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Message Lun 6 Juil - 1:36



don't let my sorrow turn to hate


@Wighard Wolden | Mars 2020

◊ ◊ ◊

Tu vides ta tasse de café d’une traite et c’est un mécanisme de quasi détresse qui la remplit à nouveau. Tu ne te souviens pas, de la dernière fois, où tu as dormi si mal. D’habitude il y a tous les vices du monde qui s’offrent à toi pour oublier. Cette nuit, il n’y eut que les ténèbres et le léger souffle régulier d’une enfant pour te rassurer. Les paupières s’agitent, tentent de rendre net le spectacle qui se joue sous ses yeux. Les lèvres muettes répètent le prénom de la gamine comme une litanie aliénante, comme si les deux syllabes pouvaient t’ancrer dans cette réalité que tu peines à rendre palpable. Tu dois être resté coincé dans un rêve ou un cauchemar, tu ne saurais dire.

Tu aimerais tant, trouver des réponses. Ou au moins pouvoir poser ces questions te brûlant les lèvres. Tu as promis, Ingvar, tu tiens toujours parole, Ingvar. Quel con. Tu broies du noir à retourner l’interrogatoire en boucle au fond de ton esprit. Où est-ce qu’elle était cette gamine, durant tout ce temps, est-ce qu’elle sait ce qu’il s’est passé avec ses parents ? Est-ce que Wighard a pu te mentir au sujet de ta propre famille ? Ce serait terrible, si terrible. De savoir que l’amant d’une vie t’aurait laissé te noyer au fond d’un chagrin infini alors que, quelque part, il détenait de quoi obtenir ton salut. Il devait avoir ses raisons. C’est toujours ce que les lâches, les menteurs et les égoïstes disent. Oh, on ne t’y reprendra plus à la lâcher celle-là, tu as su apprendre de tes erreurs.

Quand les pupilles tristes de la gamine se posent dans les tiennes, tu lui offres un large sourire, drapes ton propre désespoir sous le masque du paraître. C’est ce que les tiens font de mieux, c’est ce qu’on t’a enseigné, c’est ce que tu as rapidement appris par toi-même. Tu lui changes les idées, les chiens aident – Loukoum paraît nager dans ce qui s’apparente le plus à du pur bonheur – et toi-même tu finirais presque par croire qu’il s’agit là d’une matinée tout ce qu’il existe de on ne peut plus normal avec ta nièce. L’illusion est fragile. Son silence en dit long, elle ne lâche que quelques mots éparses, sous sa mine défaite et trop fatiguée pour appartenir à une gosse de son âge, se cache des démons que tu ne peux qu’imaginer. Alors tu la prends dans tes bras, le cœur se serrant un peu plus à chaque fois que tu arrives à obtenir d’elle un peu de joie, ne fusse qu’un demi-sourire, les chiens en renfort permanent tandis que vous vous avez décidé d’aller vous promener un peu tous les deux. Tu luttes pour ne pas vérifier toutes les trente secondes ton téléphone. Deviens limite paranoïaque en te demandant si c’est une bonne idée de sortir la gamine. Mais c’est elle qui t’a demandé et tu ne pouvais décidemment pas la laisser seule à l’appartement pendant que tu sortais les bêtes. Vous ne vous attardez pas pourtant – dans ta tête se joue en boucle le scénario d’un Wighard à deux doigts de la crise cardiaque à marteler le bois de ta porte résolument close.

Malgré le mince espoir, tu ne trouves aucun irlandais en colère sur ton pallier – il n’a plus la clé de ce qui est revenu ton (et à nul autre) appartement et l’idée te semble toujours étrange, comme malaisante. Impossible de réprimer le soupir te venant quand tu fermes la porte derrière vous, ton front posé contre le bois. Tu envoies un message malgré les heures passées à te convaincre que ce n’était pas nécessaire. Que vu la gueule et le ton expéditif du gardien : les choses dont il s’occupe sont assez sérieuses pour que tu ne viennes pas interférer dedans. Mais ce n’est pas ta place. Non, pas cette fois. Tu es concerné par tout cela, tu le ressens au fond de tes tripes. Hors de question qu’il décide à nouveau pour toi ce que tu as le droit de savoir ou non.

« Tu me dois toujours des réponses. » Que tu tapes sur l’écran tactile. Tu hésites quelques secondes. Le risque d’hérisser les poils de l’ours gris sont élevés et franchement pas nécessaires mais l’instinct parle plus vite que la raison. Tu reposes le téléphone contre la table de la cuisine, les doigts dansant nerveusement sur le verre de la tasse.

