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 an ocean of violets in bloom (wyn)
 an ocean of violets in bloom (wyn)
Solvi Carlsen
Solvi Carlsen
humanité embrasée
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Arrivée : 13/06/2020
Missives : 1383
Pseudo : suskind | Cassandra
Avatar : Adria Arjona
Crédits : neventer (cs), suskind
Thèmes abordés : État dépressif, faible estime de soi, décès d'un proche, maltraitance psychologique
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an ocean of violets in bloom (wyn) WwoRHkk6_o
Pronoms rp : elle/she
Âge : Vingt-huit ans (07.1994) dont une grande partie dédiée à d'autres qu'elle-même
Occupation : Anciennement asservie par la Tourmente ; serveuse au Deep Blue, elle en est devenue co-gérante aux côtés de son frère aîné, l'envie d'offrir un lieu agréable comme objectif.
Statut : Se découvrir elle-même d'abord, mais les doigts frémissent, les joues rosissent et les sourires timides s'esquissent sous les histoires du journaliste.
Famille : Orpheline mais ils sont s̶i̶x̶ trois, venus de partout, petits bouts d'âmes qui se sont trouvés rassemblés dans la souffrance. Iels ont toustes fait un choix, mais elle est restée neutre.
Hors-rp

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Message Mar 23 Juin - 2:36

An ocean of violets in bloom
she tries her best but it hurts her chest

L’aurore se pare de couleurs irréelles, de grandes ombres bleutées ondoient contre les murs de la maison. Au creux de la forêt millénaire les hautes lumières s’étendent contre les habitants du foyer, frappent les corps endormis à travers les fenêtres ouvertes sur le monde. Il y a cet étrange sommeil, lourd et agité, comme une enclave aux mains d’acier. Certaines fois dans ses rêves aux atours de cauchemar où le cruor lui macule le visage, la panique étreint sa cage thoracique et par-delà l’horreur, le Surnaturel se relève. Ensanglanté, furieux, vivant. Et son instinct de survie, si prompte à la sauver, l’adrénaline si cher à son cœur, capable de la faire fuir - tout s’évapore. Dans ses cauchemars, le Surnaturel est en vie, déterminé à la faire souffrir. A la tuer, elle le sent. Ses souffles oscillent, sa détermination s’effrite, elle ne sera que victime. Une de plus dans les mains des Surnaturels. Le panorama s’étire en un kaléidoscope de couleurs sombres. Souffle erratique, pulsions d’adrénaline le long de ses veines. Elle veut crier mais la peur suinte par chaque pore de sa peau et la fige sur le sol. Les contours sont flous et tout se mélange le temps d’un battement de cils chimérique. Son corps figé sur le matelas est parcouru de frissons - ceux qui pétrifient le sang, hérissent l’échine et étreignent ses cotes d’un étau glacé. Ce n’était qu’un cauchemar. Déjà exténuée aux premières lueurs du jour, Solvi écoute les sons feutrés de la maison qui prend vie. Le chuintement des portes qui s’ouvrent et se ferment en douceur, l’écho léger des pas dans les couloirs. Son regard fixe les nœuds du plafond et elle se plaît à y déceler des formes abstraites. Les histoires qu’elle se raconte sont plus douces, plus irréelles, moins violentes. Trouvent leur source dans un univers d’illusions agréables, celles qui soulageaient son âme quand il n’y avait que sa bulle pour la retrancher des horreurs. Celles qui l’apaisent après les nuits tourmentées. La sérénité fait son nid en elle, avec l’hésitation d’une proie susceptible de détaler au moindre danger. Rien n’est gagné d’avance, elle découvre chaque jour les mots à mettre sur des sensations qu’elle ignorait être des angoisses. Mais chaque petite victoire est vacillante, jamais certaine. Il y a un maelström autour de la graine de courage fleurie en capucines. Solvi en sent les pétales chatouiller ses cotes, danser dans les vents qui agitent son être entier, tantôt brise, tantôt bourrasque. Ce sont ces courants d’air qui portent sa journée. Elle se lève, incapable de se rendormir après l’agitation qui remue encore en elle. En longeant le couloir, son chemin croise celui de Henok qui semble inhabituellement pressé mais qui prend néanmoins le temps de lui souhaiter une bonne journée. Et cela frétille dans son cœur, c’est nouveau, chaud, presque pathétique. Des attentions anodines qui font déborder la crevasse aride - un sol trop sec qui ignore comment accueillir correctement les pluies diluviennes l’abreuvant après des années de sécheresse.

C’est une journée de déambulation entre les grands arbres autour de la maison, une journée où le temps se déroule avec langueur et où elle peut sans arrêt faire tourner les événements des dernières semaines dans sa tête. L’inactivité l’agite, lui tiraille l’esprit, la démange quasiment physiquement. L’après-midi s’étire doucement et elle vaque dans la cuisine quand elle se rend compte qu’instinctivement ses doigts se sont portés au creux de son coude. Ses ongles raclent la peau où se mélangent plaies récentes et cicatrices - celles que Henok a réussi à lui soigner alors qu’elle essaye de maitriser ce tic, reflet de ses émotions en montagnes russes. Le tiraillement que provoque la chair à vif lui procure un apaisement illusoire qu’elle traîne jusqu’au bureau encombré de Wyn. Elle l’attend, depuis une demi-heure déjà. C’est sur ça que se cale sa nervosité - cette attente qu’elle connaît pourtant. Les longues heures à apprendre la patience, à ignorer la faim, à supporter les humiliations. Mais cette fois, l’impatience juvénile la gagne. Le scientifique est en retard pour le cours qu’il doit lui donner. Et malgré le fait que son statut de Surnaturel l’intimide, malgré son impression de ne souvent rien saisir au langage abstrait en dépit de ses efforts, malgré tout ce qui l’interroge dans cette maison pas comme les autres, elle se réjouit timidement de cet apprentissage des runes qu’elle partage régulièrement aux côtés de Henok. Pourtant aujourd’hui le retard de la Curiosité l’agite alors qu’elle contemple la pièce depuis le pas de la porte. Les lieux croulent sous l’amoncellement de documents, de livres dans tous les sens, de dossiers posés en équilibre sur des étagères débordantes. Solvi s’agite. Il y a quelqu’un qui vient faire le ménage et le couple lui a presque interdit de toucher un produit nettoyant mais les vieilles habitudes ont la peau dure - une peau coriace, tannée comme du cuir au soleil, tenace comme une écorce centenaire. Et pour oublier les scénarios sur les raisons pour lesquelles Wyn n’est toujours pas rentré, scénarios où l’hypothèse principale est souvent qu’il n’a plus envie de lui enseigner quoi que ce soit, elle décide de s’occuper en faisant du rangement. Les minutes s’écoulent avec la régularité d’un métronome, une demi-heure de plus sonne quelque part dans la maison alors qu’elle est agenouillée au milieu de la pièce et des dossiers. Le désordre règne encore dans la pièce, mais déjà plusieurs piles de documents qu’elle a essayé de trier s’élèvent. Trier. Classer. Ranger. Son esprit occupé n’entend pas la porte d’entrée s’ouvrir, ni l’activité d’une âme rentrée dans la grande maison. Un des produits ménagers traînant dans l’air ambiant lui arrache une quinte de toux insidieuse, vicieuse. Pourtant elle ignore l’inconfort et la brûlure dans ses poumons tant voir briller la surface du bureau en partie dégagé a été satisfaisant. Les gestes sont mécaniques, rodés par l’habitude bien qu’elle ne comprenne pas l’intitulé de tous les documents qu’elle essaye de classer. Le son des pas qui parcourent le couloir dans sa direction ne vient pas jusqu’à elle, psychologiquement embourbée dans la monotonie réconfortante d’une tâche qu’elle connaît. Trier. Classer. Ranger.
Wyn Evjen
Wyn Evjen
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Occupation : Maître des runes, chercheur pour le centre de désintoxication, cours occasionnels et avancés à l'université, fouine professionnelle, fournit cercles de protection, divinations et talismans pour le Nouveau Monde et parfois ses services de façon illicte...
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Message Sam 12 Sep - 18:09

An ocean of violets in bloom


Il a perdu le décompte du temps. Il n'y a jamais été très attentif. Le temps se mesure en cycles de la centrifugueuse, en pages d'articles, en diagrammes, en maturation des échantillons. Certainement pas en lieux où être à l'heure, de personnes qui attendent. Le remède au passage inexorable du temps réside dans une porte close (et une colère terrible pour qui l'ouvre). Wyn a pris l'habitude d'entendre le sarcasme d'Aslaug dans son coin, son rire lorsqu'elle lui rappelait que c'était l'heure jusqu'à le tirer hors de sa grotte par le col. Le docteur est tombé dans le trou de lapin, plissant les yeux derrière la monture de ses lunettes tandis que les poissons bullent dans un coin. Le soleil de printemps fait semblant de rien et joue la comédie. Dans le bureau, le teint céruléen du ciel vous jurerait que c'est un début d'après-midi. Et puis dans le laboratoire, il n'y a pas de fenêtre, seulement des paillasses et des écritaux sur la sécurité et les différentes façons de perdre un organe au travail.
Il a perdu le décompte du temps : le dos penché sous le poids d'un savoir inconnu, il n'a plus vraiment d'allure, le surnaturel - sa bouche bée légèrement, concentré sur ce qu'il lit, le dos courbé, le joli costume trois pièce gris souris (gris écureuil) a disparu sous une blouse blanche, ses cheveux un peu trop courts pour être attachés, un peu trop courts pour être correctement ébourriffés, à demi dressés sur crâne, chiffonnés par la réflexion. L'enfance semblait avoir refait son nid dans les yeux lumineux, illuminant comme d'un soleil les crevasses de son visage tiré. Il faut que Renata lui chaparde les papiers pour qu'il annotte le carrelage de la paillasse (déjà éprouvé par différentes écritures mal effacées) et relève la tête, sorti de sa transe. Il est en retard. Il s'est perdu dans le travail pour oublier la réalité qui le pourchasse. Impossible apathie.

Les runes retombent leur barrière avec un bruissement de feuillage quand l'ancien maître referme la porte derrire lui, laissant la maison sous sa protection plus que celle des glyphes. Avec elles, retombent les murs qui protègent la psyché vacillante. Fini l'air de supériorité dans lequel Curiosité se drapait pour éloigner les curieux. FIni l'insolence qui empêchent ses chimères de réaliser leur utopie, leur audace. La marche depuis l'arrêt d'autobus, jusqu'à la maison de bois au milieu de nulle part malmène sa jambe et il reste un moment dans l'entrée, l'avant-bras contre le mur à simplement inspirer, expirer. Il ôte la blouse, la veste de costume qui retombe en tas dans l'entrée. Des cicatrices encore fraîches tirent sur sa peau, trace des runes cabalisitiques dans sa paume : mélange des ongles qu'il enfonce dans sa chair contre la douleur et un oeil daté de quelques jours.

Il ne doit pas être si tard que ça, quand Wyn se fraye son chemin dans la maison tranquille. Les deux hommes qui partagent sa vie et son foyer sont absents ou silencieux. Elle résonne de bruits et de craquements, habitée jusqu'à la lie. Pourquoi est-il rentré si tôt déjà ? Comme un fantôme au circuit pré-enregistré, il se dirige vers le bureau, son antre à la porte entrouverte.
Elle grince à peine lorsqu'il la pousse.

L'odeur qui monte des bois anciens et des livres usés rappelle l'hôpital, rappelle la morgue où Aslaug n'est pas. Elément qui cloche dans un cauchemar, qui met la puce à l'oreille. De l'autre côté du bureau, Aslaug l'attend. Ses longs cheveux noirs cachent son visage, retombent dans le dos de la robe sombre qu'elle porte. Elle la porte toujours avec la broche de chouette qu'il lui avait offert à un Yule, il y a un an ou deux. Elle est entourée des livres et documents soigneusement rangés, entassés, souveraine dans son domaine, trône de papier et de connaissances. Elle trône au milieu des étagères, semblable à une ballerine de boîte à musique. Elle tourne, les talons ancrés dans leur place, entre les différentes piles, le corps svelte agité d'une détermination à toute épreuve. Wyn voit la liste de tâche qui défilent dans son esprit, qu'elle saisit les unes après les autres sans la tergiversation qui anime tellement son sublimateur. Elle sait ce qu'elle fait. Elle trouve du contentement dans les papiers qu'elle ordonne, les livres dont elle lisse les pages ratiocinées. Ces émotions lui manquent comme un membre manque à un amputé. Elle semble faite de fumées et de mots, opaque et transparentes à la fois.
Les chaussettes déparaillées, jaune vif et noire à pois ne font pas un bruit lorsque Wyn quitte le plancher pour l'épaisseur des tapis où il a usé ses fonds de culottes. Il s'approche de la jeune femme, s'arrêtant dans son dos comme tant de fois, proche à la toucher, sans que ce soit nécessaire.

