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 But at night, turn to a monster
 But at night, turn to a monster
Badia Myrhe
Badia Myrhe
humanité embrasée
Personnage
Arrivée : 21/01/2020
Missives : 1716
Pseudo : awona (peluche)
Avatar : sofia boutella.
Crédits : mars (avatar + icon), mistressvera (gif), bo (gifs aes)
Thèmes abordés : violence verbale et physique, vulgarité, deuil, armée
Infos RP : une à deux semaines de délai ; longueur variable selon les rp, chill, on s'adapte ; <ba></ba>
Comptes : maja & eira.
Points : 6823
But at night, turn to a monster LcZCyZr6_o
Pronoms rp : elle/she/her
Âge : 40 ans.
Occupation : Une nouvelle fois, c'est la nuit et les combats clandestins qui l'ont happé, mais elle y officie désormais comme maitresse des paris plutôt que sur le ring.
Statut : Il n'y a plus que les fantômes pour l'observer, veuve qui cherche à se relever de sa perte, jusqu’à nourrir l’étincelle avivée par Ulrik.
Famille : La rébellion fait office de famille, de dernier repère dans l'obscurité. Armurière affutant leurs armes, refusant de rester sans défense.
Hors-rp

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Message Mar 10 Mar - 22:02



but at night, turn to a monster


◊ ◊ ◊

On n’aurait pas idée que les journées soient aussi longues, une fois morte. Elle n’avait jamais eu d’idée préconçues sur la mort, ne s’était pas imaginé grand-chose de palpitant. Peu portée sur les religions, elle n’avait jamais bien imaginé un après, qu’il soit paradisiaque ou plein de démons. Faute à son enfance, sûrement. On ne lui avait rien transmis, déracinée de ses terres, orpheline de parents, de pays, d’histoire. Et les dieux nordiques, elle les rejette par principe, parce que les surnaturels ont l’air de bien trop y tenir. Alors la mort, ça lui avait toujours semblé comme une ampoule dans le cœur de chaque humain. Un jour, elle brille. Puis le lendemain, elle peut s’éteindre, d’un coup. Pour ne plus jamais se rallumer. Et surtout, après ça, il n’y a plus rien, rien que le noir complet.

Mais sa mort à elle, si elle est sombre, n’est pas complètement dépourvu de lumière. Il y a toujours la veilleuse d’Oona dans l’appartement ou l’écran de son ordinateur. Et si elle sort surtout le soir, les réverbères éclairent ses pas, les étoiles brillent fort et le phare de sa moto embrase sa route. Son cœur bat encore trop bruyamment dans sa poitrine, l’empêche de trouver le repos éternel. Il y a trop de bruits pour vraiment dormir éternellement, le sommeil se refuse à elle. Et le temps est long, lorsqu’on le passe éveillé alors que l’on ne doit pas l’être. On s’ennuie, enfermé entre quatre murs, à regarder le soleil se lever par la fenêtre, puis se coucher, inlassablement. Et elle ne supporte plus, Badia, n’a jamais supporté l’inactivité, l’enfermement et la stabilité.

Ça fait trop longtemps qu’elle n’est pas sortie, elle se tient sage depuis le gala, la gorge nouée, courbée au-dessus de son ordinateur, à travailler pour la rébellion malgré tout, toujours là pour veiller au grain, présente ou non au QG, morte ou vivante. Le casque sur les oreilles, elle n’entend plus le monde autour d’elle. Elle se forge une bulle, dans cet appartement, une bulle terriblement dangereuse. Chaque jour, elle s’y enfonce un peu plus, dans ce mutisme et cette solitude, le regard résolument tourné vers elle-même, à presque ne plus voir ni Oona ni Wighard qui errent près d’elle. Elle se fait statue, figée au-dessus du clavier, seuls ses doigts et ses yeux agités d’une vie qui semble l’avoir quitté.

Coupée du monde par le casque qui enserre ses oreilles, elle n’entend pas les petits pas dans le couloir, les frappes timides à la porte, l’attente interminable. Avant que finalement, une Oona hésitante ne baisse la poignée, n’entrouvre la porte et ne la fasse sursauter, se retourner aussitôt vers la source du mouvement en périphérie de son champ de vision. Un instant, elle craint un malheur, en voyant les yeux apeurés de la gamine et elle ôte immédiatement son casque, ferme le clapet de son ordinateur, reste là, figée, tendue à l’extrême en regardant sa fille, sa fille aussi immobile qu’elle, sur le pas de la porte. Elle serre contre son cœur sa peluche retrouvée, qu’elle a fini par nommer Vincent, lorsque Zakaria, ce héros, le lui a ramené en faisant le guignol. Le temps se suspend à l’infini, avant que l’une n’ose enfin ouvrir la bouche – ce qui ne manque pas de révéler qui est véritablement la plus courageuse des deux. « J’ai faim. » murmure Oona, hésitante, à moitié cachée derrière l’oreille restante du lapin rose. Il y a un blanc, alors que Badia cligne des yeux, une fois, deux fois, avant de réaliser. « Oh chérie ! » Elle a tôt fait de se porter à sa hauteur, de quitter son lit pour poser la plante de ses pieds par terre, tenir la petite contre elle, minuscule face à sa mère immense, sa tête franchissant à peine sa hanche. Quelle heure est-il ? A quel point s’est-elle fait irresponsable ? « On va manger un truc. Je vais bien trouver un truc à faire. » A faire réchauffer, serait plus vrai. Mais elle a accepté depuis longtemps l’idée qu’elle ne serait jamais une mère parfaite, pas même une mère moyenne. Il lui semble que la seule mission auquel elle n’ait pas failli, à propos de sa fille, c’est d’avoir réussi à la faire sortir de son corps en bonne santé. Depuis, elle enchaîne les fautes, et se retrouver soudain en tête à tête avec Oona lui renvoie en pleine face tous ses manquements.

Elle a trop longtemps relégué la gestion de leur foyer et, du même fait, de leur fille, à Sander. Et maintenant qu’il n’est plus là, elle se trouve complètement démunie, livrée à elle-même, une éternelle gamine qui ne sait s’occuper correctement d’elle-même, sans parler de prendre soin d’une mini elle. La main qui enserre celle d’Oona est un mensonge, elle rassure par la poigne tendre, oublie sa brutalité naturelle un instant, alors que l’enfer gronde au fond de sa poitrine. Mais il n’y a pas une once de douceur dans ce corps, il n’y a qu’une rage destructrice, qui la précipite dans le chaos, la pousse à saccager tout ce qui est à portée. Et Oona, elle se dresse là, invulnérable, encore sauve, par on ne sait quel miracle, épargnée par la tempête qui bouillonne près d’elle. Elle tient encore debout, alors que le monde s’écroule autour d’elle, qu’elle le contemple de ses grands yeux encore trop innocents, rassurée par la simple présence d’une peluche entre ses bras frêles.

Il y a des foyers dont la cuisine est le centre névralgique. On l’aurait désigné de la même manière, du temps de Sander. Mais aujourd’hui, elle est grise et délaissée, Badia se contente de fouiller dans les placards, trouver une conserve à seulement réchauffer. Elles demeurent là, mère et fille, debout à fixer le plateau tournant du micro-onde, écouter le vrombissement de l’engin. Et ce bruit ne fait que renforcer le silence pesant de l’appartement, l’impression de fêlure dans leur vie, comme partie au grand galop en les laissant sur le bord de la route. « Il rentre quand, papa ? » Elle murmure toujours, Oona, comme si elle avait peur de briser la pesanteur de ces lieux, amplis de mille menaces, de déchainer des orages que même les dieux de cette cité ne sauraient contenir. Et au-dessus d’elle, sa mère n’ose baisser le regard vers elle, de peur de croiser ses yeux, trop lâche pour y faire face. « Je sais pas. » Oh si, tu sais. Elle le sait pertinemment, et si elle était honnête, avec sa fille et elle-même, elle répondrait un seul mot, qu’elle n’ose prononcer, de peur de le rendre trop réel. Jamais. « Il va revenir ? » Elle s’enhardit, la gamine, tire sur la manche de Badia, réclame enfin un regard, juste un, la preuve qu’elle est entendue, que la mère qui se tient près d’elle est encore vivante, qu’elle ne s’est pas complètement effacée de la réalité. Ses petits doigts étreignent le tissu, s’y raccrochent comme à une bouée, parce que c’est bien les seuls témoins de son passage sur cette terre : les objets qui lui appartiennent.

La question, elle l’évite en se penchant vers le micro-onde qui émet quelques hurlements outrageants, se dégage de l’étreinte de la gamine, s’empare du sachet, d’une assiette qui traine, pose le tout sur la table. La vapeur qui se dégage de l’ouverture lui parait étouffante alors qu’au travers, elle croise le regard de sa fille, s’y retrouve piégée, coincée, sans savoir que faire d’autre. Parfois, il lui arrive de la détester. Malgré tout l’amour qui peut noyer son cœur, elle a une trop nette tendance à voir le monde en noir, sans aucune autre nuance. Le noir, l’infini insondable et terriblement déprimant. Et c’est facile, d’accuser la seule constante de son quotidien, la seule chose qui la retient encore de se foutre en l’air. Oona lui parait tantôt comme un garde-fou, la dernière de ses gardiennes, tantôt comme sa malédiction, collée à la peau, indétachable, et putain de dérangeante. « Maman ? » Le ton éternellement suppliant, apeuré, inquiet, beaucoup trop timide, guidé par une distance qu’elle a elle-même instauré par ses absences à répétition. Et ça lui tord les tripes, de voir son œuvre, le saccage causé dans sa propre famille, par sa seule faute. « Il va revenir hein ? Il est où, papa ? » Elle geint et dans ses yeux, il y a des éclats, des perles qui brillent de mille feux, pour ne pas dire des larmes qui menacent de déborder, et auquel seul le silence répond. Le silence de la culpabilité.

Elle a une étrange retenue, Oona, que même les adultes n’auraient pas. La peur dans ses yeux ne dévale pas sur ses joues, Vincent érigé comme barrage contre le monde entier pour la protéger des monstres cachés dans son propre foyer. De cette mère qui se dresse, les cordes vocales emmêlées par la rage, bouillonnante sous la glace craquelée. « Il reviendra pas, ton père. » Il y a des trémolos dans sa voix, des milliers de peurs qu’elle croit propre à elle-même, alors qu’Oona partage les mêmes. Ce qui sort de sa bouche est plus un grondement animal que des phrases ordonnées. Elle a perdu toute humanité depuis longtemps, éteinte quelque part au milieu des espoirs naïfs d’enfant. « Il reviendra jamais. » Et elle l’a finalement prononcé, ce mot, le sacrilège. Dire jamais, c’est renoncer pour de bon, tirer un trait sur lui, barrer au marqueur indélébile les lettres de son prénom, le virer sur leur vie à coups de balais, pour nettoyer, faire le ménage, ne surtout laisser aucun sentiment croupir dans un coin où il se flétrirait, s’enracinerait, pour ne plus devenir que de la mauvaise herbe.

Un volcan gronde en son sein, et il menace à tout moment d’entrer en éruption. La terre tremble, lorsqu’elle se met à sa hauteur, attrape les épaules d’Oona. Il y a encore de la retenue dans ses gestes, sinon, elle aurait serré encore plus fort. Mais ses mains se sont figées, il y a peut-être encore un peu de conscience en ce corps, quelque chose qui lui intime un soupçon de prudence, l’instinct de ne pas briser la seule chose qu’il lui reste. « Il est mort ton père. Mort ! » Et ce mot, elle le hurle, le hurle si fort qu’il lui semblerait qu’elle pourrait en briser les vitres. « Mort ! » Le mensonge est doucereux. Finalement, elle n’en sait rien. Mais pour tourner la page, il est bien plus facile de s’en persuader. « Mort ! Tu m’entends ? Mort ! Il ne reviendra ja-mais ! » Dans sa colère, dans ses cris, elle a encore le réflexe d’articuler, d’essayer de se faire comprendre de la petite, pour qu’une bonne fois pour toute, ça entre dans sa caboche et qu’elle n’en entende surtout plus jamais parler. « Et tu sais quoi, hein ? Tu sais quoi ? » insiste-t-elle avec des tremblements compulsifs dans ses bras, qui se répercutent dans le corps maigrelet de la fillette. « Bah c’est tant mieux ! » Ce soir, elle n’a pas l’excuse de l’alcool, d’une nuit de folie. Seulement celle de l’ennui, de l’enfermement, du trop plein d’adrénaline impossible à évacuer, contenu dans un trop petit espace, une tempête qui ne demande qu’à ravager, s’évacuer par tous les pores. Elle pue la frustration, Badia, aigrie, en colère contre le monde entier, contre ce qui se présente, même la chose la plus innocente que la terre ait porté. Elle ne la voit même plus, Oona, c’est une forme sans vie qu’elle secoue, elle ne voit pas cette terreur dans ses yeux, n’entend pas les reniflements encore contenus, parce que sa fille trop tient d’elle, a trop peur de toute relâcher, de briser les dernières barrières.

Mais ce soir, celles de Badia volent en éclat. Une implosion causée par quelques mots malheureux, un regard trop insistant, la peine légitime d’une gamine. « Parce que c’est à cause de lui ! Sans lui, on serait pas là ! Coincées là ! » Elle s’en casse la voix et, à son tour, les larmes pointent au milieu des hurlements de bête enragée. « C’est qu’un connard, c’est qu’un connard ton père ! » Elle insiste, elle insiste sur ce mot, se distancie de Sander, ne l’associe plus qu’à Oona, refuse d’en faire son mari, l’homme qu’elle a aimé. Sa colère prend une ampleur monstre, noie sa psyché, et ses paroles dépassent ses pensées. C’est des propos insensés, terriblement cruels qu’elle tient là et elle s’en déteste elle-même, parce qu’il y a toujours une part de conscience quelque part, assourdie par le chaos qu’elle précipite dans sa chute. « Il nous a laissé ! Tu comprends ça ? Il nous a a-ban-do-nné ! » Elle-même, elle s’en persuade, toute à sa folie teintée de peine, précipitée par sa façon de vivre les choses, toujours trop violemment, avec une intensité que personne ne saurait supporter, pas même elle, après des années à vivre avec.

Le grondement la prend aux tripes, provient tout droit de ce recoin sombre où les pires verrues macèrent, l’intoxiquent de l’intérieur. Elle est la première actrice de sa destruction, elle n’a besoin de personne pour porter sa croix.  « Tu crois vraiment qu’on devrait attendre son retour, hein ? Qu’il le mérite ? Qu’il a le droit d’être ton père ? » Et moi d’être ta mère ? Elle ne mérite pas ça, Oona. Elle ne mérite pas des plans foireux comme toute perspective d’avenir, une mère destructrice et un père absent. Depuis le début, elle a fait le mauvais choix. Elle aurait dû laisser Oona à d’autres, ne pas l’emmener dans la nuit éternelle dans laquelle elle s’est enfermée d’elle-même, pour se faire oublier. L’abandonner, elle aussi, l’exclure de ses projets d’avenir, comme elle l’a fait d’Ingvar, de Mahaut, de tous les autres. Elle l’aurait regardé grandir de loin, n’aurait plus porté le poids de la responsabilité. Et peut-être qu’un jour, elle aussi, elle serait parvenue à l’oublier. « Et on est là ! Tou-tes-les-deux ! » Il y en a qui l’aurait érigé en force, cette constatation, aurait assuré, qu’aux moins, il leur restait quelqu’un sur qui compter, pour toujours. Un autre aurait parlé de conneries de serrage de coudes, de présence jusqu’au bout, de l’importance de l’autre. Mais Badia, elle crache dessus, tous crocs dehors, effrayée de se retrouver face à face avec sa fille, sans personne d’autre derrière qui se cacher. Elle n’est bonne qu’à la serrer dans les bras en silence, sans rien dire, la planter devant des dessins animés, lui faire réchauffer un pauvre plat préparé. D’elle-même, elle s’est effrayée des responsabilités prises, s’en est distanciée, parce qu’elle n’a jamais eu de modèle, elle, ne sait comment se confronter à un enfant, comment en élever un. Parce que son premier réflexe, c’est de lui dire [i]démerde-toi[i] plutôt que de l’amener vers la bonne voie. Comme on a toujours fait pour elle.

(c) oxymort | @Wighard Wolden

Wighard Wolden
Wighard Wolden
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Arrivée : 17/01/2020
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Avatar : Karl Urban
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Thèmes abordés : alcoolisme, addiction, deuil, langage cru, violence
Infos RP : pris / rp le week-end / 800-1000 mots, dialogues en fr/eng au choix
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Âge : 46
Occupation : Gardien à la beauté, bénévole à l’orphelinat, ancien flic qui veut changer le monde. Loyauté aux rebelles et inscription aux alcooliques anonymes.
Statut : En couple avec Zhenka
Famille : Rebelle, infiltré qui connaît ses priorités, et pourtant rattaché à la beauté, gamin qui veut être aimé, soigne ses daddy issues avec Odin
Hors-rp

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Message Mer 25 Mar - 22:15

I want to break things
@Badia Myrhe | Début mars 2020



La clef est enfoncée jusqu’à la garde dans la serrure, mais tes doigts refusent de quitter le métal devenu froid comme la mort. Ils sont collés, insensibles sur le petit rond d’acier. La chair de poule remonte le long de ton bras, anime tes tatouages d’une vague qui semble presque vivante. Tu es fasciné par les sons qui échappent de l’appartement confiné. Fascination malsaine qui te donne la nausée alors que les souvenirs s’échappent de ta mémoire avec autant de fracas que la frustration de la mère. C’est primitif, la sensation qui te projette hors de ton corps. Lutter ou fuir. Tu restes en place, incapable de bouger derrière la porte et ton corps bloqué, raide, articulations et muscles statufiés dans l’attente d’un coup qui ne t’es plus destiné. Très loin au fond de toi, il y a un enfant qui ne veut rien avoir à faire avec le drame derrière la porte. Il y a un enfant très loi en toi qui aimerait juste dissocier, ne pas être là, ne pas avoir à encaisser ça en plus du reste, parce que c’est ce qui risque de briser tes rotules à tout jamais. Ça se crispe en toi, ça hurle danger, un instinct plus ancien que tout le reste.

