes, elle s'était dissolue dans le système, mais elle était faite pour permettre à Isolde de patiner, de danser, de guérir. Il y a en lui l'ambition dévorante, professionnelle, imbue d'elle-même, de remettre la chose sur le droit chemin, poursuivre les recherches. La blanche était mal connue, et pourtant. Il avait besoin de faire des tests en laboratoire, mais la dernière personne qui en avait fait avec mal fini. Il a la paranoïa iconoclaste aux basques.

Il lui semble que ses sublimes lui crachent au visage dans chacune des attitudes de terreur d'Isolde. Comment peut-on faire ça à sa sublime ? Il ne connaît pas toutes les sanies qui souillent la jeune femme, mais cela ne l'empêche pas de tiquer dans le vent parfois. Irrité par l'absent. Il a envie de le blesser mais il n'a aucune envie de faire une martyre d'Isolde.  Il passe une main frileuse dans ses cheveux, les repousse en arrière et dévoile son hésitation. Chaque mot résonne dans le vestiaire déserté. Une chaussette épaisse traîne sous un banc, plus loin, il entend les gestes de l'employé.e qui range les patins de location. L'atmosphère est délicate, l'air froid les enveloppe timidement. C'est d'une cruauté infinie ce qu'il propose, mais il est comme un enfant. Il aimerait avoir cette audace, cette offrande. Il ne propose pas par cruauté, mais par sympathie - parce qu'il y a la même douleur dans ses yeux que dans ceux d'Isolde. Lorsqu'il rive son regard bleu, il y a de l'envie dans ses prunelles. Il aimerait être à sa place, qu'on lui tende la main et qu'on lui propose une solution magique à son incurie. Il veut croire au miracle, comme un gosse et c'est dans la sincérité la plus ingénue qu'il explique :   « Je peux te refaire patiner. Temporairement, pour le moment, et ensuite on avisera à partir de là, avec ton accord. »  Il s'agit d'un test médical, contrôlé. Elle peut tout arrêter, à tout moment (pourquoi faire ?).

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@Isolde Vik décembre 2020
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Message Dim 10 Jan - 18:12

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Il est grand, Wyn, grand et presque rassurant, dans son visage chaleureux, ses rides qui témoignent de ses sourires, et cette étincelle qui pétille sans cesse dans le fond de ses yeux. Il lui donne une drôle d’impression, une de celles sur lesquelles elle n’est pas sûre de pouvoir mettre le doigt, de vraiment comprendre ce qu’il se passe. Il donne envie de le suivre, de prendre la main qu’il tend, de se réchauffer les doigts autour du café offert, de profiter de ce semblant de chaleur, comme une oasis qu’on lui offre, un peu de paix dans ce monde chaotique. Pourtant, rien n’est plus faux, ce n’est qu’une énième illusion dans laquelle elle tombe tête la première. Scientifique inconscient qui s’amuse bien trop à jouer de son statut pour mieux étudier ce qui germe dans son esprit, elle doute qu’il ne cherche vraiment que son salut. Elle pourrait bien y laisser des plumes, à trop jouer avec le feu. Et pourtant, elle n’aime rien tant que le voir s’animer, ne demande qu’à le suivre, papillon attiré par une lumière terriblement dangereuse, lui emboite le pas jusqu’aux vestiaire, se tord le cœur pour ne pas trembler, ne rien laisser passer, pas même un voile d’angoisse dans son regard. Surtout pas. Elle fait de la glace son élément, en s’asseyant sur le banc face à lui, se cache derrière ses lunettes, derrière les mèches sauvages, pour ne surtout pas trop en dévoiler, taire la terreur qui pulse dans sa poitrine et lui dévore la psyché.  Elle cherche tant bien que mal une échappatoire, sourit à demi en l’entendant, souffre de la même ironie que lui. Pourtant, dans le drôle de lien qu’ils ont formé l’un avec l’autre, elle cherche encore une parcelle de terrain, d’humanité pour le ramener à elle. « Vous patiniez ? » Peut-être parce qu’elle ne l’a jamais connu qu’avec une jambe en moins, elle ne peut que se l’imaginer maladroit sur la glace. Les a priori ont la peau dure, mais elle évitera de le lui révéler, se concentre encore sur un nom qui réveille une terrible amertume sur sa langue. Elle préfère que Rurisk soit oublié, relégué aux oubliettes, pour ne pas avoir à palier à son souvenir désagréable. Wyn ne doit pas en avoir conscience, d’à quel point c’est dérangeant, de toujours être ramené à l’existence de son géniteur, de superposer l’image des deux hommes. « Je ne vois pas pourquoi il serait au courant. A moins que vous, vous ne lui en parliez. Vous avez envie de lui en parler ? » Elle en doute, à l’entendre. Mais se pare d’une drôle de bravade, à relever le menton vers lui, le jauger de ses grands yeux clairs, comme pour le mettre au défi de contester ses dires.

Il a attrapé un marteau et s’amuse à lui fracasser le cœur. Elle le regard, le jauge, roule sa langue trois fois dans sa bouche, déglutit, alors qu’il jette cette promesse en l’air. Il doit bien savoir l’effet que ça fait, d’entretenir ce genre d’espoirs. Il a bien dû y penser, lui aussi. « J’suis le cobaye ? Si ça marche pour moi, vous viendrez me rejoindre sur la glace ? » Elle souffle un vent de provocation, relève toujours le menton plus haut, mais la vérité, c’est qu’elle est terrifiée. Il remue trop de choses en elle pour qu’elle se montre insensible à sa proposition. Il lui retourne le cœur, fait naitre des étoiles scintillantes dans ses yeux, précipite le rythme de son pouls. Elle est déjà prête à bondir sur ses pieds, glisser derrière le comptoir, attraper les premiers patins venus pour s’élancer sur la piste. Mais ces derniers mois lui ont trop bien enseigné crainte et prudence. « Comment vous allez vous y prendre ? Vous êtes le magicien qui sort une solution de son chapeau magique, soudain, alors que tous les autres ont échoué ? » Elle est amère, parce que déjà trop bousculée par la réalité et sa cruauté pour s’autoriser trop d’espoir. La lucidité prend le pas, l’empêche de se confondre dans les mirages pour subir une terrible désillusion plus tard. Il lui donne encore peu, se passe de détails, mais il en dit assez pour qu’elle se doute que rien n’est si rose. « Et si vous voulez pas que Rurisk, elle est incapable de l’appeler papa, ne soit au courant, j’imagine que c’est dangereux. C’est quoi mon assurance derrière ? » Pas que ça la dérange de ne rien dire, au contraire. Mais le sous-entendu qui vrille derrière les beaux-apparats n’est guère rassurant, fait miroiter une menace, bien trop de risques. Pas que ça l’étonne non plus, on n’obtient rien sans rien. Mais elle ne compte pas se jeter seule dans le vide, sans avoir au moins un élastique pour la ramener en arrière. « J’ai pas de quoi me payer une prothèse moi. » Et ça n’a rien d’une accusation. Une simple constatation qu’elle énonce, pour remettre les choses dans l’ordre. Parce qu’il le sait bien, ce qui l’a poussé à prendre ce flyer, échoué dans un coin de l’université. Ce n’est pas par pur esprit scientifique, par curiosité. C’est seulement une étudiante aux abois, dans le besoin, qui s’est présenté à la porte de son bureau un jour, pour donner de sa personne, le faire entrer dans son esprit. Pour au moins pouvoir tirer avantage du sort si cruel, trouver une utilité à l’abomination qui l’a faite sublime.
Wyn Evjen
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Message Sam 27 Fév - 19:26

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Allegiance to the pain

Wyn penche la tête sur le côté, surpris de la candeur de sa question. Son esprit patine. Il est pris dans les ornières de sa lubie, de l’obsession qu’un mort lui a léguée. Héritage maudit sans paquet cadeau aucun. Ses recherches aussi fanatiques, éreintantes soient elles sont un répit. Un refuge, une crevasse dans laquelle se nicher le temps que la tempête inévitable lave les côtes. Une raison pour fermer la porte de son bureau à clef. Une raison d’être occupé. Lorsqu’il expire par le nez, son souffle dérange les mèches qui sont retombées devant son visage, mais il acquiesce lentement. Elle n’a pas idée des réminiscences que sa question réveille en lui. Il patinait. Il grimpait aux arbres. Il faisait de la randonnée. Il courait. Il voyageait. Tout au passé. Il avait passé 99% de sa vie à lutter avec une hyperactivité crasse, la frustration d’un seul corps, la gêne de la non-ubiquité.  Maintenant son corps est à la traîne. Toute sa vie, il a craint le carcan de la vieillesse. Il pensait être emporté par le temps. Il avait pris un crédit auprès de Mimir, l’assurance de vieux jours rayonnants. La curiosité a coupé les moustaches du chat. « - Comme tous les gamins de Senja. Plutôt sur le lac, on partait avec mes cousins. J’ai fini dans l’eau glacé… souvent. Il admet, sans la moindre grimace, exhalant l’air glacial des vestiaires. Il n’avait appris d’aucune de ses erreurs.

Il les voit à la troisième personne. Le rôle de narrateur omniscient est une gymnastique mentale qui équivaut à une séance de méditation pour Curiosité. Juchée sur son banc comme si elle allait s’en envoler, Isolde lui ressemble. Elle n’a pas idée combien il a fait les mêmes bouilles à son père. Combien, avec son menton fier, et l’impertinence dans le ton, elle ressemble à Wyn. Wyn n’a pas idée. Par Mimir, il sent la pesanteur. Combien de fois, il a fait le même incartade, brûlant qu’on lui dise qu’il ait tort, brûlant de se brûler les ailes ? Comme si son film d’insolence allait le protéger des coups. Riposter d’abord de peur d’avoir peur. La sensation de déjà vu est vorace. Retour aux palais des miroirs déformants – les lunettes glissent sur le bout du nez, les mèches diaphanes s’accrochent aux cils, les yeux s’écarquillent, les interdits ont la frousse. La figure intrépide et les tremblements dans la glotte.

