Léna Carlsen ☽ Hedda Brekke

Après les évènements du Commissariats, la jeune Lena n'avait pas chômé. Les locaux de la police désormais HS, les soldats de l'ordre ne pouvaient pas juste "arrêter de travailler". Les plaintes, les enquêtes, tout continuait. Et les connaissances de Léna étaient toujours appréciées. Le doute ne planait pas quand à son implication, mais la brune sursautait dès qu'un collègue apparaissait dans son dos, puis gonflait ses joues de colère d'avoir été surprise si facilement. Elle marchait sur des œufs, comme si d'un jour à l'autre, l'un d'entre eux l'arrêterait elle, et découvrirait tout. Sa brulure à la main n'était pas, dans son esprit, suffisante à la supprimer de l'affaire. Pour l'instant, c'était tout de même plus dans sa tête que dans la réalité, puisque personne ne suspectait rien. Alors, quand on vint la déranger à son bureau où elle comparait différents impacts de balles de même calibre, elle sursauta. Elle était demandée sur une nouvelle scène de crime en plein milieu du quartier de la Beauté, à l'angle du théâtre.

Bah voyons, Rodstand comme par hasard. C'était limite pire que Svart par là-bas. Des crimes passionnels, des vols qui tournent mal à la sortie des gagnants de jeux, bref, les "beaux quartiers" quoi.
Lena prit ses affaires et rassembla ses recherches pour les mettre sous clés, avant de prendre la porte et de suivre les autres. Du monde était déjà sur place, un périmètre effectué dans la rue. Le sol, humide, reflétait les nuages blancs qui couvraient l'ensemble du ciel. Léna flottait dans son gros blouson indiquant son appartenance à la police. La brune s'approcha des victimes pour effectuer son environnement. Des traces grossières, de la poudre, des résultats pas glorieux sur les corps. Une réflexion en somme toute facile. Alors que la jeune brune analysait les traces et qu'on lui laissait le terrain, ses collègues étaient partis faire leur boulot aux alentours, demande d'info, recherches de témoins, les bases habituelles quoi.

Puis, après une bonne heure passée sur place, Lena était déjà en train de remballer pour aller effectuer la paperasse au bureau. Le sac pleins de preuves et d'indices sur l'épaule, elle passa les barrières et laissa ses collègues gérer la suite, notamment le nettoyage. Direction : le café. C'est important pour rester sain d'esprit (non pas qu'elle l'était). Elle tourna l'angle devant le théâtre dans cette direction, entendit un bruit derrière elle, comme des bruits de pas mais... très rapide. Très... suspects. Elle aperçut une ombre qui détalla dans l'autre sens en la voyant. La poudre d'escampette même ! Devant sa propre scène de crime. Alors, elle n'était clairement pas la plus qualifiée pour les poursuite, ce n'était pas son job, mais la fuite immédiate là, c'était quand même gros. Si on lui avait piquer un truc sur sa scène ou pire, hors de question d'avoir des doutes.

La jeune femme prit donc en filature son fuyard. «Hey !! Toi !!» cria-t-elle pour l'interpeler. Sans effets. Elle repassa l'angle dans l'autre sens et la vit s'engouffrer dans le théâtre, en haut d'une volée de marche en pierres usées par le passage des spectateurs. Un froufrou accompagna sa cible. Elle entra dans le grand hall et nota les bruits de pas déjà au troisième étage. Elle suivit, poussée par l'adrénaline. Elle serait essoufflée plus tard. Une fois en haut, peu d'issues. Pourquoi aller s'enfermer là-dedans ? Elle suivit un couloir, monta une autre volée de marches et fut face à une drôle de scène. «Mais, quoi ?» Léna en laissa tomber son sac par terre. Deux jambes sortait d'une trappe qui menait au toit. L'échelle était tombée par terre et sa suspecte ne pouvait pas se hisser en haut. Des robes pleines de froufrous colorées étaient à terre également. Une scène on ne peut plus cocasse. Coincée par sa propre précipitation. C'est le karma, non ? «He bien tient. Qu'avons nous-là ? » railla Léna. «Tu veux l'échelle peut-être ?» ironisa-t-elle en voyant le visage, jeune, pas forcément très serein.