Elles ne sont pas toutes les deux. Pas que toutes les deux. Cela prend un village d’élever un gosse et d’enterrer une morte. Elle est bien entourée, pour une morte en cavale. La rébellion serre les rangs autour des siens, se serre les rangs. C’est une bouffée d’air pour toi, après les néons à la gueule de kaléidoscope, les apparences et les suffisances de Rodsand, les gueules de papier glacé que rien ne perce surtout pas les lumières tamisées, des écrans avec rien derrière. Ils rirent peut-être un peu trop fort, gueulent trop fort, ont des rêves pleins la tête et un foie bleu comme la cirrhose et leurs bars, mais ils sont là en cas de coup dur. Prêts à tout. Une famille, puisque ton foyer s’est désagrégé sous les regards des dieux.

Elles ne sont pas toutes les deux. C’est chez toi aussi. Mais tu n’as pas conscience de ce qui se passe derrière les portes closes. Ton passé de flic te rappelle qu’on ne sait jamais ce qui s’y passe. Tu n’as pas conscience à quel point ta voix de stentor déchiffre trop souvent le silence à couper au couteau de l’appartement. Tu sais, pourtant, à demi-mot, comment elle devient invisible lorsque tu occupes Oona. Du maquillage, un livre de coloriage, c’est une baguette de fée qui s’abat sur l’appartement et fait disparaître Badia, soudainement retirée derrière son écran, comme si elle ne faisait pas partie du décor. Elle a besoin de ce temps à elle, tu supposes. Tu connais les cages et l’envie de te de défouler contre quelque chose. Mais elle est en vie, et sa fille aussi, et peut-être que tu es égoïste, à profiter de cette impression réconfortante lorsque tu rentres. Tes journées sont courtes, tes nuits longues. Tu ne passes jamais assez longtemps sur ce canapé, toi. Cela fait 13 ans que tu n’as plus vécu seul.

Mais sur le moment, tu ne penses pas à ça. Combien de temps, tu restes là, à entendre, comme dépossédé de ton corps et de ton instinct ? C’est l’autre gamin, celui qui se prenait des yeux au beurre noir pour tenir tête aux grands et aux tyrans, celui qui cherchait la bagarre pour protéger les autres, constamment qui réagit.  Tu entres en tempête. « - Stop. » Tu te retrouves à gueuler plus fort qu’elle, ta voix vibrant de rage dans l’air. Tu brises surtout l’hystérie et la crise de nerf. Ta mâchoire te fait mal d’avoir été tant serrée. Tu t’es interposé de tout ton corps, tu lui arraches Oona des mains pour la hisser contre ta poitrine, les bras protecteurs, le buste à demi tourné. C’est un rapt caractérisé, rapide. « - Stop. » Tu répètes plus calmement, la provocant du regard. Tu ne devrais pas être aussi furieux après elle. Elle aime Oona, au fond. Elle ne l’a pas frappé, non plus. Ne la frapperait jamais, tu en doutes. Dans un sens, sa rage ressemble aux hoquets d’Oona : incompressible, incompréhensible. Elle s’auto-génère, engrenage à bout de nerfs qui demande juste qu’on y mette un stop rationnel. Qu’on l’arrache de force au maelstrom de colère, qu’on la brise du délice d’être irrationnelle et une tempête. « - Don’t fucking move. » Tu la menaces d’un grondement sourd,  tes propres crocs aiguisés d’une retenue impitoyable, avec la supériorité du calme sur la rage sans visage.
La porte claque dans ton dos avec assez de fracas pour secouer tes fantômes.

--

Tu ne sais pas comment tu es arrivé là. Mécanisme inconscient de ton corps, de ta mémoire – la fuite vers les pénates. La fuite vers le troisième larron orphelin. La fuite vers la sécurité. Les dernières minutes ont été inconscientes, uniquement comptées par les larmes de Oona qui coulent enfin, et trempent ton col. Tu sens encore l’alcool et les fumées des bars, tu as encore ton revolver à la ceinture et elle pleure comme une orpheline : en silence. Accrochée dans ton dos, Vincent te forme une cravate, serré entre ses petits poings. Tu ne t’es pas demandé où tu allais l’emmener. Est-ce que tu avais le choix ? Tu ne peux pas mentir à Zhenka, Zhenka aurait posé des questions. Et les autres… Tu abuses de ton privilège, de la promesse que tu peux tout lui demander.
Tu as déjà frappé à la porte familière, péremptoire. Les trois coups, les six coups exigent une réponse. Tu laisses Oona glisser le long de tes jambes, se cachant dans ton dos et ta main trop large sur son petit corps la conserve près de toi, rassurante. La contradiction est criante, entre ton corps qui crie violence et menace, et la souplesse de tes doigts qui racontent une comptine. « - Tu es sobre ? » Les premiers mots qui te viennent, agressifs, exigent une réponse immédiate. Tu lui coupes la parole et t’impose dans l’entrebâillement – d’une main tu t’accroches au chambranle, obscurcissant la lumière du couloir de ta masse, de l’autre, tu saisis Ingvar par la nuque. Au dernier moment, ton geste s’adoucit, mais ton regard observe ses traits avec une attention clinique. « - J’ai besoin d’une faveur, ne pose pas de question. Je t’expliquerais plus tard. Tu soulèves Oona en douceur, et la confie à son oncle – si tes gestes n’étaient pas aussi mesurés, on dirait même que tu la fourres dans ses bras. Tu t’assures qu’elle a bien Vincent serré contre sa poitrine et tes doigts effleurent la poitrine d’Ingvar pour t’assurer que le doudou ne va pas chuter. Un instant, un mirage, la tendresse reprend le dessus sur tes traits, aussitôt ravalée par une dureté intransigeante. Tu n’as pas le temps. Pour l’instant, elle a eu une grosse frayeur et n’a pas mangé. Ne demande pas. Juste ça. » S’il t’as un jour aimé, et toutes ces conneries. S’il a un jour aimé Badia. S’il a un jour aimé Oona. S’il y a encore en lui une once de l’homme que tu avais appris à aimer, il y a tant d’années. S’il est encore capable de se battre pour ce à quoi il tient.

--

Sur le chemin du retour, tu retrouves la flasque qui dort au fond des poches de ton manteau. Les rasades engloutissent le petit artefact de métal en un rien de temps. Paradoxalement, tu retrouves ton sang-froid et ton calme dans un cul sec. Tout est trop silencieux lorsque tu remontes à l’appartement. Irréel. Comme si rien ne s’était passé. Comme si tu n’avais pas larmes et bave d’enfant de sept ans sur ton col. Tu salues gentiment la voisine, pressant ton dos contre la rampe d’escalier pour la laisser passer. Tu as besoin d’avaler les marches, de te préparer psychologiquement.
La crainte de la porte : tu la braves en l’ouvrant avant de réfléchir. Tu vas tomber sur quoi, à part l’odeur entêtante du micro-onde, là-dedans. Tu croises son regard et ta pupille accuse une sorte de surprise indicible. Le genre de chose que tu ne déballerais pas sans le regard d’un psychiatre qui joue le jeu d’un démineur. Tu ne parles de tes maux en utilisant l’humour comme lubrifiant, ou sur le canapé d’un professionnel. C’est dangereux, autant de fêlures, on ne sait pas par où ça va fuir en premier. Tu restes dans l’encadrement de la porte. Lentement tes épaules se détendent, imperceptiblement et emportes avec elle un soupir lourd. Las. Tu t’allumes une cigarette quand tu demandes gentiment : « - T’as fini ? »



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Message Mer 25 Mar - 23:41

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Oona. Il y a une dizaine de secondes qui se passent pour que l’information intègre l’esprit. Un. Whighard est là. C’est lui qui a frappé tant de fois sur la porte, avec une hargne à te glacer le sang, à pester contre le vent. Deux. Il t’a réveillé. C’est urgent. Trois. Il y a une enfant à ses côtés. Quatre. C’est très urgent. Il a la face de la colère, la face des problèmes, la face qui ne laisse pas place à la discussion. Cinq. Il a besoin de toi. Six. Comment est-ce qu’il peut avoir besoin de toi ? Sept. Non. Il doit avoir quelque chose à te dire. Huit. Qu’est-ce que tu as fait de mal ces derniers jours ? Ces dernières semaines ? Ces derniers mois ? Neuf. Est-ce qu’il va enfin te parler ? Dix.

Oona.

C’est Oona à ses pieds.

Le palpitant loupe un battement tandis que l’esprit s’emballe. Pourquoi. Comment. Est-ce un mirage, un rêve trop profond dont tu peines à t’extirper ? Il ne t’accorde pas le temps de répondre, tu acquiesces juste, la tête en vrac, le visage encore chiffonné du sommeil qui venait de t’étreindre. Mille questions te brûlent les lèvres. Où est-ce que tu l’as trouvée ? Qu’est-ce qui se passe ? Où est-ce que tu vas ? Est-ce que la fin des temps est proche ?

Ne pose pas de questions.

D’accord, tu obtempères. Tends les bras vers la gamine qu’il te confie. Au fond de ta poitrine, le cœur se gonfle d’amour, de reconnaissance, de soulagement, si bien que tu en oublierais presque l’angoisse. Il n’y a que Oona qui importe à l’instant, tu n’as que faire de tes propres ressentiments, te moques même bien de ce que Wighard peut bien mijoter à l’instant. Non. Pas vraiment. Sois prudent que tu lui glisses, mais le voilà déjà parti. Et Oona est dans tes bras.

Si l’esprit peine à appréhender ce qui se passe, l’instinct protecteur prend volontiers le dessus. Sert contre toi la pauvre gosse tremblante. Tu saisis tendrement le doudou que tu fiches à hauteur de tes yeux, l’observant attentivement. « Eh bien mon grand, je suis bien heureux de te revoir. » Tu déposes un baiser tendre sur le front de la fillette « Et toi donc, tu m’as manquée ma belle. » Tu refermes la porte restée à moitié ouverte et, alors que tu te retournes, découvres à peu près la même expression que tu devais afficher une minute plus tôt sur la tête de Loukoum. « Et je connais quelqu'un d’autre qui semble très heureux de te voir. »

Le plus beau jour de la vie de ce chien, à n’en pas douter, selon les gémissements qu’il pousse, les glapissements qu’il laisse passer malgré ta demande de se calmer – tu ne voudrais pas avoir le voisinage sur le dos. Tu gardes la gosse dans les bras le temps que l’animal se fasse à l’idée de retrouver sa maîtresse sans risquer de l’étouffer sous tout l’amour qu’il a à lui donner. Mais Oona réclame la bête et tu te retrouves bien obligé de la déposer, essayant vainement de tempérer la brusquerie du husky. L’échec est terrible. Tu finis à terre, la gamine et le chien aussi. Mais ça a au moins l’avantage de la faire rire, Oona. Tu vois sur sa face illuminée qu’en ce moment, peu importe ce qui a provoqué son chagrin, peu importe ce qu’elle a pu vivre pendant les derniers mois, elle a oublié. Elle ne pense plus qu’à son chien heureux de la retrouver, et toi à son rire fluet et ses larmes séchées.

Tu installes ta nièce au fond de ton canapé, retires ses godasses avant de l’enrouler dans un plaid. Le husky ne la lâche pas d’une semelle et Udo l’imite, par mimétisme, parce que la petite semble lui avoir manqué à lui aussi. Il lui apporte son jouet préféré avant de se coucher à l’opposé de Loukoum, la voilà bien entourée. Les chats observent de loin l’effervescence, t’interrogent du regard. Quand tu lui demandes si elle veut manger, elle n’ose pas d’abord, marmonne qu’elle n’a pas faim. Tu hausses doucement les épaules, rétorques que tu cuisines et tant pis si au final elle ne mangera pas. Il n’y a rien de grave. Absolument rien de grave. Tu la vois un peu plus inquiète, maintenant que l’euphorie des retrouvailles est passée. Alors la pulpe de tes doigts effleure délicatement sa joue, tu lui murmures qu’elle est en sécurité ici. Qu’elle a la droit d’avoir peur, d’être triste, que toi tu n’as rien à savoir pour le moment, que tu es juste là pour prendre soin d’elle.

Il n’y a pas grand-chose au fond des placards pour le repas d’une enfant de six ans à minuit passé. Des pâtes et un peu de fromage râpé feront son bonheur – tu l’espères. Elle ne te lâche pas des yeux, blottie contre son chien, une main sur Udo qui semble tout aussi prêt que son comparse husky à protéger la petite au-delà de la mort elle-même. Ca la rassure Oona. Et toi tu arrives à lui arracher quelques rires, à mimer un slow avec un Tequila outré mais coopératif, à jongler avec ta cuillère en bois finissant dans tes dents, à tenter par tous les moyens en ta possession en l’instant pour lui changer les idées, tout ça en pyjama. Tu lui proposes un t-shirt en guise de robe de nuit, elle accepte l’idée par un timide signe de tête. Finit par manger d’un appétit insoupçonné une fois que tu lui fiches la bouffe sous le nez, elle ne peut pas y résister. Elle va mieux, le ventre plein, entouré des chiens et de ta présence rassurante.

Tu lui dis, qu’elle peut avoir ton grand lit pour elle seule. Mais sa minuscule paluche vient agripper la tienne avec une force qui t’étonne et les yeux implorent ce que les lèvres n’osent demander. Elle n’en a pas besoin, tu as compris. Tu la hisses sur le matelas, la rejoint sous la couette tandis qu’elle se blottit instinctivement contre toi. Tu as laissé les chiens vous rejoindre – Loukoum ne t’aurait de toute façon pas laisser dormir si tel n’avait pas été le cas. Sur les traits de ta nièce, l’inquiétude persiste. Ta main passe le long de sa chevelure, de son dos. Tu te mets à fredonner, doucement avant de te mettre à chanter tout contre elle, juste pour elle, ce qui doit sans doute être la seule berceuse que tu connaisses par cœur. Celle que les plus grands de ta bande d’orphelins transmettaient aux plus jeunes à force de la leur répéter. Elle finit par s’endormir, Oona. Et c’est irréel. De l’avoir là, dans tes bras, alors que ce matin encore tu te demandais où elle pouvait bien être – te refusant l’idée qu’elle aussi, ne fasse plus partie de ce monde. Maintenant qu’elle dort, ainsi plongé dans la pénombre et le flou, les questions gangrènent à nouveau l’esprit. L’incertitude, aussi. Que vas-tu faire demain ? Quand est-ce que Wighard reviendra ? Tu serres la gamine un peu plus contre toi. Peu importe ce qu’il adviendra, pour elle, tu seras là.
Badia Myrhe
Badia Myrhe
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Pseudo : awona (peluche)
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Thèmes abordés : violence verbale et physique, vulgarité, deuil, armée
Infos RP : une à deux semaines de délai ; longueur variable selon les rp, chill, on s'adapte ; <ba></ba>
Comptes : maja & eira.
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Pronoms rp : elle/she/her
Âge : 40 ans.
Occupation : Une nouvelle fois, c'est la nuit et les combats clandestins qui l'ont happé, mais elle y officie désormais comme maitresse des paris plutôt que sur le ring.
Statut : Il n'y a plus que les fantômes pour l'observer, veuve qui cherche à se relever de sa perte, jusqu’à nourrir l’étincelle avivée par Ulrik.
Famille : La rébellion fait office de famille, de dernier repère dans l'obscurité. Armurière affutant leurs armes, refusant de rester sans défense.
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Message Sam 28 Mar - 16:25



but at night, turn to a monster


◊ ◊ ◊

Au cœur de l’orage, il y a toujours un éclair qui s’abat plus violemment que les autres et ravage le monde. Et au jeu de celui qui hurlera le plus fort, c’est Wighard qui s’impose et défie toute concurrence. Il brise le face à face des figures féminines de ce foyer, ces deux visages en larmes qui se fixent, terriblement semblables, indissociables, le reflet l’une de l’autre, seulement séparées par les années qu’il reste à gravir à Oona. Mais au milieu de leurs ressemblances, il y a le bleu des yeux de Sander, le bleu de l’évasion, autrefois, qui n’est plus qu’oppression aujourd’hui. Elle aimerait les oublier, ces iris, les bannir au fin fond de sa mémoire, les piétiner en détournant le regard. Et c’est Wighard qui l’en défait et rompt le contact, lui arrache la gamine des bras. Oona enfouit son visage contre son torse, et ses yeux s’évanouissent dans l’ombre. Ce n’est plus qu’une poupée de chiffons saisie d’hoquets compulsifs qui git dans les bras du gardien, minuscule entre les bras du géant.

La rage lui retourne les entrailles et alors qu’il la toise de haut – elle toujours accroupie – elle se tend, aurait presque envie de lui bondir dessus, de lui lacérer la gueule de ses griffes, de ses crocs, reprendre ce qui lui revient de droit, sa chair, son sang. De quel droit s’empare-t-il d’Oona ? Mais il se fait dompteur de lion, montre des crocs bien plus impressionnants que les siens, aboi des ordres qui retentissent dans l’appartement, font gronder les murs. Et elle n’ose plus un geste malencontreux, se contente de l’observer par en dessous, fauve en furie, les yeux alertes, prête à lui bondir dessus au moindre faux pas. On met en cage la tempête qui gronde en elle, la cloisonne au fond de sa poitrine. Mais elle est toujours là, vibrante de destruction, n’attend que la première occasion de se libérer et de ravager le monde. Et peut-être qu’il l’a compris, parce que malgré son calme et sa supériorité, il bat en retraite devant le fauve enragé.

