Du haut de ses 44 ans, Asmodeus avait vécu et survécu à des chagrins. Il en avait vu passé des âmes, des vies humaines. Pourtant les deux décès qui se sont suivis l'on plonger dans une mélancolie qui lui semblait incurable. La vérité était qu'il avait toujours fait attention à ne pas s'attacher à ce qui ne peut pas durer. Une idylle. Un humain. Un sentiment. Qu'importe, il appliquait cette loi à tout ce qu'il pouvait. Un moyen de se protéger, de se préserver. Quand vous aviez encore plusieurs années - pour ne pas dire décennies - devant vous : il était essentiel de le faire. Sans quoi, vous ne survivez pas et comme d'autres avant vous : vous finissiez six pieds sous terre avant votre heure. Mais voilà, eux faisaient partit d'un passé méconnu de tous. Asmodeus aimait la vie et même s'il n'avait pas peur de la mort pour sa propre personne : il la craignait pour son entourage qui se comptait sur les doigts de deux mains. Eux qui comptaient dans sa vie. Pour qui rien ne serait impossible. La mort des deux humains, de ceux qui avaient été si importants pour lui, pour l'homme qu'il était aujourd'hui, lui rappelait que rien ne durait. Le doux mensonge que les surnaturels acceptent sans broncher quand ils ne font que se côtoyer.
Ce soir-là, il n'avait pas fermé le Dorian Gray. Contrairement à ses habitudes. Pourquoi ? Il ne le savait pas. Peut-être parce qu'il voulait se prouver que la vie continuait belle et bien. Avec ou sans lui. Les habitués riaient, s'enivraient, cédaient à toutes les tentations que l'établissement avait à offrir. Asmodeus les regardait dans son bureau grâce aux caméras mises un peu partout. Le nez plongé dans le livre qui contait l'histoire de ses grands-parents : il relevait ses yeux de temps en temps pour vérifier que tout se passait bien. Vers 22h, il se leva et enfila son épais manteau tout en sortant de son bureau. Enfilant ses gants en descendant les escaliers, il salua ses employés en n'oubliant pas de prévenir le manager qu'il rentrerait tard ce soir. Signe qu'il allait voir Mimosa au Red-Bed et que l'employé devrait fermer.
Dès son arrivée dans l'établissement gorgé de luxure on le salua respectueusement. Tout le monde le connaissait ici. Ils savaient tous son statut et ceux qui ne le savaient pas encore le comprendrait rapidement. Mimosa régnait d'une main de maître sur ce beau monde et lui était dans l'ombre de cette divinité vivante : personnification même de Freyja. Asmodeus monta dans les étages, il connaissait le chemin par cœur, depuis le temps. En voyant sa sublime dehors, il fronça les sourcils. Elle l'informa que Madame était prise. Asmodeus ne répondit rien, mais son regard se remplit d'une tristesse qu'il n'arriva pas à cacher. Lentement, il avala sa salive et hocha la tête. Il prit plusieurs secondes pour se reprendre et ne pas laisser sa voix trahie son émoi. La Tentation pouvait sentir le regard de la sublime sur lui.
"Je... Dis-lui que… Que j'ai besoin de la voir ok ?"
Il pourrait très bien dire à la femme qui se tenait devant lui ses problèmes et Mimosa aurait eu le message. Il ne le pouvait. Parce qu'il ne voulait pas paraître faible. Il voulait garder sa réputation intacte. Alors, il glissa ses mains dans ses poches et attendit que Mimosa soit libre. Il saurait utiliser de sa patience légendaire. Il attendrait son tour, parce que Mimosa tenait son cœur dans sa paume et si une personne pouvait le réparer : cela était bien elle.