Léna Carlsen ☽ Hedda Brekke

C'était un jour comme un autre pour Hedda. Une simple petite matinée somme toute classique. Elle s'était levée, s'était brossé les quenottes (elle y tenait très fort à ses petites dents. Elle supporterait pas de manger de la soupe pour le reste de son existence, elle aimait quand ça croquait, quand ça avait du peps. Elle aimait le goût de la vie, tout simplement, elle avait lu ça dans un livre. Pour elle ça avait le goût d'un jus d'orange maison, pressé. Mais pas n'importe quelles oranges, celles de la bonne saison, juteuses, parfumées. Parfois elle y presserait bien un demi citron avec. juste pour l'acidité.)
Enfin bref elle avait continué son petit rituel beauté, aucun chaton n'a été maltraité pas même le petit chat qu'elle venait d'adopter. Une petite boule de poil rousse. Elle l'avait appelé Foin. C'était le chat-foin, elle se trouvait drôle ok ?! En plus fallait dire que ce petit machin haut comme trois p'tites prunes (il tenait difficilement debout, son cul chassait d'un côté puis de l'autre) avait masse de poils et une p'tite face écrasé, à croire qu'il s'était pris trop de coins de portes ce petit. Enfin... Foin évoluait parmi les rubans, les pelotes de laines et les chaussettes (cette bestiole prenait toute chaussettes comme mortel affront et guerroyait contre comme un vrai petit seigneur pendant des heures.  ça permettait à Hedda de travailler de son côté. Le petit fauve déposé dans le lit de la belle pour la journée (la bête aux bois dormant... Tout un conte pour la brunette) elle s'était habillé d'une salopette toute simple, beaucoup trop grande pour elle, ainsi que de converses colorées. Puis elle avait récupéré les robes sur lesquelles elle travaillait précédemment pour les emmener au théâtre, tout ça commençait à prendre vie, et elle était ravie.

Elle avait rangé soigneusement ses robes sur des cintres, emballé le tout dans des plastiques, et s'était mise en route. Elle marchait, elle marchait toujours, peut importait l'heure, son don a bien dû s'en accommoder. Une pression habituelle s'était installé en elle alors même qu'elle arrivait au quartier dans lequel elle travaillait. A chaque fois elle se disait "c'est à cause de la réputation de l'endroit sans doute, c'est à cause de cette imagination que j'ai en lisant dans les journaux, ce n'est rien" et soudain elle voit. Les gyrophares, les bandes pour couper un endroit et empêcher les fouineurs. Mais elle, elle était pas fouineuse, c'était même tout l'inverse. Son instinct lui disait de contourner. Une fois dans le terrier elle serait à l'abris. Alors même qu'elle faisait demi tour, empruntant une autre rue, elle entend des pas, derrière elle, à cadence déterminée (l'appel du café, mais ça, Hedda, elle le sait pas). Son cœur bat plus vite, plus fort, et le flux d'adrénaline se fait dans ses veines, alors qu'elle se met à courrir, piquant son meilleur sprint. Elle était rapide, son coeur pulsait, elle pouvait l'entendre, mais l'impression d'urgence, de danger derrière elle ne la faisait pas ralentir d'un iota, elle trottait comme si sa vie en dépendait, comme si elle avait la mort aux trousses. Et parfois... Parfois c'était le cas ici bas. Quoi ? Vous lisez jamais la rubrique fait divers des journaux ? Le théâtre n'arrêta pas le poursuivant, dont les éclats de voix semblaient purement effrayants à la jeune femme, elle grimpait les escaliers quatre à quatre, se vautrant parfois en trébuchant, se prenant un ou deux murs au passage, mais le sentiment d'urgence était le plus fort. Loin... Loin. Se cacher, Fuir, disparaître. Un besoin vital qui sourdait dans ses veines. Elle s'était élancée vers l’échelle menant au toit, mais dans sa précipitation avait fait tomber l'échelle, la coinçant à demi. Comme une petite souris dans un piège. L'agresseur pouvait admirer son séant, et la jolie petite licorne multicolore et pailletée qu'elle avait brodé elle même sur la poche arrière de sa salopette short. Un regard piteux vers ce qui s'avérait être une femme, puis vers les vêtements éparpillés par terre. Au "qu'avons nous là" ... Hedda aurait voulu répondre "une artiste", "une Cendrillon des temps modernes, j'ai fais ma première robe à 7 ans vous savez ? Avec du papier crépon, ça piquait beaucoup" ou encore "Une jeune femme pleine d'avenir". Mais un petit couinement pitoyable s'échappait de sa gorge. Son regard se faisait aussi piteux que Foin, lorsqu'il tentait d'amadouer sa propriétaire, quand il avait fait une bêtise.