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Arrivée : 17/01/2020
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Crédits : Mad'eyes (coloring lunpand)
Thèmes abordés : alcoolisme, addiction, deuil, langage cru, violence
Infos RP : pris / rp le week-end / 800-1000 mots, dialogues en fr/eng au choix
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Âge : 46
Occupation : Gardien à la beauté, bénévole à l’orphelinat, ancien flic qui veut changer le monde. Loyauté aux rebelles et inscription aux alcooliques anonymes.
Statut : En couple avec Zhenka
Famille : Rebelle, infiltré qui connaît ses priorités, et pourtant rattaché à la beauté, gamin qui veut être aimé, soigne ses daddy issues avec Odin
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Message Ven 10 Juil - 10:36



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@Wighard Wolden | Mars 2020

◊ ◊ ◊

Tu as le corps glacial de la cuvette de wc dans les bras lorsque tu ressors de ta stupeur. Ton âge perclus chacun de tes os comme après une nuit de débauche oubliée. Ton crâne roule contre les murs de carrelage à la recherche d’un dieu contre la gueule de bois, tandis que tu ouvres avec douleur tes paupières encrassées des rebus de la nuit. Ton corps sue et suinte l’alcool étranger qu’il ne supporte plus. Tu as bu hier. Tu as laissé la rage et la colère t’envahir et tu en sens les contractions crispées dans tous tes muscles. Tu n’es plus qu’une marionnette creuse, sans la colère pour l’alimenter, on a coupé l’arrivée du feu en toi, momentanément. C’est ta première gueule de bois depuis Ingvar. La seconde depuis… des années. La première depuis que ton organisme vieillissant est purgé de ta drogue personnelle, et le choc te fait encore trembler de faiblesse, malgré le peu d’alcool ingéré. Tu es trop vieux pour ça.
Le message d’Ingvar te rappelle à la réalité existant hors de la salle de bain. Si différent des précédents messages qui s’affichent au-dessus – vérifier que l’autre était encore en vie. Avant, l’appeler à l’aide. Avant… Tu ne remontes pas la conversation vers les messages qui accompagnent trop d’insomnies.  Tu ne lui dois rien, à cette bouteille à la mer qui sonne vide, bue et rebue. Tu as envie de rejeter le téléphone au loin, mais déjà l’écran s’éteint noir, et les étincelles lumineuses ne subsistent plus que devant tes yeux fatigués.
Il faut que tu récupères Oona.

Badia dort – cuve encore, elle ronfle son chagrin et sa hargne derrière la porte close. Le son t’hypnotise un moment, à l’entendre respirer comme si vos respirations n’étaient qu’une. Les mêmes humains pleins de griffes et de coups à vous débattre comme des chats enragés. Tu portes encore aux aisselles tes holsters, et sur la peau ta chemise qui t’a accompagnée lors de ton service, des heures plus tôt. Tu as lutté contre des démons toute la nuit, et était avalé par d’autres une bonne partie de la journée. Après une hésitation, symptôme du brouillard de ton crâne, tu passes sous la douche, tu passes une chemise propre, celle à la plage nocturne, une jupe longue et confortable, incapable de faire l’effort de singer quoique ce soit. Le manteau t’enrubanne d’une étreinte qui te manque autant que l’alcool. Tu fixes tes armes posés sur le tas de coloriages de la table basse. Ingvar les déteste. Mais se superposent le regard hagard de Badia hier, la monstruosité en gestation dans la survivante. Elle a accès aux siennes, à d’autres, cela ne change rien, mais le geste est compulsif. Comme hier, Oona sur les épaules, tu ne réfléchis pas, tu agis – d’abord la protection, ensuite les conséquences.

Tu siffles les chiens pour t’escorter sous le soleil lumineux et froid du printemps, comme si tu avais peur d’y aller seul. Bullet reste à tes pieds, tandis que Toudoux cavale dans l’escalier de l’immeuble d’Ingvar, Penne Pepperoni la truffe sur le chemin inconnu. Il est déjà tard dans l’après-midi après la longue balade que tu as étiré jusqu’à Treby, jusqu’à l’arbre qui fait figure de ton Mont-de-Piété personnel. L’air frais te fait du bien, il évacue les fantômes de la nuit, l’ombre de Badia, les pleurs de Oona, le visage de Ingvar. La marche est longue, elle étire tes muscles fatigués. Le cul sur ton crucifix, tu écoutes les chiens se disputer un bâton, les feuilles bruisser au-dessus de la tête. Le Seigneur n’a rien à dire sur les enfants battus et balottés de foyeren foyer, mais ce n’est pas une grande nouvelle : ça tu l’as appris très tôt. Assez pour tendre l’oreille à ce qu’avait Odin à dire sur le sujet. Ou Freyja est son putain d’amour sans borne avec lequel tu te dépatouilles si mal. « - Un mocha blanc, un muffin aux myrtilles, café noir double expresso chantilly, un donut, un chocolat chaud chantilly, cookie triple chocolat. » La commande en main, tu montes les escaliers après les chiens, tirant les dernières lattes de ta cigarette, visage humain repris. Tu as un besoin d’alcool collé contre ton palais, tu tentes de l’ensevelir sous la cendre.