Elle semble réelle, penchée sur le bureau, plus réelle que toutes les vestiges de vision qui crépitent au coin de sa mémoire aveugle. Elle n'a rien d'un fantôme avec ses cheveux qui chatouillent sa poitrine, son dos qui manquent de le faire s'écrouler lorsqu'elle se redresse. Elle est réelle et l'esprit de Wyn court se lover au sien, griffant la familiarité de la scène comme un ancrage loin de la folie qui le guette. Il y a dix, quinze ans, la logique aurait pris le dessus, disséqué la scène pour en trouver les invraisemblables, les impossibilités mathématiques. Ce n'était ni un fantôme, ni Aslaug. Ce n'était pas possible. Il se serait rebiffé contre ce que son esprit malade lui présentait comme vrai, se serait questionné, interrogé, selon la philosophie de sa caste. Il en est aujourd'hui incapable quand il la fixe, les barrières de son masque défaites, autant de sangles de camisoles qui tombent et laissent place à une tendresse juvénile. «- Aslaug. »  Puis survient la felûre : son mouvement continue par pure inertie, comme une jambe qui cèderait sous lui : Wyn va pour écarter une mèche du visage de la jeune femme, qu'il fixe sans la voir. Son regard la transperce, voyant qui ne voit pas, à deux doigts d'aveugler ses prunelles pour ouvrir son troisième oeil, de nier la réalité. Il effleure sa joue, ses cheveux parce que le mouvement est entamé lorsque son âme prisonnière se prend les barreaux de la cage sans rencontrer Aslaug. Et tout s'immobilise, les lèvres bées, le corps oscillant comme percuté en plein vol. Il cille. Il la regarde. Il la reconnaît.

code par drake.
@Solvi Carlsen | avril 2020
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Statut : Se découvrir elle-même d'abord, mais les doigts frémissent, les joues rosissent et les sourires timides s'esquissent sous les histoires du journaliste.
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Message Jeu 17 Sep - 22:49

An ocean of violets in bloom
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Le geste est agréable - il a un goût de routine, des choses connues qui semblent immuables. La mécanique apaisante de l’habitude. Loin de sa fugue, loin de la maison en bois. Le temps de son mouvement machinal, elle n’est pas là. Elle est dans son monde à elle, celui qui sert de point de fuite. Celui dans lequel elle se réfugie quand tout est trop fort, trop douloureux. Où tout est un duvet trompeur, fait pour étouffer les craintes qui hurleraient si elle les laissait prendre le dessus. L’enveloppe douce du déni, d’une dissociation dont elle ne connaît pas les termes médicaux mais dans laquelle un professionnel décèlerait les traumatismes criant. Alors il est devenu nécessaire, ce petit monde, une accoutumance à la douceur factice. Une cabane en coton. La tanière de la bête peureuse où elle s’invente mille histoires si belles, si tendres, et où les griffes ne l’atteignent pas. Du moins, pas son esprit. Là-haut, bien enveloppée dans son écrin chimérique, elle perd la conscience de ses gestes. Des documents qu’elle déplace d’un amas informes à une pile lissée, des surfaces qu’elle astique machinalement pour en effacer la poussière glissée entre les interstices et les vestiges du papier usé. L’esclave est entrée en pilote automatique, le mode sans échec d’un humain serviable qui n’a plus besoin de réfléchir au sens de sa corvée ni à la manière de l'exécuter. On ne lui a de toute façon rien demandé. Trier. Classer. Ranger. Elle se contente de ce rythme hypnotisant dans l'enchaînement régulier, sans une pensée pour la douleur au bas de son dos, sa nuque ployée sans ménagement ou ses poumons qui sifflent avec réticence. Elle a chassé l’angoisse que noue le retard de Wyn, toute à sa tâche. Les runes sont loin, le surnaturel aussi, il n’y a que l’instantanéité de la besogne qui trouve un sens pour le cerveau domestiqué. A tel point que ni la porte d’entrée ni les pas dans le couloir ne lui parviennent. Ces derniers sont trop doux, trop habitués aux ruses du bois qui travaille pour s’y laisser piéger, même instinctivement. Depuis sa cabane en coton, tout semble étouffé et si lointain. Un voile de brume ne laissant rien filtrer, si dense. Suffisamment épais pour qu’elle ne puisse même pas ressentir le pathétisme de sa stratégie de repli, cachée loin derrière. Il s’annihile, l’animal peureux, dans cette maison aux mille couleurs. Obnubilé, son instinct de survie ne s’éveille pas avant qu’une voix s'élève dans la pièce. Une voix rauque, familière et inconnue à la fois. La cabane en coton se dissout aussi précipitamment que du sucre filé déposé sur la langue. Sans prévenir, brutalement. Douloureusement. Le retour est brusque, impitoyable. Les feuilles s’échappent de ses mains, s’échouent au sol dans un chuintement trop violent pour son esprit qui reprend difficilement pied. Il essaie de tout analyser en même temps, tout comprendre pour se calquer sur le meilleur comportement à observer.

Elle sent son visage blémir à l’entente d’un prénom qui n’est pas le sien. Celui d’une personne qu’elle ne connaît pas - pas directement. Qu’elle découvre à travers des effets encore dispersés dans la maison, des souvenirs évoqués à voix basses. Une odeur dans laquelle elle s’est glissée et des tissus qu’elle a emprunté, faute de posséder un quelconque vêtement à elle. Si certains jours la sensation de voler la vie de quelqu’un d’autre l’angoisse - sa chambre, ses habits, sa famille - jamais durant ces dernières semaines elle n’a marché avec autant d’exactitude dans ses empreintes. Sans même s’en apercevoir. Jamais avant aujourd’hui.
Le surnaturel est un homme beau - de la beauté un peu insolente et désinvolte qu’ont les hommes et femmes de science dont les frasques n’étonnent plus personne. Mais rien n’y fait. Le regard de Wyn l’effraie. Il semble à la fois la transpercer de part en part, lire en elle le peu de choses qu’elle est capable de cacher, contempler les vides qui la déchirent, déchiffrer des complexités qu’elle-même ignore. Mais aussi réfuter complètement qui elle est vraiment. Ne pas voir Solvi, l’esclave de la Tourmente, la petite âme qui vivote le plus discrètement possible dans cette maison depuis quelques semaines. Elle a vu des yeux rendus fous, connu des pupilles dilatées par la violence et la cruauté. C’est un attendrissement aliéné qu’elle lit au fond de celles du scientifique mais cela ne l’effraie pas moins. Le contact des doigts du scientifique est doux contre sa peau, tendre dans ses cheveux, pourtant son corps bondit. Elle sursaute violemment, maîtrise à peine le minuscule pas en arrière qu’elle veut faire mais se trouve paralysée, le corps acculé contre le lourd bureau en bois massif. Son visage se relève instinctivement, comme un animal sur la défensive, tout crocs dehors. Mais elle n’a ni crocs ni griffes. Sa tête bourdonne et semble prise dans un étau qui appuie sur ses tempes. « I… Sorry. » De quoi demande-t-elle à être excusée exactement ? Elle-même l’ignore, le discours de l’habitude - réflexe pavlovien d’un cabot conditionné. Demander pardon quand elle ne comprend pas, quand elle fait une erreur, lorsqu’elle est perdue ou a la sensation de déranger. Demander pardon pour limiter le courroux. D’être parmi les vivants, de n’être qu’une simple humaine qu’aucun dieu n’a appelé. S’excuser d’être sur le chemin, d’être une chair meuble et un esprit faible, d’avoir une voix et un visage. De ne pas être celle qu’il faut. Se repentir d’exister. « I’m so sorry. » Elle souffle d’une voix étranglée, dévastée sans savoir pourquoi. Sans comprendre l’intensité du regard que le scientifique pose sur elle. Peut-être n’entend-il même pas le murmure bredouillé. Rencognée contre le mobilier, les doigts de l’esclave s'agrippent au plateau. Elle est désolée, si désolée. Elle ne sait pas pourquoi. Mais elle est tellement désolée.
Wyn Evjen
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Message Dim 18 Oct - 0:44

An ocean of violets in bloom

En chaussettes et sur un pied, il l'écrase. Sa stature joue pour lui comme elle l'a toujours fait. Elle lui fournit un paravent derrière lequel avoir l'air adulte, avoir l'air d'un homme, lui qui a la tête ailleurs, un pied de côté. Avant qu'il n'ouvre la bouche, avant que les rides en pattes d'oies au coin de ses yeux lui donnent l'air d'un enfant qui ne grandit plus, avant qu'il saute bosser son cul sur une tableau plutôt qu'une chaise. Tour de Pise, il penche de guignois mais projette son ombre au-dessus de Solvi, l'air de supériorité qui émanait de son port seulement dissoute par l'espèce de révérence avec laquelle il la contemple. Trop proche, trop grand, trop absorbé par elle, rupture totale de la distance, le lin gris effleure presque sa gorge. Ils sont dans une même bulle, dans la même cabane dont les pans s'abattent pêles-mêles sur eux. Les gosses se prennent les coussins au coin du museau.

Le regard change, le suaire se déchire, la cécité coutumière va voir ailleurs si il y a quelque chose à voir. Ses prunelles s'accrochent à ses traits, les grands yeux humides, la frayeur qu'il lui cause, l'embarras qui revient au galop. La gêne et la fuite. Cela tire sur sa poitrine, comme un poinçon. L'envie de la protéger, de l'envelopper dans ses bras, refermer la porte du bureau pour foutre le monde à la porte. Son  egard change et se désole alors que la lumière accroche la douceur de sa peau, les poussières dans l'air accrochées comme des sequins. De si près, l'esthétique prend tout le cadre.  Sa rebuffade brise l'enchantement, cause le vertige.

Il ploie.
Le bureau redevient tangible, cesse d'être un décor de papier pour s'écrouler sur son échine avec tout le poids claustrophobique du cuir et des étagères. Il ploie la nuque, s'abîme dans les parties usées du tapis acheté à l'autre bout du monde. Il y a les traces des détergents utilisés pour ôter les séquelles de vin, de café, d'encre. Il y a, niché dans les fibres du tissu, des souvenirs par douzaines, comme dans chaque livre lu et relu, chaque souvenir ramené de voyages où Yildun, puis Aslaug étaient à son bras. Il ne voit plus les usures du tapis, la brûlure des cendres et de la cire. Le bout de la canne qui le tient encore debout. Elle tremble à la verticale.

«- Pas autant que moi, je vous assure. » Wyn se mord la lèvre inférieure. Cela rouvre d'anciennes gerçures, comme ses excuses rouvrent d'autres plaies. L'homme a baissé la tête, non plus pour la regarder, mais regarder le sol. Il la défait de son regard.
Une lance se fiche entre la 3e et la 4e côte. La respiration difficile. Je suis désolé.e. Toutes mes condoléances. Il n'y aucun rite pour apaiser l'esprit d'Aslaug, pour la confier aux soins de Hel. Peut-être est-ce pour cela qu'elle refuse de le quitter, opiniâtre dans la mort comme dans la vie. Aucun rite, aucun deuil, aucune prière pour la guider jusqu'à Hellheim. Elle le hante, envahit chaque recoin de la maison comme un mouton de poussière. Elle est partout sauf dans sa caboche. Aucun rite, et pourtant les cartes de condoléances ont afflué dans son bureau.  Est-il censé les accrocher comme autant de post-its sur le tableau de liège de son bureau ? Pour remplacer les photos d'enfant qu'il n'a pas ? On aurait cru qu'il venait de se marier pour la troisième fois entre les fleurs, les chocolats, les cartes et les incitations à partir en avance du boulot.