"J'veux bien un peu d'aide siouplait sinon bah... J'attendrais hein, y'a pas de soucis."

Léna Carlsen ☽ Hedda Brekke

La pseudo course poursuite prends vite une fin assez humoristique, et Léna ne peut difficilement pas cacher l'humour qui se dessine sur son visage. Cette situation est tout à fait grotesque. Elle ne souhaite pas s'en délecter, elle n'est pas comme ça, mais voir les deux petites jambes s'affoler dans le vide c'est une photo mentale à garder précieusement. La voix à qui appartient ces deux jambes sort des confins du plafond. Une sorte de petit miaulement suivis d'un acquiescement. Elle attendrait, dit-elle. La pauvre, personne ne voulait lui faire subir pareil sort. Elle attendrait puis finirait par terre, probablement. Indemne et humiliée peut-être, ou alors un poignet cassé ? Rien de bien méchant vu la hauteur mais tout de même. « T'as pas intérêt à t'enfuir comme une chèvre une fois les pieds par terre. J'en ai marre de te courir après. » lui conseille sérieusement Léna, en essayant d'adopter un ton professionnel et non moqueur - bien que ce soit difficile -. Alors oui, certes, elle la prenait pour une suspecte. Mais il fallait avouer que son instinct et la situation actuelle lui disait que peut-être, elle s'était trompée. Dans tout les cas, rien n'expliquait cette fuite instantanée à sa vue. Faisait-elle si peur ?
La jeune brune soupire puis se décale alors, pose son sac par terre, contre un mur qui mériterait une nouvelle fraicheur, puis se penche pour récupérer l'échelle de métal. De là-haut, la suspecte doit entendre un raclement sonore qui fait friser les oreilles. Aïe. «Bouge pas, attention» Comme si elle pouvait aller quelque part. Bon, après tout, elle pourrait se trouver une nouvelle force et se hisser pour continuer temporairement sa fuite - et finir bloquée sur le toit.

Elle finit par faire passer les pieds sous les barres, la licorne arrête un instant de bouger, puis Léna fixe le tout contre le mur et maintient l'installation peu fiable. «Pas de gestes brusques, je veux juste discuter.» Peut-être pas ici, dans cet endroit plus que louche et vieillot, par contre. Une pensée émue pour son café qui n'avait pas été bus lui vint en tête. Mais elle n'allait quand même pas aller boire une verre avec une suspecte en fuite ! N'importe quoi. Non, une salle quelque part, du théâtre, ferait l'affaire. Elle ne connaissait pas l'endroit donc on ferait semblant. Léna gonfla sa fausse confiance en elle, pour paraître pro et intimidante. Elle n'était même pas munie de menottes, vu que ce n'était pas son job, mais la bouille de sa cible ne lui donnait pas envie d'appeler ses collègues en renforts sur le champ. Elle le ferait peut-être, discrètement, si elle en apprenait plus et que tout ça restait ~ louche ~ .En attendant, une première explication en tête à tête ferait l'affaire. «On va aller par là-bas, speedy gonzales, on sera plus tranquille.» annonça-t-elle avec toute l'autorité qu'elle avait, en désignant les escaliers d'un signe de tête et une porte qui ne payait pas de mine à leur base, sur le côté. Les yeux en l'air, elle espérait que sa cible descende un peu plus vite que ça. Elle n'était sûre de rien. Comment s'assurer qu'on ne lui fausserait pas à nouveau compagnie ? Il lui fallait sceller la pièce une fois à l'intérieur. L'idée même d'être en présence d'une folle à lier qui pouvait la tuer ne lui avait pas effleurer l'esprit. Elle attendit que la jeune femme descende. Il lui faudrait la fouiller une fois ses deux pieds sur le plancher des vaches.