« - J’espère. » Le sang dans la bouche. Il se mordille la lèvre inférieure sans discontinuer, signe de sa propre impatience, de sa propre anxiété. L’envie oppresse son cœur, elle laboure ses entrailles à chaque phrase, chaque incartade.   « -« - Si je pouvais m’utiliser comme cobaye, je le ferais. Je le fais généralement.  Mais ma situation physique est un poil plus compliquée que la vôtre. » L’envie forme une boule dans sa gorge. Elle l’étrangle. Elle étrangle ses mots dans sa tranchée, ils sortent un peu bizarre, un peu de malformés, un peu compromis. La seule chose qui les différencie d’un croassement pathétique c’est la morgue, le rire dont sa nonchalance le pare. Comme si ce n’était rien. Comme si il parlait d’un grain de beauté sur la cheville, pas de ne plus en avoir, de cheville.
Chapitre : bravade. Paragraphe : estomac retourné comme une chaussette.

« - Rurisk. »capable de le mettre k.o.et accessoirement de le balancer à Moïra. Wyn regarde peut-être la mort en face, mais sa mère après avoir fait une connerie, c’était une autre histoire.   « - Et je payerai la prothèse, tous les soins et votre retraite, dorée, jusqu’à la fin de vos jours. La réputation de mon clan nous précède. »
L’exaltation bat dans son cœur, par à-coups, comme à une porte, comme une migraine qui persiste. Son regard est limpide sous les néons dont le bruit fournit un étrange bruit blanc à leur conversation. Comme si rien de tout cela n’était réel. Le vestiaire est comme un sas, dont des étrangers entrent et sortent sans leur prêter attention. Ils sont dans un seuil. Ils sortent des sentiers battus, des rives de leurs accords. Son cœur palpite autant que celui de l’étudiante cabossée. Ils doivent en faire un de ses baroufs à tous les deux. Wyn reste un instant, le cœur au bord des lèvres, entrouvertes.

L’immobilisme lui sied mal. Il se remet en mouvement, comme sorti d’une torpeur absente, sortant de sa poche un petit flacon de médicaments contre la douleur, sous prescription médicale. Il est plein à ras bord, des médicaments que Wyn ne consomme plus depuis des mois. Il n’y a pas de remèdes à ses douleurs. Il déverse dans sa paume de petits cachets, ronds et vert, d’un joli mente à l’eau printanier. Il tend sa paume à Isolde, dans une franchie absolue.  « - C’est de la Beyla. » Le gouffre de ses yeux clairs la fixe dans le plus grand des calmes. Sa voix ne s’élève pas, murmure malgré la vigueur qui passe dans son timbre.   « - Je pense qu’elle peut avoir un véritable usage médicinal. Mais observer des molécules au microscope ne fait pas tout, et si je veux la modifier pour en limiter les symptômes de manque, permettre sa consommation comme une autre des prescriptions, que toi comme moi, avons reçus, j’ai besoin de faire des tests, d’observer ses effets. Je la prendrais moi-même si cela peut vous rassurer, mais cela ne me donnerait aucune donnée sur le métabolisme humain, et les données de l'expérience seraient de toute manière corrompues par mon jugement.» Il crève d'envie de la prendre. Il est un habitué des drogues dures, aucune d'entre elles ne parvient à alléger le corps qu'il se traîne comme un boulet. Il a l'effroyable que terreur que même la Beyla ne pourrait l'absoudre. Il a longtemps rouler les cachets dans sa paume, dans la solitude du grand lit froid où plus personne ne dort.

Il a un doctorat en bullshit mais dit la stricte vérité. Il ne pourrait pas observer les données collectées. Il risquerait l’overdose. Passé par là, il se souvient des néons d’hôpital, de l’abysse qui l’enveloppe, la cécité. Il est animé par des certitudes qu’il prend comme telles, hypothèses de travail à prouver, bien qu’il n’ait aucune idée de la possibilité de sa science. C’est tout l’enjeu pour le biologiste. Comprendre. Répéter les expériences. Systématiser. Synthétiser. Comprendre. Améliorer. Il veut tutoyer les dieux avec un admirable manque de prudence – d’autres sont morts pour ça, pas comme on pourrait s’y attendre. Mais il a trouvé une voie, un but et reprendre la voix plus douce, presque suppliante, des yeux brumeux qui rappellent curieusement la glace épaisse.  « - Je ne vous laisserais pas seule, Isolde. Et vous repatinerez, Mimir m’en est témoin. »


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Statut : Hantée par un homme qu'elle a répudié, déchirée par un divorce qui aurait dû lui faire oublier la douleur de sa perte.
Famille : Hel lui a montré la voie, donné pour nom Obsession et lui a confié la Branche de la Folie, Maitresse de ses disciples.
Dons : Maitresse des illusions ; intrusion mentale ; transformation en chat noir
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Message Mar 16 Mar - 23:04

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Il y a tout un monde que l’on ne devine pas sous le costume du scientifique. Un enfant espiègle, rêveur, au milieu d’autres gamins. Elle l’imagine au milieu d’une famille grandiose – c’est toujours de cette manière que Rurisk a évoqué les Evjen – jamais seul, toujours sollicité, le monde vibrant de bruits hétéroclites qui ont pu former curiosité. Ça lui semble obscur, inatteignable, pour elle qui n’a connu que la solitude. Pour elle qui côtoie Wyn au travers d’expériences, un pan plus ou moins professionnel. Les choses auraient-elles été différentes, si son père avait maintenu le contact ? Se serait-elle retrouvée plongée au milieu des Evjen ? Quel aurait été son parcours ? Peut-être aurait-elle servi la caste de la connaissance. N’aurait jamais connu Mahaut. Aurait été plus proche de Salem, serait même devenue surnaturelle à ses côtés. Aurait eu une vie plus paisible. La chimère se délite pourtant trop facilement, et elle accuse sans mal Rurisk du mal qu’il a pu causer dans sa vie, à lui dérober un avenir plus prometteur que le sien. Elle sourit, elle sourit devant Wyn, mais doit se retenir de ne pas virer aigre, acquiescer et chercher un semblant d’accord avec elle-même pour ne pas vriller. C’est son quotidien, désormais. Attendre, chercher à se réconcilier avec un parasite qui lui ôte toute volonté, concilier sa vie et accepter ce qu’elle est devenue, ce qu’elle finira par devenir. Pas ce à quoi elle s’attendait, y’a quelques années. Et à son tour, il vient tout bousculer. Surnaturel de son état, il en a le pouvoir, la possibilité. Plie le monde pour concorder à ses attentes. « Vous savez que c’est hautement addictif, ça ? » Combien de prises avant qu’elle ne tombe la tête la première dans cette nouvelle drogue ? Il n’y a rien de méchant, dans le ton du scientifique, juste une proposition, une petite poussée pour la mener sur la voie qu’il entrevoit. Mais même les plus innocentes avances d’un surnaturel pouvait se révéler désastreuses, pour un humain. « Mais oui j’en ai entendu parler. J’y ai pensé quelques fois. » De la Beyla pour guérir ses maux. Atténuer ses souffrances, guérir sa jambe. Etouffer son sublimateur, le magma de sentiments confus qui l’encrasse. A se demander pourquoi elle n’y a pas encore plongé, encore à se cantonner à des drogues qui paraissent plus douces, en comparaison.

Mais cette fois-ci, il se place en filet de sécurité, lui épargne la chute. Il sera là pour payer. C’est tellement plat, froid, impersonnel. Pour sauver l’honneur et leur réputation. Il y a un fond aigre qui s’agite, lui mord le bout de la langue, mais elle abandonne la partie avant même d’avoir cherché à gagner. Elle ne sait trop où trouver la logique, par quel bout tirer le fil pour chercher un semblant de cohérence. « Si vous prenez de la Beyla avec moi. Il n’y aura personne pour agir et réfléchir froidement si ça se passe mal. » Elle s’agite, se mord l’intérieur de la joue, les yeux rivés sur la paume tendue devant elle. Quelques pastilles y trainent, trop jolies pour vraiment cacher toute l’horreur qui se dessine dans leurs entrailles. Mais lui en faut-il vraiment plus ? Avec un soupir, elle finit par se relever du banc, dos tourné pour se rendre jusqu’au comptoir où un employé gère les équipements. « Une paire de patins s’il vous plait. » Elle est presque indifférente, déphasée, comme si rien d’anormal se préparait. Comme si elle venait profiter de la piste, un bel après-midi, accompagnée d’un oncle. Regrette déjà ses propres affaires, reléguées au placard, chez elle. La nervosité la prend pourtant, se traduit par les ongles qui tapent doucement sur le comptoir, la rigidité de son dos, sa moue pincée. « J’espère que vous tiendrez parole. » Elle se veut fière, mais c’est la peur qui se dévoile dans le fond de sa voix. Le regard qu’elle lui dédie a tout de celui d’une biche inquiète de ne pas percevoir correctement le danger, quand bien même elle cherche à se faire menaçante ou déterminée. L’assurance lui manque ; même avec un scientifique renommé, avide d’expériences, dont elle ne devrait rien avoir à craindre, elle doute. La gorge nouée, elle a du mal à extirper un merci à l’employé qui lui remet ses patins, revient s’installer près de Wyn, en silence, s’affaire à ôter ses chaussures pour enfiler son équipement. Elle se perd dans le silence, le blanc lancinant, qui égratigne les yeux et les oreilles. Pensive, elle oscille encore, avant de se saisir d’une pastille, la garde au creux de la main. Trouve la force de se lever, sans savoir vraiment comment, fébrile sur les lames qui se plantent dans le sol. Combien de temps, avant qu’elle ne craque et s’affaisse. Combien de temps avant que son genou ne la lâche.