Autant il sait impressionner, faire taire d'une remarque cinglante, d'un regard, imposer son aura dans la pièce, autant le protégé de Mimir sait aussi se faire petit, vulnérable. Humain. Malgré les éclats de son caractère, les fureurs de ses intérêts, les débordements de tempérament, il sait garder ses distances. Il a appris. Consentement, quatre syllabes comme on compte les moutons. Il semble s'effacer, maintenant que la lumière de son regard s'est détournée de Solvi. Il semble faire corps avec son antre. Le masque tombé, les deux femmes sont deux êtres qui n'ont en commun que l'enveloppe charnelle. En photographie, elles se ressemblaient. Aslaug faisait la même taille, il a pris l'habitude de baisser la tête pour lui parler, s'appuyer sur son épaule. Silhouette longiline, longue chevelure sombre, teint aussi mat qu'il a la gueule d'une feuille A4, et des puits sombres ourlés de nuit en guise de persiennes pour l'âme. Mais la ressemblance s'arrête lorsque les femmes s'animent. Aslaug ne serait pas laissée acculée contre un bureau, elle aurait mordu, frappé, bravé, le rire de stentor et la voix pleine de morgue sans être jamais hautaine. Observer Solvi à la lumière de Aslaug serait trahir l'une et l'autre.

Avec un geste brusque, mais en silence la canne se déplace sur le tapis et Wyn s'éloigne. Il met entre eux une pile de livres tandis qu'il se moque de lui-même. Sa langue pointe entre ses dents quand il se concentre pour s'éloigner. Pour rassembler les débris de son masque. «- Henok told you, right ? I'm not in my right mind. Grief. Mad genius, mind a bit scattered, gnawled on by rats and such. I don't bite but I can't be left alone. » Comme si ce n'était qu'une autre de ses caractéristiques. Il parle avec plus de tendresse de ses spécimens. Le panache sert de santé mentale. La sarcasme n'a nulle empathie, malgré sa chaleur réelle. Il se moque de lui même avec une certain flegme pendant qu'il traîne sa patte. « - This is no excuse for my actions. I should not have done that. I am the one who is sorry for his behaviour. It's unacceptable. Maybe we should get you a taser, in case I forgot myself again. » La proposition est aussi simple et limpide que la fois où il avait proposé à Yildun de l'attacher pour apprendre à lui faire confiance. Est-ce que cela risque de causer le même désastre ? Les lois scientifiques disent qu'à expérience semblable, résultat semblabe.

Il ne la regarde plus. Il n'y aucune réponse possible à un tel comportement malvenu. Il furète dans son désordre. Il passe son doigt sur la reliure d'un livre proche, saisit le ressort qui y gît. Comme tous les autres, il a fait relier changer la reliure de papier fragile par une autre, de carton et de tissu au fil serré ou de cuir. Seules les lettres marquées en doré identifient les secrets de l'ouvrage. Ses doigts lui apportent une odeur chimique qui rappelle curieusement son laboratoire quand il utilise le petit ressort de stylo comme une boule antistress, pressant gentiment dessus. La sensation déconcerte. Il ne suffit que de ça pour entraîner son esprit sur une autre pente.

Il relève les yeux vers elle, à présent appuyé à la bibliothèque. Il relève les yeux sur le charnier de son bureau désossé. Il y en a partout. Dépouillé de ses livres, de sa gangue de poussière, des traces de doigts d'Aslaug et de Yildun. Il s'est contracté à ne plus reconnaître le labyrinthe de son esprit matérialisé dans son réduit. Tapis épais, objets rares, bibliothèques de chênes, tentures ouvertes sur le crépuscule qui incendie les rayonnages, redonne de la chaleur à la barbe or et argent, désordre invraisemblable, capharnaüm d'objets volés, démontés, d'ouvrages rares et de tasses oubliées, de pierres semi-précieuses et d'autres cailloux, de romans fantastiques et de dictionnaires de grec ancien. L'odeur familière de tabac, de café et de temps a disparu sous les effluves des produits d'entretien. Ils viennent lui piquer les yeux, le déposséder de son doudou.

Une épaule contre les rayonnages, il scrute la pièce dévastée. «- What are you doing here ? » Il siffle dans sa barbe, presque admiratif. La question semble le fasciner. Il observe chaque détail, chaque objet déplacé, puis celle qui n'est pas Aslaug. Celle qui n'est pas censé être là. Il réalise, par bouts épars. Il relie les points malgré sa confusion visible, sa curiosité naturelle. Il s'efforce de refluer la panique, l'agacement qui monte en lui à voir son foyer lui être arraché. Il se déteste de ressentir la moutarde monter à son nez, la frustration maussade prendre le desssus. Il n'a jamais aimé les incursions dans son chaos, lorsqu'essaie d'appliquer à son esprit les catégories qui n'y fonctionnent pas. A la place d'une soirée paisible l'attendent des heures de rangement. Mais lorsque Yildun faisait des erreurs, c'était accueilli par un sourire charmé, patient.  Il se pince le nez de sa main libre, sa voix gagne légèrement en sécheresse. Dans la question policée, la tendresse déchirante est passée, effacée par la confusion. Il n'y a nulle violence dans sa voix, nulle accusation.  Il ne laisse pas la tempête prendre le dessus, sa voix est toujours égale, basse, malgré le sarcasme qui rejaillit. «- Glad you're feeling comfortable enough to redecorate my own room. »

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@Solvi Carlsen | avril 2020
Solvi Carlsen
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Âge : Vingt-huit ans (07.1994) dont une grande partie dédiée à d'autres qu'elle-même
Occupation : Anciennement asservie par la Tourmente ; serveuse au Deep Blue, elle en est devenue co-gérante aux côtés de son frère aîné, l'envie d'offrir un lieu agréable comme objectif.
Statut : Se découvrir elle-même d'abord, mais les doigts frémissent, les joues rosissent et les sourires timides s'esquissent sous les histoires du journaliste.
Famille : Orpheline mais ils sont s̶i̶x̶ trois, venus de partout, petits bouts d'âmes qui se sont trouvés rassemblés dans la souffrance. Iels ont toustes fait un choix, mais elle est restée neutre.
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Message Ven 23 Oct - 8:15

An ocean of violets in bloom
she tries her best but it hurts her chest

Le souffle un peu court et les yeux écarquillés, Solvi ne rate pas le changement en Wyn. Il est trop près pour qu’elle le manque, elle a trop appris à déceler les menaces pour ne pas savoir lorsque celles-ci s’éloignent un peu, au moins pour un peu de répit. Le regard aliéné la quitte mais son coeur bat toujours à un rythme effréné - trop vite, trop fort. A lui briser les côtes, si on lui demandait d’estimer une échelle. Les changements de tensions dans la haute silhouette du scientifique ne suffisent pas à ramener le calme en elle. Il ne s’éloigne pas, reste planté devant elle - le sentiment d’être un animal traqué et acculé ne la quitte pas, les doigts crispés sur le rebord du bureau, le plateau appuyé contre sa maigre chair. Quand la voix s’élève, elle est plus distincte. Plus proche de celle qu’elle connaît à l’homme. Peut-être plus distante ? Elle ne sait pas, ne réussit pas à tout analyser. Son propre regard se fiche sur l’épaule face à elle. Plus accessible que les yeux, moins impressionnant. L’esclave ne sait quoi répondre à ce qu’elle devine dans le ton de Wyn. Henok lui expliqué qui était Aslaug. Il a pris soin de mettre beaucoup de mots sur tout ce qui entourait la jeune femme dès son arrivée, sur toutes les interrogations qu’elle pourrait avoir. Il y a beaucoup de choses dont elle ne se souvient pas, perdue dans la brume des premiers jours. Mais elle a rapidement compris l’importance de cet être qui vit encore en filigrane dans la maison de bois. A travers les souvenirs à voix haute de Wyn, les vêtements qu’elle porte et qu’elle entretient du mieux qu’elle peut. La sublimation lui paraît si lointaine, bercée de la parole de la Tourmente. Qui se lie aux humains, sinon ceux qui sont aussi faibles ? Pourtant le Docteur Evjen semble tout sauf faible. Par sa carrure évidente mais aussi par tout ce qui traverse son esprit, ce qu’il dit, ce qu’il fait. Souvent Solvi ne comprend pas ce qu’il décrit mais Yildun et Henok semblent percevoir les subtilités de ce qu’il raconte. Alors, en fait, elle se dit même que ces trois hommes sont loin d’être faibles et aussi insensés que le laissait entendre ses maîtres lorsqu’ils évoquaient la Connaissance ou la Nature.
L’humaine déglutit, mal à l’aise, sans savoir quoi répondre. Elle ne quitte pas un pan de son costume des yeux lorsqu’il s’éloigne. Il semble disparaître derrière le capharnaüm, s’en faire membre à part entière, dans la façon dont il s'imprègne des lieux. Pourtant elle a commencé à ranger, à trier, déplacer. Mais l’homme pourrait faire corps avec l’espace de la pièce qu’elle ne trouverait pas ça surprenant. Sa voix ramène à nouveau son esprit vers lui - docile animal qui s’égare en pensées et que l’on ramène constamment à force de patience. Petit mouton. Doit-elle s’excuser encore une fois d’avoir raviver le souvenirs de la sublime décédée ? Le sarcasme du scientifique l’en dissuade, mal à l’aise pour répondre à ce ton dont elle ne saisit pas toujours les subtilités. « You talk a lot about her. » Elle constate, n’a rien de plus à en dire. Aslaug vit encore partout dans le bois qui respire, les interstices de l’excitation de l’homme de science qui explique une expérience réussie, dans ses silences aussi. « Was she kind? » Elle ne sait pas pourquoi cette question lui vient, ni même pourquoi la réponse lui importe. A-t-elle besoin de se rassurer sur qui était cette humaine avec laquelle on la confond ? Doit-elle en récupérer des attributs pour être complètement acceptée dans la demeure ? De la part de Wyn elle en doute, mais les lubies des surnaturels ne l’étonnent plus qu’à moitié. L’épuisent seulement. Comme les explications qu’il lui donne, la faute qu’il pose sur lui-même et le sarcasme en empreinte dans ses mots. La mention du taser tord le ventre de Solvi. Ou alors est-ce l’éventualité qu’il lève de l’écraser de nouveau de son aura, de la confondre et de l’envahir en oubliant celle qu’il a en face de ses deux yeux pourtant grands ouverts. Cette fois elle ne répond rien - nul besoin d’une question détournée alors que ses entrailles se serrent en imaginant la scène se reproduire en boucle dans son esprit, traîner en longueur, devenir insoutenable. La brune secoue la tête silencieusement, déjà vaguement enrôlée dans sa propre boucle, mais le surnaturel ne la regarde de toute façon plus. Délicatement, silencieusement, elle défait ses doigts crispés sur le bureau en étouffant la quinte de toux qui monte en elle. Un à un, elle essaie de retrouver la contenance qui lui manque et inventer celle qu’elle n’a pas. Il n’y a rien à craindre. La voix d’Henok résonne dans son crâne. Un doigt, puis deux. Tu es sous notre protection. Trois autres, et puis la seconde main. Tu es libre maintenant. Le médecin est toujours en résonance quelque part dans son esprit, quand elle essaie de se persuader que les choses vont mieux, un peu. Oh sa situation n’a rien à voir avec Svart. Mais le noeud des habitudes ne sait pas se défaire de lui-même. Une fois ses mains décollées du bois, elle laisse ses épaules se détendre légèrement et son buste se tourner vers la bibliothèque sur laquelle Wyn est appuyé. La proie prête à détaler a décaler ses hanches, de manière à ne plus être acculée contre le mobilier, bien que la quantité de documents éparpillés, les piles de livres et de bibelots étranges qu’elle ne comprend pas resteraient un frein. La voix sonne doucement dans l’antre du scientifique pourtant elle claque aux oreilles de Solvi. La posture s'avachit. C’est instinctif, le squelette enchaîné à un marionnettiste qui ne connaîtrait qu’un seul mouvement à appliquer à sa poupée malléable et docile ; le dos courbé, les épaules à la fois remontées, pour y rentrer la tête, et prêtes à plonger vers le sol, le regard déjà bas. Une main qui la démange, prête à déchiqueter le creux de son coude.
Une sonnette d’alarme résonne dans sa tête, fait trembler les murs de papier de soie qui construisent son véritable habitacle. Loin de la cabane en coton dont elle a fait son repli. Elle a l’habitude, elle sait reconnaître certains signaux - plus par habitude qu’en sachant réellement les comprendre. L’instinct des bêtes sur leurs gardes. Quand ce qu’elle fait correspond aux attentes alors personne ne relève quoi que ce soit. C’est de la logique qu’elle avance ses tâches et les fasse correctement. Alors lorsque l’on remarque ce qu’elle fait, quand on met le doigt sur un détail, c’est synonyme d’erreur. Un geste mal effectué, une incompréhension dans la demande, une initiative malvenue. Quand cela contrarie les maîtres, alors il y a punition. Et Solvi a beau faire tourner et retourner du mieux qu’elle peut les mots apaisants répétés lors des échanges avec le druide et le médecin, elle sent que quelque chose ne va pas. Elle n’a pourtant aucun don, aucune omniscience, sinon celle de l’instinct animal. « Some cleaning. » Il lui est impossible de répondre au sarcasme. Le saisir est déjà plus un gymnastique qu’une évidence pour elle, plus encore lorsqu’il faut cerner le ton à adopter en retour. Alors par déférence, c’est toujours le premier degré sans fard qui quitte ses lèvres. Elle le sent qu’elle a l’air ridicule parfois. Mais les risques sont habituellement trop grands, alors pour risquer le moins possible le courroux des êtres élus des dieux elle ne doit que la vérité, nue. Ou bien se taire complètement. Derrière la voix égale de Wyn, elle entend, encore, la celle d’Henok lui répéter de s’exprimer, de ne jamais hésiter à dire ce qu’elle pense et d’oser prendre la parole dans cette maison. Son souffle se suspend un instant dans l’air éthéré chargé de désinfectant. « I’m not redecorating. » Les orbes se posent sur ce qui les entourent, les piles qu’elle a soigneusement tenté de trier, le chiffon abandonné sur le bureau encore à moitié encombré. D’un geste vif elle s’en saisit et le froisse entre ses doigts comme pour essayer de le faire disparaître, d’effacer des méfaits qu’elle ne comprend pas. « We were supposed to have class, I was waiting for you and- » Elle comprend que quelque chose ne va pas, qu’on ne la félicite pas pour le ménage. Qu’une note sonne faux dans la mélodie répétitive de ses gestes machinaux. « I just- I wannabe useful. » Les yeux défaits retrouvent le sol et la mâchoire se crispe progressivement. Le silence a toujours été et restera son meilleur allié. Celui qui ne la quitte pas.