La porte claque et c’est comme si l’impact se propageait jusqu’à elle. Lorsqu’il n’y plus personne, que le silence la rattrape, elle s’écroule.

C’est un petit tas de loques recroquevillé contre les tiroirs de la cuisine, dans l’ombre du plan de travail, caché du reste du monde. Et la fureur qui anesthésiait la douleur disparait. Dans sa poitrine, il y a soudain un grand vide. Elle a beau fixer les ombres, elle ne trouve aucune réponse aux questions qui grignotent sa psyché. Le silence et le froid se fraient un chemin jusqu’à elle, la font frissonner. Et seule face à elle-même, elle prend soudain l’ampleur de ses actes. Mais qu’as-tu fait ? La réponse devrait se trouver quelque part dans son cerveau dérangé. Elle devrait pouvoir se comprendre elle-même, avoir une once d’empathie pour elle-même. Mais elle a beau chercher, retourner son cœur et son esprit, elle ne trouve rien. Aucune explication. Aucune raison. Choquée de la folie qui s’est emparée de son esprit. Et tu l’aurais frappé. Cette voix terriblement dérangeante dans un coin de son esprit la terrifie. Non, non, non… jamais… Mais enfant, ne disait-elle pas que jamais on ne la séparerait d’Ingvar ? Une fois en Norvège, n’assurait-elle pas que jamais elle ne retournerait à Senja ? Mariée, n’avait-elle pas juré de ne jamais tromper Sander ? Les jamais n’ont guère eu d’incidence sur sa vie. Les limites qu’elle se pose elle-même, elle les transgresse, bafoue les lignes sans aucune dignité, sans s’inquiéter des conséquences. Viendra bien un jour où quelqu’un mettra un terme à sa folie.

La honte l’accueille comme une vieille amie, la berce et l’embrasse. Qu’as-tu fait ? A chaque seconde qui file, elle se sent encore plus minable, choquée de ses actes, de sa propre colère, des hurlements qu’elle a poussé et des accusations qu’elle a proféré. Tu tournes pas rond, ma vieille, vraiment pas rond. Ses doigts fouillent son cuir chevelu, grattent à s’en faire mal, s’en faire saigner. Il y a quelque chose qui la dérange, la démange, elle se sent sale, terriblement sale. Mais l’eau et le savon ne feraient que glisser sur elle, ne laveraient rien. Il lui semble que rien ne pourrait le faire, que ses péchés lui colleront à la peau à tout jamais, et que rien ne pourra l’en absoudre. Elle est condamnée à les porter à bout de bras, à supporter son fardeau, ployer l’échine sans espoir de rédemption. Parce que tu ne le mérites pas. Et toutes ses larmes n’accorderont jamais de pitié. Elle a beau hoqueter comme Oona peut le faire, s’étouffer dans ses pleurs, trembler, les genoux ramené contre sa poitrine, elle ne le mérite pas.

Ils ne reviendront pas. Cette certitude la frappe, la solitude enserre son cœur entre ses griffes. Elle n’ose fermer les yeux, contemple le vide avec de grands yeux effrayés, encore plein de larmes, qui n’osent même plus s’échapper, bercent ses pupilles et floutent sa vision. Elle observe les ombres, recroquevillée sur elle-même, voit des fantômes dans les silhouettes houleuses projetées par les lumières extérieures, filtrées par les fenêtres. Il y a des yeux, partout en ces murs impersonnels. Elle est seule, terriblement seule, n’a plus que ses propres bras pour se rassurer, et pourtant, il lui semble que mille et une personnes sont là, à l’observer, juger sa personne. Ils forment un tribunal, là, tous, la condamnent en silence.

Ils ne reviendront pas. C’est trop tard. Ils sont partis, comme ils le font tous. Un énième abandon. Répétition infinie, comme une malédiction. Condamnée à tous les perdre, un par un, à voir la moindre construction à laquelle elle s’accroche s’ébranler. Et c’est elle, c’est elle qui les détruit, les tire vers le bas, les fait s’écraser au sol. Peut-être vaut-il mieux qu’elle reste là, tapie dans l’ombre d’une cuisine qui n’est pas la sienne, ne le sera jamais, dans un appartement qui ne porte pas son nom. Et si elle ne bouge pas, qu’elle ne fait surtout aucun geste, peut-être finira-t-elle par disparaitre, par vraiment mourir. Les ombres se resserrent autour d’elle, rampent sur son corps, la couvre d’opprobre. Ce serait si facile de disparaitre. Il suffirait d’attendre. Le temps finira bien par l’emporter.

Ils ne reviendront pas. Pourquoi reviendraient-ils ? Elle ne le mérite pas. Et s’ils revenaient, que dirait-elle ? Se confondre en excuses ne servirait à rien, si ce n’est qu’à proférer des mensonges. Parce que s’ils revenaient, elle ne serait obsédée que par une seule pensée : à quand la prochaine implosion ? Et cette fois-ci, y aura-t-il Wighard pour l’arrêter ? Il ne sera pas toujours là. Ce n’est pas son rôle, de la surveiller, de jouer la police. Il a déjà fort à faire, lui rend trop de services. Il ne devrait pas s’embarrasser d’un tel boulet. Pourquoi la supporte-t-il, depuis tant d’années ? Comment font-ils, tous, pour la regarder dans les yeux, lui vouer respect et admiration ? Pourquoi ? Ils ne comprennent donc toujours pas, quel monstre elle est ?

Lorsqu’il passe à nouveau la porte, elle ne pleure plus. Les larmes ont séché sur ses joues et se sont craquelées. Elle est trop étonnée de sa présence pour réagir à son retour. Ses yeux le suivent, stupéfaits. Combien de temps est passé ? Il fait toujours noir, au dehors. Mais peut-être que c’est sa malédiction, de ne plus jamais voir la lumière du jour, voguer dans l’obscurité et que même le jour lui paraitra sombre désormais. Possible que depuis sa fuite avec Oona, des jours ont passées. Peut-être des années et que, maintenant, elle a grandi, et la déteste, cette mère indigne. Ce serait dans l’ordre des choses.

Il est là, dans l’embrasure de sa porte, et l’étincelle d’une cigarette berce son visage d’une lueur chaleureuse, alors qu’elle reste là, plongée dans le noir, à croire qu’elle pourrait s’y enfoncer à tout jamais et y disparaitre, pour ne plus jamais avoir à soutenir ce regard-là. Et pourtant, dans sa voix, il n’y a aucune trace de rancune. Son cœur ne s’en plombe qu’un peu plus. Elle aurait préféré qu’il lui hurle dessus, qu’il la secoue, qu’il reproduise les mêmes gestes qu’elle a eu pour Oona. Histoire qu’elle comprenne ce que cela fait, qu’elle prenne conscience, parce que la réalité de ses actes ne parvient toujours pas à son cerveau, comme si elle ne pouvait pas l’appréhender, que quelque chose bloquait. Elle-même, elle n’y croit pas, abasourdie. Tu as osé faire ça ? questionne une petite voix dans sa tête, et une autre le répète, et une autre, et des milliers d’autres, en écho infini. Et ensuite, qu’aurais-tu fait ? Il devrait le savoir, Wighard. Y-a-t-il pensé ? A la violence qu’elle déchaine autour d’elle, sans que jamais elle n’ait esquinté son cocon familial ? A-t-il assez foi en elle pour se dire que jamais elle ne reproduirait les gestes que des adultes ont eu sur l’enfant qu’il a été ?

Dans les yeux qu’elle lève vers lui, il y a une infinie douleur, une terreur sourde, teintée de sa honte perfide. Pourtant, elle ne devrait pas avoir la force de redresser son regard. Elle devrait le garder résolument tourné vers le sol, et s’oublier. Mais en elle, il y a toujours cette quête de chaleur et de présence humaine, méritée ou non. En recherche constante d’affection, à craindre qu’on ne l’abandonne, encore et encore. Seule à braver le chaos qu’elle génère elle-même. Ingvar la protégeait, il y a longtemps. Puis, il est parti. Et depuis, il n’y a plus qu’elle-même. Et sa voix tremble, incapable de supporter le poids de ses pleurs qui menacent de revenir. « Je pensais que tu ne reviendrais pas… » Tu aurais peut-être dû. Et la prochaine fois qu’il serait venu, elle n’aurait plus été là. Qu’un corps sans vie, aux yeux éteints. Pour tous les libérer de sa présence pesante. « Oona va bien ? » C’est un chuchotement qui passe la barrière de ses lèvres. Elle ne se sent pas légitime à prendre de ses nouvelles. Plus maintenant. Mais ne l’a-t-elle jamais été ?

(c) oxymort | @Wighard Wolden

Wighard Wolden
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Message Mer 6 Mai - 11:04

I want to break things
@Badia Myrhe | Début mars 2020


Tu t'es adossé contre le chambranle, laissant l'ivresse se tasser un peu dans tes veines. Les quelques lampées t'ont donné le vertige. L'alcool est monté vite à tes tempes, on dirait un petit singe qui claque ses cymbales, massage cardiaque pour faire repartir ton anxiété. Ta gorge est encore à vif, sceau d'infamie causée par le whisky dans ta gorge. Tu es extrêmement conscient de ta glotte enflammée. Sa chaleur se diffuse dans ton organisme, comme une rouille qui s'étend et corrode tout. A défaut que la rouille ait la couleur de la culpabilité. Tu n'as même pas réalisé ton geste avant de sentir la chaleur grimper le long de ta gorge. Maintenant, tu encaisses, en évitant de penser au nouveau précipice qui vient de se rajouter à celui créé par Badia. De l'autre côté du gouffre, ta soeur. Il y a le silence des lieux autour de vous.  Les lumières de l'appartement ont été absorbées par le néant derrière les vitres. Rodsand ne dort jamais mais vous êtes dans les étages et la nuit est de plomb à Senja, tombant tôt pour ne jamais se relever.
Tu détestes le sentiment qui grouille au fond de ton ventre. Te voilà soudain acteur de tes cauchemars réccurents. Le croque-mitaine qui punit les enfants des parents pas sages et les rendent orphelins. Te voilà voleur d'enfant. A quoi tu as pensé ? Qu'est-ce que tu vas lui dire ? Qu'elle reverra sa fille lorsqu'elle saura mieux se comporter ? La nausée. Tu n'as pas considéré le long-terme. Comme Badia, pris dans l'émotion. La priorité.

Pourtant, Oona était bien légère dans tes bras et s'accrochait plus à ta chemsie qu'à sa mère. Tout du long, tu as senti son coeur battre en harmonie dans tes côtes, et ses hoquets se restreindre contre le cocoon de tes bras. La tentation de se prendre au jeu, de croire qu'il pourrait être père, est grande, mais la mère ressemble à la fille : même larmes craquelées sur son visage. Badia a appris à hoqueter en-dedans. Tous les orphelins ont le truc.

Sa voix rompt le silence, la rend réelle, dissipe les ombres qui s'étaient formées autour d'elles. Ce n'est pas une créature de cauchemar et de traumatismes. C'est ton amie, ta soeur et elle souffre, saigne, à vif comme cet être d'émotions et de passions sait le faire. Elle se consume. Tu t'approches lentement, la porte refermée derrière toi, cadenassant la réalité extérieure. Le premier pas te coûte, mais il dissipe les entraves du passée. Il rabat la couverture sur l'enfant en toi. Il dévoile Badia cachée sous le lit en attendant que le monstre en elle s'en aille.

Est-ce que Oona ira bien ? Depuis le début du cataclysme, de la cache, vous jouez à un jeu de marionnette pour la petite. Comme si tout était normal, de ne pas aller à l'école, de n'avoir aucun ami à par d'autres, cachés dans la cave d'un bar. Tout a pris l'ampleur d'une aventure. Il faut que tout ait l'air normal, alors que rien ne l'est. Est-ce qu'elle ira bien, après tout ça ? Quel sera la fin de son histoire ? Tu ne crois guère au miracle de Sowilo. Oona est-elle condamnée à la clandestinité ? Destinée à prendre les armes à la mort de sa mère, de son père, de son oncle, jusqu'à tomber elle-même sous le joug de c'est pas de chance et des fautes de ses parents, de la fierté de ses parents ?  Un jour il y faudra bien qu'elle évoque ça autour d'un verre, comme si de rien n'était, comme si les mots ne brûlaient pas ses lèvres Ma mère s'est faite passée popur morte. . Un jour il faudra expliquer qu'elle n'a pas de papiers concernant les impôts payés par son père, car il a disparu. Non, elle n'a pas de certificat de décès, ni de disparition. Oona ira bien, elle aura de meilleurs souvenirs d'enfance que vous deux réunis. Elle a des gens qui l'aiment et qui démonteraient le monde pièce par picèe pour elle. Mais elle n'aura pas une enfance normale, non.  Est-ce qu'elle sursautera, la prochaine fois qu'on haussera la voix ? Est-ce qu'elle deviendra claustrophobe à avoir passé tant de temps enfermés ? Est-ce que ses grands rires qui agitent tout son corps et noient ses yeux trop bleus de larmes de joie, quand tu fais le pitre, compenseront les habitudes de petites souris que tu lui vois par fois prendre. Se taire. Jouer en silence. Etre discrète. S'endormir sur le tapis plutôt que demander à aller au lit. Tu n'aimes pas ça. Cela te rappelle trop de mécanismes de survie, que tu connais trop bien.

Tu ne peux pas répondre à cette question sans mentir.

L'ombre fait des précipices sans lumière sur son visage. Elle noie ses yeux dans deux puits sombres, elles fissurent son visage de larmes craquelées. « - Elle est saine et sauve. Chez Ingvar. » Encore quelque chose dont tu n'as pas pensé aux conséquences. Un psy serait certainement satisfait de toutes les choses que ton geste dit sur toi. Chez Ingvar - la porte éternellement close au nez de Badia. L'endroit interdit. Sa fille inacessible. Mais elle sera choyée. Tu te rend pas compte des différences entre les deux appartements et de la cruauté de la comparaison. «- Elle ne commprends pas tu sais. C'est une enfant, pas une mini-toi. Pas une mini-Sanders. » Tu t'avances avec un soupire, plaquant tes paumes contre tes yeux. Homme adulte qui n'a plus peur de ses démons. Ces moments-là te rappellent à quel point tes fantômes te menottent encore. Tu es entré dans la police autant pour protéger les autres que pour être capable de te défendre. Tu es entré dans ta caste autant pour protéger les autres que pour être utile, chasser le spectre de l'orphelin mal-aimé.

« - Je vis ici, tu te rappelles ? Bien sûr que je vais revenir. »  Au-delà de la taquinerie, l'éternel ressac de ta personnalité. Ton sourire est un peu torve, de traviole, mais tu viens poser ton cul sur l'accoudoir du canapé, t'asseyant proche d'elle, dans le contre-jour des lampadaires. Passage de témoins, calumets de la paix : les braises rougeoyantes de ta cigarette volent dans l 'air quand tu lui tends. Bien sûr que tu reviens. Toujours. Tu es incapable de faire autre chose c'est ton côté frizbee bonus peur de l'abandon. Tu soupires un long rai de fumée sombre et l'observe avec une inquiétude qui se déverse sur tes traits. « - C'était quoi, ça ? » Tu sais la réponse. Tu veux l'entendre. Tu veux crever l'abcès. Tu sais que les circonstances la bouffent et que ce confinement immobile n'est pas une vie, surtout pas pour quelqu'un contre elle. Qu'elle a son propre deuil à gérer, en plus de tout le reste, les situations qui vous échappent et viennent vous mordre les couilles. La coupe est pleine.  Elle déraille et s'est autorisée un instant à se complaire, enfin, dans sa rage et son impuissance. Parce que Oona est bien la seule sur laquelle Badia a le moindre pouvoir, actuellement.



Badia Myrhe
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Message Dim 10 Mai - 17:24



but at night, turn to a monster


◊ ◊ ◊

Jamais aucun titre n’a mieux convenu à une personne que celui de gardien à Wighard. Il a été le gardien de vos heures les plus obscures, le gardien de vos secrets, de votre sécurité. Même au plus profond de la nuit, il a été là, à garder vos âmes en peine, embrasser vos fronts avant que vous ne vous endormiez. Pas une fois il n’a dévié, pas une fois il n’a fauté. Et même maintenant, alors qu’il a emmené avec lui la dernière chose sur laquelle tu peux encore veiller, tu ne peux pas lui en vouloir. Il s’est fait gardien d’Oona avant d’écouter tes cris. Il l’a protégé. Et c’est bien tout ce que tu lui demandes. Ça t’importe peu, qu’il te laisse tomber, s’il emporte au moins avec lui ta fille, sauve la dernière chose de sauvable dans ce foyer en lambeaux, qu’on a piétiné par trop de fois pour qu’il ne se relève intact. Alors quand il t’annonce qu’elle est saine et sauve, tu ne cherches pas à comprendre, tu le crois. Parce qu’il ne peut en être autrement, jamais il ne te mentirais. S’il voulait te mentir, il t’aurait servi des mensonges beaucoup plus doux que cette vérité abrupte qui sonne en quelques mots. Il ne s’épanche pas, Wighard, semble encore ruminer tes actes. Ce n’est qu’en l’observant que tu prends conscience de ce que tu lui infliges au quotidien. Il n’a de gardien que le titre, le métier. Il ne devrait pas se tenir là et prendre cette place devant toi. Il est ton ami, ton frère. Il n’a pas la responsabilité de te sauver de toi-même.