Il y a deux mondes qui se superposent. La Beyla, terrifiante et addictive. Et le patinage, vivifiant et sublime. L’appel des souvenirs est terriblement fort, lui renvoie une image idyllique d’une époque révolue. Et en marchant, en se concentrant sur ses petits pas, ça la taraude, lui grignote le cœur, mais pas assez pour la détourner du projet et elle passe la porte, se retrouve sur le bord de la patinoire, s’accoude à la barrière, la Beyla encore conservée au creux de sa paume, à l’abri, où pourtant elle a trop peur de la perdre. « Vous savez combien de temps ça dure ça ? Que je m’arrête avant qu’il soit trop tard. Enfin, j’imagine que je le sentirai, quand ce sera fini. » Par une terrible douleur, sans nul doute. Elle ne s’attend pas à grand-chose, venant de pareille engeance, malgré les allures innocentes de la drogue qu’elle contemple, encore hésitante. « Vous avez trouvé ce qui différencie les couleurs de la Beyla ? Je veux dire, au microscope, j’imagine que la composition change, pour que les effets soient différents ? » C’est une manière comme une autre de se défaire de la vilaine peur qui lui broie l’estomac. Dévier le sujet, chercher des informations, quelque chose de tangible auquel se raccrocher. « Enfin, j’y connais rien, moi. Parait que c’est fait à partir de sang de surnaturels. C’est vrai ça ? Ou c’est qu’une rumeur ? C’est un peu glauque quand même. Et je doute que des surnaturels accepteraient de donner leur sang comme ça. » Trop précieux pour ça, sûrement. On en touche pas aux élus des dieux, blasphème. Mais les rues courent toujours de bruits étranges, qui viennent exacerber les légendes urbaines, et elle est bien la première à y tomber la tête la première, trop désinformée pour pouvoir déceler la vérité du mensonge. Wyn pourrait bien lui raconter les plus obscures fabulations qu’elle pourrait y croire. Elle n’a bien aucun moyen de rendre compte de la réalité.  
Wyn Evjen
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Occupation : Maître des runes, chercheur pour le centre de désintoxication, cours occasionnels et avancés à l'université, fouine professionnelle, fournit cercles de protection, divinations et talismans pour le Nouveau Monde et parfois ses services de façon illicte...
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Message Sam 24 Avr - 22:56

TW: image du corps & handicap | drogue

Allegiance to the pain

Ce n’est pas très à propos, ni très délicat, mais un rire se coince dans sa gorge, avec un bruit à mi-chemin entre le gloussement et le reniflement qui passe de travers. Il a un vague geste de la main comme pour s’excuser de son hilarité, mais secoue la tête, les doigts entrelacés autour de son genou comme de peur que sa jambe en tombe. Est-ce qu’il savait que la Beyla était addictive ? Extrêmement addictive. Une sorte de lassitude, d’acquiescence, d’acceptation fige ses traits pensifs quand il la regarde, la pointe de sa langue tronquée entre ses dents. « - Comme le vin, la cigarette, les anti-douleurs, oui. L’adrénaline ou le sport. »   Ou la sublimation diraient les mauvaises langues, mais le surnaturel mord un peu plus fort sa langue avant de laisser le gros mot sortir de sa bouche. Ce ne sont pas que des jeux d’esprit – la Beyla est certes une des drogues les plus addictives s’il en était, mais elle n’était pas la seule. L’alcool et la cocaïne avaient les mêmes effets l’un et l’autre, la seconde n’était culturellement acceptée qu’à Rodsand, c’était bien la seule différence. Curiosité a passé sa jeunesse à courir après l’effervescence des addictions, le fuel de l’adrénaline – que ce soit celle d’une découverte scientifique, d’une publication ou de manquer de mourir, sur un ring de boxe ou dans une ruelle, avec un visage emprunté. S’il y a une seule chose que les pratiques de l’oligarchie de droit divin a prouvé c’est bien que l’addiction, la drogue, n’est un réel problème que lorsque on ne peut plus s’en procurer. Le trône de la Beauté serait depuis longtemps tombé en poussière, dans le cas contraire, caste de camés et de débauchés s’ils en est. Mais leur argent et leur privilège comblent bien les crevasses du manque avant le moindre symptôme sordide.

« - C’est pour cela que j’ai besoin de vous, oui. » Il ne pouvait prendre la Beyla seul, il ne pouvait la prendre avec elle non plus. Mais il devait proposer. Il se devait de proposer : autant pour elle que pour lui, ni satisfait, ni déçu de sa réponse. Il reste à distance du rite qui éclot dans la poitrine de la jeune fille, la regarde se lever comme s’il gravait son image dans sa rétine. Laisse sa mémoire figer les bruits lointains du vestiaire et le choc sourd des lames contre le bois du banc. Les petits cheveux diaphanes de la jeune femme, et la nervosité contenue dans ses gestes alors qu’elle lace les patins à ses chevilles endommagées. Sa paume réchauffe la pastille jusqu’à lui donner chaleur humaine.

Il hoche la tête. « - Mimir est témoin. » Il promet, il jure, avec toute la gravité nécessaire. Le décalage est prégnant, cruel comme un mur en plein Berlin en 1961. Ils ne connaissent pas la même Senja, pas les mêmes dieux pourtant sous le même panthéon. Sa défiance est en décalage avec l’expérience de Wyn – il n’a aucune hésitation sur le fait que lui ou sa famille prendront soin d’elle si besoin. La Connaissance n’a qu’une parole. Bien sûr il n’est pas idiot, il sait bien les parents de Aslaug sont en instance de divorce à cause de lui. A cause de ce qu’il a fait à leur famille, à leur progéniture. Peut-être était-ce pour cela qu’il avait choisi de sous-traiter ces dernières recherches à de parfaits inconnus plutôt qu’à leur dernier enfant, ou à quelqu’un partageant à nouveau son esprit. Et c’était la fille de Rurisk qui était venue, timide, gratter à la porte son labo, quémander un job étudiant alors que n’importe qui, parmi les Evjen, Wyn compris, aurait payé son loyer sans poser de questions, sans demander plus que des bonnes notes à l’école. Quoiqu’il fasse, il n’est pas le bâtard psychopathe prêt à tout dont la science a besoin. Il n’est pas le Docteur Breiner.  Et la défiance d’Isolde est méritée, des quenottes acérées pour survivre. Comme pour Yildun, il n’y a qu’une seule chose qui lui fera baisser sa garde. Qu’il ne mente pas, jamais. Que ses promesses soient suivies d’action, toujours.

« - Une heure trente, plus ou moins. Pour le moment, du moins. » La moindre personne pensant que les recherches de Wyn avaient pour but d’atténuer les effets de la Beyla était un idiot complet. Un idiot bien-pensant. Les effets de la drogue faisaient progresser la science d’un bond – elle était une découverte majeure. Mais comme toute drogue, tout médicament, il s’agissait de veiller aux doses, aux équilibres entre effets secondaires et résultats. « -Vous ne devriez pas perdre une seconde. » Il ouvre la porte qui mène au terrain blanc et gelé, la buée sortant de ses lèvres par bouffées à chaque mot à présent qu’il la rejoint. Wyn reste prudemment sur la terre ferme, sa canne touchant les flaques laissées par les patins d’autres aventuriers. Il s’appuie sur le muret protecteur, l’invitant avec une sorte de ravissement gamin face aux premières neiges à entrer en piste.

Il accueille pourtant ses questions avec complaisance – au contraire. Elles lui semblent naturelles – il en aurait eu 100 de plus, à sa place. Et Wyn aime partager ses découvertes (la moitié du temps). Il aime avoir les réponses aux questions autant (un peu moins) que les poser. « - E103, E112, E136… La même chose que les bonbons dans un paquet. Des colorants, chimiques, évidemment. » Il exhale une longue traînée blanche avec un frisson. Il refuse de poser les yeux sur le cercle de glace, de peur d’y revoir le visage bleui d’Aslaug. A la place, il se concentre sur la jeune femme près de lui, lui accorde toute son attention. « - Beaucoup de surnaturels l’ont fait, pourtant. Je l’ai fait. »  Il y avait une crispation évidente à l’idée de partager leur sang – à laisser les échantillons aux mains d’humains, ou même de comprendre ce qui s’y trouvait, de passer l’origine de leur divinité au microscope. Le rite changeait leur biologie. Mais un simple don du sang, de plaquettes, de plasma ne suffisait pas à modifer un iota d’un humain. Les recherches du laboratoire rendaient plus d’un malaise, l’idée que leurs dieux puissent être analysés en éprouvette, reproduits en laboratoire. Mais de nombreux surnaturels avaient utilisés leur sang pour ce genre de recherches – scientifiques, médicales, ou autres. C’était un lieu commun entre Svart et Laere. « -  Mais il n’y a pas de sang, ni de surnaturel, ni d’humains, ni même d’animaux dans cette pilule. La composition est bien plus pure que dans des Malboroughs, à vrai dire. »  Il tapote la rambarde du bout de ses doigts dégagé par ses mitaines, impatient, fébrile comme à son habitude. Ils se tenaient au bord d’un précipice et ses yeux semblent lumineux quand ils reflètent la glace sous les pieds d’Isolde. La jalousie éclot comme la buée sur ses lunettes et il la noie dans le café dont il prend une gorgée pour éclaircir sa voix, quand Wyn désigne la patinoire d’un signe de tête. « - Ne gâchez pas votre temps  Il y aura un temps pour les questions après. File Isolde. Vole. Tu me raconteras. »

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Message Mer 28 Avr - 8:46

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« Une heure trente. » qu’elle murmure à sa suite. C’est si peu, à l’image d’une vie d’entrainements. Mais si long, sur le fil d’une compétition. Une éternité à angoisser, sur le bord de la glace, imaginer tous les scénarios possibles. En une heure trente, on a le temps de démarrer, face au jury, de s’aveugler sous le feu des projecteurs. En une heure trente, on a le temps de chuter comme de se muer en étoile montante, jusqu’à filer dans le ciel resplendissant. En une heure trente, on a le temps d’attendre les résultats, le cœur battant, frigorifiée sur le bord de piste. Une heure trente, c’est terriblement cruel, surtout lorsque l’on est confiné au silence d’une patinoire qui n’accueille que ses démons. Une heure trente de face à face avec elle-même, redevenue grande et puissante, seule sur la glace. La solitude lui mord le cœur, malgré la présence de Wyn près d’elle. Wyn qui lui ouvre le passage comme l’on ouvrirait la porte aux condamnés. Et pourtant, la pastille qui git encore au creux de sa main pourrait la transcender pour quelques temps, lui faire retrouver toute sa superbe. Il suffirait de l’avaler pour s’envoler. Mais elle préfère encore gagner des secondes, puis des minutes, continuer de parler, s’accrocher à chacun de ses mots. Elle a l’esprit vif et volage, s’éparpille sans se fixer sur le plus important. « Vous l’avez fait ? » Elle demande sans vraiment demander, attrape au vol ce qui retient encore son attention, s’interroge avant de passer à autre chose, déjà toute tournée vers les prochains instants. Tu vas patiner, Isolde. Tu vas patiner. Au creux de sa poitrine, son cœur s’est gonflé, manque de lui éclater la poitrine. Concentrée sur sa respiration, sur la forme de la drogue, si ronde au creux de sa paume, elle n’est déjà plus là, s’est effacée pour laisser place à la sportive qui s’étire pensivement. Elle envisage déjà tous les scénarios catastrophes, à jouer avec des forces qui la dépassent, tente au moins d’éviter les pièges qu’elle connait trop bien, prend le temps d’échauffer ses muscles pour ne pas se jeter tête la première au-devant du danger. L’occupation chasse un brin d’appréhension, détend son esprit, comme l’exercice physique l’a toujours fait. Un moyen comme un autre d’extérioriser, qu’on lui a ôté il y a trois ans.