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Message Sam 28 Nov - 23:06

An ocean of violets in bloom

Est-ce que cela lui arrive seulement de parler d'autre chose que d'elle ? Est-ce qu'il parlait seulement à quelqu'un d'autre qu'elle ? Il lui semble s'adresser à Aslaug plutôt qu'à des vivants. Il ne s'est pas habitué à ce que ses pensées tombent dans un puit d'où ne ressugit aucun écho. Il lui semble que depuis sa mort, elle a pris une place démesurée : elle l'avait submergé, avalé, englouti, rogné jusqu'à ne plus laisser qu'une coquille de sublimateur dans laquelle elle perdure.
Wyn sait pourquoi.
Quelque chose qui parle du deuil et de l'incapacité de laisser partir. Quelque chose qui l'empêche de mourir, tant qu'elle existe dans un coin de sa tête, tant qu'un vestige d'elle susbsite. C'est l'inverse d'Yildun qui existait encore dans le réel tandis que Wyn arrêtait d'être dans son corps, constamment projeté derrière son épaule.

Le scientifique sait pourtant que le souvenir va finir par cristalliser, par muter. Aslaug ne sera que l'image qu'il en a gardait, ce qu'il a voulu d'elle. L'inverse de ce qu'elle s'est acharné à créer. Elle aurait détesté un autel à son honneur envahi de fleurs séchées et de souvenirs morts. Wyn avait les idées et l'intention bienveillante, elle avait les tripes et les mains. Mais est-elle bienveillante ? Son regard se perd dans la pièce. L'intensité suggère qu'il semble questionner l'absente, lui demandait son avis. Il réfléchit alors qu'il n'y a rien à hésiter. «- Yeah, yeah, she was. » Il y a un soupire dans son rire, il y a une lourdeur de pensée qui s'échappe et rôde dans l'air, pensive, pensée appuyée comme un Rodin sur une pile de livres instable. L'amusement ouvre ses lippes d'un sourire destinée à personne, mais la voix fait écho entre les livres, il réfléchit à haute voix, si plein de nostalgie qu'il n'ose pas bouger de peur d'en renverser. Il semble avoir oublié Solvi (non, ce n'est pas le cas, mais l'épaule contre l'échelle de bois de chêne, il ne vrille pas son regard professoral au sien. Avec son ton qui hésite entre rêve et docte, il vaut mieux pas).   «- It's funny that kindess, goodness of the heart, that's never what stick when you think of people when they are alive. You only notice when they are gone. I would have told you that she was smart, full of life, stubborn to a fault, more than me even, brave and hopeful, and ready to throw hands for what she thought was right and good, that she could feel how to accomplish anything. But yeah. She was kind. Very kind. » C'est ce qu'elle aurait aimé qu'il retienne et Wyn suçote le bonbon anisé contre son aphte symbolique. Cela brûle, mais il ne peut pas s'en empêcher. Il place le constat dans un tiroir pour le digérer plus tard.

« Do you want to sit ? I want to. » Il ne peut lui proposer de s’asseoir, elle se sentira embarrassée. Il ne peut lui dire de s’asseoir, il se sentira embarrassé. Les progrès ressemble à un château de sable humide. Il colle sous les doigts, de guignois, mais tient debout. Donner l'exemple est plus efficace qu'ordonner.  La pièce ne manque pas de fauteuils ou de chaises, du fauteuil de bureau au tabouret de bois. Dans un coin, contre la bibliothèque, il y a un large fauteuil confortable, ancien, de ceux qu'on trouve aux puces ou que l'on se transmet de famille en famille. Les accoudoirs sont assez larges pour accueillir un humain chacun, avec le plaid jeté en travers. Il n'y a ni livres, ni poussières sur l'ancien refuge d'Yildun, sa boîte en carton quand les choses allaient mal à l'intérieur. Wyn n'y touche pas, ne laisse personne y toucher. A l'exception du fauteuil de bureau, tous les autres sont encombrés - Wyn pousse du bout de la canne un des fragiles échafaudages de papier - il glisse d'abord lentement puis tout à trac dans un son inquiétant. Wyn grimace sous le bruit du fracas, des livres qui s'échouent comme des lames sur la grève du parquet. «- Ooops. » Il n'a pas l'air… inquiet, ni scandalisé, imperméable à la religion de la vitrine et des incunables intouchables. Ses collections vivent, se lisent. Il touche avec ses doigts salis de réactifs et d'encre, plutôt qu'avec des gants de tissu blanc. Sa main suit l'échelle comme un fil d'Ariane dans son dos, ses doigts se referment sur les barreaux et il tire son corps pour se juger à mi-hauteur, souplement. Le cul sur l'échelle. Son dos, ses reins, ses cuisses l'en remercient.
Solvi a érigé une forteresse de papier autour d'elle. Princesse de l'autre côté des remparts, craintive du dragon qui la garde. Quelque chose ne va pas dans la pièce et c'est plutôt lui que les chiffons de microfibre souillée. « Right, the runes. I am late, I recognise that now. » Il se pince le nez, semble vieux soudain. Il ne peut fixer son esprit à une seule pensées, elles lui échappent comme Solvi rêve de foutre le camp de la pièce. Il a oublié.   « - You don't have to be useful. If it makes you feel better, you can. But it does not define your worth. » (Il gagne du temps). Sa voix reste douce, ses yeux gris se posent sur elle avec une sorte de douleur qui vient de très loin, qui irradie du fond des yeux.  Appropriation de traumatisme. Il a partagé les pensées et les douleurs d'un être meurtri par les chaînes. Il a ressenti les cicatrices qui ne s'effacent pas et les coins d'ombres de la psyché. Il a été perdu dans les cauchemars d'un autre jusqu'à s'oublier dans l'odeur de sa peau. Il n'a pas senti la torture et l'humiliation, mais il a senti ses séquelles, les cicatrices. Là où Yildun mordait, Solvi se recroqueville.

Parfois, il reste derrière la porte entrouverte, à entendre la voix d’Henok parler à Solvi. Il lui apprend à lire. C'est une berceuse pour Wyn que d'entendre les mots égrainer par la voix de son époux. Wyn essaie de lui apprendre à comprendre les runes. L'alphabet de 26 lettres n'est pas si compliqué, mais il ne permet pas d'anonner aucune syllabe, aucun mot. Il s'agit plutôt de comprendre chaque sens, chaque nuance qu'apporte chaque rune. Non seulement les dizaines de tomes de dictionnaires empoussiérés qui expliquent en long, large, tangente et travers les différentes significations et nuances recensées par une longue lignée de maîtres de runes avec trop de temps sur les bras et aucune nichée d'anciens esclaves dans leur bureau. Mais sentir les signes sous ses doigts, se sentir appeler par eux, sentir l'énergie, la chaleur qu'ils communiquent comme des murmures des dieux, tisser un réseau de sens et d'énergie pour créer autre chose. Mettre à profit la matière noire. Wyn envisage les runes comme il envisage l'énergie nucléaire ou le vent : il suffit de savoir faire des éoliennes pour l'employer. C'est quelque chose à comprendre, mais aussi, secret de polichinelle, à ressentir. Et une façon de penser, d'emboîter les runes comme autant de mots.
« Have we already been studying Raidho ? » Il redresse la tête qu'il avait enfoui dans ses mains, demande abruptement, tombé des nues. Juché sur son échelle, il l'observe avec une certaine curiosité. Raidho rôde entre les livres, se glisse entre les doigts de Solvi et le chiffon. Elle parle Raidho. « We should study Ingwaz. »  Il sourit légèrement, glisse une mèche de cheveux derrière son oreille. Il reste une tension dans son sourire, la façon qu'il a de ne pas regarder ce qu'elle a pu déplace. Il n'y aucune formule qui ne tourne pas  la salive à l'aigre.  L'odeur de la pièce a changé et  c'est une broutille mais elle s'immisce sous sa peau, une sensation qui a dû mal à partir.   «- S'il te plaît. Ne touche à rien dans cette pièce. » Il n'y aucune façon non toxique, non abusive, de dire qu'il pourrait mal réagir. Qu'il pourrait crier, momentanément en colère, à voir son antre sans dessous dessus. Que la frénésie le prend parfois lorsque la frustration implose les parois de son crâne, qu'il est déraisonnable, irrationnel et têtu comme une mule quand la crise le prend, chaque détail prenant les proportions de monstres.. Il a appris avec le temps, à l'exorciser par la forge, par la transformation. Mais il risquerait de l'inquiéter plus que la rassurer. Il lui adresse un clin d'oeil. «- Tu peux venir, tu peux lire, regarder, fouiller, fouiner même. C'est chez toi. Mais laisse les choses comme elles sont, avec leur poussière, leur odeur, leur ordre. S'il te plaît. »
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Message Dim 13 Déc - 19:38