Tu toques et ajoutes immédiatement « - Daddy's home.  T’es décent ? » . Et non pas l’un des spectres que Ingvar craint tant. Attendre derrière ta porte, les pieds sur le paillasson que vous avez choisi ensemble est dérangeant. Tu croises le regard de la voisine qui sort sur le palier et te fixes. Tu esquisses un sourire, comme si tu avais oublié tes clefs. « Bonjour Silva. » Ton sourire ne trahit pas vraiment l’uppercut que tu as la sensation de te prendre dans la poitrine.
A l’intérieur, tu restes un instant silencieux, face à Ingvar. La dernière fois – avant-hier soir – que tu l’as vu, il avait le visage en sang, il ne respirait plus. Tu te pissais dessus de douleur, traumatisme et accessoirement de la terreur que la dernière chose que tu lui ai dite était que tu ne l’aimais plus et que tu le haïrais bientôt, pour ce qu’il était.  Toutes les traces ont disparu de son joli visage, ou presque. Il est sobre. Il est réel. Il est familier. Le disque saute, déraille quelques secondes pendant que les chiens s’engouffrent. « - Merci de l’avoir gardée. J’ai eu un … problème à régler. » Le script. C’est ce qu’il faut dire. Merci d'avoir assuré. Merci d'avoir été sobre.

Ton front se déride comme lavé par la marée lorsque tu reçois Oona contre ta jambe, serrant son doudou autant que toi. C’est plus fort que toi, ton visage qui fond comme de la barbe à papa en entendant sa voix d’enfant. Tu es faible pour ces choses-là. « - Hey sugar, tu m’as manqué. » Tu repousses tes lunettes de soleil dans tes cheveux, t’agenouilles au sol. « - Maman ? » Elle regarde derrière toi, par la porte, cherchant Badia des yeux. Il n’y aucune raison pour que Badia ne vienne pas chez son oncle aussi, dans l’esprit de la petite. Aucune raison. « - Cupcake, elle n’est pas là. » Tu murmures doucement, avant de la soulever dans tes bras, pour la serrer contre toi. Effrayé à l’idée de voir du soulagement apparaître sur les traits de la fille de Badia à son absence. « - Mais j’ai un cookie. »


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Message Mer 25 Nov - 15:51



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@Wighard Wolden | Mars 2020

◊ ◊ ◊

Merci de l’avoir gardée. L’absurdité de la réplique te frappe de plein fouet et te laisse pantois tandis que Wighard ajoute quelques mots ne t’étonnant qu’à peine. Il lâche ça comme si tu l’avais dépanné, comme si lors d’une soirée comme une autre, tu l’avais dépanné d’un imprévus. Les cernes assorties au bleu sombre de ton pantalon de jogging, les mains dans les poches d’un sweat gris chiné, tu as l’air d’un gamin paumé au visage creusés de trop nombreux tracas pour un seul homme.  

Machinalement tu agrippes le goûter qu’il vous apporte. La vue du muffin te rend soudainement faible – c’est que, maintenant que tu y penses, tu n’as rien avaler d’autre que ces innombrables tasses de café. Pas étonnant que tes doigts tremblent autour de l’offrande. Oui, c’est à cause de cela et nulle autre chose, tu t’en persuades. Ni la présence de Wighard, ni celle absolument improbable et inespérée d’Oona ne pourraient jouer là-dessus. Le « Maman ? » de la gosse te tue. Est-ce qu’après tout ce temps, elle la cherche encore ? Est-ce qu’elle aussi tressaille à chaque silhouette vaguement ressemblante, lui arrachant le temps d’un instant un vague d’espoir se fracassant rudement sur les brise-lames du bon sens ? Si Badia était en vie, vraiment, elle te l’aurait laissé entendre, pas vrai ?