Elle est chez Ingvar. Peut-être que si tu t’accordais deux minutes de réflexion en plus, tu saisirais à quel point cette idée est mauvaise, et tous les risques qui en découlent. Mais toi, tu ne vois rien. Ce soir, la douleur t’anesthésie, t’ôte toute autre pensée parasite. Elle est saine et sauve. Et Ingvar saura prendre soin d’elle comme il a pris soin de toi il y a de cela plus de trente ans. Sauf qu’aujourd’hui, il est capable de lui offrir un foyer décent, à Oona. Une chance que vous n’avez pas eu. Aucun de vous trois. Mais elle, elle l’a. Et t’aurais peut-être dû te rendre à l’évidence plus tôt, histoire de lui éviter cet enchainement de catastrophes. T’aurais dû l’abandonner plus tôt. Le cœur bouffi par les regrets et la honte, tu trouves pourtant encore la force de jouer les susceptibles. « Je sais. » La voix un peu trop sèche, trop cassante. T’as jamais bien supporté les leçons, les évidences qu’on te balance à la gueule. Tu sais. Et tu n’as pas besoin qu’on te le rappelle. Qu’elle n’est pas toi, ni son père. Rien que la victime du chaos de votre vie. Une enfant. Rien de plus. Une innocente. Elle n’a jamais demandé une mère pareille, une vie de ce genre. Elle ne le mérite pas. Elle ne devrait pas payer pour vos erreurs à vous. Et ça, tu le sais bien.

Mais il se rapproche, Wighard, ne prend pas peur, pas de toi. Il passe au-dessus de tes grands airs, de tes crocs à découverts, de tes regards méchants. Il a compris depuis longtemps qu’il y a un cœur sensible, à l’intérieur. Que tu aimes jouer les grandes, mais que tu n’es encore qu’une enfant, finalement. Une enfant qu’il faut rassurer, à qui il faut rappeler qu’elle n’est pas si seule que ça. Que rien ne lui appartient. Pas même les quatre murs entre lesquels elle vit. Il vit ici. Il est chez lui, ici. L’appartement est loué à son nom. Et toi, toi, tu n’es rien. Tu paies ta part, l’intégralité même du loyer, mais tu n’as aucun droit. Tu n’es qu’un fantôme qui hante ces lieux, une âme en peine, un esprit qui erre sans savoir vers quoi se tourner. Tu n’as pas te place ici. Pas sur cette terre.

Tu t’empares de la cigarette qu’il te tend comme l’on se saisirait des peurs d’une enfant. Avec précaution, de peur de les faire tomber, de les écraser par un geste malencontreux et de les aggraver. La première bouffée est douloureuse, parce que tes côtes sont de véritables serres contre tes poumons, et elles t’en font mal. Ta gorge nouée t’irrite, mais tu ne dis rien, garde les yeux fixés sur la petite étoile embrasée qui berce vos visages de son faible flamboiement. Vous n’êtes plus rien. La nuit et ses ombres vous dévorent et vos vies ne tiennent plus qu’à cette lueur tenue à l’extrémité de la cancéreuse. « C’était moi. » Tu avoues d’une voix atone, dénuée de toute émotion. On te les a dévorés, t’y a soustraite. Tu n’es plus rien, sinon qu’une prison de chair et de sang, pour un esprit qui ne mérite plus la conscience. « Un monstre. Je suis un monstre, Wig. » Cette fois-ci, il y a un tremblement, un chevrotement. Il est dur à prononcer à haute voix, ce mot. Monstre. Parce qu’il est si vrai. « J’ai merdé. Et j’ai aucune excuse. » Tu t’avoues vaincu, lui tends sa cigarette après une dernière inspiration toxique. « Je… » Tes doigts battent le rythme de ton cœur, sur ton genou, tentent d’y trouver une raison. Mais il n’y en a pas. Il n’y en a aucune. La raison a déserté ton être, n’y a laissé que les plus bas instincts bestiaux. « Elle était là. J’avais besoin d’un truc sur lequel passer mes nerfs. » La vérité. Brute. Tu ne te reconnais même pas dans tes paroles, tellement elles sont cruelles. T’aurais aimé être capable de te taire, de ne rien lui dire, de garder pour toi tes démons. Pour ne pas qu’il voie quel monstre tu es. Qu’il ne tombe pas de haut en découvrant à quel point tu es pourrie de l’intérieur. Tu n’as rien auquel te raccrocher. Rien pour te sauver. Tu oses critiquer et t’insurger, brandir l’étendard de la liberté marqué de la rune de Sowilo. Mais tu n’es pas mieux que ceux contre qui tu te bats.

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Occupation : Gardien à la beauté, bénévole à l’orphelinat, ancien flic qui veut changer le monde. Loyauté aux rebelles et inscription aux alcooliques anonymes.
Statut : En couple avec Zhenka
Famille : Rebelle, infiltré qui connaît ses priorités, et pourtant rattaché à la beauté, gamin qui veut être aimé, soigne ses daddy issues avec Odin
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Message Sam 20 Juin - 22:27

I want to break things
@Badia Myrhe | 23 mars 2020



Elle  est chez Ingvar. Cela laisse deux adultes en tête à tête, escortés par les ombres dans les coins de leurs esprits, les vieux traumatismes, les bouffées de rage, ces croquemitaines qui prennent leur psyché pour un vieux grenier et s'y accrochent comme des toiles d'araignées empoussiérées. Peut-être que tu n'aurais pas dû lui rappeler que tu es ici chcez toi - en bruit de fond, tu as dans ton crâne le souvenir d'une discussion du même acabit, mais face à Ingvar. Où tu lui rappelais que tu n'étais rien dans votre relation, dans votre appartement, que tu n'as aucun rien face à ton amant. Quelque soit ses bonnes intentions. C'est facile de prendre la place de l'abuseur, si on n'y prend pas garde.

La bête attend, tapie, les sautes d'humeur. Elle attends l'impression d'opression qui demande à imploser, à se libérer. Le guet-apens macule vos poings contre le sang déjà versé. Tu ne peux pas dire que parfois, tu ne prends pas du plaisir à faire du mal. Qu'il y a un sadisme sourd qui suinte et qui demande vengeance. Qui demande apaisement. De goûter le pouvoir, la sensation de contrôle, à ton tour. Tu te contrôles, toujours. Tes muscles comme ton 9mm sévèrement contraints par ton sang-froid, l'esprit clair. Mais tu y prends parfois un peu trop de plaisir - germe présent depuis le commissariat, mais qui se fait de la place dans les fissures ces derniers mois, menace d'éclore. La bête menace que ce soit la dégringolade, d'être incapable de s'arrêter cette fois. C'est grisant d'avoir une victime.

Tu doutes qu'elle attende une quelconque absolution de ta part. Elle n'a pas intérêt.
Tu ne la contredis pas alors qu'elle se traite de monstre. Elle a merdé. Sévèrement. Tu as été flic. Tu as été orphelin. Tu as été consultant à l’orphelinat, au centre de redressement. Ces phrases sonnent creux, absurdes, mais elles n'ont pas perdu de leur terreur. Elles tuent ces phrases. Elles ne veulent rien dire et elles ont plus de pouvoir qu'un revolver.
Ta tête te tourne et te bourdonne de fatigue. L'alcool avalé pour ainsi dire à jeûn - de nourriture et d'alcool - fait son chemin dans ton organisme. Tu as perdu 40 piges d'habitude.  La cigarette que tu rapportes de ses lèvres aux tiennes te fait gagner du temps de silence. Son bout grésille comme une condamnation. Tu ne vas pas lui mentir et lui trouver des excuses. Ce n'est pas ton genre. Mais ce n'est pas ton boulot de lui la morale non plus - tu rentrais chez toi après une soirée de baby-sitting, pour trouver le drame dans la cuisine. Tu es fatigué. Tu la trouves injuste de te demander ça. Ta langue fais une bosse à l'intérieur de la joue tandis que tu secoues la tête dans la pénombre. Si ta soeur, ton amie, une humaine avec la même rage que toi lève la main sur son enfant. Qu'est-ce que ça dit sur tout le reste ? Peut-être que personne ne peut être sauvé. Peut-être que Senja mérite de couler dans la mer du nord.

«- Est-ce que ça va arriver encore ? » Tu finis par demander, ta voix venant de très loin dans la nuit. Tu écrases la cigarette consumée contre le rebord de la fenêtre. Malgré sa lassitude, ton murmure n'a pas perdu de son tranchant, Tu l'aimes Badia, tu aimes ta soeur, avec tes tripes avec toute ton humanité à vif. Mais le brillant de tes yeux dans la pénombre rappelle qu'entre elle, entre toi, et Oona, tu protègeras l'enfant. Celle qui l'est encore plutôt que les enfants prisonniers de vos crimes. Tu envoies le mégot au sol d'une pichenette ragueuse et démesurée. «- - Tu as envie de frapper quelque chose et la meilleure chose que tu aies trouvé dans ce putain de trou à rat abandonné de Dieu c'est ta fille ? La fille de Sander ? » C'est pas comme si les têtes à claques manquaient dans cette ville d'Hel. Tu lui en veux malgré toi. Tu t'en veux. Tu en veux au monde entier.

Tu te relèves d'un ample mouvement, ton manteau retombant autour de toi. Tu renifles une émotion que tu n'avais pas senti monté dans ta gorge quand tu lui tends la main pour l'aider à se lever. «- Ramène-toi, on va à la décharge. »  Tu n'admets pas de réplique, faisant craquer ta nuque et claquer la porte. A l'arrière de ta voiture, tu jetes rageusement la flasque consommée en chemin. Un autre débris sur lequel s'excite ta colère. Un autre échec.

Badia Myrhe
Badia Myrhe
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Arrivée : 21/01/2020
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Pseudo : awona (peluche)
Avatar : sofia boutella.
Crédits : mars (avatar + icon), mistressvera (gif), bo (gifs aes)
Thèmes abordés : violence verbale et physique, vulgarité, deuil, armée
Infos RP : une à deux semaines de délai ; longueur variable selon les rp, chill, on s'adapte ; <ba></ba>
Comptes : maja & eira.
Points : 6823
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Pronoms rp : elle/she/her
Âge : 40 ans.
Occupation : Une nouvelle fois, c'est la nuit et les combats clandestins qui l'ont happé, mais elle y officie désormais comme maitresse des paris plutôt que sur le ring.
Statut : Il n'y a plus que les fantômes pour l'observer, veuve qui cherche à se relever de sa perte, jusqu’à nourrir l’étincelle avivée par Ulrik.
Famille : La rébellion fait office de famille, de dernier repère dans l'obscurité. Armurière affutant leurs armes, refusant de rester sans défense.
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Message Lun 22 Juin - 21:41



but at night, turn to a monster


◊ ◊ ◊

Son regard a le mérite de te faire te ratatiner sur toi-même. Tu ne ploies pas devant beaucoup de personnes, Badia, trop habituée à te rengorger et balancer ta fierté à la gueule du monde entier. T’as pas pris cette habitude, jamais. Tu luttes depuis l’enfance et tu ne te sens pas prête à baisser les armes aussi facilement. Ce serait jeter en l’air des années de souffrances et d’acharnement. Et pourtant, devant Wighard, devant l’ampleur de ta faute, tu t’inclines. T’es bien la première à te fustiger, à toute heure du jour et de la nuit, à te demander un peu qu’est-ce que t’as bien pu faire pour autant t’enfoncer dans tes tourments. Mieux que personne, tu sais que c’est ta faute. Et celle de personne d’autre. Pas celle de Sander, pour avoir foiré une tentative de merde, pas celle d’Oona, pour s’être trouvé là, pas celle de Wighard, pour avoir soustrait ta cible à tes accusations. Toi. Toi et toi seule. Même la tourmente ne te parait pas comme une excuse acceptable, cela fait trop longtemps que tu les évites, que tu te gardes bien de te trouver près d’eux. Ce soir, il n’y a que ton reflet que tu contemples dans le miroir, et aucun autre coupable. Wighard n’est qu’un spectre qui se joue de toi, accentue tes peines, te met le nez dans ta décadence, pour ne surtout pas que tu oublies le moindre détail, pour ne surtout pas que tu trouves le moyen de te défiler. Et il a bien raison.

Il n’ose rien dire, peut-être, là, devant toi, à te reprendre sa cigarette. Peut-être que c’est ainsi qu’il s’incite au calme, qu’il ne part pas en vrille. Le seul moyen qu’il a trouvé, alors que toute ta monstruosité lui saute à la gueule. Il doit bien se demander, ce qu’il a fait pour ainsi te mériter, toi. Pour héberger une criminelle, une mère indigne et cruelle, le genre de lâche qui se terre dans l’ombre pour mieux cacher ses défauts. Tout ce qu’il déteste. Pourquoi t’es encore là, Wig ? Pourquoi ? Pourquoi tu ne m’as pas encore abandonné ? A chaque instant, tu t’attends à ce qu’il claque la porte pour ne plus jamais revenir. Il n’est pas là pour supporter tes humeurs d’enfermée infortunée, de malheureuse fugitive. Tu connais assez bien son quotidien pour savoir qu’il en a bien d’autres à gérer, et qu’il est payé pour s’occuper d’eux. Toi, tu le payes en ne lui apportant que des problèmes, tu le payes en faisant ressurgir de vieilles peurs chez lui, tu le payes en lui montrant que tu ne vaux guère plus que ceux contre qui tu combats. Tes remerciements ont un goût amer, un goût de cendre et de suie. Ils doivent lui rester sur la langue, lui coller au palais, emmêler sa gorge.  Le faire te détester encore un peu plus que tu ne te détestes toi-même.

Est-ce que ça va arriver encore ? Il y a au fond de ses yeux une lucidité contre laquelle tu ne peux pas lutter. Tu ne te rabaisses pas à fuir son regard, au contraire, tu le relève toujours un peu plus tes prunelles sur celui qui te surplombe. Tu acceptes son jugement, prendra sa sentence comme elle vient. « Elle n’est plus là. Comment veux-tu que ça se reproduise ? » Une autre fois, tu aurais pu cracher cette évidence. Mais à la place, il n’y a qu’un filet de voix, une constatation qui te martyrise les entrailles. Tu sais bien comme ta rébellion ne serait pas bien vue, de l’un comme de l’autre. Alors tu t’aplatis, te couche sous la force de son jugement. « Je sais pas, Wighard. Je sais pas. » Tu te le répètes comme un mantra, parce que c’est bien vrai que tu ne sais pas. Jamais encore tu n’avais envisagé de perdre ainsi le contrôle sur ta fille, d’en venir à penser à la frapper. Wighard soit loué, tu ne l’as pas fait. Autrement, tu lui aurais laissé le plaisir d’à son tour se défouler sur ta misérable carcasse. Et même là, tu lui laisserais ce droit avec plaisir, à vrai dire. Il sait bien te rappeler la moindre lacune de ton cerveau martyrisé par des années de décadence. Te mettre face à l’irrationnalité qui t’a poussé à agir ainsi. Ta fille. La seule personne de ton sang. Il n’y a personne d’autre qu’Oona pour te rappeler ce que c’est, d’avoir une famille issue de ses propres entrailles. Avant elle, tu bafouais ces idioties de lien du sang. Mais désormais, t’es confronté à cette fatalité. Et la seule chose que tu trouves à faire, c’est de la ruiner.

Tu ne sais trop comment prendre cette main qu’il te tend. Tu ne comprends pas, reste un moment-là, hébétée, avant de tendre ton bras. A tout instant, tu t’attends à ce qu’il te lâche, te laisse retomber encore plus violemment. Qu’est-ce qui lui prend, d’ainsi te soutenir ? Mais tu ne dis pas non, tu ne rechines pas, prend son aide avec humilité, sans pour autant te croire pardonnée. Tu sais mieux que personne que ce genre de peines ne s’efface pas si facilement, non. Et pourtant, tu prends cette main tendue, tu frissonnes lorsque la porte est claquée derrière vous, ne cherche pas à contester la colère qu’il expulse sur des objets, lui, avant de prendre le volant. Tu ne manques pas de remarquer la flasque vide qu’il balance rageusement derrière vous. Une autre fois, tu l’aurais titillé, tu aurais ri de voir enfin ses résolutions ployer pour rejoindre votre grand club d’alcooliques notoires. Mais aujourd’hui, tu ne dis rien, te fais sage sur le siège passager. Il ne te pardonnerait pas un mot de travers.

Alors pendant qu’il fait ronronner le moteur, s’engage dans la rue de votre immeuble, tu ne dis rien, te réfugie dans le silence. Et à mesure que le théâtre de ta crise s’éloigne, que lumières se brouillent à travers les vitres, que tu ne reconnais plus Rodsand, tu te fais encore plus petite sur la place qu’on t’a assignée. Pourtant, ce n’est pas l’envie de parler qui te démange. Tu redoutes ce silence qu’il instaure, ce silence duquel il te puni. Parce que tu sais quel genre d’orage couve lorsque les nuages assourdissent ainsi sa voix. Et tu ne trouves pas mieux que de l’ouvrir, alors qu’il s’éloigne de la ville. « Tu crois vraiment que c’est ça, la solution ? » Ce n’est pas par provocation que tu prononces cette question. C’est une réelle interrogation qui te prend, parce que tu ne sais pas sur quel pied danser, à quoi te raccrocher. Une solution miracle, tu en voudrais bien une. Mais tu doutes qu’elle existe. « Frapper sur des objets inanimés, fracasser des trucs, les voir se briser parce qu’on en a la force, nous ? » Ça te parait soudain inutile, dit comme ça, aussi simplement. Pourtant, tu as plus d’une fois partagé ce genre de moment avec lui. Sur l’instant, ça évacue la rage, te défoules comme ça en défoule tant d’autres. Mais ce n’est qu’à court terme. « Ça ne m’a jamais vraiment aidé, moi. Jamais longtemps. » Le besoin de violence, de sang, s’est ancré en toi depuis trop longtemps, tu ne peux plus guère lutter contre. Tu n’as jamais trouvé de parfait exutoire à ta violence, tu t’es contentée de voguer de part et d’autre, de frapper ceux qui étaient à ta portée, de gouter le sang quand tu le pouvais. Mais ça ne suffira jamais. Il y a un véritable animal en toi, qui ne s’arrêtera jamais avant d’être repu. Et la vérité, c’est que tu doutes d’un jour pouvoir le contenter.