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Comment peut-on être triste pour quelqu’un que l’on n’a pas connu ? Regretter une personne dont la vie ne nous a pas effleuré avant sa disparition ? A travers les mots du scientifique, Solvi discerne un portrait peint avec amour. Un amour qu’elle ne comprend pas, une relation dont elle ne discerne pas tout. Elle a encore du mal à comprendre pourquoi Wyn a choisi de se lier à des humains. Il y a toujours un rappel spontané dans la tête de l’esclave, sur l'aberration que représente la sublimation et le fait de partager sa part de divinité avec les petits humains. On ne se lie pas aux gens comme elle. Pourtant la description d’Aslaug par celui qui l’a le mieux connu est d’une chaleur déconcertante. Attentive et curieuse, elle se saisit des détails de son esprit et de l’image que cela forme dans son imagination. Il y a de l’admiration aussi. Pour tout ce que semblait être cette jeune personne, tout ce qu’elle avait l’air d’accomplir. Une femme intelligente et aimée. Et gentille. C’est important pour Solvi, la gentillesse. La petite chaleur des gestes et des mots engageants, dénués de cruauté et de méchanceté. C’est très important, alors qu’elle essaie d’apprivoiser ce qu’il se passe en elle et dans cette maison depuis plusieurs semaines. Ca l’est d’autant plus qu’elle porte ses vêtements, dort dans sa chambre, habite avec son sublimateur et ses amis. Avoir des traits physiques en commun ne suffisait pas - parfois Solvi a l’impression de voler la vie de quelqu’un d’autre et de profiter de ce qui n’est pas fait pour elle. Et surtout elle semblait forte. Peut-être qu’elle peut s’inspirer de la disparue pour réussir à avancer dans cette nouvelle vie ?
La voix de Wyn interrompt le cours de ses réflexions et l’ombre fantomatique de l’inconnue s’évapore de son esprit. S'asseoir, s'asseoir. Elle regarde tout autour d’elle pour trouver un fauteuil, une chaise, quelque chose sur lequel s’asseoir pour accéder à sa demande. Une part d’instinct là dedans - elle veut ce que veulent les autres, c’est eux qui savent, qui connaissent. Ils doivent probablement avoir raison. Solvi sursaute quand le chuintement du papier s’écrase en fracas contre le sol et un bout d’elle se dit qu’elle aurait dû ranger plus vite pour éviter ça. Le scientifique s’est assis sur l’échelle et sa position attire le regard de l’esclave sur sa cuisse. Un regard fuyant, qu’elle ne veut pas trop insistant. Celui que tout le monde doit avoir à propos de sa jambe. Sa curiosité est innocente - elle se demande s’il a mal et où se situe son équilibre, elle se demande si ça change quelque chose dans son quotidien. Bien sûr que oui. Mais s’en douter et l’entendre expliquer serait bien différent. Il se souvient des runes et en même temps semble avoir oublié de quoi il s’agit. Qu’ils essaient de se retrouver une fois par semaine, plus si c’est possible, pour qu’elle comprenne ce nouveau langage. La voix change encore un peu, très légèrement. C’est quasiment imperceptible mais c’est une tonalité qu’elle aime. Elle s’en est déjà rendue compte. Une voix qui lui fait l’effet d’un plaid en polaire et qu’elle aime écouter. « It does. »  Silence, contexte. « I mean, it does, it makes me feel useful. I need to. It’s what i’m made for. » Being useful. Le chiffon au bout des doigts, elle écarte vaguement la main pour désigner sa tentative de rangement et de nettoyage. Dans l’air flotte l’odeur du nettoyant à bois et des petites particules de poussière semblent en suspens, à attendre qu’ils quittent la pièce pour revenir se poser délicatement sur les couvertures de livres usées et au bord des feuilles volantes, comme des flocons au bord des cils. « I get comfort in this. Doing things. I like it, I think. » Que peut-elle dire sinon penser qu’elle aime ça ? Elle ne connaît rien d’autre. Bien sûr qu’elle aime la routine et être utile - c’est le confort et l’habitude, c’est ce qu’elle connaît et ce qui reste dans les sentiers qu’elle parcourt. Et elle ne l’a jamais trouvé que dans les tâches répétitives du ménage ou du linge à plier. Ce sont aussi les choses qui, bien faites, ne lui valent pas de punition. Petite bête dressée au pavlov, les associations d’idées bêtes et méchantes entrent facilement dans sa tête. Tâche bien effectuée, punition évitée. Parfois un geste vague qui semble dire oui, pas mal et alors c’est presque comme un compliment. Pathétique de quémander l’aval de ses bourreaux, et pourtant.

Ses yeux contemplent lentement tout le bureau, s’imprègne des lieux. Elle a mille questions qu’elle n’osera jamais poser. Le silence plane mais il est lourd, feutré comme une flanelle épaisse qui pourrait les envelopper confortablement. La voix de polaire s’élève de nouveau et il s’agit des runes, alors la brune écoute instantanément. « Raidho, I think so. I don’t have my notes with me. » Le cahier n’est pas sorti, les livres ne sont pas ouverts, pas de stylo pour noter mais elle veut tout emmagasiner s’il dit quelque chose d’important. Tout n’est pas encore imprimé dans son crâne, l’apprentie a laissé ses affaires dans la chambre qu'on lui prête et ne se souvient pas de ses leçons par cœur. Précipitamment, le chiffon toujours écrasé entre ses phalanges, elle s’assoit tout au bord du grand fauteuil vide. Elle espère ne pas faire de nouveau une bêtise, quelque chose qui ranime une fois encore sa sonnette d’alarme. Les mains sont jointes nerveusement sur ses genoux et les yeux levés vers le scientifique, la déférence timide et l’écoute attentive. Il propose la prochaine rune à étudier et elle acquiesce instinctivement. Un peu pendu à sa voix, à ce qu’il s’apprête à dire ensuite, elle veut être une bonne élève malgré les difficultés. Avec les lettres qui se mélangent et les mots dont elle ignore le sens, son manque de vocabulaire et ses réflexions à courte portée. Elle fait du mieux qu’elle peut.
Mais cette fois son cœur remonte dans sa gorge puis dévale jusqu’à ses talons. Le sang quitte son visage, va se réfugier partout ailleurs sauf ici et l’abandonne blême face à la remarque de Wyn. « I’m sorry, I just... I- » Les mots viennent tout seul, trop vite. Un sursaut provoque une quinte de toux au goût acide du désinfectant dans sa trachée. Mais elle est comme montée sur un ressort lorsqu’elle se lève précipitamment du fauteuil. Les mains pourraient déchiqueter le tissu imprégné du nettoyant si cela pouvait calmer un cœur qui bat à se rompre et ses poumons qui se contractent. Deux pas en avant, trois pas en arrière, les épaules rentrées et le regard bas. « Should I- » Toux, respiration. « Should I replace everything? I think I remember how it was, I can try. I won’t do it again. I’m sorry. » Sa voix se précipite, s’emmêle et se prend les pieds dans le tapis. Elle ne veut pas qu’il la mette dehors. Qu’il se mette en colère et lui en veuille. Elle ne veut surtout pas qu’il se fâche et n’ai plus envie de lui apprendre les runes. Oh, elle l’avait senti, elle se dit, elle l’avait senti que quelque chose n’allait pas, qu’on ne relevait pas les tâches bien exécutées. L’ampleur est catastrophique dans son esprit, c’est ridicule et démesuré. Au-delà de la brimade de Wyn qui n’est finalement qu’une simple demande pour qu’on ne touche pas à ses affaires - légitime, logique - Solvi voit tout tourner en boucle. « What can I do? » Elle ne sait pas l’oisiveté qu’on lui offre, elle ne sait pas vivre au rythme lent d’une journée. Ses journées ont toujours été rythmées de tâches et de services, du dos qui hurle sa fatigue, de ses poumons usés qui s'étouffent, de ses bras tremblant de ne pas cesser l’effort. « I’m not useful doing nothing all day. If I can’t clean up or anything, I don’t know what to do. » Depuis quelques semaines, ce sont des heures et des jours de contemplation, d’activités douces et tranquilles qui lui sont proposées. « I need to be useful. » Parfois seulement un mot pour lui dire de profiter de sa journée, de se reposer. Mais que doit-elle faire ? « Please. »


Wyn Evjen
Wyn Evjen
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Message Sam 9 Jan - 22:41

An ocean of violets in bloom
Le bureau cultive les fantômes comme d'autres les plantes vertes. L'environnement poussiéreux et constamment occupé semble leur convenir. Ils s'épanouissent entre les interstices des livres, dans les stylos qui bavent, la plume oubliés et dans les kilomètres accomplis par les souvenirs de voyages. Ils tracent une carte du coeur de Wyn dont il n'a jamais eu la boussole. Il ne sait pas où il l'a plié, bien rangée. Aslaug pousse dans les ouvrages qu'elle n'a pas fini, dans les cours qu'elle a donné à relire à Wyn et qu'il ne lui a jamais rendu, dans la tasse vide - parce qu'elle vidait toujours ses tasses elle et il y a là une poétique dont Wyn est conscient, avec ses tasses où le marc ressemble à la glace suspendue au-dessus d'un marécage.

Fantôme, sa jambe qui frôle le tapis sans le toucher, sans mettre les poils à l'envers. Le bureau est peuplé par l'absence. Le sourire de Wyn un peu doux et beaucoup de travers transpire l'absence. Bien sûr que Solvi se sentait mieux quant elle était utile. Dans la mythologie d'Odin c'était bien l'utilité des mortels que d'être utile, ils étaient fait pour servir ou être transcendés. Mirmir ne se souciait guère de cosmogonie, il rivait son regard sur les êtres présents et les observait ouvrir des portes fermées comme des gamins leurs présents le matin d'Yule. Mimir n'était pas fan du tout préparé à réchauffer au four micro-ondes, les doigts pleins de terre,  les pieds qui avancent tous seuls. Mimir pense qu'elle est faite pour ce qu'elle veut, que la psyché est un échafaudage de lego qui s'emboîtent dans un costume d'harlequin fait sur mesure. Mais le poing sur son genou et le menton sur son poing, Wyn a bien conscience qu'elle n'est pas en état d'agréer sa théorie des legos. Qu'elle est ce qu'elle fait de son corps de marionnette, les fils emberlificotés autour de ses doigts comme des chaînes. L'esprit de Wyn est assez fort pour qu'il puisse décider de faire le contraire de ce qu'on voulait de lui out of spite mais c'était une des caractéristiques les moins bien partagées au monde.  «-  I like doing things too. » Dans un bruissement de plaid qui choit  au sol, Wyn se redresse jusqu'à ce que son dos heurte les barreaux de l'échelle dur. Sa voix prend des allures de papier de bonbon froissé et coloré, qui se déplie par acoups comme une fleur. Elle frissonne d'une joie incandescante bien qu'insufissante pour déchirer le linceul dont il s'est enveloppé, teignant ses cheveux d'un gris poussière de deuil bien plus que plus nombreux que ceux dont la Nature l'a doté. « It helps me think and calm down, when I feel overwhelmed. »  Avoir un sublime est une autre manière d'avoir un disque dur externe annexe. Une façon de juguler les moments où son cerveau sature et lui donne envie d'hurler, de faire quelque chose, qu'il n'existe qu'un seul instant, maintenant ou jamais. « You have to fi… » Sifflet, coupé. Bouche, bée. Bouche, fermée. Les coins de ses lèvres tressautent.

Les fesses de Solvi se posent à peine sur le canapé, mais tout son corps se tend. C'est la plus ancienne des plantes vertes du bureau. Les fleurs de mamie sont écloses sur le velours vieux rose, usés là où des épaules de titan confiaient leurs terreurs, là où les pieds venaient s'appuyer. Il a essayé de ne plus le voir, le fauteuil de l'absent. Le grand fauteuil à fleurs de mamie, aux accoudoirs grands comme des lits. Il ne le voit plus, tâche au coin de sa vision, ignore sa présence. Il danse autour, entasse son capharnaüm partout sauf là.