Finalement, la porte s'ouvrit, le rendez-vous s'éloignait déjà sans qu'il ne cherche à savoir qui était cette personne. Cela ne le regardait pas. Si c'était le cas : alors elle lui dirait. En temps normal, il s'engouffrerait déjà dans le bureau, mais il n'en fit rien. Il préféra attendre qu'elle lui dise de rentrer ou bien qu'elle vienne le chercher. Au lieu de ces deux possibilités, c’est sa sublime qu’il lui dit de rentrer et de fermer la porte derrière lui. Il hocha la tête et rentra comme commandé. Asmodeus referma la porte, resta quelques instants dos à la grande prêtresse des lieux. Et puis, il se retourna pour lui faire face :
“J’avais juste besoin de te voir.” Et cette phrase était criante de vérité. Soudainement, ses épaules s’affaissèrent et il soupira longuement. Ce râle annonçait la couleur et son état d’esprit. “Tu sais qu’il suffit que tu sois là pour que je me sente mieux.” Et il esquissa une petite risette : à peine perceptible.
« It's a version of perversion that is only for the lucky people »
La faim est intenable en cette soirée, alors que la cendre prend place sur sa langue. Aucune satisfaction, en aucun instant son estomac ne cesse de crier famine. Seul reste la brûlure de celle qui est affamée et les faiblesses qui ne tardent pas à s'imposer, quand elle ne dévore pas la vie d'une victime. Conséquence de sa jeunesse éternelle, de ce corps tout en courbe, de cette peau douce et tendre, alors même qu'elle a dépassé les huit décennies sur cette terre. Mimosa gronde, alors que l'eau avalé n'en goutte pas moins la cendre tout au long de sa gorge. Incapable d'arrêter d'avoir faim depuis ses dix-sept ans, son enfer personnel. Elle préfère l'oubli de cette réalité, s'enfonce dans la foule qui pullule dans son bordel de luxe, dans cet établissement qui gouverne la luxure sous toutes ses formes. Elle est reine et vêtu d'un pantalon en cuir, d'une veste du même genre, sans rien sous le tissu, elle expose la beauté de son corps à tous. Les yeux observant ceux qui viennent payer ses filles ou se faire dominer par l'une d'elle. Elle a négligé son don, oublier le succube pour son rôle d'Ambassadrice cette semaine. Le besoin devient vital, alors même qu'elle préférait s'empiffrer de nourriture. C'est un homme qui attire son attention, éveille une pointe de colère, alors qu'il claque les fesses d'une de ses filles avec un sourire méprisant.
L'idiot qui n'a aucun respect pour celles qui vendent leurs charmes. Un rat d'égout à ses yeux, un moins que rien et certainement un touriste. Dans cette ville, tous savent qu'on ne dédaigne pas l'exercice du sexe comme travail. Pas sous son nez. La panthère étire ses griffes, roucoule sous sa peau. C'est lui qu'elle compte dévorer. Au moins l'une de ses faims pourra être rassasié et un imbécile disparaître quelques années plus tôt que sa ligne de vie l'a prévu. Tout en sensualité, elle s'installe devant l'imbécile et envoie sa fille vers un autre. Elle n'ignore pas le sourire en coin de sa prostituée, qui sait bien que Mimosa n'est pas tendre avec ces hommes imbus de ce qui pend entre leur jambe. Inutile de faire attention, pour remarquer le regard lubrique lancé à la poitrine qui pointe sous la veste de cuir. « Si tu me suivais à l'étage, mon mignon? » Qu'elle susurre d'une voix chaude, avec cet accent espagnol qui ne l'a jamais réellement quitté.
L'homme ne dit pas non, se laisse guider jusqu'à ses quartiers et la voilà, qui le domine à même le sol. Une main appuyant sur sa gorge pour le priver un peu d'oxygène, brutal comme seul Mimosa sait l'être, chevauchant celui qui ignore être sa victime. Qu'il apprécie la violence au lit ou non, elle ne s'en inquiète pas, punissant un homme fautif. Alors, que l'apogée de cette relation charnel et banale approche, elle libère le succube et aspire tout ce qu'elle peut. Elle grignote, goûte, dévore la vie de son amant temporaire et voit le reflet de cet impact dans ses yeux. Alors, que lui atteint le plaisir, elle le libère de sa prise et le laisser s'éloigner lentement, comme s'il avait perdu plus qu'un peu de sueur. Il est hébété, ignorant de ce que Mimosa lui a imposé. Elle dispose du latex utilisé, pour s'assurer qu'une erreur de la nature ne lui fera pas un douzième gamin, avant de remettre sa veste et son pantalon, désireuse de plonger sous la douche. Son bureau étant aussi son appartement, elle tourne les yeux vers sa salle de bain privé et s'apprête à s'y diriger quand la jolie sublime de son cœur l'informe par leur lien, qu'Asmodeus attend… Et qu'il semble un peu distrait. Le fauve ordonne de le laisser entrer, remettant sa douche à plus tard. Le père de deux de ses enfants se trouvant plus haut sur sa liste de priorités.