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Message Sam 19 Sep - 22:48

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@Badia Myrhe | 23 mars 2020

Tes mains parlent plus que ton visage. Elles étreignent le volant comme la gorge offerte d'un amant. Tu conduis comme d'autres pourraient faire l'amour sans voir leur partenaire, se laissant happer par la férocité, la violence, avec une intention brûlante qui envahit tout ton corps comme un feu. Tu conduis dans la nuit sans rien voir autour, traçant les rues animées de Rodsand avant de t'enfoncer dans les larges allées de Treby. Les crissements du 4x4 usé transcrivent la violence des a coups, brutaux - tu n'as pas pris la voiture noire et élégante dans laquelle tu es arrivée. Mahaut aurait eu ta peau d'emporter son présent sur les routes de boues de Treby, de garder la voiture qu'elle t'a offerte dans une décharge. A la place, le 4x4 menace d'emboutir ce qui se dresserait sur son chemin.

Aveugle, sourd, t'as le sang dans la bouche, aux tempes, battemenet courroucé des tambours de guerre qui menacent de nausée. Tu restes silencieux, la bouche remplie de sang, rempli des arrières-goûts du whisky qui brûlent ta gorge, paralysent ta mâchoire. Tu continues de ronger tes freins, mordant les sanies de tes joues. Cela brûle jusqu'à créer une idée fixe.
A l'exception de tes mains, trop brusques, trop brutes, et des mouvements sous ta barbe épaisse tu sembles calme. Une armoire à glace, une statue de fonte. Tu n'éprouves rien, un tison brûlant dans les entrailles. Tu te mords la bouche et les joues au sang pour t'empêcher de perdre le contrôle. Colosse aux pieds d'argile, après les vexations de la nuit, le traumatisme comme vagues, tu sens l'alcool réchauffer ton organisme. Tu ne pipes mot. Tu ne perds pas le contrôle. Jamais. Ton sang-froid est là, intact, mais cela n'empêche pas qu'à l'intérieur, tu trembles.

Elle n'est plus là. Comme ça, la féroce s'est laissée arrachée son enfant. Elle a assimilé l'idée de ne jamais la revoir. Soulagée d'être punie, soulagée du fardeau. Confite dans son rôle de mauvaise mère, de bourreau, de violente. Tes dents grincent. Elle accepte la marque qu'à laissé la Tourmente, elle remplit le rôle qu'on lui a laissé. Ton instinct protecteur te vide les entrailles de rage, d'une violence de celui qui a jamais appris à aimer et qui laisse son affection déborder avec excès. Tu voudrais protéger Oona. Tu voudrais faire un bouclier de ton corps et la protéger. Tu voudrais protéger Badia. Tu voudrais protéger toi, parce qu'elle expose un miroir trop cru à ton faciès. Elle n'est plus là. La phrase te laboure l'estomac comme une lame qui pèle une à une les couches de ton abandon, de ses parents qui supportent l'absence d'un enfant, du soulagement des maisons vides. Elle n'est plus là et le monde n'est pas écroulé. T'es encore un orphelin, dans ta tête.

Tu es dans ton monde, avalé par l'atmosphère lourde, suffocante qui règne dans la voiture - les vitres teintées vous cachent aux rues de Rodsand. Les reflets des néons cèdent à la noirceur de la banlieue. La nuit vous avale brusquement. Nuit noir, chemin noir, horizon plus sombre de l'orée, voiture noire, humeur noire.  Vous êtes les monstres dont on parle aux surnaturels la nuit pour les effrayer. Le croque-mitaine devenus des ombres noires dans le véhicule. Tu n'as pas mis les phares, tu n'as pas ralenti.
Jusqu'à freiner avec violence. Les pneus dérapent dans la terre meuble, s'embourbent et soudain tu halètes. Tu te retournes vers elle, la discerne à peine dans la pénombre. Ton visage brûle de fureur mais ta voix ne s'élève pas, elle reste dans un grondement guttural, lourd, plein d'un quelque chose qui se refuse à débagouler. «- Et qu'est-ce que c'est ta solution ? Frapper ta fille résoud tous nos problèmes ? Frapper plus faible que toi va nous faire nous sentir mieux, plus fort. Ca te fait bander de briser quelqu'un, juste parce que tu peux ? Pour avoir une rune d'impunité et gicler ta frustration sur les autres, c'est de l'autre côté ma belle. Ou quoi, attaquer tête baisser, finir six pieds sous terre avec ton époux, laisser le plus dur aux autres ? »  Tu te penches entre les sièges pour récupérer la bouteille vide que tu lui lances sur les genoux, comme une tête qui roule à ses pieds. Tu lui lances la bouteille vide sur les genoux. Elle, elle atire les éclats de la lune, elle luit comme une lame. «- Tu crois vraiment que ça m'aide ? » T'as la poitrine striée de sanglots qui ne coule pas, lourde à en pleurer. Il y a un nœud dans ta gorge qui obstrue ta voix, lui donne plus de force. Rauque qui ne prend une pause que pour revenir à la charge, comme une vague incessante. On est rien qu'un chapelet de solutions à court termes, d'addictions en long en large et en travers, de peinture jaune pour survivre jusqu'à demain.

Elle est ta soeur, sans que Ingvar soit ton frère. Vous êtes, par-dessus la table qui ne connaît pas la fin, dans l'appartement avec vue sur Senja, adelphes. Frère et soeur d'armes avant d'avoir un combat. La seule différence est que ta rage a toujours eu un exutoire, un motif, l'insupportable injustice. Tes poings ne s'abattent jamais que sur le méchant,  bouclier avant d'être flingue. Mais tu en connais la jouissance, et la frustration de l'animal en cage, exposé aux railleries, enchaîné. Tu as joui de la violence. Tu dévoiles des dents rougies de ton propres sang quand tu ajoutes :   «- De frapper des choses inanimées ? De me bourrer la gueule du soir au matin ? D'enculer des inconnus ? De penser aux envies que j'ai d'enfoncer leurs putains de visages parfaits à coup de batte ? » Elle n'est pas seule, c'est ça que tu essaies de lui dire, dans votre 4x4 au milieu d'un chemin de terre au milieu de nulle part. Dans votre petit alcôve de noirceur.  Parce que si elle est seule, tu l'es aussi, et c'est la plus insupportable des pensées. Tu ne supportes pas d'être seul. Tu ne supportes pas d'être abandonné. Tu secoues la tête et ajoute, étirant ta mâchoire d'un soupire. « - You and I. We're fucked. But Oona, the others. They are not. And what we are, it better count for something. » Ils encaissent pour que les autres n'aient pas à le faire. Cela a toujours été ton martyr. Tu ne verras pas la rébellion arriver à son but. La maison avec un ou deux enfants, Ingvar, des chiens, tu ne l'auras jamais. Tu n'en parles pas, de l'enfer qui te guette, de la certitude d'être damné, chrétien. Tu as perdu la chance d'être heureux. Tu as perdu ton paradis.  Ton visage se froisse, le masque se délite. L'alcool te fait l'effet d'une barre de fer en plein crâne. Un bras sur le volant, l'autre sur l'appui tête, tu regardes la trouée noire qui menace de vous engloutir. Un rire. «- Tu sais ce qui m'aide ? Communiquer. Parler comme un putain d'adulte. Pas très vendeur, hm. »  Ne pas se transformer dans leurs bourreaux et leurs fantômes.

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Message Lun 28 Sep - 12:31



but at night, turn to a monster


◊ ◊ ◊

L’atmosphère est lourde et pesante. Concentré sur la route, Wighard ne te regarde pas, évite sciemment de te regarder. Toute sa frustration passe sur son volant martyrisé entre ses larges mains et tu imagines très bien ton cou à la place, qu’il serait sûrement ravi de tordre. Est-ce à ça qu’il pense, en fonçant dans la nuit noire sans s’embarrasser de faire attention à la route ? Il te donne une terrible impression d’instabilité, le fossé vous attend au détour. Et ce serait peut-être plus simple ainsi, hein, Badia ? Mais avant que l’obscurité vous avale, c’est son pied sur le frein qui te surprend, le brusque freinage qui te fait partir en avant par automatisme, te surprend et te coupe un instant la respiration. Un instant, les roues dérapent dans la boue, te donnent la terrible impression que vous risquez de partir en vrille avant de finalement se stabiliser. Il n’y a plus que vous deux – les véritables dangers – à vous regarder en chien de faïence dans la voiture, à attendre que le premier n’explose. Wighard se contient encore, même si ses yeux te transpercent de leur fureur. Tu la sens, sa colère, sa haine, sa peine. Toute la déception que tu lui infliges, petit monstre qui ne mérite pas pareil frère. Il te frappe plus violemment de ses mots que de ses poings. Chaque point dans ses phrases s’enfonce dans ton crâne, te perfore le cerveau. Il a cette franchise ahurissante qui te mord de plein fouet, t’infliges plus de douleur que n’importe quel combat physique. Ça se percute, dans ton crâne, se percute et t’envoie au tapis. Et pourtant, tu ne t’avoues pas vaincu, tu ne détournes pas le regard. Tu fulmines en silence, le regarde droit dans les yeux, attend la sentence, l’ultime coup qui te mettra à terre. Chacune de ses paroles raisonne étrangement en toi, te donne la terrible envie de crier, de gueuler, de le martyriser. Mais il t’embourbe dans son flot de paroles, ne te laisse aucune chance, sinon que celle d’attendre. Molestée de coups, de mots, tu attends qu’il en finisse, sans être sûre que le passage à tabac ne se solde pas sur ta reddition contre la vie. Tu reçois le cadavre de bouteille comme un nuisible insignifiant, déconnectée de la réalité, de ton corps. La poitrine compressée, tu ne t’autorises qu’à te perdre dans ses grands yeux sombres, et rien d’autre. A chercher la douleur que tu infliges, cette douleur que tu lui causes alors qu’il ne demande rien d’autre qu’à tous vous protéger, vous mettre à l’abri, en oubliant qu’il y a beaucoup trop de sacrifices à faire avant d’en arriver là.

Vous vous positionnez là, seule dans la nuit noire, dans l’habitacle du tout-terrain, à attendre la fin. Chacun d’un côté de la barrière, et pourtant, au fond, bien de la même engeance. Deux monstres qui se cachent derrière un semblant d’humanité, qui joue aux justiciers en empruntant les mêmes manières que ceux qu’ils veulent voir à terre. Vous n’êtes pas mieux. Wighard brosse le tableau d’une vie désillusionnée, d’une vie terrible, ou personne n’y trouve son compte, où la violence seule règne et vous transporte. Sous votre peau bat un tambour de guerre, vos veines résonnent du même tempo. Le sang rage, ne demande qu’à couler. Vous êtes similaires, à bien des égards. Pourtant, ce soir, tu n’admets pas la paix, incapable de signer l’armistice, de baisser les armes. La rage gronde dans ta poitrine, trop puissante pour être étouffée. « Ouais, bah ouais, prenons tout, bien sûr. Soyons des putains de martyrs. Laissons les autres dans leur petit confort, surtout. C’est comme ça qu’on avancera. » Ça te tue, de rester enfermée, de voir le monde se déliter, sans pouvoir rien n’y faire. De jouer aux cons, dans le noir, de n’avoir aucune chance de s’en sortir. D’encaisser, parce que c’est ton rôle, votre rôle. Piètre humanité envoyée aux charbons. « Pardon de pas être à la hauteur. Pardon de pas être une putain d’adulte. » T’es encore une enfant, dans ta tête. Une simple gamine qui n’a jamais eu d’enfance, grandi trop vite, responsabilisée à l’aube de sa vie, jetée dans la fosse aux lions alors qu’elle savait à peine marcher. On ne t’a jamais appris à communiquer, et t’as jamais su le faire. T’as une franchise abrupte, une colère sourde, une mauvaise manière de t’exprimer. Et tu ne penses pas un jour que ça s’arrangera. « Parler ? Très bien, parler. Parler à qui ? J’vais parler à Oona, tiens, ouais, bonne idée. J’vais lui dire à quel point ce monde est pourri, combien sa mère est un monstre, pourquoi son tonton protège des gens qu’il veut voir mort. J’vais lui dire, que son père est juste un terroriste raté. J’vais lui dire, le monstre que je suis, ouais. Elle va être ravie. » Ta voix gronde, mais tu ne t’emporte pas tant que ça, à l’image de Wighard. Vous êtes là à vous contempler l’un l’autre, prêts à mordre, prêts à vous sauter à la gorge. Mais il n’y a encore rien d’amorcé, pas un geste de trop, seulement des menaces terribles dans vos voix. « Tu veux que je parle à qui, hein ? Au mur, quand t’es trop occupé à sauver le cul de tes surnats de merde ? » Tu accuses et foudroie avec mauvaise foi, te plombe le cœur à ainsi lui reprocher de faire ce qu’il peut. Mais la solitude dévore ton cœur, ne laisse plus qu’un organe vagabond, un palpitant désœuvré. Ta poitrine est vide de sens. Morte de l’intérieur, tu n’es plus capable de rien, sinon de fixer l’obscurité qui manque de t’avaler, le vide qui s’ouvre sous tes pieds. Tu peines à te raccrocher à ce qu’il te reste, parce que le fil te semble si tenu qu’il en est invisible.

Dans la tension accumulée, t’es prête à craquer à tout moment. Le sang bat à tes tempes, menace de t’étouffer, de t’assourdir. Tes doigts te démangent, ton poing te démange. La mine mauvaise, les yeux comme des revolvers, tu t’approches de lui et ta main vient se lover contre sa poitrine, s’empare de son col, le tord et le relève pour approcher ton visage du sien. « Et me parle pas comme ça, Wig. Me parle pas de crever, ou de fuir, de tout abandonner. » Cette lâcheté te brise le cœur. Qu’on puisse penser ça de toi, accoler ces mots à ton nom. Tu n’es pas comme ça. Tu ne le seras jamais. Le temps te l’a appris. Qu’il puisse supposer pareilles conneries, te renvoyer à ce genre d’inepties, lui… « Parce que j’aurais pu le faire. Me tirer, avec Oona. Laisser la rébellion en plan, penser qu’à ma gueule. » L’envie t’a démangé plus d’une fois. A quoi bon vivre ainsi, demeurer cachée, te morfondre dans le noir ? C’aurait été si facile, de recommencer ailleurs, de vivre à l’air libre avec Oona avec toi. Mais t’as eu la connerie de rester, incapable de renier les tiens. « Mais j’l’ai pas fait. J’suis encore là. Même si ça me rend dingue. » Tu ne te laisses guère de chance, tu sais bien que tu finiras folle, à trainer ta carcasse dans la nuit noire, âme damnée qui se relève de sa tombe pour emmerder les vivants. « Me traite pas de lâche. Plus jamais. » Ton poing s’agite, martyrise les pans de sa chemise, tout dans ta colère contenue, que tu menaces d’extérioriser. Avant de brusquement le relâcher, te laisser aller en arrière, te recaller dans le dossier de ton siège, l’orage dans le regard que tu perds sur le chemin obscur qui s’étend devant vous. « Et maintenant, si t’as fini ta p’tite leçon à deux balles, redémarre ta caisse. Tu m’apprends rien et on va pas rester là à se peler le cul. » T’es une enfant boudeuse, frustrée de toujours te faire reprendre. C’est ancré dans tes habitudes, que tu n’as jamais eu besoin de personne pour t’apprendre la vie. T’as toujours appris toi-même de tes erreurs, sans que personne n’ait à te dire quoi que ce soit et tu détestes t’entendre dire de te comporter en adulte. Même au plus profond de la nuit, t’es incapable de signer ta reddition.

(c) oxymort | @Wighard Wolden

Wighard Wolden
Wighard Wolden
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Arrivée : 17/01/2020
Missives : 1219
Pseudo : Elorin
Avatar : Karl Urban
Crédits : Mad'eyes (coloring lunpand)
Thèmes abordés : alcoolisme, addiction, deuil, langage cru, violence
Infos RP : pris / rp le week-end / 800-1000 mots, dialogues en fr/eng au choix
Comptes : Wyn Evjen
Points : 4139
But at night, turn to a monster 11020804d8381a9d9391f8e5d117ef3ba3998719
Pronoms rp : il
Âge : 46
Occupation : Gardien à la beauté, bénévole à l’orphelinat, ancien flic qui veut changer le monde. Loyauté aux rebelles et inscription aux alcooliques anonymes.
Statut : En couple avec Zhenka
Famille : Rebelle, infiltré qui connaît ses priorités, et pourtant rattaché à la beauté, gamin qui veut être aimé, soigne ses daddy issues avec Odin
Hors-rp

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Message Dim 1 Nov - 22:36

I want to break things
@Badia Myrhe | 23 mars 2020

Elle veut un combat que t'es trop à bout pour lui refuser. Les monstres ont gagné, ils vous ont transformé en petits soldats de plomb déformés, comme de la pâte à modeler. Ils vont mis face à face, gonflé à la rage et à l'impuissance et ils attendent maintenant que vous vous tabassiez, faites le travail pour eux. Pas étonnant que des siècles durant, il n'y a pas eu de rébellion viable à Senja, des siècles d'oppression et aucun grondement souterrain. Ils vous ont créé pour vous détruire les uns les autres, miroirs de fête foraine de ce qu'ils se font entre eux. Ils te débectent de voir qu'ils gagnent encore.  Fais ce que je dis pas ce que je fais. Tu devrais lui parler, calmement, la serrer dans tes bras, lui rappeler les propos d'espoir que vous êtes parfois capables d'échanger. Mais tu luttes déjà à bras le corps avec ton sang-froid, et tu en as marre d'être le seul foutraque capable d'éprouver de l'optimisme. D'être le seul des bras cassés à prendre sur toi, toujours. Tu as passé une longue nuit à réfléchir à ceux que tu laisserais en vie, si tu pouvais les tuer sans conséquence, tu as passé une longue nuit à te taire et à acquiescer, à voir des gamins brisés en briser d'autres sans le vouloir. L'acquiescence passive te bouffe de l'intérieur.  