Il a oublié que les autres le voient, le fauteuil. Ses doigts se sont crispés à l'échelle devenue ligne de vie. La sensation de nausée étouffe sa trachée, noie sa voix sous la bile. Elle n'a pas le droit d'être assise là. C'est un tabou enfreint sans qu'elle le sache. C'est aberrant. C'est incorrect. Elle se relève presque aussitôt, comme si la raideur de Wyn l'avait trahit.Et il a honte, Mimir, il a honte. Il devrait avoir honte déjà de lui interdire accès au bureau - il y a une bibliothèque plus que suffisante au salon, ce n'est pas comme si il la privait réellement de quoique ce soit. Mais il sait que cette interdiction égoïste. Il devrait avoir honte. Il devrait avoir honte encore de lui interdire de s'asseoir sur un fauteuil inutilisé. Sur un fauteuil libre. Il devrait avoir honte de l'envie de lui dire de sortir qui lui piquote la trachée. Il a envie de péter une crise, les tantrums qui le prennent parfois quand tout est trop. Il a le goût du sang dans la bouche, symptôme de la maturité. Il s'est mordu la joue plutôt que crier. Il devrait avoir honte. Yildun la laisserait s'asseoir dans ce fauteuil. Il a même oublié ce fauteuil, ce n'est plus qu'un meuble comme les autres. Il n'a rien de sacré. Qu'elle s'asseoit là si ça lui fait du bien. Ce n'est pas comme si Yildun allait l'occuper avant la saint-glinglin.

«- I can't simply tell you what to do. » Cela sonne un peu trop fort, abrupt. Il faut le comprendre. La voir s'asseoir dans la fauteuil a tiré une corde sensible, très sensible. Il n'a rien d'un adulte responsable, ensuite. Ensuite, il essayait très fort de ne jamais reproduire les schémas oppressifs des castes dans lesquels il vivait, mais ni Henok, ni Solvi ne lui simplifiaient la tâche. Il ne pouvait pas leur dire quelle était leur place, mais ils étaient bien timide à prendre toute la place offerte, avec leurs velléités dignes de portemanteaux. Il avait connu plus d'initiative de la part de certains grille-pains récalcitrants particulièrement imaginatifs. Savoir les causes psychologiques de leur ingénuité ne l'aidait pas. Il n'avait plus la patience de ses vingt ans. Malgré toute sa bienveillance, la sensation de déjà vu l'ennuyait. Et à l'exception du laboratoire, il n'aimait pas dire aux gens ce qu'ils devaient faire. Ils étaient censés le savoir, sinon, il n'avait pas de temps à leur consacrer.

«- Tu peux commencer par ne pas replacer les objets à leur place ? » L'ingénuité est insolente mais elle a le mérite d'effacer un peu de sa raideur, les rides qui barraient son front. La réaction de Solvi part d'une bonne intention, il le sait, mais elle est une goutte d'eau qui menace le vase. Il va passer la soirée à tout remettre en état. Non, il n'a pas besoin d'aide. «- Réviser tes runes et apporter un crayon ? » Non parce qu'il avait peut-être oublié qu'il y avait court, mais elle avait oublié ses affaires, du coup on pouvait pas faire cours, bravo. Ses doigts se desserrent de force des barreaux de la chaise. Wyn passe ses deux mains dans ses cheveux gris-dorés et on aperçoit la cicatrice encore fraîche d'une paupière close sur son poignet quand ses manches se repoussent. Il ne sait pas quoi lui dire, le plaid polaire glisse sur ses jambes et laisse la fraîche larvée du matin sur sa chair.  «- Je faisais de la forge, des vitraux, je bricolais. » Il ne se rend pas compte de l'usage du passé. « Yildun jardine, prend des bains de soleil et crève des pneus, Henok… aime. Je ne sais pas quoi te dire. » Il a un geste de la main vers le bureau dans son ensemble, ses souvenirs de voyages et de nuit blanche. Il n'y a qu'une seul règle ici. Ne pas toucher à ce qui est dans le bureau. Tu peux venir quand je suis là. Mais ne touche à rien. Ne viens pas quand je ne suis pas là » Riche de sa part. Il devrait avoir honte. « Et n'abîme pas les plantes de Yildun. » Comme un oubli, il ajoute dans une bouffée d'air qu'il prend jsute avant la noyade. Il avoue son impuissance, avec sa soquette inexistante. Il a ouvert grand les bras sur l'échelle et ne tient qu'à un fil. Il baisse les bras, ballants dans le vide. Wyn hausse les épaules. L'agacement, la frustration est plutôt contre tout que contre elle, mais il sous-tend sa langue qui claque contre son palais. Aveu de d'impuissance. Aveu de détresse. «- Je ne sais pas Alauda. Je n'ai pas toutes les solutions, je n'ai aucune solution. J'existe pour poser des questions, pas y répondre par l'oeil de Mimir. On ne sait rien tant qu'on a pas essayé. » Raison pour lui de mettre les doigts dans la prise, le feu à des choses clairement inflammable, de prendre des sublimes et de voyager au bout du monde, encore et encore. La folie c'est de faire les mêmes choses et s'attendre à un résultat différent. Fais ce que tu veux.

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Message Mar 2 Fév - 23:28

An ocean of violets in bloom
she tries her best but it hurts her chest

« Personne ne peut m'expliquer. Mais je suis perdue. » La confidence est murmurée en contrepoids du ton abrupt. Comment leur expliquer le marécage dans lequel elle se trouve depuis plusieurs semaines ? La perturbante sensation de pouvoir respirer l’air frais, le parfum de sa petite liberté doucement apprivoisée, mais l’impression que le reste de son esprit est pris dans les sables mouvants. Engluée dans plus de vingt ans de servitude, d’angoisses, de soumission. D’absence de goûts, de découvertes, d'initiatives. Elle fait du mieux qu’elle peut mais si personne ne la prend par la main pour faire les premiers pas, comment peut-on s’attendre à ce qu’elle réussisse à marcher toute seule ? La seule volonté des dieux ne suffit pas, peu importe combien elle cherche à s’en convaincre. Si les divinités avaient dû l'aider, ils n’auraient pas attendu tant d’années. Elle continue de les remercier, seule dans un coin de sa chambre, mais elle ne se fait pas d’illusion quant à son insignifiance à leurs yeux. Ils ont bien mieux à faire qu’une humaine dont l’unique ambition dans la vie est de servir ceux qu’ils ont élus pour se rapprocher un peu plus d’eux en leur cédant une vie glorifiée.    
La voix à l’effet de plaid en polaire semble avoir changé - peut-être désormais le plaid est un peu plus rêche, moins doux. Les mains filent dans le dos pour ne plus toucher à rien, se rendre inoffensive dans ce royaume où elle n’a pas sa place. Le chiffon devient un doudou, un tissu à maltraiter pour absorber ses appréhensions. C’est vrai qu’elle n’a pas pensé à prendre ses affaires pour étudier, toute prise à son ménage. Ménage qui n’a pas remporté de suffrage de toute manière. « Oui, pardon. » Les épaules s’enroulent vers l’avant, le regard planté dans le sol du bureau. Le nœud dans son ventre est insupportable. L’angoisse accroche ses doigts et remonte au creux de son coude pour essayer de l’y déloger. Gratter, gratter, l’épiderme trop tendre. Tant pis pour les plaies soignées, pour la peau fragile, pour les soins apportés. « Je vais aller les chercher. Je suis désolée d’avoir oublié. » Pourtant elle n’ose pas encore bouger, toute attentive à ce que Wyn va lui dire. Elle a parfois - souvent - du mal à suivre les pensées du scientifique, la logique qui l’habite. Alors il vaut mieux ne rien rater de ce qu’il va dire, pour ne pas faire de nouveau une bêtise. Mais quand le silence semble s’installer autour de son immobilité et des gestes de l’homme, qu’il ne semble pas de suite prêt à enchaîner - il attend peut-être après elle, alors il vaut qu’elle se dépêche. Sans quitter le sol de la pièce des yeux, elle fait un pas, puis deux, en direction de la porte. L’humaine a la sensation que chacun de ses mouvements est un nouveau risque qu’elle touche encore à quelque chose d’interdit, de tout faire basculer sans le vouloir. Que la pile de livre à droite va s’effondrer au sol dans un fracas ou que les feuilles volantes vont toutes s’éparpiller dans un furieux courant d’air. Après trois pas en avant, elle en est là de ses précautions, le cœur tambourinant, mais l’intonation du surnaturel la stoppe dans sa progression. Le mélange d’un ton lointain et d’une impatience qu’elle a déjà entendu plusieurs fois lorsqu’il parle. Comme si des souvenirs se superposent à ce qu’il dit, que sa mémoire s’égare malgré le ton assuré dont il fait preuve.
Mais il ne l’en aide pas plus pour autant. Il réaffirme le fait qu’elle ne doit toucher à rien - mieux encore, qu’elle ne mette pas les pieds ici en son absence. C’est compréhensible et à la fois intimidant. Solvi se tasse un peu plus, pour se faire oublier, effacer sa bêtise. « Je ne le ferai plus. Excusez-moi. » Les excuses débordent de sa bouche par automatisme - demander pardon aux surnaturels, se faire excuser pour ses maladresses d’humaine. C’est une lutte en elle, pour ne pas s’enfuir en courant, honteuse, tenue debout par le fait d’être tétanisée sous la voix de l’homme. C’est difficile, si difficile. L’évidence de la curiosité, du besoin de chercher et de comprendre, d’essayer de nouvelles choses - tout lui est étranger, elle ne sait pas par quel bout commencer, à quoi s’intéresser, ce qu’elle doit ou peut faire exactement. Lui laisser tout ce choix, c’est ouvrir la cage à un animal gardé en captivité toute sa vie sans lui avoir au préalable appris où il doit chercher sa nourriture et de quelles façons il doit survivre. L’intention est louable et pleine de bonté, mais ce n’est pas lui donner les bons outils pour lui permettre de s’en sortir par elle-même par la suite. « Mais je ne sais pas quoi essayer ! » Sa petite véhémence la surprend elle-même. Elle se reprend immédiatement, il n’est même pas certain que Wyn ait remarqué quelque chose. C’est la frustration qui parle pour elle. Son incapacité à mettre les mots justes sur ce qu’elle ressent, sur ce dont elle a besoin. Se rendent-ils compte de ce que c’est de paniquer par manque de vocabulaire ? De ne pas pouvoir utiliser les mots adéquats pour répondre aux questions et leur donner ce qu’ils attendent d’elle ? Avoir la sensation d'étouffer dans son ignorance crasse ? « Je n’ai pas de… pour montrer le nord ? De... » Ne pas trouver le mot fait enfler la panique alors qu’elle essaie d’exprimer pour une fois ce qui se passe dans sa tête. Elle n’est pas idiote, elle le sait, elle n’est pas illettrée ou sans aucune culture. Mais les mots, les images, tout bloque. Et il y a Henok toujours en écho pour la pousser à dire les choses, à donner son ressenti. « Une boussole ? J’ai pas de boussole pour montrer vers où faire le premier pas. Vous dites tous que je dois trouver toute seule mais je connais pas tout ça, comment je peux penser à essayer ? » L’équivalent d’un monologue pour la muette.  « J’ai besoin d’aide. » A force de tirer sur les coins du chiffon elle va finir par le déformer complètement. D’un geste nerveux elle le lâche d’abord sur la pile de livres à côté d’elle. En réfléchissant quelques secondes, elle le reprend ensuite tout aussi vivement - Wyn ne le veut peut-être pas là. Les yeux se tournent vers la haute silhouette. « Ça veut dire quoi alauda ? » Il est resté dans un coin de sa tête, derrière son pauvre agacement. Un soupir tremblant ébranle la cage thoracique de l’humaine. Il y a encore tant de choses complexes et inconnues. Madame et Monsieur lui avaient dit que ce n’était pas fait pour elle.



Wyn Evjen
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Message Mer 10 Mar - 23:24

An ocean of violets in bloom
« - Tout le monde est perdu, ceux qui disent le contraire mentent. » Le murmure passe comme un entrefilet entre ses lèvres, entre ses doigts, comme s’il la regardait entre ses doigts, pressés sur des yeux grands ouverts. Le surnaturel, le grand méchant surnaturel cille à son éclat – il ferme les yeux une demi-seconde, sans sembler noter pour autant son audace. Dans leur pillow fort de bois et de vitrail, il n’y a plus rien de lui de l’homme qui impressionne et qui irradie. Le masque tombe, fragile, en miettes au sol. Il ne clame plus le respect, assoiffé d’émotions plutôt. Lorsqu’elle cherche ses mots, il a un geste vague vers une étagère – une qui craque, qui peine sur le poids des livres, une dont le bois est tordu par le poids des souvenirs. Il y a une boussole, posée là-bas, au milieu des souvenirs de voyage et des cartes trouées par l’emploi. Il y a une boussole dont l’étui est gravé, pyrogravé, avec soin de Vegvisir, enchantée pour permettre à Curiosité de trouver la satisfaction de revenir.