Elle ne tarde pas à l'apercevoir, alors que la porte se ferme à sa suite, leur laissant toute l'intimité désirée. En silence, elle attend qu'il s'approche ou dise quelque chose. Remarque l'énergie qui s'échappe de lui, comme une anomalie dans sa manière de se tenir, de bouger. Une lueur d'inquiétude s'inscrit dans ses yeux. « J'avais juste besoin de te voir. » Elle s'avance vers lui, instinctivement. « Tu sais qu'il suffit que tu sois là pour que je me sente mieux. » Se main trouve cette joue familière et un sourire tendre écarte ses lippes. « Viens. » C'est un murmure, mais elle l'entraîne à sa suite, attrapant la main d'Asmodeus pour le guider jusqu'à sa salle de bain. Là, Mimosa tourne un robinet et s'assoit à même le rebord du bain, le laissant se remplir lentement. La cuve est énorme, invitante pour plus d'une personne. « Tu restes jusqu'au matin? J'ai ma nuit de libre pour toi. » L'invitation est sincère. Après tout, elle n'est pas incapable d'amour. Le sien est seulement différent et loin de la monogamie.
Errer dans les rues n’était pas son genre, encore moins à la nuit tombée. Il se gardait bien de s’attirer des ennuis : sachant que si ces derniers souhaitaient le trouver, ils le feraient sans avoir besoin de sa permission. La seule chose qu’il voulait en cet instant, c’était retrouvé la femme qu’il aimait. Leur amour n’avait rien de romantique et de culcul la praline, pourtant, c’était tout ce don Asmodeus avait besoin au fond. Ce n’est pas pour rien que son cœur d’adolescent l’a choisi et que son cœur d’homme l’a fait sienne. C’est ainsi qu’il se retrouva rapidement dans le bordel, puis devant la porte de son appartement. Restant à sa place, prenant son mal en patience, il laissa le spleen se déverser dans son esprit : titillant ses sens et malmenant sa raison. Il réalisait que malgré ses efforts pour ne pas être comme son géniteur : il devenait petit à petit comme lui. De quoi le rendre fou, lui qui a été élevé pour détester cet homme qu’il a continué de mépriser jusqu’à son dernier souffle. Ajouté à cela la salle journée qu’il venait de passer et vous aurez un beau tableau de ce qu’était en cet instant la Tentation. La sueur perlait sur son front, il n’avait pas enlevé son manteau, ni ses gants : préférant rester proscrit dans ses pensées. Asmodeus pouvait sentir le regard de la sublime sur lui, mais il ne la regardait pas pour autant. Finalement, quand elle lui donna l’autorisation de rentrer, il s’engouffra dans l’appartement.
Le silence s’installa et il ne chercha pas à le briser tout de suite, préférant se contenter de se retourner pour l’admirer et formuler verbalement la criante vérité.