Les deux vieux félins partageant ta vie ne sont guère ravis de l’occupation opérée par une véritable meute de six chiens dans l’appartement. L’endroit te semble soudainement très étroit. Mais la gamine est désormais mieux entourée que jamais et assez divertie pour que vous puissiez parler. Tu pars t’assoir à la table de la cuisine, parce que si tu ne le fais maintenant tout de suite, tu sens que tu vas t’effondrer – littéralement. Le crâne calé entre tes paumes, tu te concentres en une vaine tentative de faire disparaître les vertiges et cette impression malaisante que tu n’appartiens plus à ton propre corps. Comme si tu n’étais plus qu’un spectateur étranger au drôle de ballet s’exécutant ici. Tes mains frottent vivement tes paupières avant de tomber lasses contre la table, le regard fendant Wighard aussi soudainement qu’intensément. D’un air qui lui promet que cette fois-ci il ne pourra pas se défiler. Mais il y a de l’inquiétude pourtant au fond de tes pupilles, t’as beau l’air d’avoir sûr de toi et implacable, Wighard aura vite fait de démasquer la boule de nerfs apeurée perdue dans l’incompréhension la plus totale.

« Elle était où ? »

A peine ces trois mots prononcés, mille autre se bousculent au fond de ton esprit. Quand est-ce qu’il l’a trouvée. Comment. Qui est au courant. Est-ce qu’elle est en danger. Est-ce qu’il est en danger. Sûrement. Oui. Il l’est toujours. Cette pensée pique et fait redresser l’échine. Les doigts s’étendent sur la table, à la recherche du réconfort qu’ils ne pourront pas obtenir : tu voudrais juste pouvoir tenir ses mains entre les tiennes, pour que, peu importe ce que le destin a à offrir, vous ne formiez à nouveau qu’un pour y parer.


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Message Dim 29 Nov - 10:39



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@Wighard Wolden | Mars 2020

◊ ◊ ◊

Six chiens font la cohue dans l’appartement. Deux chats se cachent en haut des meubles. Une enfant essaie de caresser tout le monde en même temps, emmaillottée dans des vêtements bon un foyer. L’odeur du café fait gronder son estomac vide, au bord des lèvres. Il y a un homme en jogging qui passe dans la cuisine, les cheveux ébouriffés qui lui donnent envie d’y passer les doigts. Il croirait que c’est un matin dans une autre dimension, un matin où il est heureux, où il a tout ce dont il rêve. Sauf qu'on est pas le matin.
De l’autre côté de la table, Ingvar fait piteux, familier.  Wighard se prend pour Judas, à regarder l’homme qu’il s’apprête à trahir et un dernier repas. Il va lui mentir. Bien sûr qu’il va lui mentir. Il l’a su dès qu’il a ouvert la porte, pris l’ascenseur, qu’il s’est réveillé ce matin, qu’il allumé le moteur de la voiture pour emmener Badia là où ils peuvent hurler sans être entendu. Il va lui mentir. Il est lucide.  Cela ne sera pas la première fois. Il lui ment depuis des années. Il est sorti de sa vie pour arrêter de lui mentir. Ingvar n’a aucune idée de la grâce qu’il lui faisait à l’époque. Il se ment, quand il se dit qu’il a fait ça pour épargner Ingvar, que ce n’était pas pour s’épargner lui.  

Il reste à distance d’abord. Il sent son regard sur lui alors qu’il ne le regarde pas.   « - Chez moi. » Le regard d’Ingvar l’épingle comme un papillon au mur.  Il l’épingle avec plus de force que toutes les photographies qu’il a fait, par lesquelles il semble encore scruter son amant, comme un voyeur. Il l’épingle par la résilience qui surnage dans la lassitude. Il l’épingle parce que cette fois ce n’est plus eux. Ce n’est plus ce couple dont Wighard a fait un naufrage. Cela concerne Oona. Cela concerne Badia. Cela concerne leur famille et celle que Wighard lui a refusé (x2). Ingvar ne le lâchera pas.
C’est mal de le chérir pour ça ?

Il le rejoint, s’assoit avec lourdeur, rassemble les pans de sa jupe comme autant de plaid autour de ses jambes, une contre sa poitrine. Ses mains restent autour de son café, comme s’il avait peur de le lâcher. La chaleur du carton est la seule qui existe dans sa carcasse. Les lunettes de soleil sont retombées devant sa gueule de bois. Barrière de verre teinté entre lui et le regard de l’homme qui a partagé sa vie si longtemps. Le vernis écaillé de ses ongles s’imprime dans le gobelet de peur d’attraper les mains d’Ingvar. Il y a du sang au bout des paillettes quand il s’est retourné les ongles à défoncer une bagnole à coup de barre de fer Tu crois qu’il dirait quoi, s’il savait ? La voix de Badia tourne en boucle dans ta tête, essaie de crocheter une porte qu’il ne veut pas voir s’ouvrir. Il se rappelle les mots qu’il lui a dit, il y a quelques heures. Il aurait le cœur brisé. Il se sentirait trahi. Il ne comprendrait pas. Sur la page de gauche : l’illustration. Ses mains qui tremblent, émiettent le gâteau sont plus tentantes que n’importe quel corps à demi nu sous les lumières rouges de Rodsand.