Le premier pas sur la glace est périlleux. De l’autre côté de la rambarde, il y a Wyn, mélancolique, les yeux brillants, de douleur et d’envie. Elle imagine bien le cheminement de pensée, mais se refuse à s’y appesantir. Préfère l’égoïsme de la chance qu’on lui offre, profiter d’une heure trente avant de revenir sur terre. De l’autre côté de la rambarde, il lui fait l’impression d’un être cher abandonné sur la terre ferme, qui ne peut saisir la même chance qu’elle de voguer vers un nouveau monde. De l’autre côté de la rambarde, il est terriblement poignant, et le seul moyen qu’elle trouve pour l’ignorer, c’est de se détourner, le cœur serré, se focaliser sur l’écran de son téléphone plutôt que sur ce qui ressemble à des adieux. « Je viendrais vous faire mon rapport à la mi-temps. » Le demi sourire ne rassure rien ni personne, et surtout pas elle. Ce n’est qu’en mettant ses écouteurs, enclenchant musique et chronomètre pour ne pas oublier que son temps est compté qu’elle parvient un peu à se rassurer. Le cachet est avalé facilement, trop facilement, descend vite, trop vite, avec la force de la banalité, du naturel. Elle retrouve sa place, Isolde. Ce picotement lui est familier, c’est l’appel de la vitesse, de l’air, de la glissade. La démangeaison court de l’extrémité de ses doigts jusqu’au fond de ses patins, l’irrémédiable besoin de s’élancer et de vriller pour ne plus jamais retrouver la prend. Les premiers pas sont hésitants, et pourtant, viennent tous seuls. Elle n’a rien oublié, et c’est bien là sa plus grande malédiction. Elle se souvient de tous ces petits bonheurs qu’elle ne peut que regretter désormais, les retrouve un à un en glissant loin de Wyn.

Elle doit se faire violence pour ne pas s’élancer trop vite, trop fort. S’échauffer, reprendre ce rythme qu’elle connait trop bien, de lente agonie, alors qu’elle voudrait déjà voler. Tout va trop bien. Trop bien pour ne pas être trompeur. L’effet de la Beyla est discret, lui permet seulement de revenir à la normale, quelque part. Elle ne se sent ni transcendée, ni inquiète. La Beyla prend moins de place que son sublimateur, et lui offre une félicitée qu’elle pensait devoir abandonner à tout jamais. Ce n’est qu’une aide en plus, qui maintient son genou en place, lui donne une dernière chance. Les secondes s’écoulent au rythme des lames qui claquent sur la glace, lui réchauffent les muscles. Elle réapprend à respirer, après avoir été immergée en apnée pendant trop d’années. La première prise de vitesse est enivrante. La deuxième tout autant. Elle sait qu’elle ne saura pas s’arrêter lorsqu’elle esquisse une première figure, puis saute une nouvelle fois, et virevolte sur la glace. Il n’y a plus rien pour l’arracher à sa transe, sinon les grains de sable qui s’écoulent, crissent contre sa conscience, sablier fatidique. C’est l’ivresse de la liberté qu’elle retrouve, celle dont on ne peut se défier, sous peine de dépérir. Elle se retrouve elle-même, n’a besoin que de la glace et de ses patins pour exister, renait après être morte pendant trop longtemps. Sa vie s’était mise en pause, et elle retrouve enfin le fil de son existence, le temps reprend son écoulement normal, de la même manière qu’elle se meut en espace familier. Impossible de déterminer avec exactitude si c’est la Beyla qui la rend plus forte, ou seulement l’euphorie du moment. Mais jamais il ne lui a semblé aller aussi vite, sauter aussi haut, vriller avec autant de grâce. Le moindre de ses mouvements lui parait perfectionné, les efforts deviennent moindres. Elle danse sur la glace, enchaine les figures avec aisance, s’enivre de cette sensation oubliée et pourtant tant espérée. Tant de fois, elle a rêvé sans se rappeler de la réalité exacte, à idéaliser et défaire un mirage. Au fond de sa poitrine demeure une terreur sans nom, mais elle l’assourdit à chaque nouveau geste, l’amenuise jusqu’à oublier. Et le véritable danger, il est là.

C’est une première erreur qui agit comme un électrochoc. Une mauvaise réception, pourtant pas si grave, mais assez pour lui faire prendre en compte sa mortalité, sa faiblesse d’humaine brisée. Elle se rattrape tout aussi vite, l’air de rien, mais retrouve quand même Wyn sur le bord de piste, le souffle court, s’accoude à la rambarde sans quitter la glace. Il lui faut se reprendre elle-même entre deux respirations, retrouver son souffle, mais il y a des joies qui n’attendent pas. « C’est… dingue… » Les lèvres retroussées presque jusqu’aux oreilles, elle saisit à peine l’ampleur de sa chance, sa tâte les jambes, comme pour vérifier qu’elles sont toujours là, que son genou ne s’est pas envolé, et que c’est vraiment grâce à elles qu’elle a enchainés les pirouettes et les sauts. « J’ai l’impression de faire encore mieux qu’avant, c’est pas juste mon genoux qui… » Les mots lui manquent pour exprimer la stupéfaction du moment, elle réapprend encore à côtoyer cette réalité. « On est vraiment bénis par les dieux. » qu’elle murmure, presque pour elle-même. Le regard vissé sur la piste, brûlant de déjà y retourner, elle se cherche encore, s’accroche à la réalité, détend ses muscles avant de vérifier le chrono qui tourne sur son téléphone. « J’ai pas vu le temps passer. Il me reste à peine une trentaine de minutes. » La notion de temps lui a échappé, une fois en piste. Plongée dans sa propre boucle, son propre espace-temps, elle s’est esquivée, a refusé l’emprise des lois naturelles du monde sur elle. Pourtant, une fois revenue sur terre, il lui faut se rappeler de la Beyla qui s’est écoulée dans son sang, que tout cela n’est que le fruit d’une expérience, et qu’elle n’est rien, sinon que le produit d’un laboratoire, en cet instant. « Je suis boostée. C’est pas juste moi qui agit, avec une jambe réparée. Je suis à peine fatiguée, alors que j’ai clairement abusé, on fait pas ce genre de prouesses après une pause si longue. Enfin, je sais pas, j’ai vraiment l’impression... Ou c’est peut-être juste ma mémoire qui flanche et me fait oublier à quel point c’était magique, allez savoir. » Elle ne sait plus comprendre son propre organisme, et n’est pas sûre de vraiment le vouloir, en vérité. Préférerait cultiver l’espoir que c’est elle qui agit, elle qui est capable de telles prouesses. Et pas une drogue dévastatrice. « Ce serait dingue si on pouvait isoler ce qui cause ces vertus médicales. C’est votre but hein ? » Dans les yeux qu’elle lève vers Wyn, ce n’est pas seulement un espoir ou une supplique qui point. C’est une nécessité. Elle a goûté à l’inoubliable à nouveau et ne s’imagine pas y renoncer désormais. C’est cruel, comme mécanisme, mais elle est trop heureuse d’en profiter, cette après-midi, quand bien même elle connait la rechute qui l’attend, autant au niveau moral que des conséquences de la prise de Beyla. « Enfin, je devrais y retourner, plutôt que de causer, j’imagine. » Mais peut-être qu’elle avait besoin de cette pause pour rationnaliser, se rappeler que rien n’est plus faux que cette illusion dans laquelle elle évolue et virevolte. Bientôt, tu retourneras sur terre, Isolde. 
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Message Sam 3 Juil - 14:08


Allegiance to the pain

Une heure trente. Le temps s'achète. La santé s'achète. Les dons divins s'achètent. Une heure trente. L'emblème de la Beyla aurait dû être un sablier. Une heure trente. Combien de lots de 90 minutes a-t-il gâché ? Plutôt : combien de lots de 90 minutes ont-ils filé sans qu'il s'en aperçoive ? Sa conscience du temps est de traviole, écartelée entre la frustration d'un ennui qui dissout chaque seconde comme des gouttes d'acide et les heures qui disparaissent et le soleil qui éclôt sans lui. Sans parler des : 90 minutes à regarder les étoiles avec Yildun. 90 minutes à échanger avec Aslaug. 90 minutes à entendre la voix d'Henok lisant à Solvi. 90 minutes à patiner. Wyn ne se souvient plus de la dernière fois qu'il a passé une heure trente à patiner et il n'aurait jamais penser que ça serait important .

«- Oui. » Il répond d'un ton distrait - qu'est-ce qu'il avait fait ? Il acquiesce, de façon totalement disjointe à sa question. Qu'est-ce qu'il avait fait cette fois ? Qu'est-ce qu'il n'avait pas fait ? Oui. Il avait fait des expériences avec son propre sang - de façon complètement décomplexée. Ce qui est totalement un secret de polichinelle au sein du laboratoire l'est franchement moins à l'extérieur, mais il n'est plus vraiment à ça près vis à vis d'Isolde - et il craint plus son père que le jugement. Oui. Ni lui, ni elle n'en ont rien à faire, ils échangent comme deux voisins sur le pas de la porte qui gagnent du temps pour être polis.
Ses doigts sont gourds de froid sur la barrière qu'il tient ouverte sur les hésitations d'Isolde. La hanche appuyée contre le parapet, Wyn contemple la jeune femme au bord d'une crevasse dont on ne voit pas le fond. Dans son silence, il ne lui offre pas la facilité. Il la laisse prendre sa décision. Seule son immobilité le trahit - l'impatience le rend rigide.

Elle vole. Elle danse. Elle ressemble aux libellules qui frôlent à peine la surface de l'eau à l'arrière de la maison. Celles qui ne connaissent pas les lois de la gravités et donc n'y sont pas soumises. Le regard de Wyn est aimanté à la jeune femme, suivant ses mouvements comme un aimant courant à la surface de la patinoire. Seulement ses mouvements - indifférent aux autres patineurs, à la musique qui fanfaronne, à l'envie qui pourrit dans sa poitrine, aux fourmillements dans son pied gauche. C'est un moment clef pour ses recherches mais son esprit lutte pour se faire la malle. Il crève d'envie d'être son sublimateur. Est-ce que c'est la seule façon dont il pourra à nouveau profiter de son corps et de ses limites, de l'adrénaline, d'une bonne nuit de sommeil ? Par proxi ?