En sentant la main de Mimosa sur sa joue, il ferma les yeux et accentua le geste en posa sa tête dans cette dernière. Un râle sortit de sa bouche alors que son corps profitait de cette chaleur pour détendre les quelques muscles réticents à se décontracter. Glissant sa main dans la sienne, il la suivit jusqu’à la salle de bain. Il embrassa ses cheveux quand elle lui demanda s’il comptait rester :
“Tu sais que je ne peux pas refuser une telle offre.” Il s’éloigna légèrement et enleva finalement ses gants, puis son manteau avant de s’attaquer à sa veste. “Une soirée au calme n’est pas de refus.” Rajouta-t-il tout en continuant de se déshabiller. Maintenant en sous-vêtements, il s’installa sur le rebord de la baignoire près de Mimosa et l’embrassa : “J’espère que tu as passé une meilleure journée que moi.” Dit-il dans un sourire sincère malgré cette triste au fond des yeux alors qu’il glissa sa main sur les cuisses de la belle. “J’ai vu nos enfants hier, ils ont l’air d’être en pleine forme et sont impatients d’être au Gala de la Paix.” Il approcha son visage pour embrasser la mâchoire de la Prêtresse de la Beauté. Il se savait chanceux, Asmos et il n’échangerait sa place pour rien au monde.
Il comptait lui parler de ce qui le chagrinait, de tout avouer, de tout lui dire : incapable de lui cacher quoique ce soit de toute façon il était. Pourtant, maintenant qu’il l’avait retrouvé : il ne voulait pas infecté cet instant avec la morosité. Alors, il repoussait l’échéance où il devrait parler de la raison pour laquelle il avait autant besoin de Mimosa ce soir plus que les autres.
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Elle n'a pas dit grand-chose, sa main parlant plus que ses mots et pourtant, il réagit à son contact. Lui, son maître de branche, sa tentation. L'un des rares ayant gagné son affection, parfois son amour. Bien, que ce qu'elle offre n'a rien de conventionnelle. Pour aimer Mimosa, il faut accepter son incapacité à être un couple. Il faut la regarder aller vers les autres, goûter à d'autres et toujours, chercher la nouveauté. Une femme libre à l'extrême, indomptable. Asmodeus ne lui a jamais reproché, lui-même se perdant sur les courbes et les muscles d'autres amants. Cette nuit, néanmoins, il n'y a qu'eux et ce qu'elle peut lire dans le regard de l'homme.
L'humidité grimpe vite dans la salle de bain, où elle l'entraîne, faisant boucler la pointe de ses cheveux de corbeaux. Un détail que la panthère ne remarque pas, profitant du contact des lèvres adorées sur sa crinière. « Tu sais que je ne peux pas refuser une telle offre. » D'un mouvement lent, elle croise les jambes sans se soucier de sa pudeur, l'observe enlever certains morceaux de tissu, sans se gêner. « Une soirée au calme n'est pas de refus. » Ses lippes se soulèvent en douceur, son regard ne manquant pas une seconde de l'effeuillage qu'on lui offre, sans vraiment chercher à la séduire. C'est ce qui lui plait dans cet instant, avec les années, la familiarité prend une part importante de leur rencontre. C'est avec plaisir, qu'elle rend son baisé, lorsqu'il s'installe à ses côtés, l'eau continuant de remplir la cuve du bain. Juste avant qu'il ne s'éloigne de nouveau, elle sort une pointe de ses dents, pour mordiller la peau tendre. Un geste affectif pour la reine. « J'espère que tu as passé une meilleure journée que moi. » Mimosa vient mêler ses doigts, à ceux qui se glissent sur sa cuisse. À sa question, elle ressent la faim qui s'étire déjà de sa gorge à son estomac, se revoit chancelante au réveil. La dureté de son don, incapable de lui accorder la paix cette semaine. Elle conserve, néanmoins, cette vérité. « Une journée banale, elles se ressemblent toutes ou presque… » Son vieil âge brûlant sous sa chaire, le temps ne prenant visiblement pas emprise sur sa peau, il en est autre chose pour son esprit.