Elle emprunte ses mots à Henok, perroquet, alouette aux ailes en convalescence. La frustration irradie sa poitrine, brûle chacune de ses inspirations qui devient plus sèche, plus saccadée jusqu’au paroxysme. Une exaspération d’enfant. Elle bourdonne dans ses veines, l’empêche de penser correctement, d’aligner trois pensées et demie. Elle sature tout. « - Tu n’es pas ma responsabilité ! » Il se défend, les yeux écarquillés, une mèche accrochée à sa lèvre. Il lui semble qu’Aslaug, qu’Henok, que Solvi s’accrochent à lui, le griffent et l’attirent, pèsent sur ses épaules. Attendent de lui ce qu’il n’est pas. Il crache presque comme un chat acculé, sa voix monte, démunie, dans les aigus. Il n’a pas à choisir pour eux. Il n’a pas à savoir pour eux. Il ne sait déjà pas pour lui. Il n’a jamais demandé l’administration des vies humaines.

Tu as du travail Wyn ? A la place d’essayer de nouvelles choses ? Il entend le sarcasme d’Aslaug comme si elle était encore lovée dans son esprit. Il entend son fiel qui le juge et il vacille sur son échelle. Elle secoue les vieux oripeaux, dans un geste qu’elle a dû emprunter à Renata, elle dépoussière ses excuses, aère ses obsessions. Est-il possible que durant quelques secondes, il ait pu penser repousser la demande de Solvi ? Ai pu envisager de rester le cul sur une chaise, dans un carcan d’habitudes et de choses à faire, de routine d’adultes ? Plutôt que céder à l’attrait de la nouveauté et de la curiosité ? Où étaient passées les expériences qu’il chassait comme d’autres les femmes ou l’argent ? Il cille à nouveau, comme surpris de son reflet.

« - Alauda .. ? » La question le prend de court, manque de le faire dégringoler de son perchoir. Il la fixe un instant, déboussolé, ses yeux limpides troublés à la surface. Comment sait-elle ? Il n’a pas réalisé, le surnom qui lui a échappé, les jeux de jambes de sa langue. Il répond pourtant avec la même courtoisie, la même évidence. Wyn prend le temps de répondre, d’être bien sûr de choisir la bonne langue dans laquelle s’exprimer.  « - Alouette. » Evidemment, le mot grec lui revient avec le norvégien, sa langue ne lui revient qu’après un effort de l’esprit. Il mime, de ses gestes, la taille de l’oiseau, sa langue dépassant entre ses dents. « - Un oiseau de cette taille, à peu près, petit. Il vole très haut dans le ciel, et descend brusquement pour aller chercher des vers dans les terrains labourés. Il est attiré par les rayons du soleil et se fait attraper comme ça. » Son regard se porte vers les fenêtres, et les arbres qui répandent sur le plancher fatigué des ombres en forme de fleurs. « - C’est un joli oiseau, qui chante beaucoup. Il y en a quelques-uns dans le jardin. »

Il étire sa jambe restante. Les plis restent marqués dans le pantalon impeccables, ravines de tissu semblables aux méandres de son esprit.  Le silence semble sourdre des livres comme autant de poussière dorée qui tacèlent l’air. «  - Sais-tu quel est le mot que Mimir m’a confié ? Cela ne se dit pas ces choses, et pourtant tout le monde le sait, toutes nos vies sont bâties autour. » . Un amusement flottent sur ses lippes, adoucit son regard, caché derrière les longs cils dorés à l’hélianthe. Il reprend tout à trac, plus ferme. « - Curiosité. » Comme si le mot avait toutes les réponses. C’est le cas. C’est Vegvisir qu’ils devraient tatouer dans leur peau. C’est l’ultime cadeau de leurs divinités, une boussole, un mot auquel se référer. Une étiquette qui préconise comme s’occuper de soi, quelles décisions prendre, comment être fidèle à soi-même. Voracité des choses, dans son cas, voracité qui tire son esprit de l’apathie, le traîne derrière. A nouveau, son regard brumeux se plante dans les siens, le visage dévoré d’yeux trop grands, trop limpides, trop jeunes. L'excitation qui y vibre et sincère. « - Je peux tout essayer avec toi, jusqu’à ce que tu trouves ce qui te plaît. Je peux t’apprendre à forger, je peux te montrer comment broder. Il y a un vieux tour quelque part, Henok, Yildun ont chacun leurs hobbys à partager. On peut faire des puzzles ensemble. »

Paradoxalement, pour quelqu’un aussi plongé dans les livres et les équations, ce sont des occupations bien terre à terre qu’il propose. Wyn lit, beaucoup. De la poésie, de la science-fiction, de la fantasy, quand il ne s’occupe pas de sciences plus ou moins exactes, de découvertes dans tous les domaines (curiosité). Mais il n’y trouve pas de paix – on le voit plutôt sillonner la maison, livre à la main, à marcher, bouger en même temps. Il ne tient pas en place, l’attention toujours défaillante. Son esprit ne s’apaise vraiment que pris en charge par un autre, que vacant, alors que ses doigts travaillent dur – captif de la monotonie des gestes. En parlant, ses doigts se sont glissés dans ses poches – au fond de la veste de costume, il joue avec des galets bien lisses qui tournent entre ses doigts, dont certains se réchauffent à son contact, se glissent contre sa paume, dotés d’une vie propre. Evidemment que l’ancien maître des runes en garde au fond des poches, au milieu des cailloux, menues monnaies et objets volés qu’il ramasse en traître.  Wyn se laisse tomber, relativement gracieusement au sol – en tailleur, minus un bout. Il tend une main franche, paume vers le ciel, malgré la balafre qui la scie en deux, comme un croissant de lune extrêmement fin. Il hoche lentement la tête, sans la lâcher du regard et propose très simplement, dans la plus grande douceur. « - Je peux interroger Mimir pour toi. » Il avait cherché des réponses pour des questions plus bêtes, usant des runes comme il utilise le latin ou d’autres utilisent google.

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Solvi Carlsen
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Occupation : Anciennement asservie par la Tourmente ; serveuse au Deep Blue, elle en est devenue co-gérante aux côtés de son frère aîné, l'envie d'offrir un lieu agréable comme objectif.
Statut : Se découvrir elle-même d'abord, mais les doigts frémissent, les joues rosissent et les sourires timides s'esquissent sous les histoires du journaliste.
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Message Jeu 8 Avr - 23:50

An ocean of violets in bloom
she tries her best but it hurts her chest

L’exclamation du scientifique fige la jeune femme. Prise en tétanie par le ton presque outré, le volume de la voix qui grimpe, se crispe. L’électricité qui grésille dans le bureau encombré par le fatras et les souvenirs auxquels elle n’appartient pas. Les dents se serrent l’une contre l’autre dans la mâchoire contractée, persuadée qu’elle a poussé sa chance et que c’est fini désormais. Solvi est glacée par ce qu’elle ne comprend pas, désemparée par cette situation qui la dépasse mille fois. Enfermée dans une vie où les surnaturels se seraient battus pour asseoir leur domination sur son existence - décider de tout ce qu’elle pensait, de la manière dont elle s’habillait, à ce qu’elle faisait de ses journées, aux gens à qui elle pouvait s’adresser ou non, à l’endroit où elle avait le droit de dormir, ce qu’elle avait le droit de manger et en quelles quantités ou même l’accès à la salle de bain. Tout était contrôlé, tout était décidé par ceux qui étaient plus forts et plus grands, élus par la grande Hel - eux ils savaient ce qu’elle devait faire. Il n’y avait pas de place pour les interrogations et les questionnements. Là-bas, elle n’avait pas le temps de se demander ce qu’elle voulait faire. Son seul choix résidait dans le fait d’obéir ou de se rebeller à ses risques et périls. Là-bas, elle comprenait.
Ici, elle ne comprend plus. Après des années de chaînes clinquantes à tous ses membres, on la lâche sans filet. Et on lui dit de se débrouiller. Il est étrange ce surnaturel qui semble même hésiter à lui dire de s’asseoir. Qui ne veut pas avoir la moindre assise sur ce qu’elle fait, alors même qu’elle réclame de l’aide. C’est étrange et incompréhensible, et en le contrariant elle se dit qu’il ne va plus vouloir qu’elle reste. En étant insistante, en essayant de comprendre, à Svart on lui aurait dit que c’était de l'insolence - elle qui préférait pourtant le silence aux questions - et elle aurait été punie pour ça. Wyn va-t-il être lassé de sa présence ? De ses questions auxquelles personne n’a de réponse ? Son esprit coincé est déjà en train de monter son appréhension en épingle, d’envisager qu’on la mette dehors. Sa fatalité lui indique seulement qu’elle ne sait pas où aller. Que ses adelphes sont dispersés et qu’elle n’a aucun moyen de les joindre, elle ignore où ils se trouvent, ce qu’ils font de leur vie. Elle est seule, et si le scientifique décide qu’elle a franchi la ligne, alors elle le restera. Cet étrange surnaturel qui ne veut pas qu’elle soit utile, qui ne veut pas qu’elle soit dépendante. Est-ce aussi pour cela qu’il se comporte sans grandes délicatesses depuis son arrivée ? Pas méchamment, seulement brut d’honnêteté, rugueux des vérités qui sortent de sa bouche et sont parfois complexifiées par des raisonnements qui sont bien obscurs pour l’humaine.
Alors elle reste juste là. Les yeux bas et le cœur qui bat jusque dans sa gorge et dans ses tempes. Rigide et crispée, dans l’attente de la sentence aux accents d’exaspération.  

Et comme le vent changeant, le ton se module, la voix se fait plaid de nouveau. La chaleur revient doucement se distiller dans sa description de l’oiseau. Solvi relève légèrement les yeux, attirée par les gestes qu’il fait pour décrire l’animal, hypnotisée. Elle aime la sonorité du mot. Alauda. C’est joli quand Wyn le dit. Un peu doux, un peu léger. Surprenant aussi. A. la. ou. da. « Pourquoi on l’attrape ? Il n’est pas bien dans les arbres ? » La curiosité racle le fond de sa gorge inquiète. Que fait-on à ce petit oiseau ? Mais tout aussi beau que cela semble être, elle ne comprend pas le parallèle. Elle n’a pas l’impression de ressembler à la description que Wyn en fait. Elle n’est pas jolie, elle ne parle pas beaucoup, sa voix n’est pas mélodieuse comme les chants des oiseaux. « Pourquoi vous m’appelez comme ça ? » Elle ose de nouveau, fébrile. N’est-ce pas forcer sa chance ? Et le scientifique semble lui donner raison en continuant de faire résonner sa voix de tissu en polaire. Les battements en tambour du myocarde de l’humaine se laissent doucement dompter par les accents de douceur. Il semble un peu flotter le surnaturel en évoquant son dieu et ce dont il l’a béni lors de son rite de passage. L’annonce du mot unique écorche un plissement au coin des lèvres. Elle ne le connaît pas bien mais c’est un peu logique. Un peu évident, maintenant qu’il le dit. Un peu parlant aussi. Ça fait écho au regard qu’il pose sur elle sans qu’elle puisse s’en détacher - enthousiaste et fébrile. Changeant le docteur. Les activités énumérées résonnent dans l’esprit de Solvi. Certaines sonnent justes, d’autres non - un carillon à vent dont certaines tiges auraient une justesse exquise et d’autres ne chanteraient que faux. Certaines lui parlent plus que d’autres, évoquent des souvenirs. « Peut-être que broder j’aime bien. Il fallait faire les ourlets de Mariska et j’aimais bien l’aiguille. Ça hypnotise et ça calme à l’intérieur. » Elle ne se rend pas compte qu'il ne sait peut-être pas qui est Mariska. La répétition des gestes l’apaise, l’invite dans sa cabane en coton sans le moindre effort. Et là-haut elle y est bien, à l’abri de tout. A l’abri des mots et des menaces, à l’abri de la réalité. Souvent elle fait la prière de pouvoir y rester, de ne jamais être ramenée dans le vrai monde. Seulement se laisser doucement porter par les nuages duveteux. Ce serait si reposant. « Je crois que les puzzles j’aime aussi. » Un flash plus de vingt ans en arrière, des bribes en lambeaux flous, d’images en pièces qu’elle devait assembler. Avant les Carlsen ? Qu’y avait-il avant eux ? Est-ce qu’il y avait quelque chose avant ? Un battement de cils, puis deux. Le flash s’estompe.