Léna Carlsen ☽ Hedda Brekke

Elle était entrée dans son stéréotype. Elle était ce petit animal fuyard, effrayé par le moindre bruit, alors la jeune femme avait détalé comme un lapin de garenne. Elle avait prêté l'oreille à son instinct, l'avait laissé hurler dans ses oreilles "tic tac il y a urgence" et elle avait fuit. Aussi vite qu'elle avait pu... Elle n'était pas essoufflée, son corps avait fait ce pour quoi il était doué, ses jambes, un instant, s'étaient faites légères, lestes, rapides. Les bruits de ses pas étaient incroyablement réguliers, son coeur n'avait pas explosé, elle ne manquait pas de souffle, et pourtant... Elle se retrouvait piégée une fois de plus, son regard alerte regardant partout autour d'elle. Mais aucune lumière, aucun échappatoire. Un claquement de langue plus tard face à la voix de la jeune femme, elle se contentait de marmonner, bien contrite.

"J'suis pas un cabri. Je fuirais plus, c'est bon. Me faites pas de mal." Elle savait s'avouer vaincue quand la bataille lui paraissait perdue d'avance. Un frisson désagréable remonte le long de sa colonne vertébrale quand elle entend le raclement, les bruits qui font battre son cœur plus vite. Ce qu'elle ne voit pas l'affole, et elle doit faire les exercices de respiration qu'elle a apprit pour calmer son palpitant, pour apaiser ses nerfs à fleur de peau. Elle aurait bien aimé, la demoiselle, se changer en polatouche pour se faufiler dans les lucarnes, pour atteindre la lumière du jour et se jeter sans peurs, dans le vide, pour planer, loin de tout ça, loin de ces peurs, loin de cette vie. Mais Hedda, elle reste silencieuse, elle ne dit rien et elle se contente d'attendre patiemment. Une fois quelque chose sous les pattes, Hedda descend, barreau après barreau. Une autre astuce qu'elle a apprit auprès d'une adelphe de caste, c'est bien les "points d'urgences" elle presse à intervalles réguliers les creux au dessus de ses clavicules. Animal effrayée, elle lance un grand regard à son interlocuteur. La méfiance, c'était sa came, elle n'avait, avant de devenir surnaturelle, rien à craindre du reste du monde, et pourtant... Pourtant... Maintenant tout lui semblait dangereux, les bêtes étaient tous dans la bergerie, l'ennemi était partout. C'est un couinement qui lui échappe, alors qu'elle se roule en boule dans un coin, attendant que son pouvoir se taise enfin, la laissant libre de ses mouvements. Elle avait rejoint la caste à la recherche de liberté, elle se retrouvait désormais piégée. Puis soudain, la nouvelle surnat' regarde avec surprise son interlocutrice.

"Vous voulez m'interroger dans les chiottes du deuxième ? Elles puent..." Une moue dégoûtée déforme les jolis petits traits de l'Instinct. "Mais si on va à gauche... Y'a un bureau" Et par extension... Y'avait aussi la remise où elle rangeait tous les jets de tissus qu'elle n'avait pas utilisé, les travaux qu'elle avait commencés. Des dizaines de mannequins sans expressions, d'une froideur, d'un vide proche du néant. Hedda s'était remise sur pied, elle s'était redressée, une fois la crise passée, une fois le sentiment d'urgence évaporé, elle était à nouveau elle même.  

"Enfin si j'me fais arrêter j'aimerai bien savoir pourquoi." Elle ramasse ses jupons, ceux qu'elle a fait tomber dans sa fuite.

Léna Carlsen ☽ Hedda Brekke

La jeune fuyarde ne devait pas être bien plus âgée que Léna, et elle tremblait comme une feuille. Rien en elle ne laisser entrapercevoir la moindre once de rage tueuse. Elle sursautait quand l'échelle raclait le sol, et semblait terrifiée, purement terrifiée. Léna ne voulait pas perdre sa suspecte, ou se faire avoir comme une bleu contre une bonne actrice, mais il fallait quand même avouer qu'elle ne semblait pas pouvoir faire de mal à une mouche, cette demoiselle. Surtout avec des phrases qui faisait immédiatement douter Léna et regretter son attitude si désinvolte, une vague de compassion inattendue pointait le bout de son nez, mais elle ne pouvait pas se laisser questionner de la sorte sans avoir tirer les choses au clair.