« J'ai vu nos enfants hier, ils ont l'air d'être en pleine forme et sont impatients d'être au Gala de la Paix. » Son sourire est sincère quand elle pense à sa marmaille qui pullule dans la ville. Sa fierté de mère, toujours prête à se gonfler d'orgueil. Elle voit leur visage, aussi clairement que s'ils se trouvaient devant eux. Chaque trait marqué au fer rouge dans son esprit. Elle ne répond rien à son amant, le laisse caresser sa peau de ses lèvres, étirant légèrement son cou pour lui offrir un meilleur accès. L'instant suivant, elle dispose de sa veste en cuir, exposant sa poitrine à l'air chaud de la pièce. Elle se lève et sans se soucier de son pantalon ou des principes, entre dans le bain à moitié rempli, détrempant le tissu… Enfin, autant que possible considérant le cuir. Elle se penche légèrement, pour mieux amener son visage au même niveau que les yeux d'Asmodeus. « Elskling, tu es vraiment venu jusqu'ici pour me parler de nos enfants? » Elle se redresse, un sourire carnassier s'imposant, malgré la douceur de son regard. « Parle-moi. » Il est vrai, que l'Ambassadrice de la beauté n'est pas femme à tergiverser, devenant souvent brutal dans ses paroles. Elle s'agenouille ensuite dans le bain, chatte attendant que son partenaire vienne la rejoindre. Ce n'est pas un appel à la libido, malgré les apparences. Son désir est de prendre soin de l'homme, de lui montrer un peu de tendresse, sans qu'une âme ne puisse la voir faire. Un instant privilégié, qui demeure fidèle à sa passion. À cette distance, elle peut tout de même tendre sa main et la dépose sur les genoux de tentation.
Asmodeus appréciait la compagnie de Mimosa parce qu’ils n’avaient pas à se parler pour se comprendre. Il faut dire qu’ils se connaissaient depuis des années. Il n’avait connu qu’elle au fond, les quelques autres femmes qui ont été de passage sur son chemin ne laissait qu’un goût insatisfait. La compagnie des hommes était plus agréable, mais encore une fois : elle n’était parfois pas suffisante. Sauf celle d’Ingvar, mais cela était une autre histoire et puis il était déjà allé le voir. Il jouait donc sa dernière carte en implorant silencieuse l’exclusivité de quelques minutes avec Mimosa. Autant dire qu’il fut heureux de l’entendre parler de soirée et même de nuit. Il n’en demandait pas tant, Asmodeus. Il avait appris à rester à sa place et à laisser la belle panthère libre. Cela ne l’avait pas dérangé au fond, il accepterait même les miettes des autres si cela voulait dire pouvoir poser sa tête sur ses cuisses en soufflant un peu. Se déshabillant pour offrir son corps aux yeux de sa belle, il combla les quelques mètres imposés pour s'asseoir près d’elle et déposer un baiser sur ses lèvres. Il sourit en la sentant mordiller sa peau, déesse féline qui savait comme le titiller. Caressant sa cuisse, il hocha la tête :
“Si j’ai appris quelque chose avec le temps, c’est qu’il faut savourer les journées où il ne se passe rien.” Parce que tout était imprévisible et le calme pouvait se transformer en une violente tempête en seulement quelques secondes.
La Tentation aborda le sujet de leurs enfants, pas seulement pour retarder l’échéance, mais parce qu’il aimait sincèrement sa progéniture. Il disait - à qui voulait bien l’entendre - qu’ils étaient sa fierté et cela était vrai. Ils étaient ce qu’il avait fait de mieux dans sa vie. Asmodeus déposa des baisers sur la peau mate de sa compagne qui s’éloigna déjà pour retirer son haut avant de rentrer dans le bas. Il la suivit du regard, se délecta du spectacle puis il hocha négativement la tête. Non, ils n’étaient pas là pour parler de leurs créations. Sans rien répondre, il se lever à son tour pour terminer de se déshabiller et rentrer dans la baignoire. Au contact de l’eau, ses muscles se détendirent et il poussa un long soupire. Il glissa ses doigts autour de la main de la Divinité et ce n’est qu’après avoir avalé plusieurs fois sa salive, tout en caressant le bras de Mimosa, qu’il parla :
“Il y a quelques jours… J’ai dû aller à un enterrement. Knut est décédé et … En quittant Thorgard le soir même je savais qu’elle allait le rejoindre. C’était comme des parents pour moi tu sais ? J’ai acheté leur maison, pour ne pas qu’elle tombe aux mains d’inconnus.” Il se mordit la lèvre férocement : “Ca m’a rappelé que malgré notre situation, nous sommes mortels pour la plupart et ça m’a fait réaliser beaucoup de choses.” Lentement, il migra ses yeux de sa peau à ses iris : “Comme par exemple : au combien je t’aime.” Oui, c'était un amour spécial, un amour à leur image, mais un amour tout de même. Il retena un rire : “Cela sonne tellement cheesy hein ? Mais… J’avais envie de te le dire.” Asmodeus reprit son sérieux et avala à nouveau sa salive : “J’arrive pas à me sortir de la tête que si un jour tu meurs : je ne pense pas te survivre. J’ai probablement trop été bercé par l’histoire de mes grands-parents.” Une croix qu’il portait fréquemment. “Est-ce que cela fait de moi le dernier des idiots ? Cette sensibilité que je pensais avoir perdue, voilà que je me la prends en pleine gueule.”