Le café est encore brûlant, amer. Il brûle la coupure de sa lèvre. C’est pour ça qu’il grimace, écœuré, pas à cause d’aucun non-dit. « - Depuis la mort de Badia. » Il précède sa question, l’orage. Il ne voit pas ses cernes sous les lunettes de soleil. Il ne voit pas son expression, mangée par la noirceur de sa barbe, de son regard. Il connaît par cœur le mensonge. Sauf que ce n’est pas vraiment un mensonge.   « - Je lui avais promis de m’en occuper, si le pire arrivait. » Les deux humains ont toujours eu leurs secrets, adelphes par l’absence de marques sur leur poignet, sororité de la colère. Ils sont devenus plus proches encore après la rupture. Avec le lot de secret contenus dans 50 m². Wighard balance ses lunettes de soleil sur la table d’un geste fatigué, parce qu’il n’est pas un lâche. Il ne se cache pas. Il rive son regard dans les yeux de son amour de toujours et l’achève sans pitié.   «- Je lui avais promis de ne rien dire. De ne pas la laisser être élevée ni par l’orphelinat, ni par un surnaturel. »

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Message Mar 26 Jan - 19:01



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@Wighard Wolden | Mars 2020

◊ ◊ ◊

Chez moi.

Chez lui, c’était chez toi, chez vous, chez nous et malgré les mois écoulés depuis l’anéantissement total d’une telle réalité, son absence n’en est pas mois douloureuse. Chez moi, c’est un coup bas, un coup de poignard au creux de ton échine, une crevasse de plus sur la surface d’un myocarde s’effritant, tombant en pièce, tombant en miettes. Sur ta face l’incompréhension totale plutôt que tout autre ressentiment car cela te semble trop cruel pour être réel. C’est absurde. Wighard choisit, à sa façon si personnelle, de jouer d’un humour déplacé et maladroit là où il pense pouvoir adoucir les angles. Mais ses traits ne collent pas, il n’y a pas de rire goguenard qui s’en suit, pas de sourire malicieux. Juste un visage fatigué et brute : plus d’artifice, d’efforts courtois ou quoique ce soit pour toi. Il n’y a plus rien pour toi.

Mécaniquement, tu déglutis, reposes la pâtisserie sans même vraiment t’en rendre compte tandis qu’il continue la narration de son histoire tout à fait absurde et incroyable. Tes traits se figent, raidissent, tes muscles déjà endoloris par le manque de sommeil et l’angoisse s’animent d’une même tension infrangible. Que Freyja te vienne en aide. Sont-ce ses mots à lui, à elle, qu’il prononce, te jette à la face sans plus de cérémonie ? L’orphelinat ou un surnaturel. Tu aurais été un choix équivalent, un dernier recours, l’ultime décision que l’on prend à contre-cœur pour ta propre famille. Fatale. Cela te prend à la gorge, brise toutes les illusions que tu continuais naïvement – ou désespérément – d’entretenir. Il n’y a pas de foyer pour toi, il n’y a en jamais eu. Juste un facsimilé bancal construit autour d’une souffrance familière dont tu as finalement été évincé. C’est donc le prix à payer pour avoir osé quitter le commun des mortels et accepter le don de la déesse. Une malédiction.

De toutes les trahisons dont on aurait pu t’affliger, celle-ci te semble la plus terrible, sans l’ombre d’un doute. Ainsi l’homme que tu avais chéri tant d’années – que tu n’aurais jamais cessé de chérir, s’il t’en avait donné l’occasion – t’avait laissé remué ciel et terre à la recherche d’une chimère qu’il cachait dans sa tanière. Il n’y a que la colère qui gronde désormais en toi, sourde et anéantissant sous son poids toute forme de rancœur, de désespoir et d’incompréhension qui tente pourtant également de submerger ton être.