« - Ce n'est pas une impression. Tu fais mieux qu'avant. » Il glisse une mèche de ses cheveux derrière la branche de ses lunettes, son visage illuminé. Il a décortiqué les vidéos d'entraînement et de compétition d'Isolde jusqu'à mémoriser chacun de ses tics, chacun de ses mouvements, forces et faiblesses. C'est différent. Comme si son corps n'était plus une limite. Wyn s'est appuyé contre la rambarde de tout son poids, le haut de son corps manquant de basculer à l'intérieur. Comme si des mains glacées l'avait attrapé par les épaules pour patiner ou le noyer. Ses pieds touchent à peine le sol mouillé, battent l'air comme un gamin accroché à sa branche d'arbre (qui craque, craque, craque, craque).   «- Je pense que c'est le cas. Une dose de Beyla te permet d'ignorer les limites physiques de ton corps. Elle te rapproche d'un corps surnaturel, de façon extrême. » Liberté. Energie. Puissance. Temps. Magique. Son esprit classe et catégorise les mots d'Isolde presque dans un langue étrangère. Chacun de ses mots, chacun de ses gestes est mémorisé et transcrit en rune, qui forment un agglomérat de pattes de mouches dans son esprit, classé avec une méthode incompréhensible.

Ce serait dingue si on pouvait isoler ce qui cause ces vertus médicales. C'était l'usage premier de la Beyla, avant que les castes n'en corrompent l'idée. Ce serait dingue si on pouvait isoler ce qui cause ces vertus médicales. Wyn se mord sa lèvre inférieure jusqu'au sang pour ne pas le lui dire. Ce serait dingue si on pouvait isoler ce qui cause ces vertus médicales. Il soutient son regard plein d'espérance et grignote sa lèvre - ses propres prunelles voilées d'une nostalgie qui dit rien. «- Ce serait dingue. » Il acquiesce, faussement nonchalant, singe mal son flegme, appuyé contre la barrière. Ce serait dingue si on pouvait isoler ce qui cause ces vertus médicales. Il est conscient que ça lui peindrait aussi une cible sur l'échine, mais ce n'est pas comme s'il était à ça près. Ce serait dingue si on pouvait isoler ce qui cause ces vertus médicales. Le regard d'Isolde rend ça réel. Son père lui a appris que c'était important, le plus important. Henok lui aurait rappelé, garde-fou, (un époux n'est pas un garde de fou). Que ce n'était pas des histoires de runes et d'ADN, de microscopes et de cellules, mais des vies réelles. Que cela avait un impact sur le monde réel et qu'il ne fallait jamais, ô grand jamais l'oublier. Wyn referme les paupières, sa langue à peine visible entre ses dents, une paupière s'ouvrant sur son omoplate. «- 29 minutes. Allez-y. » Isolde traîne derrière elle les voiles effervescents des runes, accrochés tels des ailes à ses épaules et le boulet translucide de sa sublimation comme une chaîne à sa gorge. Elle essaime sur la glace les paillettes des runes, autant de grains de riz sur son passage qui dessinent autant de runes cabalistiques sous ses pieds.

Ce serait dingue si on pouvait isoler ce qui cause ces vertus médicales. Il n'a pas le choix que d'y arriver, n'est-ce pas ? Qu'est-ce qui lui reste d'autre ? Certainement pas un mariage, une carrière, un sublime, ou une famille. L'ultime bonté. L'ultime héritage. Finir comme Prométhée. Wyn observe Isolde sans la lâcher du regard, analysant chacun de ses sauts, chacune de ses enjambées. Il se perd dans la contemplation jusqu'à ce qu'elle heurte la porte à côté de lui, 29 minutes plus tard. Il la porte presque jusqu'à un banc, sans réfléchir, un bras passé autour de sa taille, Isolde frêle comme une fée les lames de rasoir qui lui servent de béquilles. Son pantalon s'imbibe d'humidité glaciale alors que Wyn pose un genou à terre devant la jeune femme. >«- Comment est-ce que vous vous sentez ? » La buée essouflée sort de sa bouche comme s'il venait de patiner pendant 90 minutres. Il a retenu son souffle.   «- Qu'est-ce que vous ressentez ? » Le maître des runes jalouse le biologiste. On ne peut pas mettre les émotions à la centrifugeuse. La radiographie du genou d'Isolde ne lui apprendra pas grand chose, craint-il. Ses mains se sont accrochées à celles d'Isolde, des ancres. Une fulgurance sous la forme d'une fossette aux coins des lèvres. «- Les courbatures vont être violentes demain, après autant pousser. »

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Message Dim 11 Juil - 11:34

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Elle tient en équilibre sur ses lames de patins, le regard rivé sur la silhouette du professeur qui s’essaient à des explications. Ses jambes la démangent, et le fourmillement remonte le long de son corps, glisse sur ses bras, pétillent dans ses doigts qu’elle tient fermement accrochés au parapet, comme une ancre ; pour ne pas tomber, pour ne pas dériver, pour ne pas s’envoler à nouveau. C’est impoli de couper ainsi la parole. Alors elle se tient droite, et elle écoute, alors qu’elle n’a qu’une seule envie : s’enfuir sur la glace. Ils souffrent de la même impatience, de la même excitation ; à la différence qu’elle en a soudain le pouvoir, d’assouvir cette envie et de profiter de l’ivresse du patinage, alors qu’il reste coincé de l’autre côté, sur la terre ferme. Et à mieux le regarder, elle s’en sentirait presque coupable, se mord la lèvre pour ne pas s’excuser d’être elle-même, avec cette terrible envie d’enserrer sa main pour l’amener avec elle. Elle est seulement tenue par sa raison, et une timidité maladive, une réserve qui la cantonne à son rôle sans être capable d’en sortir et de briser les lignes. Le Docteur Evjen dit peu de mots, acquiesce, aussi perdu qu’elle dans un imaginaire traitre. C’est comme remuer le silence, une plaie profonde, agiter les doigts pour attirer l’attention. Ce serait dingue, et plus encore. Il y a bien des choses qu’ils n’expriment pas, mais qui passent dans leurs yeux bleus, comme une communion silencieuse. Ils seraient bien les premiers à se jeter sur un remède miracle pour se reconstruire non pas brique par brique, mais d’un coup d’un seul. Le coup de baguette magique qu’ils attendent sans vraiment oser se l’avouer, de peur que l’espoir se mue en roue traitresse du destin pour finir par les écraser.

A sa manière, elle a renversé le cours des choses, l’espace d’une heure et demie, coupe court à la chute vertigineuse pour frapper le destin de ses patins. Il la rappelle lui-même à l’ordre, doit se faire violence pour vaincre la douleur et la renvoyer à son bonheur. C’est comme s’il lui confiait une part de lui-même, vivait par procuration cette ivresse. Et ça la pousse toujours plus loin, la secoue assez pour qu’en un demi-tour, elle se soit déjà à nouveau élancée sur la piste. Vingt-neuf minutes minutes. Le chrono tourne toujours, dans sa poche bat frénétiquement le tambour de sa perte. Ce n’est peut-être qu’une estimation, peut-être que les effets se déclareront avant, ou peut-être après. Qui sait, si pour être plus vendeur, ils arrondissent à quatre-vingt-dix minutes, s’achètent du temps et des clients. Après tout, qui irait vérifier, dans le délire que la drogue induit ? Mais elle se cantonne à ces minutes comptées de manière claires et précises, grappillant bien le peu qu’elle peut obtenir, aujourd’hui, refuse de laisser tomber quelques précieuses secondes, prête à pousser les limites jusqu’à leur paroxysme. Une fois lancée, elle a posé la peur sur le bord de piste. Ne reste qu’un courage effarant, une bravoure qui ne durera qu’une demi-heure de plus.

C’est quelques secondes de trop. La rechute le guette, assoit son pouvoir quelques secondes avant que son téléphone ne lui hurle d’arrêter les frais. Le dernier saut se solde par un dérapage mal contrôlé, elle tremble sur ses lames de patins, esquisse quelques bavures sur la glace, soudain tremblante. Le Docteur Evjen lui semble soudain si loin. C’est une distance qui s’étire avec le temps, les tremblements qui se répercutent dans son crâne, distordent sa conscience et sa vision. On l’a immergé dans l’eau, et elle a oublié de nager. Ça lui fait soudain ce terrible effet, alors qu’elle lutte de toutes ses forces pour retrouver la terre ferme, se rapprocher du parapet, y trouver un appui, peut-être. Elle heurte la porte trop fort, se serait bien mangé le sol si le bras du docteur n’avait pas été là pour la récupérer. Soudain, le malaise absorbe toute pensée commune, lui fait bien oublier le réconfort d’une heure et demie à se croire toute puissante. L’humaine reprend le dessus, se casse les dents sur la réalité abrupte, la chute vertigineuse qui guette. Le contrecoup est brusque, ne lui laisse pas le temps de s’en remettre.   La main sur la poitrine, elle cherche à récupérer son souffle, contenir son rythme cardiaque désordonné, sa respiration évincée, pliée en deux, le cœur au bord des lèvres. « Je… » Elle s’achète du temps, des mots, du silence. Incapable de se concentrer sur ce qu’il lui dit, sur ses questions. Plutôt que de libérer sa cage thoracique, elle se penche toujours un peu plus vers l’avant, comme pour se protéger d’elle-même. « Respirer, si vous plait… » Elle est pathétique, à supplier et geindre sur le banc de la patinoire, à ne plus reconnaitre la moindre aide. Il lui semble qu’elle est soudain bien seule, mais elle continue à quémander une aide fantôme.

Sur le banc, elle tangue, tremble, sue, pourrait bien en vomir sur l’homme qui s‘agenouille près d’elle, mais qu’elle ne voit même pas. Même assise, le vertige la pousse à trouver un appui plus sûr, reconnaitre un centre de gravité qui ne manquera pas de basculer à chaque instant. La voix de Wyn lui semble lointaine, étouffée, elle en oublie qu’elle est le simple sujet d’une expérience, frappée dans son malheur. Tant bien que mal, elle glisse avec son aide, ne suit plus que les directives de ses mains, parvient à s’allonger sur le banc sans rouler à terre. Elle a les yeux fermés, la respiration sifflante, le regard flou. Ce n’est pas une douleur tangible, une douleur tenace. C’est un malaise qui la prend à revers, un sevrage profond, qui se fait d’un coup d’un seul plutôt que de s’instiller de manière lente et vicieuse. « Mal. » Son esprit égaré reprend la question initial, initie un début de réponse. Elle se sent mal. La bouche pâteuse ne délivre qu’une maigre syllabe, parce que le moindre effort lui coute et que sa langue semble lui tomber dans la gorge. Wyn lui tient toujours les mains, comme pour combler le vide, mais elle n’a pas même la force d’y répondre, de s’accrocher, de solliciter ses muscles.