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« Si j’ai appris quelque chose avec le temps, c’est qu’il faut savourer les journées où il ne se passe rien. » Elle étire ses lèvres en un sourire presque amusé. Ses vieux os chantant en accord avec ses pensées. Mimosa n’est pas femme à prendre plaisir dans les journées redondante. Trop débordante de passion, trop vive, trop fougueuse, elle a besoin d’action, d’imprévus. Pour ne pas sombrer dans la lassitude de la vieillesse, dans l’acceptation d’une mort imminente. Malgré son corps, ses quatre-vingt-quatre ans se font sentir. Elle n’en dit rien, montrant de la tendresse à l’homme qui lui a offert deux enfants. Qu’elle aime, de son mieux et de son pire à la fois. Infidèle maîtresse, incapable d’engagement véritable, aurait-il désirer plus de sa part? Peut-être, mais s’il est encore auprès d’elle, c’est qu’Asmodeus a su ne jamais lui faire sentir.
La chaleur de l'eau caressant ses muscles, son amant auprès, le contact physique naturel entre eux, Mimosa se détend à son tour. Ici, dans cette bulle hors du temps, elle enlève ses barrières, pour ne laisser que la femme. Ce qui n'en diminue pas son exigence et sa complexité. Elle reste, indomptable. Seule la confiance du temps, lui permet cette forme d'intimité, alors qu'elle abandonne les derniers bouts de tissus pour mieux se blottir près de l'homme. Toujours droite, toujours digne, mais au combien langoureuse dans ses mouvements. Sans se forcer, sans exagérer, sa nature propre teintant ses gestes. Elle entrelace ses doigts au sien, le laissant parler de ce qui le ronge et le mène jusqu'à elle.
D’un doigt baladeur, elle dessine des ronds sur le poignet de la tentation. L’observant sans aucune gêne, alors qu’il dévoile ses émotions. « Comme par exemple : au combien je t’aime. » Sans laisser paraître sa réaction, Mimosa serre les dents légèrement. Sentant le poids des sentiments de l’autre. Elle peut lui répondre, après tout, elle tient énormément à lui et l’aime… Mais le sens semble si différent à ses yeux. Si intangible et sauvage. Depuis de longues années, la reine a compris que sa définition de l’amour s’éloignait de ce que les autres ressentait. Néanmoins, elle serre plus fort la main d’Asmodeus et vient caresser la peau de son cou avec ses lèvres, un geste presque félin et très tendre. Elle le laisse continuer, sans l’interrompre, un sourcil s’arquant lorsque sa mort est abordée. Un rire, bref, presque inexistant se faufile entre ses lèvres et se meurt sur sa langue. Une lueur amusée, malgré la détresse qu’on lui offre. « Cette sensibilité que je pensais avoir perdue, voilà que je me la prends en pleine gueule. »
C'est qu'elle se glisse au-dessus d'Asmodeus, s'installe à califourchon sur lui, sans se soucier de la nudité, sans la moindre pensée sexuée à l'esprit. Elle est femme tactile, dominante et passionnée, ce qui peut surprendre quand on la connait peu. Ses mains viennent encadrer son visage, alors qu'elle plonge son regard dans le sien. « Oh, ma belle tentation. Rassure-toi, c'est certainement moi qui devrai porter ton deuil et non le contraire. » Aussi cruel soit cette réalité, elle court dans ses veines depuis son ascension auprès de la Beauté et la bénédiction de Freyja. Succube à la jeunesse qui ne s'éloigne pas. Le deuil, le chagrin qui assaillit Asmodeus, elle ne le connait que trop bien. « Cette sensibilité fait ton charme et non, le dernier des idiots et le deuil ne fait qu'accentuer cette part de toi. Si tu ne réagissais pas ainsi, je te demanderais si ce n'est pas toi qui est mort et non eux. » Elle inspire l'odeur de la peau qu'elle touche, lui offre un éclair de toute la tendresse qui est sienne, sur ses traits. « J'ai perdu mes proches, y compris mon frère depuis de longues années... Embrasse pleinement toutes les émotions que cela suscite chez toi, c'est le seul moyen de leur faire honneur. »