La jeune femme était en boule un instant, enfin au bas de l'échelle. Elle n'en perdait pas une certaine répartie qui tirait un sourire à Léna. Elle n'était certes face à une personne en pleine crise d'angoisse ou de peur, enfin, tétanisée dans un coin quoi, mais qui lui renvoyait bien la balle. Elle s'agenouilla près d'elle et lui montra son badge, histoire d'officialiser la chose. «Très bien, pas de chiottes alors.» dit-elle avec un petit sourire amusé en rangeant son badge pas du tout classe ni doré comparé à ceux stylés qu'on voyait dans les séries télé. « Je m'appelle Léna.» Pas de nom de famille, EVIDEMMENT. Puisqu'il était maudit. (merci Leeeev). Pas très pro non plus, mais soit. Elle regarda dans la direction indiquée pour noter l'entrée du fameux bureau, vide, elle espérait, en attendant que la petite cabri se relève. Léna avait même esquisser un mouvement pour aider son interlocutrice à se relever, mais elle n'en fit rien finalement, elle se contenta de reculer et de se relever elle-même en s'éclaircissant la gorge pour se donner de la contenance.

Le bruissement du tissu qu'on ramasse accompagna les pas de la demoiselle et elles se dirigèrent tranquillement vers ce bureau. Un peu poussiéreux, mais rempli d'une certaine chaleur. Des traits de lumière éclairaient la poussière qui volaient à chaque pas. Des mannequins un peu glauque, à moitié habillé, des épingles dans les épaules, trainaient ça et là dans une seconde pièce un peu remisée. L'endroit était plus vaste que ce qu'elle avait imaginé. Elle se posa contre le bureau et détailla sa capture du jour. « Je ne t'arrêtes pas, détends toi un peu.» Le ton autoritaire un peu forcé, les bras croisé, elle faisait très mal ce genre de taff. « Je veux juste savoir pourquoi tu as détalé comme un lapin devant ma scène de crime ? Rien d'officiel, je déciderais après si ça doit l'être ou pas. » la brune esquissa un petit coup de menton vers la jeune femme encombrée. «Identité ? » Good cop bad cop en solo, ca manque de donuts. -et de caféine-.

Léna Carlsen ☽ Hedda Brekke

Elle était jeune, fougueuse et fuyarde... Tout un tas de qualificatif qui, il y a quelques années, ne lui correspondait pas. Qu'était elle devenue ? Une étrangère, cela ne faisait aucun doute. Parfois... ça lui fait du mal, de repenser à la Hedda qu'elle a abandonnée en route. Ancienne amie devenue désormais étrangère... Elle avait du mal à apprécier ses nouvelles contraintes. On l'avait rattrapé, comme quoi son pouvoir n'était pas si infaillible que ça, enfin... Elle savait que si il y avait eu un conduit capable de la contenir, elle aurait grimpé dedans. Son esprit avait bien vite penser que les gens pensaient aux placards, aux endroits sans échappatoires, mais bien peu aux conduits. Si certains films d'horreurs s'en jouaient... Elle, elle était persuadée que c'était la solution pour échapper à un tueur psychopathe. Jason pouvait bien aller s'faire voir.

Hedda échappa à l'interrogatoire dans les chiottes, et elle poussait déjà un soupir de soulagement. Elle y mettait pas un pied. Quand elle pouvait, elle allait dans ceux du dessus, le ménage était aussi peu régulier, mais les gens s'arrêtaient au premier sans se questionner sur l’existence d'un deuxième chiotte. Enfin elle pourrait pas ajouter des conditions crades à son interrogatoire. Parce que s'en était bien un, n'est-ce pas ? La brune se présentait, et Hedda hocha la tête. Un prénom, un simple prénom. Mais elle n'y fit attention qu'une fraction de seconde. Peut être était-ce pour la mettre en confiance. De toute façon... La gamine était pas trop méfiante. Elle l'emmena dans son bureau/ espace de travail. Elle aimait son petit atelier de couture. Elle avait des souris, comme dans Cendrillon, mais elle n'avait pas réussi à les dresser. Pas de Gusgus ni de Jackjack pour l'aider à coudre. C'est con. Enfin... Au moins elle évitait l'épisode plus que gênant sur "j'me base sur une pointure de chaussure pour retrouver ma meuf et pas sur... Oh, au hasard... Son VISAGE ?!". Hedda hausse un sourcil, regardant sa comparse du jour.