«- Oui ! »  C'est plus fort que toi, cri du coeur qui l'interrompt, outragé, aride d'une gorge brisée. Soyons des putains de martyrs et laissons les autres dans leur petit confort - parce qui d'autre va prendre les choses en main ? Rester sur le côté et espérer que quelqu'un d'autre fasse le sale boulot n'a jamais fait partie de ta philosophie. Tu as intégré les flics pour changer les choses, de l'intérieur, quand bien même tes supérieurs pratiquaient la sodomie sans lubrifiant dans les buissons des connards. Tu as abandonné l'idée d'une fin heureuse pour toi, et avec l'âge t'en crève à petits feux. T'aurais préféré adopter trois gamins avec Ingvar, les voir grandir, les envoyer à l'université, vieillir avec des chiens pleins de moustaches blanches, un irish whiksy posé sur ta cuisse à regarder la neige tomber. Pourquoi t'es toujours le seul à faire des sacrifices.
Pardon de pas être à la hauteur. La moue écoeurée t'échappe et tu jettes un regard sur vos reflets que la nuit noire projette sur le pare-brise. Connasse de lune. Elle ne vous laisse pas vous échapper, elle crée un miroir en transparance où vos gueules déformées par la colère s'affichent. Tu déserres tes doigts du volant, à regarder Badia postillonner sa rage à ton visage. Tu sens la violence de l'alcool taper à tes tempes, tu sens la fatigue de la nuit, le ras le bol. Tu as autant besoin qu'elle d'expulser le bébé monstreux qui prend toute la place dans vos entrailles, gerbant à vous rendre malade. Les dernières conversations avec Ingvar ont apporté leurs lots de sanies avec elle. Tu as besoin de réclamer quelque chose pour toi, c'est du self-care de te défendre, de réclamer ton petit bout de terrain avant de te laisser écraser, à ce train là.

Tu n'as jamais bien encaissé les mots creux. Raison pour laquelle tu as perdu Zhenka, raison pour laquelle tu as perdu Ingvar, à retard. Les actions parlent plus. Seules les actions parlent. Défaut à force d'être entouré depuis l'enfance d'hypocrites en col blanc. Le divin. La beauté. Ils manient les mots, se parent de respectabilité, de paillettes jusqu'à faire oublier le tronc pourrit qui les soutient.  Difficile de faire confiance aux mots après l'orphelinat.
Tu n'offres que peu de prises à sa rage, bouge à peine lorsqu'elle tire sur les pans fleuris de ta chemise, froisse les couchers de soleil entre ses doigts jusqu'à donner l'impression qu'elle a les doigts dans une mare de sang. Elle te secoue et tu résistes entre ses doigts, tu laisses ses poings meurtrir ton thorax avec une grimace lorsqu'elle heurte tes cicatrices encore fraîche, l'épaisseur des bandages sur ton pectoral. Cela brûle comme au premier jour. Les bandages s'imprègnent de la chair fraîche, menace de déchir les croûtes encore fragiles. Wighard ne s'éloigne pas dans la promiscuité de la voiture et la buée que leur frustration crée. Il se rapproche plutôt pour articuler, très calmement, très lentement.   «- Peut-être que tu aurais dû te tirer avec Oona si c'est pour foutre en l'air tout ce qu'on peut faire parce que t'es un chien qui a envie de sortir pisser. Si tu fais le boulot des surnat sur ta gamine, ça sert à quoi d'essayer de changer les choses ? Tu es censé la protéger, pas lui faire comprendre que son seul avenir c'est devenir sa mère ou une victime. La transforme pas en nous, c'est pas une vie. » Parce que tu as jamais appris à aimer, que t'improvises chaque mot d'amour, chaque geste de tendresse, chaque action pour t'accrocher à ceux que tu aimes comme une moule sur son rocher, pour leur prouver que tu n'es pas ce qu'on a voulu faire de toi, tu ne pardonnes pas qu'on n'essaie pas de faire la même chose. Badia n'a pas l'excuse que certains lui trouveraient. La Bible suffit pas pour apprendre ça.   « - Cul tendu mérite son dû. Si tu veux pas de leçon à deux balles, les mérite pas. » Wighard siffle dans sa barbe, avec l'écho de l'embrayage qu'il malmène.

Il laisse le silence retomber, plutôt que des mots qu'on regrette.

Il veut enfoncer son point dans le crâne buté de sa meilleure amie, mais ni son poing dans sa gueule, ni avoir raison. Ce n'est pas le but. Chaque cahaut des chemins de terre résonne plus fort dans l'habitacle, à chaque passage de vitesse, l'étreinte des doigts sur le levier, sur le volant se  détend un peu plus. Un jour, il défoncera la voiture contre des morceaux de métal tordus vers le ciel comme des dildos pour les dieux. Wighard finit par l'arrêter dans l'immense noir qu'est la décharge. Il allume les phares et fait ressurgir des ténèbres les formes menaçantes des pneus et autres frigidaires. Ils apparaîssent grands et claustrophobiques comme un cercle de dieux ancestraux prêts à rendre leur jugement. Le genre de mirage, de peur de gamin qu'un coup de batte de baseball peut facilement résoudre.

Ils sont dans la chambre en désordre de leurs colères. Les portes claquent, le moteur tourne en sourdine, assourdissant dans la nuit. Pas une lumière de ville, pas une once de pollution, si loin dans le territoire de la Nature, parmi les rebuts de Senja qu'ils n'ont pas encore réussi à recyclé. Est-ce que la caste sait même que cet endroit lui appartient, ou bien est-ce comme la misère au divin, la laideur à la beauté, la justice à la Tourmente, un cadavre dans le placard, un mouton de poussière sous le lui. Les lumières étincellent cruellement au-dessus de vos têtes, elle découpe au cutter la ligne des bois à l'horizon. Il n'y a que vous comme grands méchants loups, dans le silence total. La nuit est fraîche, si loin de la ville, même au printemps, mais c'est le noir et le silence qui l'avalent à chaque fois. Comme si dans la pureté d'un tel air, il pouvait encore avoir la grâce de Dieu, au milieu des charniers du capitalisme.

D'un même geste, Wighard prélève une barre de fer du compartiment sous le tapis de coffre et lui lance - grâce et brutalité.   «- Tu n'es pas seule. Pas si tu arrêtes de repousser ceux qui tiennent à toi. Je ne vais pas arrêter. Je ne te laisserai pas, point final. » Le coffre claque comme une mâchoire qui se referme. Fracas du métal quand Wighard pose ses bras sur le toit et sa propre barre de fer avec. Il tapote l'habitacle du bout du bout recourbé, comme une langue pousse une dent prête à tomber. Contrairement à d'autres, il n'a pas peur de s'excuser, de dire ce qu'il a sur le coeur. Il essaie de le faire, pour tout à propos de rien, il débagoule ses niaiseries et son vomi de barbe à papa, parce qu'il faut bien que quelqu'un commence et le fait qu'il soit sans doute le modèle parental le moins à chier de Senja est particulièrement problématique.   «- Je suis pas parfait et clairement, j'ai pas assuré pour toi. Ta vie pue, j'entends bien. Et j'ai pas de putain de solution, je fais au jour le jour, okay ? Je merde, big time, je suis un putain d'alcoolique qui vient de kidnapper une gamine et qui héberge une terroriste censée être morte et qui refuse de parler à son ex. Mais.  Je ne suis pas occupé à sauver le cul de surnats de merde." Parce que ça, ça avait piqué plus que de raison. Comme s'il était un traître. " Je suis occupé à protéger ton frère de lui-même, à protéger d'anciens esclaves de leurs oppresseurs, à essayer de changer les choses de l'intérieur, parce que un rebelle mort aux armes n'est un bon rebelle que pour l'ancien monde. Je suis pas ton ennemi. Un temps. Alors qu'il se rappelle des cris qui se détachent derrière la porte close, des grosses larmes de Oona qui pourtant a appris déjà à pleurer en silence. Sa silhouette se détache de la voiture, disparaît dans les ombres. Il admet, sur un ton d'excuses : « J'ai pété un plomb quand je t'ai entendu péter un plomb. » Un tuteur, un foyer d'accueil, ça peut lever la main sur un orphelin. Mais pas un parent, pas un parent.

Badia Myrhe
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Occupation : Une nouvelle fois, c'est la nuit et les combats clandestins qui l'ont happé, mais elle y officie désormais comme maitresse des paris plutôt que sur le ring.
Statut : Il n'y a plus que les fantômes pour l'observer, veuve qui cherche à se relever de sa perte, jusqu’à nourrir l’étincelle avivée par Ulrik.
Famille : La rébellion fait office de famille, de dernier repère dans l'obscurité. Armurière affutant leurs armes, refusant de rester sans défense.
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Message Mar 10 Nov - 23:45



but at night, turn to a monster


◊ ◊ ◊

Les arbres prennent des proportions monstrueuses, à la lueur de la lune, sous les étoiles fichées dans le ciel comme autant d’yeux pour des dieux qui n’existent pas, en qui les hommes s’amusent à croire, qu’ils se plaisent à fantasmer. Sans jamais obtenir de réponses, pas même un assentiment, une note positive. Rien que le silence languissant, la peur dévorante du jugement depuis les confins des cieux. Vous vous fendez du même silence, et il n’a rien de rassurant, ourdi d’omissions, de craintes et de reproches refoulées. La gorge nouée, tu te contentes de regarder droit devant toi, de sonder les ombres, de t’y raccrocher plutôt que de devoir dévier tes prunelles pour observer le profil de Wighard, cerner le pli de sa bouche, la moue qui dévore son visage, la tension dans ses muscles. Il te fait peur, plus que tu ne voudrais te l’avouer, bien plus qu’il ne voudrait le savoir. Parce qu’il ne dévie pas, lui, parvient encore à ne pas être le pire, à agir mieux que d’autres. A protéger plutôt que de détruire, aimer plus que détester. Il y a cette lueur en lui qui te terrifie, qui te rappelle que toi, t’as baissé les bras depuis longtemps, et qu’il ne te reste bien plus aucun espoir dans ton cœur racorni. A part peut-être celui de ne pas crever trop tôt, de te montrer encore un minimum utile, si c’est possible. Mais même là, t’en doutes encore.

Vous foncez dans le décor, vous engouffrez dans la nuit noire. Le chemin est chaotique, semé d’embûches, mais t’as bien trop mal au cœur pour le remarquer, perforée en pleine poitrine, clouée à son siège. Réagis à peine, lorsqu’enfin la voiture s’arrête, découvre devant eux le tombeau des bêtises humaines. Ça semble hors du temps, dans la lumière des phares, hors de la juridiction des dieux. Il n’y a personne pour arranger les choses, les rendre plus belles. Pas ici. Ne reste que les cadavres des créations humaines, aux gueules béantes, aux yeux aveugles, aux jambes coupées. Et vous êtes là, au milieu des restes calcinés, abandonnés, de bons amis à vous faire dans votre malheur, sans doute. Il y en aurait eu pour craindre d’être ainsi amené ici au plus profond de la nuit, par l’ours hirsute qui t’a servi de conducteur – presque de kidnappeur. Mais t’es pas dupe, tu saisie de suite ce qui se trame dans sa tête bien aussi butée que la tienne, sourit presque lorsque la barre de fer t’échoie. Et tu ne l’entends pas, ou ne veux pas l’entendre, le dévisages de l’autre côté de la voiture, cherches un sens à cette mascarade, repousses toutes les tentatives de désamorcer la bombe, de mettre à mal le conflit dans lequel tu serais bien la première à foncer tête la première. Mais c’est plutôt la fatigue, la retombée des événements, le calme glaçant qui couve dans ses os qui reprend le dessus. Et tu serais presque prête à jeter l’éponge au milieu de la décharge et t’en retourner seule dans le noir. Il y a de la lassitude dans ta voix encore teintée de colère, d’une rage qui s’assourdit, mais gronde encore dans son coin. Déjà fatiguée de l’entendre, sans avoir envie de raisonner. Surtout pas. « T’as pas assuré pour moi ? » T’en rirais presque, mais te contentes de l’observer, sourcil haussé. Ne te sens pas d’humeur à dresser la liste exhaustive de tout ce qu’il a fait pour toi, de tout ce qui le pointe du doigt comme celui qui assure le plus, dans cette histoire. « Wig ? Tu t’entends ? Tu veux qu’j’te l’enfonce dans l’crâne, c’te barre de fer ? » Tu ne plaisantes qu’à moitié, ce n’est pas l’envie qui t’en manque, de frapper dans un truc. Et ce genre d’inepties ne fait que te rendre plus hargneuse. Presque méchante, alors que le fond de ton crachat n’est pas si mauvais. « C’est pas toi le problème. C’est pas toi qui doit t’remettre en question. » T’as jamais rien eu à vraiment lui reprocher, dans ton malheur. Il n’y a que la rage et la mauvaise foi qui te fait lui frapper dessus, à vrai dire. La raison t’a déserté depuis longtemps. « Va pas croire c’que je pourrais dire sur l’coup d’la colère. Ce s’rait bien la pire erreur qu’tu puisses faire. » Tu le reconnais, n’a pas peur de te mettre en face de ça. Un peu moins de ce qui t’a animé, devant Oona, du monstre que tu n’as pas reconnu dans le miroir. Tu ne perçois rien d’autre que tes propres tourments, a bien du mal à éprouver la moindre empathie, quand ton cœur part en vrille, et que tu ne comprends plus ta propre conscience, gère bien mal le monstre qui s’est logé dans sa poitrine. « Mais on changera rien de l’intérieur. Désolée, Wig, mais j’ai arrêté de croire aux contes de fées. » C’est aussi simple que ça. Le désespoir et la désillusion, amantes terriblement traitresses lorsqu’il faut se lever et prendre les armes.

Aussi simple que ça, d’abandonner la partie, de te détourner, t’enfoncer entre les ombres lancées par les cadavres comme autant de présages funèbres. T’as la trouille au ventre, uniquement dirigée contre toi-même, mêlée à une rage indicible. Ce n’est pas dans des gens ni des objets morts que tu voudrais frapper. Mais dans toi-même. Réduire à néant la personne que t’es devenue, briser le miroir de ton poing lorsque tu oses t’y confronter. A la place, tu te rabats sur ce que t’as, sur ce qui causera le moindre mal. Tu frappes une première fois, préfère la tôle gondolée d’une voiture que les vitres bien trop faciles à briser. Tu veux t’épuiser, te vider le crâne, t’allonger par terre, une fois trop fatiguée pour marcher. Tu veux que le choc se répercute dans tes os, les cogne les uns contre les autres, la désarticule. Tu veux te faire autant de mal que tu ne le fais aux autres. Tu veux beaucoup de choses, mais n’obtiens jamais rien. L’effort ne te coupe pas pour autant d’un semblant de réflexion. N’en a plus la capacité, de te vider aussi facilement que tu ne le voudrais. T’es toute seule avec toi-même. Frapper est devenue un geste mécanique, détruire, une habitude. T’essaies de toutes tes forces, sans pour autant parvenir à chasser le reste. Et parfois, tu tends l’oreille, entend Wighard, au loin, et fais un détour, bercée par la nuit et les bruits si caractéristiques du carnage que vous perpétuez en ces lieux. Mais personne ne s’en préoccupe, tout le monde s’en fout. Sauf vous.

Le temps passe sans que tu n’y penses vraiment. Tu ne le sens pas l’épuisement, en subit seulement le contrecoup, quand tu finis par t’asseoir sur un capot, tenue en équilibre par l’arme de tes crimes nocturne, observes d’un œil lointain Wighard qui continue son carnage, sans que tu ne sois vraiment sûre qu’il ne puisse t’entendre, prendre garde à ta présence, ta soudaine inertie. Tu lui as déjà dit, que ça ne marchait pas. Mais en fait, t’as jamais trouvé la moindre solution. Tu ne sais pas faire ça, résoudre les problèmes. Bien plus douée pour les provoquer et les précipiter. Mais dans le noir, tu cherches encore un semblant de réponse, y croirait presque, prête à rêver, à t’endormir et laisser ta seule conscience te guider, te doutant bien que ce ne sera pas beau à voir, dans tous les cas. « Tu crois qu’il dirait quoi, Ingvar, en nous voyant là ? » Ça fuse par spontanéité, alors que tu le regardes se relever, chercher du regard une autre victime. Le surnaturel est toujours là, omniprésent, dans un coin de ta vie, de ton esprit, et t’y penses bien trop pour ton propre bien. Son souvenir est aussi douloureux qu’il est bon de s’y accrocher. « Tu crois qu’il dirait quoi, s’il savait ? » Il y a tous ces êtres que tu as perdus, à qui l’on ment pour toi, Ingvar en première ligne. Qui te manque bien trop. Même Oona, alors qu’elle était encore si proche. Mais les gens qu’on aime ont cette drôle d’habitude de s’envoler en fumée. « Pour toi, pour moi, pour la rébellion… » Pour tout. Il te semble que ta vie entière est un mensonge, une honte, que si l’on s’avisait de soulever un coin du voile opaque que tu maintiens pour te cacher, la terreur serait plus forte, repousserait la moindre âme censée. « Pour toutes ces conneries qu’on lui cache. » Tu te veux franche et honnête, y croit encore, dans les bons jours. Mais tes vices te rattrapent bien vite. « Et Mahaut, hein ? » Elles font légion, vos victimes. T’as cessé de compter depuis longtemps. « Et toutes tes autres beautés, tes pauvres petits chatons égarés, maltraités par la vie, qu’il faut protéger de notre corps, hein ? » Tu te moques à demi-mots, mais n’en pense pas moins. Il n’y a plus de pitié, dans ton cœur. Tu te décharnes, te meurs à petit feu. Et la nuit est terriblement dangereuse, lorsque l’on y plonge les yeux jusqu’au fond, qu’on s’y laisse avaler.