« Tu m’as tout pris. » Les mots dissonent quand on t’observe au milieu de ton appartement plus que confortable, entouré d’un succès glorieux et la renommée au sein de ta caste dont tu jouis. « Tout ce qui compte vraiment, tu me l’as arraché. » Il le sait, ne peut le nier face à l’authenticité brute de chaque syllabe que tu articules avec la lenteur qu’une rage glaciale confère à tout discours. Un coup d’œil vers la gamine, une hésitation d’à peine une seconde avant que tu ne te lèves et traînes Wighard ailleurs – dans ta chambre, presque ironiquement – pour éviter à l’enfant d’avoir à porter sur ses frêles épaules les maux d’un monde trop adulte. Tu as enfilé le masque de la joie et l’innocence, celui que tu lui réserves toujours pour la prévenir que vous reveniez. Elle ne semble pas inquiétée, bien entourée par une meute chassant tous les monstres pouvant la hanter. La main toujours accrochée en tenaille autour du poignet de l’ancien amant – malgré tout, tu ne lui as pas fait l’affront de le toucher vraiment, frôler sa peau à nouveau, l’interdit qu’il ta posé sans aucune forme de négociation possible à ce sujet, ayant agrippé ses vêtements –, tu pousses ce dernier sans ménagement à l’intérieur de la pièce avant de refermer la porte derrière vous. Sans plus attendre les mots jaillissent, saillant de ton être, couverts d’un ton qui ne permet aucune échappatoire, grondant d’une colère rauque dont Wighard n’avait jamais été la cible jusqu’en ce jour.

« Maintenant dis-moi. Dis-moi la raison pour laquelle tu as brisé cette horrible mascarade, pourquoi de tous les êtres de cette maudite île tu as choisi l’indigne surnaturel que je suis pour surveiller sur ma famille. Et je t’interdis de mentir. Wighard. Ne me mens pas. » Les derniers mots sont prononcés sous couvert de presque défi, une ultime requête qui sous-entend que, malgré qu’il ait déjà outrepassé toute forme de notion d’intransigeance, les conséquences d’un tel acte vaudrait à penser qu’une exécution sommaire et sans délai te serait moins fatale.



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Message Sam 6 Fév - 0:25



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@Wighard Wolden | Mars 2020

◊ ◊ ◊

Il ne m'appelera plus jamais Vetle maintenant. La phrase lui vient, saugrenue et intempestive au possible.

Son regard épingle l'ironie mur entre les grands formats encadrés. Il n'avait pris qu'une valise format de voyage en quittant l'appartement, il lui avait même laissé ses précieux clichés. Il avait tout laissé en place comme une maison de poupée, avec les chats et les repas pris à deux. « - Qui compte vraiment, pour qui ? » Le même calme délibéré et lent que lorsqu'il a ôté ses lunettes pour dévoiler des cernes comme autant de balafres. Tu l'assassines avec ta mauvaise foi, la vague insatisfaction matoise de ton visage. Ta gueule virile comme un mur aveugle. Tu ne te ressembles pas, le charme et la gouaille parties glissée dans ton carry-on. Ingvar avait fait son lit, refusait de se coucher dans les draps de satin. Lorsqu'Ingvar avait passé le rite, il avait choisi ce qui était important : sa sécurité, sa dignité. Tu lui as laissé tout ce qu'il avait, tu n'as repris que ce qui était à toi et avec, les poils de barbe dans l'évier, les boîtes à bijoux qui débordent, le revolver du coffre-fort et tes paumes un peu trop rugueuses contre sa peau. Tu es peut-être de mauvaise foi, mais tu n'es pas le seul et ton rictus ne laisse pas de place à la pitié. Il a beau jeu de t'accuser d'avoir tout pris.
Wighard a conscience de sa chance - et de la nausée qui le prend à appeler le sentiment de ce mot ridicule. Leur conversation est lèse-majesté. L'un dit que le rite ne compte pas, l'autre dit que on ne peut pas se fier à un surnaturel pour élever un enfant.

Dans la chambre, il commet tout un chemin de croix compliqué pour éviter l'éléphant de la pièce, king size. Passée la penderie délestée de près de la moitié des vêtements, il n'y a plus grand chose d'autre à regarder. Un tss tss passe entre ses dents serrés. «- Descend de tes grands chevaux, je ne l'ai pas fait consciemment. » Il lui tourne le dos, il roule des yeux et la migraine tire sur ses tempes. L'alcool lui a donné des fourmillements sur l'épiderme, derrière les oreilles, à la naissance de sa barbe sur sa gorge. Il regrette ses lunettes noires, il regrette sa flasque, il regrette son lit. Famille. On dirait que le crime était d'avoir ramené Oona, pas de l'avoir prise. Il a passé des heures à réfléchir, dans le froid, une barre de fer à la main, à voir les conséquences tentaculaires de son traumatisme. Parce que Wyatt avait un jour était un enfant battu, la rébellion risquait de tomber.