Il y a plusieurs secondes qui passent comme ça, s’alanguissent en minutes, distordent la réalité jusqu’à ce qu’elle ne sache plus depuis combien de temps l’a-t-il avalé. Elle ne contrôle plus rien, lâchée en roue libre dans un univers qui tend à ne lui rappele rien de commun, seulement la peur la plus grotesque. Tout lui semble terriblement lourd, soumis à une force immuable, et sa tête retombe aussi sur le côté, sans pour autant vraiment voir le professeur. « Coeur, tension, température, tout ça, beaucoup beaucoup trop haut, trop fort, trop trop… » Elle délivre un diagnostique égaré dans un flou artistique. Il lui semble que tout son corps lutte, mais qu’elle, elle a abandonné depuis longtemps et lui a cédé les manettes pour qu’il fasse bien ce qu’il souhaite. C’est une lutte intestine et douloureuse. « Aidez moi. S’il vous plait. » Elle a la sensation de mourir, que son corps entier va la lâcher. Elle n’a plus le temps pour les questions d’un scientifique curieux, elle s’achète des seconds de répit, n’espère plus que le repos, sans savoir où le trouver, ni comment. Dans la patinoire, il y a trois gamins qui s’amusent encore sur la glace, deux mamans qui rient aux éclats, un employé fatigué qui passe une serpillère. Derrière les vitres, bien d’autres va et viens. Et elle, elle crève lentement, pathétique, et n’a même plus la force pour prier que personne ne la remarque et ne s’interroge soudain.
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Message Dim 26 Sep - 20:19


Allegiance to the pain

Entre ses mains, Isolde oscille comme une fleur malmenée par des vents contraires. Une fleur qui s’est pris les rafales en pleines pétales et gît sur le banc de touche. Il ne manquerait plus qu’elle glisse en-dessous, que quelqu’un lui marche dessus pour qu’on ne l’oublie là, qu’on la laisse chiffonnée. Wyn a le contre-emploi de garde-fou : il l’empêche de s’écrouler sur elle-même, sur lui-même. Ils se heurtent comme deux chauves-souris aveugles : les tremblements d’Isolde ébranlent leur fragile jeu de carte. Il n’est pas très stable, sur un genou. On dirait une inondation passée minuit – tout se précipite comme un cauchemar.
A l’arrière-plan, le bruit de serpillère semble s’accélérer il n’entend que ça. Il voudrait avoir l’impression de regarder de loin, mais il a les pieds dedans. Ses mains sont tangibles (heureusement, ce sont elles qui empêchent Isolde de tomber du banc). Il a la conscience aiguë qu’il a passé ces dernières années les yeux fermés et les bras croisés – sa jeunesse en creux, quand il ne faisait que vouloir ressentir, vouloir exister au péril de tout. Il est rouillé et ses entrailles ont un goût de vinaigre, remontées sur sa langue. Wyn doit se concentrer pour ne pas s’enfuir. Prendre ses jambes à son cou : qu’elles bougent sans lui, qu’il se relève et qu’il laisse tout en plan. Personne ne le reconnaîtra, personne ne le retrouvera. Mimir lui a fait cadeau d’irresponsabilité. Il avait certainement été mieux élevé que ça, mais l’intention reste la même, brûlante au fond de son estomac.

Il finit par lui attraper la main, l’empêcher d’obstruer sa poitrine, l’aide à l’allonger sur le côté. Position latérale de sécurité. Sa main coincée, sous la joue d’Isolde, avec celle de la jeune femme, les empêchent de s’enfuir. A la place, ses doigts gelés se retrouvent pris en sandwich entre la moiteur fiévreuse de sa tempe et celle de ses doigts. « - Respire. Inspire, expire. Tu ne vas pas mourir, c’est juste un mauvais moment à passer, tu ne vas pas mourir. » Derrière l’autorité de sa voix, semblable à celle d’un hypnotiseur, il y a une pointe d’angoisse qui ne cessera d’augmenter, comme un chat dans la gorge, à mesure des minutes, des quarts d’heure, des demi-heures. Il n’est pas médecin, il est biologiste. Parfois son travail finit par sauver des vies, mais au jour le jour, il torture des souris. Et il a toujours été doué pour les remords à rebours. C’est lui qui est la cause de l’état d’Isolde. Cause-conséquence, en ligne directe : tout cela sur la simple hypothèse que lui était prêt à prendre le même risque si cela avait une chance de marcher. Il se le serait infligé sur lui-même sans hésitation si la Beyla était capable de faire repousser un membre – sans savoir que ça aurait été pour rien.

Wyn avale sa salive, et inspire, expire, montre l’exemple, le visage barré d’une mèche de cheveux comme d’une ride d’inquiétude. « - Ton corps évacue la drogue, c’est tout. La fièvre est un symptôme de guérison. » Cela lui était peu arrivé, mais cela lui était arrivé. Il se fend d’un sourire maladroit (fringuant) : « - Il y a une chance que ton sublimateur ait l’impression de mourir sans savoir pourquoi, donc c’est déjà ça. » Mais la crapule a disparu, méduse échouée sur le rivage et Wyn reste là, immobile, sans bouger, un long moment. Il a des hésitations et des élans, chronomètre irrégulier : « - Tu n’es pas toute seule. » « - Respire. » « - Ferme les yeux. » Sa main libre sur sa bouche, il la considère un genou à terre, vaguement terrifié, vaguement nauséeux, vaguement frigorifié.  

À un moment, trente, quarante, quarante-cinq minutes, le bruit des serpillères l’emporte avec irritation et il se relève d’un frisson. Wyn a envie d’aller noyer la serpillère dans son seau d’eau salle, le bruit est assourdissant et le déconcentre. Il aborde une mère de famille pour lui voler un paquet de bonbon et une bouteille d’eau, en toute diplomatie. Le pas raidi par le froid et l’immobilisme, il revient auprès d’Isolde et la manipule comme un vitrail inachevé – sa propre haleine sent le sucre, les dragibus fondent sur sa langue. « - Doucement, redresse-toi. Il te faut du sucre et de l’eau, bois. » A genoux, le surnaturel défait les patins d’Isolde avec désordre, les doigts gourds et tremblants à son tour. « - On va te faire prendre l’air. L’air a un sale goût. » Il attrape la jeune fille (et sa bouteille d’eau, et son sachet de bonbon, et les chaussettes qui vont être mouillées, il y a des chaussures au vestiaire, mais les néons passent comme des stations de bus : bien par-dessus leurs têtes) : il la soulève à mi-chemin entre la princesse et le sac à patates ( sac à princesse ?), traverse la patinoire pour retrouver l’extérieur. Et lorsqu'il le fait, il ferme les yeux, laissant son don les guider au travers des vestiaires et de l'accueil - attentif aux relents de magique qui s'éteignent progressivement autour de la jeune femme. Comme une auréole qui les transforme en lucioles jusqu'au soleil.
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Statut : Hantée par un homme qu'elle a répudié, déchirée par un divorce qui aurait dû lui faire oublier la douleur de sa perte.
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Message Mer 6 Oct - 13:56

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Le vide part à la rencontre des doigts glacés étendus contre sa peau, une collision éprouvante. Elle tremble, sue, expie les excès, le temps qu’elle a transformé en paradis. Pendant quelques instants, elle a cru bon de transcender son propre corps, d’en oublier ses limites, de les piétiner sciemment. Comme si elle ne paierait pas le prix de son arrogance, comme si la cruauté d’un monde régi par des forces supérieures ne finirait pas par l’écraser à nouveau au sol. C’est la semelle d’un titan qui la cloue à son banc, la manipule jusqu’à lui accorder la bénédiction de la survie, la permission de respirer. Dans ses prunelles danse le givre, une flamme incandescente, d’un bleu glacial, la douleur du vide. L’impression de ne plus exister, et que c’en serait profitable, finalement. Comment pareille ivresse peut laisser place au néant, à ce malaise, l’impression de se voir tout arracher, alors que ce n’est que la drogue que son corps évacue ? Mais elle s’est implantée dans sous sa peau, dans ses entrailles, infeste ses veines et ses poumons, s’est lové contre son cerveau, contre son cœur. La Beyla ne lui a laissé aucune chance.

Bercée par les murmures, des propos rassurants qui ne trouvent aucun écho dans son tympan, comme anesthésiée, assourdie. Ailleurs. Quelque part où l’euphorie du patinage n’existe pas. Ça a laissé place à une chute vertiginieuse, où les explications scientifiques et rationnelles n’ont aucune prise. Le brouillard s’accumule, et plus il s’accumule, plus il en devient lourd, lourd, si lourd qu’il lui écrase la poitrine. Sa respiration, elle ne la doit qu’à des mains salvatrices qui l’ont replacées correctement. A l’humour épineux du docteur, et si elle n’a pas la force de répondre, de souhaiter un peu plus, c’est assez pour lui donner la force d’endurer. Une juste punition pour la cruauté de ses actes. Si elle souffre, il souffre certainement aussi, endure les effets de la drogue avec elle. Et c’en devient une lumière à l’horizon, un espoir flamboyant, assez pour ne pas lâcher prise, continuer à lutter. Elle accepte de souffrir, si c’est pour l’entrainer avec elle. Assez focalisée sur sa propre petite mort, elle ne l’entendra pas tempêter, ne sentira pas la force de son courroux. Elle combat une toute autre entité, et c’est assez, pour le moment. Pour lui faire oublier le reste, se concentrer sur sa douleur, sa survie. C’est le signe qu’elle guérit, rien d’autre.