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Message Dim 29 Nov - 19:00

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@Badia Myrhe | 23 mars 2020

Sa gueule de bois métaphysique s'étend sur tous ses membres comme un corps lourd dont on ne parvient pas à se débarrasser. Wighard se sent lourd, vieux. Il sent la gueule de bois poindre au bout de quelques gorgées.  Il sent la fatigue de la nuit revenir l'enlacer pour transformer le charnier de métal en chambre, en tombe.  Un squelette gravé aux armes de Sowilo formerait une addition bien dans le thème de l'endroit, un avertissement que la décharge appartient à ses vermines. Son crcâne transformerait la décharge en Vanité avec un grand V. Il pourrait dormir debout si ce n'était pour une tête de mule qui le maintenait encore en état. « - Essaie toujours. » A sa menace, il adresse un signe de tpete. C'est son kink, prendre de soin des gens, prendre soin d'autrui jusqu'être usé jusqu'à la corde, être utile. Il vaut mieux lui qu'Oona. Les peintures de guerre sur le visage de sa mère sont peut-être plus fraîches que celle de Wighard, mais son sourire de bête féroce, plein de croc, rappelle qu'il a presque autant de sang sur les mains qu'elle.  Lui a choisi les forces de l'ordre plutôt que la guerre, lui a choisi l'infiltration plutôt que la torture, mais le sang qui imprègne ses chairs est à peine plus délavé que celui de Badia. Chacun de ses tatouages sert de pansements à des cicatrices nouvelles.

« - J'ai été élevé en chrétien, cupcake. Je doute que cette barre de fer soit plus efficace qu'Odin lui-même pour ôter la culpabilité de mes couilles. » Pour arrêter de lui faire croire aux miracles et conte de fées, aussi. On peut sortir le catholique d'Irlande, mais pas la culpabilité du catholique.  La vérité couve sous la colère. Elle ne doit pas vous dévorer, elle fait grossir les ombres comme les pas des adultes à l'extérieur de la chambre, elle exagère - une fois qu'elle a planté ses dents, son fiel est une drogue. C'est facile d'y perdre la tête. C'est facile d'aimer ce sentiment de rage, d'envie de heurter quelque chose de solide. La colère engendre plus de colère. Mais Wighard ne doute pas qu'il y ait une part de vérité dans ses reproches.   «- Coup de pot que je sois une putain de fée, hein ? » Fairies une sale insulte homophobe, mais Wighard s'en drape comme d'une barre de fer.  Il écarte grand les bras, se transforme en Christ torve sous la lumière des phrases. Sa voix grave porte loin, il y a tellement de sel dans l'insolence, il y a tellement d'extase dans la sensation de faire un doigt d'honneur au reste du monde.

La mauvaise foi il y en a pour deux dans un charnier.

L'entendre crier contre l'enfant l'avait ramené au rang d'orphelin, de gamin qui n'a jamais réussi à grandir, d'émigré dont personne ne se rappelle le nom.
Jusqu'au premier coup.
La douleur se répercute dans tout son corps, jusqu'aux épaules qui menacent de se craquer sous le choc, dans les dents serrées, et sa bouche est envahie par le goût du sang. Le sien, d'avoir fermé sa gueule toute la soirée. La tole se tort sous les coups. Encore et encore. les gestes sont méthodiques, entraînés, comme un soufflet pour activer la colère plutôt que mû par la colère elle-même. Ce n'est pas une question de rage, mais une question de liberté. Que personne ne soit dans son dos. D'avoir cet endroit juste pour eux. Un oasis de merde rien qu'à eux.
La barre de fer se fait lourde comme une menotte entre ses doigts.

«- Qu'on lui a brisé le coeur. »   Ingvar. S'il y a bien un nom et avec, une personne qui pourrait t'arracher à la colère d'un seul mot. Ingvar, sobre, derrière la porte, Oona plein les bras. La porte de l'appartement qui se referme sur eux, le rai de lumière, de chaleur, de sécurité qui s'éteint quand l'immeuble recrache l'humain dans la douleur et la nuit. Il s'appuie sur la barre de fer comme sur une canne, reprend son souffle à grandes gorgées de nuit noire. Il envoie son souffle blanc jusqu'aux étoiles où les dieux sont censés jouer les voyeurs. Le silence de plomb s'étend par vagues alors que les échos des coups s'éteignent progressivement jusqu'au relai de ton rire amer. Elle te sort par tous les pores cette amertume, mais d'où elle sort. C'est pas toi . «- Tu sais ce qui me tue ?  Ils seraient d'accord avec nous. » Il frotte ses bagues sur ses doigts gelés. Elles ont laissé des marques dans sa peau, certaines légères et d'autres jusqu'au sang.   Ils croient qu'ils seraient d'accord avec nous, en tous cas. » Ils croient vivre dans le pays de la théorie. En réalité, ils auraient trop peur de perdre leur statut, leurs privilèges. Ils se sentiraient attaqués. Trahis. Qu'est-ce qu'ils sont, sinon surnaturels ? A les entendre, ils sont comme les humains. Mais si quelqu'un s'attaquait au système des castes, ils se serreraient tous les coudes, ancien et nouveau monde.   « - Mahaut, Ingvar, la moitié de ma caste ? Ils diront qu'ils sont d'accord, qu'il y a d'autres méthodes, qu'ils aiment aux humains, qu'ils sont les gentils, à nous traiter aux égaux et que ce n'est pas de leur faute. » Il ne doute pas de leur sincérité. Du dégout de certains envers l'esclavage, envers les pratiques de l'Ancien Monde. Mais la beauté n'est pas la neutralité pour rien. Ils ne se mouilleront pas. Wighard les méprise. . Ils s'en foutent de ce qu'on fait. Mais qu'on leur ait mentit, qu'on ait pas joué leur jeu… Cela va les rendre fou. Cela va faire pleurer Ingvar. Il pourrait comprendre la rébellion. Mais que toi et moi on lui ait menti ? Que tu sois en vie ? »  Plus rien ne serait comme avant. Plus rien ne l'est plus depuis des années. Et le simple fait que la trahison fasse plus mal que le fait qu'ils aient dû lui mentir, qu'ils ne se soient pas sentis récofnrotés par tous les mensonges d'égalité, était une cause suffisante de upture.

«- Je crois que j'ai merdé. » Autant pour "c'est pas toi le problème ». La barre de fer virevolte dans les airs comme un baton de majorette. Avant de se ficher dans le sol, profondément enfoncée dans les hautes herbes. Sa poitrine se gonfle d'air froid, ses épaules se redressent, ses omoplates se touchent, son ventre mou est une cible idéale aux coups. Drapé de cuir, il fait une silhouette plus noire que la nuit, ses bijoux accrochent la lune comme si elle voulait le planter de dards. Prendre ses responsablités. Elle ne sait pas. Maintenant que le sang bat à ses tempes, qu'il se sent vidé, vidé d'alcool, de peur, de colère, que toutes les émotions sont descendus pour laisser place à la tête froide qu'il arbore en général, il réalise l'impasse. Il est à court de solutions. La nuit n'arrangera rien à ccette affaire-là. Il a rompu avec Ingvar pour ne pas risquer d'entraîner la rébellion avec lui, et maintenant, quoi ? «- Oona est chez Ingvar. C'est le début de la fin. »   L'optimisme est vide et ta flasque est  dans la voiture.


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Famille : La rébellion fait office de famille, de dernier repère dans l'obscurité. Armurière affutant leurs armes, refusant de rester sans défense.
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Message Sam 5 Déc - 10:19



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◊ ◊ ◊

Il fait une drôle de statue, plus divine qu’humaine, dans la nuit noire, Wighard. Appuyé sur son arme de fortune, comme un bâton sacrificiel, presque trop droit pour être vrai, donne une fausse impression de fierté, alors même qu’ils sont détruits de l’intérieur, complètement foutu. Mais vous n’avez plus que ça, finalement, apparaitre comme puissants, une dernière fois, avant de s’écrouler. Asseoir un pouvoir que vous n’avez pas sur ce monde, que vous volez, l’espace de quelques instants. Comme des dieux vengeurs, prêts à détruire le monde entier pour peu qu’on vous en donne le pouvoir. Et pour l’heure, le royaume se résume à un charnier de voitures, un désert de tôles et de débris, la dernière demeure des vieux déchets comme vous. C’est dans ce genre de lieu que vous finirez, l’un comme l’autre. Surement pas enterrés avec les honneurs, couverts de fleurs et de dorures. Dans le noir, anonymes, oubliés dans les minutes qui suivent. Parce que vous ne serez rien d’autres que des traitres, qu’il vaut mieux effacer et oublier, plutôt que de pétrir de pauvres petits surnaturels de culpabilité. Ingvar serait détruit, ne s’en relèverait pas, s’écroulerait et ne vous regarderait plus jamais du même œil. Ce ne serait même pas le dégout. Seulement la déception, plus cuisante que n’importe quoi d’autre.

Et ça gratte, ça gratte et ça démange, cette cruelle ironie. « Bien sûr qu’ils y croient. » Si facile, de se croire juste et bon, de se ranger derrière les quelques efforts de faits, les miettes données aux humains. Ils ont au moins le mérite de la bonne intention, de l’effort. Mais ce n’est pas assez, ça ne le sera jamais. Ils se sont sauvés, il y a des années de cela, en embrassant la divinité, en se rangeant du côté des plus forts, de ceux que la vie n’atteindra plus jamais. Ils ont choisi de se mettre à l’abri, et de ce fait, ne sont plus même en état d’envisager ce que cela pouvait être, avant, cet autre côté qu’ils ne voient qu’à travers une vitre, une vitre terriblement épaisse, rendue opaque, qui déforme leur vision du monde. Ingvar aurait beau dire qu’il comprendrait, il ne se serait jamais autant trompé. « C’est facile, de prétendre à l’égalité, quand on est de l’autre côté. » Se rengorger de leurs manières douces, des efforts faits pour les humains, de toute ces petites œuvres de charité pour lesquels ils donnent de leur temps et de l’argent. Les vraies victimes du système, assurément. « Ça va nous retomber dessus, une fois qu’ils découvriront le pot aux roses. Ce sera nous qui les aurons trahis, alors même qu’ils ne cessent de le faire depuis des siècles en nous asservissant. » Ironie du sort. Chacun est bien trop bon à se poser en victime et s’apitoyer sur soi-même. Reconnaitre ses torts ? Quelle drôle d’idée… « Si ça avait été une rébellion obscure, peuplée d’inconnus, ils auraient pu comprendre peut-être. » Cela leur aurait au moins évité de prendre conscience que leurs proches humains en aient souffert, de cette situation. Leur aurait au moins donné l’impression d’avoir bien agi, avoir réussi à protéger ceux qui leur sont chers. Une manière comme une autre de se rassurer, et de se mentir à soi-même, de se réfugier dans un confort certain. « Mais ils vont le prendre personnellement, tous. » Ils ne sont bons qu’à ça. Plutôt que d’essayer de prendre les armes à leur côté, de les soutenir, de les aider, puisqu’ils ne sont pas en désaccord avec eux. « Et pleurer, oui. C’est vrai que pleurer, ça résout beaucoup de problèmes. » Il y a de l’aigreur dans ta voix, une pointe de ressentiment. Et pourtant, oui, t’imagines bien Ingvar pleurer, défait. Encore un tableau de beauté, pour ne laisser d’autre choix que de le prendre en pitié, comme une protection contre les reproches. On ne peut rien dire à un homme en pleurs, ce serait comme frapper un homme à terre. « Quoi, Wighard ? On n’a jamais été assez bon avec toi ? On a merdé où, hein ? Une fois où l’on t’a donné envie de nous trahir ? » Ta voix s’arrondit, se crisse dans une montée aigrelette qui décrédibilise la beauté. Ils se poseront en victimes tragiques du destin, se draperont dans le drame. Il a toujours su faire ça, Ingvar, grand héros dramatique des temps moderne. Seul et triste, dans sa cage dorée, dans ses vêtements luxueux, abandonné de toute part. Il ferait un magnifique tableau, des photos saisissantes de lui. A nouveau seul, aussi seul qu’il l’a été, avant que Freyja ne le prenne sous son aile. La beauté a ce talent-là, de bien présenter, même dans la défaite, de se dresser pour attirer les regards et en ressortir toujours plus forte.

L’apitoiement réussit bien, dans n’importe quel cas. Sitôt que Wighard semble flancher, il y a déjà cette nécessité de se porter à son secours. « C’est moi qu’ai merdé, Wig. Personne d’autre. » Et peut-être Sander, aussi. Mais rien ne sert de rejeter la faute sur les absents – ou les morts. C’est trop tard, maintenant. Reste que ce n’est sûrement pas au gardien d’encaisser cette responsabilité seul, alors même qu’il ne cherche jamais qu’à réparer les pots cassés, sauver ce qui peuvent l’être. Il n’est que le jouet du destin, et des caprices et bêtises de ses proches. Il mérite bien plus que ce qu’on lui donne, et tu es bien la première à le reconnaitre. Et pourtant, en première ligne pour l’enfoncer, chaque fois. Tu ne le mérites pas. Ça te saute à la gueule, une nouvelle fois, alors que tu l’observes, ombre défaite dans la nuit. « Tu vas lui dire quoi, pour justifier ça ? » T’aurais presque envie de murmurer, de t’affaisser, fatiguée, bien lasse. La réalité vous rattrape trop vite, et elle est bien triste. « Il l’a cherché pendant des mois. A jamais renoncé. S’est demandé où elle pouvait être, s’est inquiété, bordel. » Les rapports qu’a pu te faire Wighard te serre encore le cœur. Tu aurais dû y réfléchir bien avant d’entrainer Oona dans ta connerie. Encore une fois, c’est au gardien de rattraper des bévues qui ne sont pas les siennes. « Et là, elle réapparait, dans tes bras, comme ça. Comme par magie. » Tour de passe-passe qui ne demande rien d’autre que du mensonge, à tort et à travers. Vous êtes passés maitres dans cet art, bien malgré vous. Et une fois passé le premier cap, ça colle à la peau, c’est terriblement désagréable, ça démange, mais ça ne veut plus partir. Aucun autre moyen de vivre, sinon que de se draper dans les boniments. C’est un cycle éternel, une boucle infernale. Et ils y sont coincés depuis trop longtemps, risque de ne jamais en voir le bout. « Il a rien dit ? »

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Occupation : Gardien à la beauté, bénévole à l’orphelinat, ancien flic qui veut changer le monde. Loyauté aux rebelles et inscription aux alcooliques anonymes.
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Message Ven 1 Jan - 23:04

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@Badia Myrhe | 23 mars 2020

« Apollo est intervenu, au gala. Zhenka était là. Ingvar était là. Et Apollo fut le seul à se mettre entre l'orphelin au poignet cassé et l'homme adulte qui venait de le lui casser. » Il évoque la scène en quelques mots, la buée qui sorte de sa bouche forme la pantomime muette, silhouettes blanches qui se dissolvent dans la suie de la nuit. Elle lui trotte dans le ciboulot depuis un mois cette scène, elle a eu le temps d'accaparer son esprit, en deux semaines d'hôpital. L'esprit sevré s'accroche à ce qu'il peut. Son impuissance. Sa putain de place dans la société, le fait de savoir y rester. Et que malgré leurs grands discours, d'égalité et de justice, aucun de ses ex n'avait été capable d'utiliser son rang pour faire ce qui fallait. Juste Apollo. Wighard sait dorénavant qui sauver d'un incendie (volontaire). Il leur en veut. (L'inaction n'a jamais été à un type de son espèce, il a trop l'occasion de douter, de pense, d'aimer et haïr.)
Dans la nuit, tous les chats sont gris, tous les rebelles, adelphes. Deux ombres dans le brouillard créé par les phares. Identiques. Même barre de fer en main, même mains meurtrières, même grande gueule qui exhale vapeurs d'alcool et des mots crus. Elle exprime à haute voix ses pensées. Sa voix résonne dans la décharge et elle apporte avec elle l'écho des coups et l'écho qui ricoche dans son crâne. Wighard aurait pu prononcer chacune de ses phrases. Son visage se tord, se défigure sous la barbe. « Il pleure à chaque fois que je le vois. » Dégoût du pathos. Dégoût de la réaction que crée chez lui les deux yeux sombres mouillés de larmes et la déchirure dnas le visage de papier glacé. Un bel homme qui pleure. Wighard doit serrer les poings pour s'empêcher de l'enlacer, l'attirer contre torse, le baby-sitter comme s'il n'était qu'un enfant qui avait qu'un cauchemar, comme s'il était l'enfant qui geint toujours au creux de la poitrine de Wighard, alors qu'il se prend pour un homme.  Rien de mieux pour tuer les derniers relents d'amour et de désir, mais rien de mieux aussi pour attacher le gardien à ses pas avec autant de velléité qu'un porte-clef. « Cela marche toujours sur moi. »

Qu'est-ce qu'il lui a dit ? L'entrevue a la solidité d'une impression de déjà vu. Trop rapide. Il avait plus vue les néons et ses yeux fatigués que ses lèvres bouger. « Rien. Pour l’instant. » Les fesses de Wighard viennent s'appuyer sur la carosserie de la voiture de luxe, assis à califourchon entre les rayons de ses phrases. La voiture grince sous son poids. Il croise les jambes, les talons dans la boue, dans le merdier du charnier.   « - J’ai fait comme quand je l’ai largué. Je suis parti trop vite. Il était sobre et seul ce qui est bien plus que ce à quoi je m’attendais. »   Il se souvient juste du soulagement de voir les deux yeux marrons, trop grands, trop doux, rivés sur lui et l'expression d'Ingvar à reconnaître Oona. Il avait eu envie d'embrasser sa lucidité, d'enlacer sa familiarité. Dans l'encadrement de la porte, tout avait eu l'air normal. Qu'est-cce qu'il aurait fait si le creux du bras de Ingvar avait porté des trous d'aiguilles encore neuves ? Qu'est-ce qu'il auait fait si des corps nus s'alanguissait sur le lit king size ? Il n'avait pas pensé jusque là. Il avait réagit, pas réfléchi. C'était dangereux dans leur profession.