« - Pour la même raison que tu as passé le rite. »   Pour la même raison qu’une fois ivre, il avait retrouvé le chemin de ce lit. Il pourrait blâmer ce qu’Ingvar a fait à son corps, à son métabolisme, à rendre impossible de vivre sans, l'aimant auquel revient toujours son corps, addiction dont il ne peut se sevrer. Mais pour hier soir, ça sent l’hypocrisie. S'ils n'avaient fait que l'amour dans ce lit, ce serait plus simple. De ne voir que debauche dans les draps défaits. Mais le lit marque encore son côté. Il avait laissé son oreiller ici. Il n'avait pas vidé le tiroir de sa table de nuit. Ses doigts effleurent la lampe de chevet qui était autrefois la sienne. Ils avaient passé des matinées entière à prendre le petit déjeuner au lit et à rire, à se croire les rois du monde. Il avait sauvé la vie d'Ingvar dans ce lit, quand il avait les avant-bras bleuis de rêves en doses.

Il choisit de regarder Ingvar plutôt que leur lit, finalement. Il s'est séparé de lui par un lit trop grand pour leurs deux corps. La colère lui va mal. La colère lui va bien. On dirait un dieu qui étend son aura ombrageuse sur la pièce. La chambre à coucher se prend un baldaquin de courroux mérité. Il ne l'avait pas pris dans ses bras à la mort de Badia. A la mort d'Oona. Il ne lui avait jamais menti, puisqu'ils ne se parlaient plus. L'aura de colère qui émane de Ingvar, qui fronce ses traits faits pour l'amour, durcissent les rides de sourire que le temps lui a donné, ne l'effraye pas. D'une certaine façon, elle le calme. C'est une anomalie. Il a parié pour les larmes avec Badia. Il préfère la colère. La colère soulève des montagnes, elle s'insurge, elle rétablit les torts. Wighard avait été en colère pour deux pendant des années. Il avait tout pris ce qui comptait, surtout la colère.

«   Je commençais à voir quelqu’un. » Il récite. Il sait mentir, pour un gamin élevé dans l'honnêteté catholique et odinienne. Et ce n'est pas vraiment un mensonge. Wighard ferme les paupières sans s'en rendre compte, l'enfant revit les souvenirs avec un frisson que ne trahit pas la largueur de ses épaules. «- Il s'est mis à crier sur Oona hier soir, parce qu'elle pleurait, il la secouait, j'ai juste…A un moment, j'étais là-bas, la minute suivante ici. J'ai un blanc. » Le mécanisme de défense a pris le dessus. Jesus take the wheel. Il ne se souvient pas d'avoir roulé jusqu'ici, d'avoir grimpé les étages quatre à quatre. Juste des hoquets d'Oona. Il hausse les épaules, balaie la fêlure qui s'est rouverte comme une plaie à la lèvre à force d'embrasser. Ses mains abîmées, gercées, par la nuit de décharge sortent une cigarette du paquet sans y penser. Il aurait dû prendre le café avec lui. Le briquet, entre ses deux mains jointes en coupe, crapote, cherche à allumer la cigarette qu'il a fiché entre ses lèvres, mais il parle entre ses dents en même temps. «- Je suis juste soulagé que tu aies été sobre. Et seul. » Ils peuvent tous les deux admettre que Ingvar n'est pas forcément le meilleur pour prendre soin de sa famille, justement. Pas tous les jours. Son souffle se coupe, et il baisse le briquet, cigarette toujours éteinte.
Son visage chiffonné par la nuit d'insomnie s'adoucit, se brise dans un murmure démuni. La voix d'un enfant, d'un amant, de l'homme qui a partagé sa vie revient dans sa gorge érodée, la sincérité de sa posture, les bras ballants. Aveu de faiblesse.   «- Tu n'as aucune idée à quel point je te suis reconnaissant. »  D'avoir été sobre. D'avoir été seul. D'avoir accepté de prendre Oona. D'avoir été là. D'avoir été à la hauteur.

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Message Sam 6 Fév - 22:43



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@Wighard Wolden | Mars 2020

◊ ◊ ◊

C’est assourdissant. Les mots qu’ils prononcent, le battement frénétique au creux de tes tempes, de ta poitrine. Tu bouillonnes et vacilles à la fois, ressens un maelstrom incontrôlable de sentiments. Les doigts tremblent, les poings se serrent, frémissent. Tu es colère. C’est elle qui domine tous les autres ressentis, les noie un peu plus profond dans leur confusion, pour que tu la nourrisses elle et aucun autre. Vipère s’enroulant autour de ta gorge, t’étouffant doucement. Brûlant d’amertume et de rage, tu peines à te concentrer. Sans sa frénésie calée au fond des tripes, tu aurais pu dire que ce n’est pas uniquement contre l’homme te faisant face qu’elle se dirige. C’est contre la peur, l’angoisse, la solitude, la haine de cet homme que Wighard décrit dans son récit – oh, si tu savais Ingvar, peut-être vaut-il mieux que tu t’en tiennes à ce demi-mensonge.