"Ah ouais ? Et me courir après ça rentre dans quelle catégorie ma p'tite dame ?" La demoiselle pose son séant sur une chaise, croisant élégamment ses jambes. Une question pas déconnante. Puis une autre qui arrache à Hedda un petit rire. "Il vous faut mes papiers, ou que j'jure sur l'honneur que c'est ma vraie identité ?" Elle farfouille dans sa sacoche pour en sortir la première carte qui lui vient. Une carte de bibliothèque, avec sa gueule en noir et blanc dessus, et des p'tits stickers dinos disposés pour décorer. Hedda avait toujours eu une passion pour ces bestioles.

"Hedda Brekke. Et j'ai détalé comme un cabris parce que..." Elle pousse un grand soupir. "J'suis surnaturelle, c'est mon pouvoir de me casser quand je sens qu'il y a un danger. Je contrôle pas, y'a mon corps qui se met en action directement ok ? Moi j'y suis pour rien dans vos histoires, je passais juste par là et mon corps a..." Elle fait une multitude de grimaces gênées. "Bougé tout seul."

Léna Carlsen ☽ Hedda Brekke

Les deux jeunes femmes avaient maintenant investit les lieux, dans cet étrange espace encombrés. Léna n'avait pas la moindre idée de ce qu'elle faisait. Elle essayait tout du moins de ne rien laisser paraître, mais il lui faudrait probablement avouer le tout quand ses doutes seraient levés. La fuyarde prit place sur une chaise avant de faire sortir une raillerie de ses lèvres. Et qu'était-ce dont tout ceci, si ce n'était une arrestation ? Avait-elle une explication à fournir pour justifier cette course poursuite ? Cette question valait pour l'une comme pour l'autre, il ne fallait pas se mentir. La suspecte enchaina avec une seconde question, plus rhétorique qu'autre chose puisqu'elle fouillait dans son sac pour une pièce d'identité au même instant.

Léna s'empara de la carte en détaillant la jeune femme. «Hmmmm...ok... » Ses yeux passèrent dans un froncement de sourcil de la photo pixélisée aux mèches rebelles de la fille assise en face d'elle. Elle essayait d'avoir un air un peu sérieux, pro et tout. Elle décrypta son nom qui fit écho dans la pièce lorsqu'il sortit des lèvres de l'intéressée, Hedda Brekke. Elle voulut retourner la carte pour détailler les petits dinosaures et faire un superbe commentaire inoubliable. Cependant, la-dite carte de bibliothèque customisée glissa de ses mains pour aller se ficher sous une commode encombrée de tissus. La rebelle grogna un instant avant de se rendre à l'évidence : aller rechercher la carte. Elle écarta une pile de velours pour dégager le passage, puis s'accroupit avant de risquer son bras. Léna n'avait aucun style à devoir plonger ainsi au sol pour récupérer la précieuse, au milieu de la phrase d'explication de la suspecte Hedda.

Hedda la surnaturelle qui s'enfuit car son corps "bouge tout seul". Du bas, elle attrapa la carte et se releva partiellement pour poser son regard sur la jeune femme. Elle semblait sérieuse mais dans cette position, c'était tout sauf vrai. Un genoux à terre, elle lui tendit la carte entre deux doigts, comme si cette scène n'était pas arrivée, et que tout était normal. «Bougé tout seul ? » Au moins, elles étaient toutes les deux gênées. Léna par ses dernières actions ridicules, et a priori cette Hedda par ses derniers aveux. On pouvait lire sur son visage comme dans un livre ouvert, alors cela ne laissait pas beaucoup de place au doute. Mais Léna, elle, essayait de ne rien faire paraitre. Une fois débarassée de la carte de bibliothèque, Léna se redresse pour s'asseoir sur la fameuse commode, les pieds fouettant l'air devant elle. Elle se pencha en avant, véritablement intéressée par un tel "pouvoir". « Attends attends, donc arrête moi si j'ai tord mais ... T'es une surnat. Et ton pouvoir c'est de t'enfuir dès qu'il se passe quelque chose de dangereux ? Et tu peux pas lutter ? » Léna serra les lèvres pour éviter d'afficher un sourire tellement cette situation lui semblait grotesque. « Donc là si je fais semblant de t'attaquer, tu vas courir encore sans rien y faire ? » Elle esquissa un mouvement vif vers l'avant. Bouh !