« Merci d’essayer avec moi. » Elle souffle en triturant le chiffon qui ne sera définitivement plus que des chutes de tissus dès lors qu’elle aura terminé de passer ses nerfs usés dessus. L’ongle court agace un fil qui s’échappe du tissage, corne le bord cousu. L'étoffe va se déliter si elle continue. La silhouette se balance lentement d’un pied sur l’autre, imprimant la cadence d’une houle à son corps en recherche d’apaisement. Le sursaut l’écorche alors que la grande ombre de Wyn s’affale à même le sol. L’invitation de la main tendue lui tord l’estomac sans qu’elle puisse comprendre pourquoi. Quelque chose a changé dans l’atmosphère, sans qu’elle soit capable d’en expliquer la cause non plus. Le feutré d’une alcôve, la sensation de l’épaisseur du tapis se fait plus grande, pourrait l’avaler de chaleur - comme pour rappeler à sa mémoire la grande armoire remplie de fourrures dans laquelle elle avait établi sa cachette. « On… On a le droit de Lui demander ? » Les yeux s’écarquillent de stupeur, ébahis par la proposition. Sa voix se tasse et chuchote presque, comme si le dieu se trouvait par-dessus son épaule. Wyn a l’autorisation de déranger les dieux pour elle ? « Mais ça ne doit pas être important pour Lui. » Elle couine comme un animal peureux, piteux. Elle s’approche comme un animal soupçonneux. Légèrement de biais, hésitante et fébrile. L’humaine réduite à son instinct de bête. La méfiance pulse avec fièvre, bercée des souvenirs et de sa seule imagination pour deviner ce qui se passe derrière les portes lorsque les rites pour Hel ont lieu. Doucement son corps ploie et se rapproche du sol, une main délaissant le chiffon pour oser se poser dans celle du surnaturel. Le contraste des peaux, des tailles, mais le même toucher abimé. « Comment on demande à Mimir ? » Elle déglutit, l’inquiétude logée au creux d’elle, voisine de la survie et cousine de la peur. Mais la douceur l’attire comme un papillon de nuit s’accroche à la lumière - ceux qui sont duveteux et désorientés, un peu trop simple pour entendre le danger grésiller contre leur crâne. Contre son échine, appuyé sur ses épaules, l’humaine a la sensation de sentir la pesanteur de Mimir. Agenouillée sur le tapis qui semble avoir eu mille vies, la main et la vie dans celle d’un autre, elle voudrait se soustraire à la pression, l’impression que le dieu observe ce qu’il se passe, se terrer auprès de la haute silhouette de Curiosité. Mais toute l’appréhension de faire le geste de trop la garde figée, un mot ou un mouvement qui rappellerait une exclamation exaspérée. Son insignifiant corps est tiraillé comme un aimant tenu face à ses pôles identiques mais aux mystérieuses propriétés de répulsion.  

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Message Dim 2 Mai - 12:11

An ocean of violets in bloom


Tu recommences Wyn. La pression augmente lentement sur tes tempes, avec le mauvais coton d’un pressentiment au fond de ton estomac, de ton larynx, qui abruti tes fonctions cognitives. Avec tes mouvements d’humeur maussades comme le ressac sur le port de Senja à marée basse. Il sent bien ce qui rampe sous la surface de son épiderme, brûle ses veines, crée des fourmis dans ses membres. Il n’a jamais été facile à comprendre, facile à suivre – mais ce qui était autrefois un trouble incandescent, vivacité vaguement attachante, passant d’une ardeur à une passion, d’une curiosité à une autre a pris du plomb dans l’aile jusqu’à devenir insupportable. L’injustice est d’autant plus criante face à Solvi. Elle n’a rien fait et Wyn est difficile. Plus difficile qu’il n’en a l’habitude. Il a l’impression de se déplacer sur une jambe, une tasse de café brûlante remplie plus que de raisonnable en main. La moindre précipitation est un tsunami et Wyn n’est que précipitation. « - Parce que tu me fais penser à une alouette, je suppose. » Il murmure, le poing sur sa tempe. Les méandres de son esprit sont impénétrables, même avec une carte. On pourrait demander pourquoi est-ce qu’elle lui fait penser à une alouette en latin, tant qu’on y est. « - On pourrait faire des puzzles. «   Il y en a sous les boîtes de jeu en carton, il y a des pièces de carton au fond de ses poches et sur les vide-poches éparpillés dans la maisons, des pièces qui n’appartiennent à aucun puzzle présent. Un moyen de calmer son agitation, d’apaiser son esprit. Des 1 000 pièces. Il y a une métaphore quelque part.

Il relève la tête, comme pris en faute à son murmure, à son remerciement. Il la fixe derrière les mèches claires qui sont retombées devant ses yeux, comme s’ils étaient figés au travers d’une rangée d’arbres, rangées de lumières éblouissantes. Son sourire est un petit sourire, mais d’excuse, maladroit. « - Navré de ne pas essayer assez. » Comment peut-on dire à un oiseau blessé qu’il tombe au mauvais moment ? Qu’il n’a pas, en lui, momentanément, la force mentale, la stabilité en question de faire ce qu’il faut, se conduire comme il doit. Il a surveillé les arrières de Solvi, veillé à ce qu’on ne la cherche pas, veillé à sa victime et à ses tortionnaires, il a ouvert sa porte, la chambre d’Aslaug, donné sans concession. Sauf lui. Ses principes sont accrochés sur un tableau de liège, mais il griffe une paroi de verre, incapable pour le moment de les appliquer. Avec Yildun, il avait été un homme différent. Tout jeune surnaturel, qui avait la vie qui lui brûlait aux bouts des doigts, l’impression d’être le roi du monde. Le corps perclus d’hématomes et des cheveux en auréole autour de son crâne, visage assoiffé de – de tout.

Lui n’a l’impression qu’elle n’est là que pour Henok. Elle, d’être une pièce rapportée.

Ils entendent la trotteuse bancale d’une pendule, quelque part dans la pièce. Le tapis épais étouffe les étirements de la maison de bois. Au ras du sol, des lignes de force semblent resserrer l’air, comme si Mimir s’infiltrait entre les raies du parquet et les craquelures des livres. « - Bien sûr. » Ce droit, il l’avait toujours pris, bien avant même les runes tatouées au creux de sa peau. Le droit – le devoir de poser des questions, l’impossibilité à respecter les interdits. Ses épaules sont agitées d’un hoquet, rire contenu. « - Je l’ai déjà dérangé pour moins que ça. »  Il est un bien piètre exemple de modération. Wyn n’est qu’abus de pouvoirs – les runes sont comme un horoscope dans le journal, ses yeux une façon de se réveiller le matin, lire le journal, boire un café. Il brûle les cadeaux de Mimir par les deux bouts, avec une jouissance qui serait dangereuse dans une autre caste. Le meilleur moyen de remercier les dieux est bien d’utiliser ceux qu’ils ont mis à leur disposition.  C’est comme respirer.
Il apprivoise Solvi, l’attire dans sa tanière sauf que sa tanière ne serait qu’une cachette de coussins où lire après le couvre-feu. Comme des enfants cachés sous la table, les deux sont assis par terre, liés par leurs mains jointes. Un fil d’Ariane. C’est la première peau qu’il touche, à l’exception de son mari, depuis Aslaug. La douceur que sa peau n’a pas, il compense par la façon de prendre ses deux mains dans les siennes, en coupe. Ses mains sont froides. Elles tremblent légèrement, ne se figent, ne se fixent que lorsqu’il tient la main de la jeune femme dans ses paumes. Il glisse un sac de velours sombre dans les mains jointes. L’impression de ne plus être seul sature l’air et Wyn se racle la gorge, l’une de ses mains, l’autre soutenant toujours la main de Solvi, tendue entre eux.   « - Ferme les yeux. Ou regarde-moi. Pas le sac. » Le plaid polaire enveloppe, entortille, saucissonne, la langue collée d’intensité, comme si elle portait avec elle une vague de murmures et de regards qui viennent les abriter de la tempête et des autres. Wyn inspire lentement, laissant le tremblement de ses mains s’apaiser, laissant sa foi, laissant Mimir l’envahir, et le calme que son mysticisme est bien le seul à pouvoir encore insérer dans sa chair.  

« Pethro. » Il fait tourner la pierre polie comme une bille œil de chat dans la cour de récrée. Les pierres sont lisses, constamment chaudes des doigts du devin, comme animées de leur vie propre, depuis qu’il les a gravés au stylet, il y a des années de cela. On trouve des pierres égarées dans toute la maison, dans tout le domaine, Petit Poucet qui sème ses fragments de destin. Semi-précieuses et galées, gravées des mêmes runes, encore et encore, comme les vagues érodent par patience. « - Une voie qu’on choisit. Sur laquelle on s’engage. Faire son propre choix, décider pour soi-même. » Il lève la rune à la hauteur de ses yeux, près de son visage, savourant les mots qui passent ses lèvres, l’électricité au bout des doigts.  Ses yeux sont devenus d’un gris opalescent, nébuleux. Leur couleur réelle, loin du bleu du ciel et joyeux de sa naissance, loin du bleu illuminé comme une étincelle qu’il affecte encore souvent. Le sourire danse sur son visage avant qu’il puise une autre pierre, l’observe cette fois un long moment, posée dans sa paume, comme un animal blessé. Comme une alouette prise au piège.

« - Naudhiz est une rune ambivalente. Elle indique une épreuve, ou un besoin de façon générale. Un besoin qu’il faut comprendre déchiffrer, quelque chose à surmonter. Sortir de sa zone de confort. » Sa langue se colle à son palais, comme si Mimir tirait sur sa manche, comme si un mauvais pressentiment tirait les ficelles. Ce n’est pas qu’un besoin. L’épreuve est présente, lourde, sans invalider les progrès contenus dans le caillou. Le poing sur ses lèvres, un genou contre sa poitrine, le scientifique oscille d’avant en arrière, gentiment. Il contemple la dernière du tirage, lourde et minuscule dans sa paume. Elle avait le mérite de clarifier son pressentiment. « - Eihwaz est la vie et la mort, le changement. Le Phénix. » Wyn effleure Pethro posée sur le tapis entre les deux autres runes, comme si quelque chose faisait sens dans son esprit. « - Il y a un nœud. Quelque part. Parce qu’il faut que tu choisisses où aller, d’où tu viens et où tu veux aller. Je sais. »  Il a une moue à la remarque qu’elle ne fait pas. Elle ne sait pas où aller. Petite alouette qui heurte les vitres en les prenant pour des barreaux de cage. Il continue, Eihwaz tournant entre ses doigts, son regard hypnotisé par son tirage, comme s’il cherchait à voir autre chose dans les pierres posées au sol. « - Pour prendre un nouveau départ. Et cela peut te donner l’impression d’étouffer. D’être enchaînée à nouveau. Mais… C’est un moment de transition. Mimir promet. Je te promets. » Derrière l’opale inhumaine de son regard, une certaine chaleur l’enveloppe, niche. C’est la plus grande lucidité des derniers jours. Semaines. Mois ? La calme et profondeur sérénité enracinée depuis la naissance par ses droits et ses privilèges forme une coquille protectrice, repousse du pied la dernière personne qu’il n’a pas su protéger.  « - Garde-la. » Wyn place la rune de Naudhiz, tiède à présent, dans la paume de Solvi, le bout de ses doigts réchauffés au contact de la pierre, et sa paume, fraîche comme une fièvre.

Il se relève, s'appuie sur la table derrière lui, le dernier élément solide d'un bureau qui se dissout. Il glisse une mèche de cheveux blonds derrière son oreille, sa main s'immobilise en l'air, au-dessus de la tête de Solvi comme un aveugle, comme un adoubement. « - Je vais refaire nos cercles de protection. »

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