Il n'avait pas attendu les larmes, les demandes d'explication. Lorsqu'il était rentré de Vogue, les affaires du traître étaient prêtres. Maigres, l'orphelin s'était habitué à déménager à la valise. Première fois qu'il partait de son plein gré. Dans leur couple sain, dans leur couple addict à la communication saine et aux mots doux, à la compréhension mutuelle, il y aurait eu compromis, il y aurait eu travail en commun, il y aurait eu des questions qui auraient effrité sa haine comme un château de sable - jusqu'à la première fois. Aucune explication n'aurait tenu face à Ingvar, sauf la vérité de Sowilo.  Un peu comme aujourd'hui. Mais il va pleurer. Freyja témoin, il va pleurer quand je vais vouloir la récupérer. Et il va poser des questions. »
Derrière la fermeté tranquille de sa voix, des abysses de trémeurs et son regard qui cherche sa soeur de misère. Il y a un enfer qu'il ouvrira lui-même pour ceux qui limitent Badia à sa colère, à son acrêté, à sa rage et ses crocs, qui imaginent son amertume entièrement corrosive. Badia n'est pas un bocal à cornichons. Elle est le petit oignon sucré dans le bocal à cornichons. Il faut mettre les plaies de ses cuticules (dévorées de stress) dans le vinaigre pour le choper, mais ça vaut le coup. Il préfère son empathie armée jusqu'aux dents que les larmes de mirliton et les fondations caritatives de la beauté. Elle prend la faute sur elle. Ils en ont pas fini avec l'insomnie à tirer la couverture chacun de son côté.

Mais ils ne sont pas seuls dans le noir.

C'est ça qui compte. Wighard n'a jamais fait partie des rêveurs de Sowilo, il a les pieds froids quand il s'agit de parler de révolution, d'abattre les castes et de changer le monde. Pas de leur vivant, ça il y croit pas. Il préfère les petits pas. Il préfère améliorer leur quotidien, il préfère se serrer les coudes. Ce qui compte à ses yeu c'est les soirées passées aux refuges à se passer les bouteilles, les rires et les histoires. Les étreintes presque anonymes contre le corps de Zakaria et vérifier que les boîtes à pharmacie sont pleines pendant que Badia et Magda aiguisent leurs couteaux. Se serrer les coudes. Ne pas être seuls dans le noir de Senja. Wighard lui tend la main, paluche souillée de souvenir, des brûlures de la barre de fer maintenant lourde entre ses jambes. Le bras tendu, lui enjoignant avec autorité de prendre sa putain de main Il ne lui laisse pas le loisir de chicaner, l'attrape par le bras, l'attire près de lui, à portée. Sa main rude descend dans celle tâchée de sang. Serre les doigts comme s'ils étaient un canon de revolver. «-Je pensais… Elle était chez moi. Que c’était ta décision. Il n’osera pas aller contre la dernière volonté de sa sœur chérie, martyre, sainte, idéalisée. Elle est trop morte pour ça. »

Il lui jette un regard en coin, une gueule de satye amusé qui se bourlèche les babines de la grivoiserie à venir.   «- La ressurection de Jésus. » Il n'y aura rien de drôle quand Ingvar apprendra que Badia est vivante. Jamais quelqu'un aura été aussi content de la voir et aussi furieux en même temps. Peut-être qu'il devrait tuer Badia pour éviter les très longs moments d'embarras qui l'attendent dans le loft de luxe. Il n'y aura rien de drôle alors Wighard le prend comme une bonne blague de paternel obsédé par le cul.  Toujours à une main depuis cinq bonnes minutes, il se démerde bon gré mal gré à sortir une clope de sa paquet, la ficher entre ses lèvres, l'allumer du briquet. On dirait qu'il allume un incendie dans la nuit noir, ce qui est pas loin d'être le cas avec les déchets toxiques qui ont dû être posés là au nez et à la barbe de la Nature (comme eux.). Il exhale une fumée lourde entre ses dents, la gueule béante.   Là il va nous mordre les couilles.
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Message Jeu 7 Jan - 15:21



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◊ ◊ ◊

Statues perdues dans les ténèbres, ils ne jurent pas tant que ça dans le décor, s’y confondent presque, déchets parmi les déchets, épaves échouées sur la rive, défiguré par les récifs. Dans leurs paroles flamboie encore un royaume perdu, un semblant de famille, un ailleurs aux allures idylliques. Facile, d’idéaliser tout ce qu’ils ont perdu, ce qui n’existe plus que dans leurs souvenirs. Ils ne peuvent s’en défaire, de cette image-là, de ce qui apparait comme un paradis égaré dans les abysses du temps. Tout s’est disloqué pas à pas, et elle n’est bien sûr de savoir où se trouve le réel début de leur chute, s’ils n’étaient pas perdus dès leur naissance, peut-être, voués à sombrer dès le premier souffle. Et de la même façon, elle a bien dû condamner Oona. « Tu veux la récupérer pour la mettre où, Wighard ? » L’ironie flambe, coince les regrets dans un coin de son cœur, ne leur laisse aucune porte de sortie, sinon de toute gangrener de l’intérieur pour se trouver un chemin vers la lumière. Ils sont adultes, parait-il. Et responsables, parce que selon certains, c’en serait un synonyme. Elle n’y croit guère, elle, incapable de se placer comme décisionnaire. A trop longtemps craint de devoir ainsi prendre garde à sa fille, s’attacher un petit être aussi fragile. Elle n’est pas faite pour les responsabilités. Préfère bien plus hocher la tête, suivre le mouvement, se greffer à une tête pensante. C’est bien à ça qu’il a toujours servi, Sander. Tête directrice de leur ménage, à rassurer ses pires angoisses, panser ses plaies pour espérer construire un foyer décent, malgré ses bases branlantes. Et maintenant qu’il s’en est allé, tout s’effondre. « Elle est où la place d’Oona dans ce monde, hein ? » Sûrement pas auprès de sa mère. Pas à la rue non plus. Surtout pas dans un orphelinat sous l’égide du Divin. Ne reste qu’un bel appartement, théâtre des vices qui gangrènent la Beauté, et des bras confortables, mais pas plus responsables que ceux de la mère, finalement.

Elle se sent acculée, au pied du mur, le cou sous la guillotine. Et avec elle, elle emporte les siens, de peur de se retrouver seule, de se noyer dans sa perte, d’échouer encore et toujours. C’est drôle, qu’il soit encore là, Wighard, à lui tendre la main et l’étreindre. Il apparait comme un héros des temps modernes, de ceux qu’on n’idéalise plus tant, qui ont leur part d’ombre, mais qui reste encore droit malgré les tempêtes. Il est bien le dernier roc auquel elle peut se raccrocher, les doigts noués aux siens, décidée à ne rien lâcher malgré le vent qui souffle si fort, s’acharne à leur faire perdre pieds. Ils trouvent toujours des solutions, quand bien même elles sont imparfaites, et les murmures de Wighard aurait presque un accent de vérité. Elle pourrait y croire, aux derniers vœux d’une décédée. Oublier que c’est elle, six pieds sous terre. Ou seulement faire corps avec la mort, l’accepter pleinement et s’y retrouver enfin. Elle acquiesce en silence, parce qu’elle ne sait pas bien quoi dire d’autre, ce qui pourrait justifier leurs mensonges, palier la vérité pour la dorer, la rendre plus attrayante, acceptable. Mais la réalité finira bien par ressurgir, un jour ou l’autre. Et des têtes vont tomber. « Il va nous détester. » Les détester, pour lui avoir ainsi tout cacher. Pour avoir feint la mort, feint le deuil. Amputé son cœur, créé une béance qui ne se remplira plus jamais, un vide impossible à combler. On ne joue pas impunément avec la mort, ni les sentiments. « Et encore pleurer. » C’en devient presque un running gag, d’ainsi jouer les sardoniques, étirer les lèvres pour se moquer, alors même qu’il n’est pas là, et mérite bien plus leur compassion. « On est de foutus ordures, hein. » Les grands méchants de l’histoire. Et elle endosse ce rôle à merveille, comme toujours, revêt le costume du monstre pour décharger le reste du monde. « Mais bon, c’est bien ma faute, de t’entrainer dans mes saloperies. T’aurais continué à être un gentil gardien, peut-être bien un gentil mari et un gentil sublime, si j’avais pas été là. » L’ironie perce, parce qu’elle n’est même pas sûre de pouvoir lui souhaiter pareil avenir. Mais c’est certain, que les choses auraient été différentes, s’ils ne s’étaient pas retrouvés tous deux à cette table, auprès d’Ingvar et Mahaut, à se regarder dans le blanc des yeux, partager la même pensée, murmurer, dès les regards tournés. C’est une étrange famille qui les a réunis, un concours de circonstance qui les a menés aujourd’hui à être ce qu’ils sont. « T’aurais eu la belle vie. » C’est presque une provocation lancée à la gueule des dieux, qui doivent les observe de là-haut, de leurs mille yeux étoilés. « Désolée d’avoir tout gâché. » qu’elle conclut, en finissant par s’en détacher, retrouve déjà la portière côté passager pour amorcer leur retour. Mais la vérité, c’est qu’elle ne l’est pas, de désolée. Ne s’en voudra jamais vraiment de l’avoir mené sur une pente dangereuse, pour suivre une cause qu’ils trouvent aussi juste. C’est plutôt pour les dommages collatéraux qu’elle s’excuse. Parce qu’elle n’a jamais bien su viser, prévoir précisément les conséquences de ses actions, ne réalise qu’une fois qu’il est trop tard pour faire demi-tour que ses remèdes ont bien des effets secondaires indésirables.

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Pronoms rp : il
Âge : 46
Occupation : Gardien à la beauté, bénévole à l’orphelinat, ancien flic qui veut changer le monde. Loyauté aux rebelles et inscription aux alcooliques anonymes.
Statut : En couple avec Zhenka
Famille : Rebelle, infiltré qui connaît ses priorités, et pourtant rattaché à la beauté, gamin qui veut être aimé, soigne ses daddy issues avec Odin
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Message Ven 19 Fév - 23:41

I want to break things
@Badia Myrhe | 23 mars 2020

Tu veux la récupérer pour la mettre où, Wighard ? Chutée au fond d'un puit, la voix de Badia surgit, monstrueuse. Déformée, elle prend tout l'espace, s'étire, s'étend, perd son timbre jusqu'à devenir une voix de cauchemar, sans plus de rapport avec sa soeur de misère. Auprès de sa mère. Elle crée des monstres dans la nuit, des monstres sous le lit, sous le matelas défoncé et souillé qui gît à droite, sous le tas de pneus à gauche, sous la voiture dont les phares bourdonnent dans le silence. Auprès de sa mère. La place d'une gamine de sept ans est avec l'un de ses parents. (offre soumise à condition). Sa mâchoire tique dans la pénombre, des ombres dévore ses traits dans la pénombre, le transforme en croque-mitaine qui vole les enfants dans le noir. En raffleur. Elle ne sera jamais rafflée, sous la protection d'un membre de caste. «- Est-ce que tu es en train de me dire que tu abandonnes ton enfant ? »  Il n'y croit pas et pourtant le ton de sa voix est monocorne. Atone, comme s'il n'était pas à l'intérieur de la carcasse virile d'un homme. En état de choc. Dans la pénombre, c'est Wighard enfant qui regarde sa soeur, de très loin, emprisonné dans le corps qui a grandi sans son indépendance affective. Elle est où sa place dans ce monde ? Il lui semble entendre des voix d'adultes qui parlent de lui comme s'il parlait toujours pas leur langue. Il faut le placer. Un enfant placé. Un enfant déplacé. C'est pas sa place. Nulle part. Il va devoir bricoler pour en parler à son psy, mardi en 8. Wighard ne s'est jamais vraiment remis de la mort de ses parents, de sa petite mort à lui. Il a contrairement à ses adelphes d'infortune, bien connu ses parents, ses oncles, ses tantes. Tous les dimanches il touche du bout des lèvres la sensation d'une famille aimante, le laisse affamé. «- Et que je suis censé assumer ça ?" Sa voix se perd dans les bouffées goulues d'air glacial que sa gorge exhale.

Si ses parents avaient pris un avion retour pour Dublin, il serait père. Il aurait ses problèmes, ses guilt-trips de catholique au bar du coin, mais il serait père. Il n'y a aucun doute dans ce besoin qui palpite en lui, à chaque fois qu'il voit la bouille d'Oona, à chaque fois qu'il croise un gamin dans la rue, au parc. Le besoin presque méchant qui a explosé lorsque Zhenka lui a montré la photo de sa nièce. Il avait envie fracasser ses pommettes contre le lit d'hôpital parce que Zhenka ne faisait pas le même sacrifice que lui.
Badia fait le même choix que lui, d'une certaine façon.
Et il lui en veut.
Tu parles d’un hypocrite.

Dans la nuit, ses doigts sont mouillés. Poisseux de quoi ? De larmes. Wighard passe sa main dans sa barbe, sur son visage. L’alcool se transforme en migraine, la fatigue en agonie. Cela fait beaucoup pour une soirée. Il a l’impression que la nuit s’étire à l’infini. Qu’ils sont coincés là dans la décharge depuis ce qu’il ressent des années. Il a l’impression que ça fait des jours qu’il était coincé dans un night-club à surveiller sa marée féline infernale. Des années. Répétition d’une même journée, d’un même cycle, d’un même vice.   « Le problème ce n'est pas ce monde, c'est Senja. » Les mots lui restent en travers de la gorge malgré leur sincérité. Est-ce qu’il pouvait blâmer quelqu’un qui abandonnait son enfant pour de bonnes raisons, entre de relatives bonnes mains ? Wighard haïssait le système, mais Oona aurait un futur, sous la protection d’Ingvar. Il lui avait arraché son enfant dans un sursaut de panique, l’avait jugée coupable et l’avait condamnée. Elle pouvait être condamnée à mort parce qu’il avait sorti Oona de ses langes d’oubli. Accepter ça, accepter ça aussi facilement lui reste quand même au travers de la gorge.
De sa propre expérience, il valait mieux être chez Ingvar que battu.

Dans une décharge, il parle à une morte. <«- Arrête tes conneries. » Une morte qui se fout allègrement de sa gueule. Du bout de sa barre de fer, il frappe le côté de la hanche de la jeune femme comme pour la réduire au silence. Assez pour lui filer un bleu, un hématome qui va la faire boîter toute la journée de demain. Comme pour lui rappeler que demain, dans l’appartement solitaire, jonché de jouets d’enfants, tout cela aurait été réel.
Et Wighard était une ordure.
Passons.

Il avale la poussière des phares d’une enjambée. Wighard était homme porté sur le sentimentalisme, qui plus est lorsque cela pouvait gêner sa sœur. Il vient poser sa main dans sa nuque, ses cheveux se coincent sous sa paluche cloquée de colère, il presse gentiment sa nuque pourtant. L’empêche de fuir. Au risque d’un coup de boule. «- Je ne reprendrais pas cette vie. J'ai lâché mon loft, mon mec, l'incarnation du Plaisir qu'était mon mec»  La précision lui tire un rire où il y a un brin d'hystérie épuisée. Comme si c'était la caractéristique majeure d'Ingvar et de leur relation - c'était important, pour lui certes. Mais aucun orgasme n’aurait fini à le retenir – la preuve. « -et nos projets de fonder une famille pour une décharge d'ordures, une flasque de whisky et être ici, avec toi. » Il la relâche pour tirer une latte de sa cigarette, éparpille les cendres dans la boue où ils piétinent « - Tout plutôt que l’hypocrisie. Je ne supporterais pas de vivre avec moi-même sinon. » Oui, il devait à Badia son entrée dans la rébellion – une trêve dans ses insomnies, son reflet dans le miroir, la paix dans sa conscience. Il n’avait aucun problème à tuer, à blesser, à savoir qu’on torturait – pour les bonnes raisons. Savoir qu’il travaillait en sous-main pour l’égalité des mortels lui avait permis de dormir bien des nuits dans les bras d’Ingvar. Savoir qu’il couchait avec l’ennemi et participait à un mensonge qui lui donnait la nausée, lui avait accordé bien des nuits blanches à fixer le plafond, à haïr chaque respiration de son amant. « - Je t’en dois une, rien que pour ça. I've got you. » Les cendres de sa cigarette lui brûle les doigts quand il fiche à nouveau le mégot entre ses lèvres, point rouge sang dans la pénombre. Il rive son regard à celui de Badia, lui fiche ça dans le crâne. Il lui devait cette vie. Et il ne pourrait jamais la repayer de lui avoir donné un moyen de vivre en paix avec lui-même. De changer les choses.
Il l’avait mal repayée ce soir.

Les deux ombres se remettent en route, en mouvement autour de la bagnole comme on range le lieu d’un crime ; La barre de fer retombe dans son coffre avec un tintement métallique, le coffre claque sur le cadavre de fer. Le son résonne loin, la voix de Wighards’en fait l’écho, quand il reprend le volant. « - Des conneries. Tu ne l’es pas. » Elle n’est pas désolée. Il ne lui en veut pas.
Il avait besoin d’un verre. Ils avaient besoin d’un verre.
Avant d’affronter les conséquences de leurs actions au matin.

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