Léna Carlsen ☽ Hedda Brekke

La Hedda rebelle, belliqueuse, jeune et sûre d'elle avait depuis longtemps cédé sa place à l'Instinct, petite souris effrayée par le monde... Hedda craignait le bruit, Hedda craignait les gens, les lumières trop vives et les sons trop puissants, un rien pouvait la mettre en déroute, son coeur battant la chamade. De fière femme, elle était devenue le petit animal effrayé, timide, qui cherchait à sortir le moins possible, et à voir le moins de monde. Les regroupements étaient anxiogènes, les têtes à têtes dans des lieux clos lui foutaient la trouille... Mais l'autorité -policière entre autre- c'était pire que tout, ça lui foutait une angoisse rare qu'elle maîtrisait à grand peine. Elle parlait, expliquait sa situation au mieux tout en regardant la dame qui l'avait "arrêtée", pouvait-on appeler cela une arrestation ? Si ça se trouve elle se trouvait en compagnie d'une psychopathe qui avait trouvé sa réplique de badge sur amazon et s'apprêtait à se servir de la peau de son dos pour faire un abat jour du plus bel effet... Non, il fallait raisonner 5 secondes... C'était pas parce que la jeune femme passait ses dimanches après midi devant des épisodes de podcasts sur le true crime que le reste du monde était dangereux et lui voulait du mal. Puis... Elle avait son super pouvoir chiant, celui de s'échapper de la meilleure manière. Elle courrait plus vite, elle pouvait faire la morte, son pouvoir avait ses points positifs. Elle avait encore du mal à s'en persuader, mais ça viendrait... Un jour ça viendrait. Un jour elle se sentirait puissante en l'utilisant, un jour... Peut être, elle trouverait sa place. Elle ne fit aucun commentaire quand on lui rendit sa carte, qu'elle rangea avec précaution dans son porte monnaie, à côté de celle du supermarché, et de celle, de fidélité, d'un magasin de jeu vidéo d'occasion, ça faisait un moment qu'elle y avait pas foutu les pieds, la dernière fois elle avait acheté Silent Hill d'occasion et avait passé des nuits à jouer... Puis à paniquer dans sa p'tite chambre.

La bouille de la gamine se ferme d'un coup, et elle se renfrogne, elle aime pas, la brune, avoir l'impression d'être tournée de la sorte en dérision, sa vie ? C'est un putain de mélodrama dont elle est l'héroïne. Elle galère avec ses pouvoirs nuls, elle est loin de l'héro "ELU" puissant avec un pouvoir oublié et incroyable, non... Elle est juste la proie par excellence, la p'tite souris parfaite.

"Ouais... Il se pourrait bien que ce soit ça. Et alors ?" Son ton est plus glacial, son regard orageux. Elle se sent jugée et elle aime pas ça. Elle aime pas être malmenée et traitée comme une criminelle alors qu'elle a rien fait, et d'un coup, elle secoue la tête quand elle entend la flic parler à nouveau. "... non... S'il vous plaît faites pas..." Elle a pas le temps de finir sa phrase que les mots se bloquent dans le fond de sa gorge, la peur écarquille ses prunelles, et son pied part tout seul à la rencontre de quelque chose, n'importe quoi, son corps bondit comme un ressort et se met en branle, et d'un coup, elle pousse la femme pour s'échapper de la seule issue, elle a le réflexe de fermer la porte, à ce point là, l'instinct est le seul à agir, et elle se retrouve perchée en haut d'une étagère, pelotonné dans un coin. Elle détestait son pouvoir, elle détestait sa vie, et si en plus les gens en jouaient, s'amusaient à ses dépends... C'était pas facile, c'était pas agréable, et pas un bon moment. Elle n'ose parler, avec ces conneries elle va se retrouver au poste, en taule. Faudrait appeler sa mère, et sur le trajet du retour elle aurait droit à des "j'te l'avais dis". Respiration silencieuse, coeur qui ralentis petit à petit, la plongeant dans un état presque ensommeillée, elle guette autour d'elle sans un mot, petite boule effrayée. "J'voulais pas." Petite litanie qui s'échappe de ses lèvres rosées.