La Tentation connaissait sa place auprès de Mimosa et pour rien au monde elle la changerait. Probablement parce qu'Asmodeus se savait condamnée à l’instant où ses yeux d’adolescents ont caressé ses courbes. Ce qu’elle lui apportait et sa place particulière dans son cœur : personne d’autre ne pouvait la prétendre et il ne laisserait d’ailleurs jamais quelqu’un la détrôner. Mimosa était reine et aucun autre statut ne lui irait. Asmodeus avait depuis longtemps que jamais il ne l’aurait pleinement, mais de savoir que de temps en temps ils peuvent partager quelques instants complices lui suffisait. Il se contentait d’un rien avec cette femme.
Comme cet instant voler au nez de tous, un moment de paix dont avait cruellement besoin Asmodeus qui ne se sentait pas dans son assiette. Il avait besoin de réconfort, il avait besoin de Mimosa. Ouvrant ses bras pour être au plus proche d’elle, il caressa sa peau en regardant son geste plutôt que de se plonger dans les grands ceux de son Ambassadrice. Serrant sa main dans la sienne, il y puise sa force pour pouvoir dire ce qu’il le chagrinait. En temps normal, il ne serait pas venu réclamer un peu d’attention comme ça, mais ce qu’il avait vécu l’avait chamboulé et il savait que Mimosa mettrait un terme à ces interrogations en enlevant ce poids sur son cœur. Emporté par l’instant, il se rendit compte trop tard qu’il prononça les quatre mots. Il n’aurait pas dû, mais ils lui avaient échappé. Se maudissant de l’intérieur, il tenta de se rattraper tant bien que mal avant qu’au final il accepte pleinement ce qu’il venait de dire. Après tout… Mimosa devait le savoir depuis le temps. C’était l’amour et l’admiration qui lui avait donné envie de suivre les pas de l’Ambassadrice. Un frisson glissa sur sa peau en sentant les lèvres de la belle dans son cou. Il ferma doucement les yeux, prit cela comme un signe qu’elle n’était pas plus agacée que cela. Il l’espérait tout du moins. Il continua finalement se lui semblait être une tirade longue et embarrassante. Asmodeus n’avait pas eu géré ce genre de sentiments depuis des années.
Posant ses mains dans le bas de son dos quand elle s’installa sur lui, il se cala confortablement pour pouvoir la regarder. Il n’était pas né celui qui pourrait un jour se détourner de ces traits si fins, si parfait. Jamais il ne s’en lasserait. Il n’en disait rien cependant, elle le devinerait en voyant la lueur dans ses yeux. Il sourit en l’entendant : elle n’avait pas tort. Elle lui survivrait et cela le confortait. Non seulement, car il n’aurait pas à vivre sans elle, mais aussi parce qu’elle pourra garder un œil sur leurs enfants. Asmodeus pourrait partir l’esprit tranquille : il n’avait pas pensé à cela. Il avait été bien trop aveuglé par le chagrin et le deuil. Il glissa sa dextre de son dos à sa joue pour la caresser. Il se sentait bien idiot de venir la tracasser avec ses problèmes alors qu’elle avait probablement autre chose à faire.