Le temps s’écoule avec une lenteur calculée. On a jeté avec cruauté les secondes pour en faire des minutes distordues, manipulé les aiguilles jusqu’à enrayer le processus. Le mal-être déforme ses perceptions, elle endure en silence, a perdu la mesure du temps. Dans son champ de vision, parfois, des jambes s’agitent, le visage de Wyn s’abaisse vers elle, avec en fond le parapet de la patinoire, d’un blanc sale, esquinté par les habitudes des gens de passage. Quelques traits ressemblent étrangement à des traces de lame, et c’est à se demander qui aurait eu l’idée - et la souplesse - de griffer ce pan de mur de ses patins. Dans son esprit se culbute les questions, les réponses sans fondement, comme à la recherche d’une raison de se concentrer sur autre chose que son propre corps.
C’est le soudain changement de centre de gravité, le buste qui se redresse, qui la secoue assez pour qu’elle reprenne conscience. Du sucre et de l’eau, bois. Elle s’exécute, assez douée à cet exercice, écouter et agir. Les bonbons dansent sur sa langue, elle en savoure l’acidité, les laisse fondre patiemment ; ça demande moins d’effort que de mâcher. Un violent frisson la prend, lorsque la pression contre ses pieds s’allège, qu’elle y perçoit des mains, égarent son regard sur Wyn, près d’elle, à défaire un à un ses lacets. Un tremblement, un début de sanglot réprimé contre le goulot de la bouteille. Son père n’est jamais venu l’accompagner à la patinoire. Enfant, il ne l’a jamais vu tourbillonner sur la glace, n’a jamais cherché à l’emmener ou la ramener. Il ne l’a jamais aidé à chausser ses patins, ou à l’enlever. L’image d’un professeur venu prendre ce rôle, occupe l’espace vide, lui fout un coup. Elle aurai cru s’être détachée de cette idée, de cette douleur, habituée à l’idée qu’il aura toujours été absent, invisible, et qu’elle n’aurait eu personne d’autre. Et pourtant, ça vient la percuter avec la violence d’un corps qui s’écrase contre sa glace après un saut périlleux.

Dans sa désintoxication douloureuse, son genou encaisse plus que de mesure, une sensation fulgurante qui lui secoue la jambe entière. Sa tête s’agite d’elle-même, de droite à gauche, elle recule déjà devant le danger, l’idée de se lever, de marcher, de sortir… « Pas de genou, je peux pas, je peux… » Mais elle n’a pas le temps d’argumenter, de s’exprimer - elle n’en aurait pas vraiment été capable - qu’il l’a déjà hissé dans ses bras, posture inconfortable contre laquelle elle ne rechigne qu’à peine, pourtant. C’est mieux que de s’appuyer sur un genou qui lui fait défaut.
Autour d’elle, la patinoire défile, néons et portes closes, jusqu’à ce que l’hiver ne s’infiltre dans ses vêtements, lui rappellent qu’il ne s’est même pas arrêté pour la chausser. Un geignement, entre le rire et le gémissement lui échappe, et elle reprend son souffle comme elle le peut, à l’abri sur le seuil de la patinoire, mais les poumons gonflés d’air frais, froid. Vivifiant. « C’est ça votre technique, humf ? Me faire attraper froid pour oublier les conséquences de la Beyla ? »  Elle s’en mord la lèvre, reprend son souffle, s’efforce de respirer. Il avait raison. L’air a meilleur goût à l’extérieur, et c’est comme une claque magistrale qui lui fait reprendre pieds avec la réalité.

Debout sur un pied, en équilibre, la chaussette contre le béton du perron, elle ressemble à un drôle de flamant rose transi de froid. Mais la force de l’hiver l’ébranle assez pour lui tirer quelques pensées cohérentes dans ses tremblements, tout parait plus facile, comme soudain réveillée. Ou est-ce seulement les contrecoups de l’usage de la Beyla qui s’effacent ? « J’ai l’impression que l’état de mon genou est… pire qu’avant ? Si je me repose sur ce pied, c’est … je peux pas, c’est insupportable. » Elle lui cède une nouvelle donnée, toujours concentrée à analyser son propre ressenti, les effets d’une drogue dangereuse sur elle-même. Comme si le reste s’effaçait, que le mal-être pouvait disparaitre, pour la science. « Ça aussi, ça va passer ? » Pourtant, la voix se teinte d’une supplique. Pitié, que ce soit temporaire. Elle vit déjà trop mal l’inutilité de son genou, bon qu’à marcher - il ne supporte aucun autre effort - mais la douleur actuelle l’empêche même de reposer vraiment son pied d’une manière correcte, de peur que ça s’élance jusqu’à son articulation défaillante.

Et pourtant, elle est incapable de regretter. Incapable de maudire le Docteur Evjen. La violence de la désintoxication la rend toujours aussi tremblante, mais à mesure qu’elle se calme, elle savoure le souvenir encore frais de ses envolées sur la glace. Et ça vaut bien mille rechute telle que celle-ci. « Merci. » Elle relève un regard sincère vers lui, d’une douceur manifeste, là où elle en vient à bénir le malheur qu’on a jeté sur elle. « J’aurais jamais cru remercier quelqu’un qui m’aurait drogué au préalable. » Elle en rit presque, mais le froid s’insinue dans sa gorge, lui gonfle les poumons d’une manière douloureuse. Elle en est venue à un point de sa vie ou ce genre d’expérience lui parait presque souhaitable, si elle peut profiter de quelques temps d’ivresse sur la glace, à retrouver une expérience désormais interdite. « Je regrette à peine d’avoir manqué de mourir. Quand bien même il lui a assuré que ce ne serait pas le cas Me regardez pas comme ça, je vous jure que j’ai cru que j’allais y passer. » La rechute l’a surprise par sa violence, et elle est encore sous le choc, se remet peu à peu, mais trop lentement à son goût. Elle en a tiré une joie infinie, pourtant, un sursaut de vie, comme un rappel qu’un jour, elle a été vivante. Et que peut-être bien, un jour, elle parviendra à sortir la tête de l’eau à nouveau, trouver son chemin entre les ombres. Même si ce n’est pas sur la glace.
Mais les véritables apports que Wyn pourrait y trouver lui semblent toujours si nébuleux. Il l’a vu toucher du bout des doigts son rêve, un corps à nouveau fonctionnel, des pieds chaussés de patin, et le parapet comme seule limite. Il est resté sur le banc de touche, lui a apporté de l’eau, des bonbons, et elle en grappille quelques uns à nouveau, les garde là, entre sa langue et son palais, à fondre et macérer. Elle traine en longueur, incapable de tirer un trait sur eux, les avaler trop vite. En profite jusqu’au bout. « Ça vous a apporté quoi, alors, cette expérience ? Ça va vous aider à avancer ? » Dites-moi que je n’ai pas fait ça pour rien. Elle a volé, pendant quelques instants. Une heure et demi. Mais ça semble peu, en observant le profil du scientifique. Il ne veut pas d’envolées périlleuses, de silhouette tourbillonnante. Il veut sûrement des faits, des données à récolter pour en user lors de ses recherches. Quelque chose d’utile. Mais il lui semble qu’elle lui a donné si peu, trop peu, pour le plaisir reçu, l’occasion qu’on lui a donné. C’était trop beau. Et c’est fini. « C’est une nouvelle épreuve, être dehors en plein hiver, sans chaussure et manteau ? » La plaisanterie étire ses lèvres, elle repousse le froid se ses mains agitées contre son corps, et c’est une nouvelle manière de repousser le mal-être, d’oublier l’océan qui tangue sous ses pieds.

Wyn Evjen
Wyn Evjen
connaissance vénérée
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Arrivée : 17/03/2020
Missives : 1023
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Thèmes abordés : deuil, drogue, rapport au corps, santé mentale
Infos RP : pris / rp le week-end / 800-1000 mots, dialogues en fr/eng au choix
Comptes : Wighard Wolden
Points : 2080
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Âge : 48
Occupation : Maître des runes, chercheur pour le centre de désintoxication, cours occasionnels et avancés à l'université, fouine professionnelle, fournit cercles de protection, divinations et talismans pour le Nouveau Monde et parfois ses services de façon illicte...
Statut : Célibataire | Divorcé d'un humain depuis février 2021
Famille : Connaissance | Mystère | Curiosité
Dons : Troisième oeil astral | Multiface | Ecureuil d'Albert
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Message Jeu 18 Nov - 21:03


Allegiance to the pain

« Ça marche, non ? » Il a tourné la tête trop vite vers elle et ses cheveux s’accrochent à son visage, les fils dorés s’attrapent à ses cils et à son visage à qui la bise a rendu un ersatz de couleur. Il hausse les épaules avec pétulance et se frotte le nez d’un air vainqueur. Il se meut sans se déplacer, comme face à un adversaire, comme une branche secouée par la brise et tenue en place par ses racines. Son rire l’atteint comme une bouffée de chaleur. Il se sent fragile. Il se sent liquide. Comme s’il était plein d’un vide cristallin, recouvert d’une mince couche de glace qui menace de céder et laisser libre court à un torrent, des plaques de givres qui se déplacent imperceptiblement à sa surface, brisée par la moindre feuille morte, la moindre aile de libellule.

Sa main libre au fond de sa poche de pantalon, Wyn oscille sur ses pointes. Il est plus grand qu’elle et elle a la silhouette d’un flamant rose, toute prête à s’envoler sur sa chaussette humide. Le vent les malmène comme les meutes de pingouins en parka qui passent autour d’eux, pressés d’aller sur la glace. C’est l’histoire de deux éclopés qui vont à la patinoire. Il acquiesce, un peu trop vivement, un peu trop ardemment, mordant sa lèvre inférieure. Le rythme de sa voix légèrement saccadé, se précipite, malgré son intonation calme. « - Je pense. Vous ne vous attendez plus à la douleur et vos nerfs se réveillent brutalement. Et sans doute que vous vous appuyez plus que vous n’en aviez pris l’habitude. » La gêne de sa jambe semble se réveiller à son tour et porte plainte de l’effort fournit pour sortir la jeune fille de la patinoire.  Son esprit s’égare un instant, ses prunelles s’égarent sur elle avant de reprendre le cours de sa phrase « à faire voir par un vrai médecin.  Et je serais intéressé de savoir l’état de votre tortionnaire. » Bien qu’une augmentation de la détérioration de son genou serait logique et drastique : la Beyla ne réparait rien, elle insensibilisait à la douleur, de la même façon que le rite accordait une meilleure endurance à la douleur aux élus survivants : des dommages étaient simplement logiques.