“Une raison de plus pour admirer ta force.” Il approcha son visage du sien, sans pour autant l’embrasser : “Tu sais toujours trouver les mots justes.” Un don à ses yeux. “Je n’avais pas vu cela sous cet angle. J’en oublie que c’est normal de ressentir tout ça je suppose.” Il prit une longue inspiration et expira avant de se redresser pour s’asseoir en la gardant contre lui. Il avait encore un poids dans le ventre, mais l’étau autour de son cœur se desserrait progressivement. “Je savais que tu saurais comment m’apaiser.” Lui offrant finalement un sourire un peu plus joyeux. Ils avaient assez parlé de ses faiblesses. Alors, il lui demanda : “Comment tu vas ?” Il voulait sincèrement savoir comment allait son Ambassadrice. “Je peux faire quelque chose pour t’aider ?” Ses désirs étaient ds ordres et elle le savait.
« It's a version of perversion that is only for the lucky people »
« Une raison de plus pour admirer ta force. » Elle ne se lasse pas des liens qui l'unissent à ses hommes, ceux qui arrivent à se démarquer dans sa vie. Pourtant, une lassitude lui pèse à cet instant. Ce n'est pas la tendresse du moment, ni la tentation qui en sont la source, seulement la vieillesse qui prend son aise. Combien de ces précieux liens, perdra-t-elle dans les années à avenir? Celle qui vibre et respire la passion, en arrivera-t-elle à s'éteindre intérieurement? Sa force, dont son amant parler, s'épuisera-t-elle à force de veiller sur la Beauté et de piler sur certaines de ses valeurs? L'Ambassadrice est une femme, mais au nom de sa déesse, une part d'elle se consume à chaque année. Mimosa le sent au fond de son âme, alors qu'elle observe le deuil teinté l'iris d'un amour, une sorte de jeunesse encore coller à son âme. « Tu sais toujours trouver les mots justes. » Elle lui sourit, avec l'intimité des années de relations. Caresse ses joues de ses mains, se presse contre ce corps qu'elle connait sur le bout de sa langue. « Je n'avais pas vu cela sous cet angle. J'en oublie que c'est normal de ressentir tout ça je suppose. » Elle dépose une esquisse de baiser, un frôlement de leurs lèvres. Avant de souffle entre eux, les quelques mots qui constituent sa réponse. « Normal ou non, ce n'en est pas moins difficile. Nécessaire au deuil, mais lourd à porter. »
Elle se laisse emporter dans les mouvements de son homme, pressant ses cuisses pour se maintenir dans cette position. Mimosa savoure le contact de ce corps sous le sien, même sans que l'acte ne soit charnel. La chaleur d'une peau contre la sienne, un délice qu'elle aime goûter. « Je savais que tu saurais comment m'apaiser. » Ses lèvres s'étirent en un sourcil tendre, alors qu'elle remonte ses mains sur ses épaules et dépose davantage son corps sur le sien. L'écoutant, lui proposer son aide et s'inquiéter de son état, alors même qu'il est celui affrontant la mort de ses proches. La chatte s'étire un instant, avant de reporter toute son attention sur Asmodeus. « Ne t'inquiète pas de moi, cette nuit est la tienne. » Sage la seconde d'avant, une lueur s'allume dans son regard, le long de ses doigts, qui joue avec la peau qu'on lui offre. « J'ignore aussi, si je peux réellement te réconforter... Mais je peux au moins te faire oublier tes soucis quelques heures... Si tu en as envie. » Elle susurre contre sa bouche, s'empare de celle-ci, la titillant de la pointe de ses dents. Avant de rompre tout contact et de sortir du bain, un sourire invitant à la suivre dans la chambre. Pour dormir ou pas.
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