Isolde attrape son regard et Wyn rive ses yeux au sien, malgré les turbulences de leurs cheveux devant leurs yeux. Wyn s’accroche à ses sensations, aux picotements de froid qui s’insinuent sur sa peau, la brûlure au niveau de son sternum et à la façon réelle qu’elle a de le regarder. Tout sauf la sensation diffuse de sa jambe. « -Vous êtes bien élevée pourtant. » L’homme fait une courbette malgré la raideur de sa propre jambe. « - Certaines personnes finissent par trouver la sensation addictive. » Un sourire d’excuse presque penaud s’efface de ses traits pour laisser place à une certain gourmandise. Il l’a cherchée, courtisée, cette sensation de déséquilibre, de mort imminente. Cette sensation tout court. On apprend bien qu’en se brûlant. On ne vit bien qu’en se brûlant. Que ce soit la drogue, le feu, des corps de passages, des risques inconsidérés pris en toute connaissance de cause. N’importe quoi plutôt que la sensation diffuse, et l’apathie – la douleur et l’adrénaline fonctionnent comme des endorphines à leur tour. Et tant pis pour les chiens que ça lâche à vos chevilles. La sensation de culpabilité se fait un peu la malle au sourire qu’ils échangent. Wyn gobe un bonbon à son tour, laisse le sucre fondre sur sa langue, muet quelques secondes. Il y a un silence quand il la regarde, une intensité qui s’effiloche entre eux comme le rose d’un barbe à papa. Une confession.

Un doigt posé sur son front, il écarte un cheveu du visage d’Isolde. Il y a du sang sur le dos de sa main. Une coupure fraîche, fine, en travers des veines et le sang qui a bavé, étalé par les mouvements incessants de ses doigts, le pull qui retombe sur son poignet, les tics animent ses mains comme des flammes agitées. « - N’en prenez pas seule. Jamais. » Sa gravité s’étiole comme la buée qui se disperse devant son visage. Les mots résonnent plus longtemps dans l’air que la crainte gravée dans son visage. Ils résonnent encore dans sa gorge quand il ôte son manteau pour envelopper la jeune femme. Elle a l’air frêle dans le froid et il a l’air de savoir ce qu’il fait ce qui est un mensonge bien rôdé. Non, la gravité s’échappe alors que Wyn joue de son charme, la voix de velours et une légère courbette alors qu’il ajuste le manteau de laine sur ses épaules et un irrésistible sourire en coin. « - Merci pour votre aide mademoiselle Vik. Je crois que je sais ce qui différencie la Beyla des autres drogues et je n’aurais pas pu y arriver en consommant moi-même. » Même si l’envie lui brûle les doigts, lui brûle la langue. La terreur d’Isolde n’est pas suffisante pour l’arrêter – aucune des deux. Ce qu’il a vu… la façon dont elle avait d’être pleinement elle-même, d’être enfouie dans son corps et de voler sur la piste. C’est suffisant pour savoir qu’il est sur la bonne piste, que leur intermède n’a rien du poisseux sordide où on pourrait s’y méprendre. Il s’accroche aux branches même si l’envie luit dans ses yeux. « -Et c’est… plaisant. De voir quelqu’un profiter des bénéfices de la Beyla, même si ça veut dire se brûler les ailes. … La Beyla marche. » Un sourire de gamin.

Il se fait engueuler et son sourire s’agrandit avec nonchalance.  Il l’accuse avec morgue, lui tendant le paquet de bonbon :  « - Je croyais que c’était une question de vie ou de mort ? J’aurais dû vous laisser agoniser. » Son arrogance cache l’once de panique qui avait bien semé le trouble dans sa poitrine. C’est le problème des crises de paniques. On a beau savoir que tout est dans la tête… et il n’y a plus de sublimes pour démêler sa trouille. Plus que sa propre conscience qui contemple l’incendie les bras ballants. Il jette un regard vers la patinoire qui lui semble être à des kilomètres de verglas de distance, appuyé sur sa bonne jambe. Il y reste sa canne, une paire de chaussures et un manteau. Ils jouent au petit poucet avec leurs vêtements autant qu’avec leurs membres ou leur psyché. Il lance par-dessus son épaule. « - J’ai laissé ma canne là-bas, donc il va peut-être falloir gober une autre pilule pour rentrer au chaud. »

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Eira Fan
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Infos RP : une à deux semaines de délai ; longueur variable selon les rp, chill, on s'adapte ; <is></is>
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Occupation : Les mains teintées de sang, pseudo chirurgienne vendue aux vices d'un trafic d'organes qu'elle dirige.
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Famille : Hel lui a montré la voie, donné pour nom Obsession et lui a confié la Branche de la Folie, Maitresse de ses disciples.
Dons : Maitresse des illusions ; intrusion mentale ; transformation en chat noir
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Message Sam 27 Nov - 12:37

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Même au cœur du blizzard, au plus profond des abysses creusées par la drogue, demeure cette étincelle au fond du regard du Docteur Evjen, une lueur scintillante en laquelle elle voudrait croire. Il éclaire leur chemin de ses airs malicieux, l’entraine sur des sentiers étranges et escarpés ; elle aurait peut-être dû se méfier de cette insolence, du rire qui gargouille dans sa gorge, mais il a respecté chacune de ses promesses, assez pour qu’elle lui accorde sa confiance, à ce grand lutin perdu sur la glace de Senja. Ce qu’il lui offre, c’est une opportunité démesurée, et un filet de sécurité dans lequel retomber. « La Beyla marche. Et fait des ravages. » Mais il a été là pour la rattraper, lorsqu’elle s’est écroulée, et que les choses auraient pu empirer. Il a tenu sa promesses, là où le monde entier s’échine à rompre le destin, et ne laisser à Isolde qu’une peur terrible du lendemain. Tout semble lui faire défaut et s’effrite sous ses doigts, sa conscience en premier lieu, envenimée par une présence parasite et oppressante. Le genre de source de curiosité qui attire l’oeil du professeur, tout aussi intrigué par cette relation que par les effets de la Beyla. Un sourire tordu assombri son visage, un rappel douloureux de la vérité à laquelle elle a échappé, durant quelques dizaines de minutes, happée par l’euphorie d’une ancienne vie retrouvée. Mais rien n’a changé. Un genou en moins, et un sublimateur en plus. « Vous aurez un compte-rendu dès qu’il me sera tombé dessus, promis. » La vérité, c’est qu’elle ne sait pas à quoi s’attendre. Si elle encourt son courroux, ou seulement sa curiosité, une envie de répéter l’expérience. Qui sait ? La moindre de ses convictions est remise en cause, avec lui, et elle ne s’essaie plus à aucune supposition à son encontre, de crainte de ne tomber de trop haut, sans pouvoir s’en relever, cette fois. Il est plus sage de ne s’attendre à rien quand l’imprévisible frappe en tout temps.

En chaussettes sur le pas de la porte, elle tremble, transie de froid, les pensées rattrapées par l’amère réalité et la terrible sensation de ne plus s’appartenir. Le vent qui se glisse contre sa peau, sous ses vêtements, l’habille de frissons. Encore fracassée par les contrecoups de sa lubie, secouée par l’ivresse du patinage ; même la douleur de sa jambe lui semble secondaire, et l’hiver s’oublie. « Comment ça pourrait ne pas être addictif ? C’était inoubliable. Ça me démange déjà d’en reprendre, alors que je suis en pleine rechute. » Elle devrait s’en inquiéter. Ne surtout pas laisser l’ivresse de la félicité prendre le pas sur les conséquences. Et pourtant, ça reste là, comme une chaleur latente, une onde rassurante, vivifiante ; elle s’est sentie vivante, pendant une heure et demie. Les bonbons proposés et tout aussi vite chapardés fondent sur sa langue, explosent contre son palais.Peut-être que si elle en mange assez, elle oubliera le bonheur trouvé sur la glace ; les dragibus sont bien moins dangereux que la Beyla.

Dans leur folie, un sujet aussi sérieux en devient presque amusant, une blague que l’on se murmure, sans savoir si elle ne deviendra pas sérieuse, finalement. Où se situe la limite ? C’est presque d’une manière banal qu’il propose de reprendre une dose de drogue, à la manière dont il lui tend le paquet de bonbons pour lui redonner de la force. Et c’est dangereux, terriblement dangereux. « Vous chercher une excuse pour consommer de la Beyla, Docteur ? » Sous couvert de plaisanterie perce une réelle inquiétude. A quel point peut-on user d’un pareil artifice, l’étudier sous tous ses contours, sans être tenté d’y plonger ? C’est une chose, de savoir à quoi s’en tenir, d’être porté par sa raison. C’en est une autre, de résister à l’attrait qu’exerce ce genre de malices. Quand bien même l’envie ne manque pas et lui tord l’estomac, elle se fait responsable, une fois seulement, inspire longuement, avant de chercher à s’en sortir sans faire plonger le bon docteur à sa suite. « On peut s’en sortir en marchant doucement. Ça va un peu mieux, vous n’aurez pas à me porter. » Elle s’accroche pourtant trop fort à son bras, de peur de basculer, de chuter, que sa jambe ne soit pas assez forte pour la soulever. Elle avance parfois sur un seul pied, par quelques sautillements ridicules, avant d’oser poser quelques fois sa jambe blessée pour se donner de l’élan, un appui supplémentaire. C’est à la force de sa seule volonté qu’elle avance, plutôt que de s’asseoir par terre et d’abandonner, par le seul goût de l’effort, une détermination qu’on lui a inculqué dès son plus jeune, sur la glace. Même ses airs ridicules ne la feront pas abandonner, même les chutes ne l’arrêteront pas.

Dans le hall de la patinoire, la réceptionniste les dévisage, sans pourtant s’essayer à les idées, les observe seulement derrière son guichet, darde son regard de rapace sur leurs silhouettes. Un élan de fierté la propulse en avant, quand bien même elle en s’abaissera pas jeter son regard dans sa direction, l’estomac noué. Elle a trente ans et elle marche comme si elle en avait soixante de plus. Mais on lui a appris à se soigner et à s’améliorer en recommençant l’exercice mille fois encore, et petit à petit, son équilibre revient, et avec lui un semblant de marche correcte. Assez pour la laisser ramasser ses affaires, se rhabiller sommairement, souffler doucement dans l’air glacé de la patinoire. Emmitouflée dans son manteau, elle a glissé ses pieds dans sa chaussures, mais garde ses chaussettes mouillés dans sa poche. Elle aurait attrapé froid. Autour d’eux, les employés s’affairent, la fermeture approche à grand pas, et ils finissent bien par se diriger vers la sortie, en meilleur état que la dernière fois qu’ils se sont trouvés sur le pas de cette porte. Le temps a fait son œuvre, piétiné les effets de la Beyla, comme au réveil d’un cauchemar, lui-même précédé d’un rêve.

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