Mais il te brise Wighard, en à peine un murmure. Il cristallise la fureur et la fait retomber. Le palpitant s’emballe pourtant, comme s’il tentait dans un effort vain de raviver les braises de ta colère. Tu la perçois toujours, au fond des tripes. Plus sourde, grognant en arrière-plan, campant sur ses positions, prête à ressurgir. Comme un réflexe de défense. La souffrance a ses limites. Vous semblez tous les deux les avoir atteintes. Sans doute depuis trop longtemps pour pouvoir espérer que cela soit viable. Vous devriez déposer les armes. Parfois, tu oublierais presque pourquoi vous aviez commencé. Pourquoi la haine avait submergé la tendresse qui, tu le vois, persistes malgré tout. Que Freyja te vienne en aide, tout cela est devenu impossible. Il y a encore peu de temps, tu aurais à nouveau crier à l’absurde. Mais depuis que Wighard t’a accordé quelques brides de réponses, depuis que tu as pris le temps de songer à la chose, peut-être commences-tu à comprendre le pourquoi du comment. Et comme il est inutile d’espérer encore. Alors oui, c’est très certainement le bon moment pour abandonner. Que Freyja puisse te guide, tu l’en supplies.

Les épaules s’affaissent, les lippes gigotent, inspirent, pensent entreprendre une tirade avant de se raviser. Tu ne sais plus où tu en es, quelle attitude aborder, ni même quel discours prononcer. Ca se voit sur ta face, à l’air paniqué qu’elle prend soudain. Les paupières se closent, un soupir se fait entendre, tu cherches un peu de répit par-delà le bourdonnement incessant qui te grille les tympans.

« Qu’est… » Les mains se crispent à nouveau, une langue furtive passe nerveusement humidifier les lèvres. « Depuis combien de toi elle est chez toi ? Où est-ce que tu l’as trouvé ? Et puis comment tu fais ? Pour travailler et garder une gosse et… tu t’as fait tirer dessus et… le Gala et… tu aurais pu… où est-ce qu’elle se serait retrouvée ? » Toutes les pensées fusent, émergent avant de se faire engloutir par une nouvelle, sans vraiment te laisser le temps – ou à Wighard – de comprendre où tu souhaites en venir. Il y en a une, cependant, qui fracasse toutes les autres. Parce qu’elle est nouvelle et terrible. « Est-ce que tu savais ce que Badia allait faire ? » Les yeux transpercent, jusqu’à l’âme du gardien, l’épinglent avec la sincérité d’une angoisse grondante. Oh, Ingvar, serais-tu en train de mettre le doigt sur une trahison encore plus profonde que tu ne puisses te l’imaginer ? Si tu savais, seulement, si tu savais. Le calme est revenu. D’apparence tout du moins. Ce n’est qu’une illusion, du paraître, il suffit de gratter un peu le vernis, de percevoir l’aura autour de toi pour comprendre la détresse et la confusion s’étant emparé de ton être. Tu sais que plus aucun artifice du genre ne fonctionne avec l’amant d’une vie. « C’est… c’est pour ça que tu n’étais pas inquiet, que tu ne semblais pas touché, c’est… tu savais, pas vrai ? » Si elle lui a demandé à lui, si elle lui a fait promettre de ne pas laisser un surnaturel s’occuper de sa fille, c’est qu’elle avait prévu d’y rester. C’est qu’elle avait planifié. Et Wighard, gardien qu’il est, avait protégé son secret et sa famille.

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Wighard Wolden
Wighard Wolden
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Pseudo : Elorin
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Crédits : Mad'eyes (coloring lunpand)
Thèmes abordés : alcoolisme, addiction, deuil, langage cru, violence
Infos RP : pris / rp le week-end / 800-1000 mots, dialogues en fr/eng au choix
Comptes : Wyn Evjen
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Pronoms rp : il
Âge : 46
Occupation : Gardien à la beauté, bénévole à l’orphelinat, ancien flic qui veut changer le monde. Loyauté aux rebelles et inscription aux alcooliques anonymes.
Statut : En couple avec Zhenka
Famille : Rebelle, infiltré qui connaît ses priorités, et pourtant rattaché à la beauté, gamin qui veut être aimé, soigne ses daddy issues avec Odin
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Message Lun 8 Fév - 23:23



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@Wighard Wolden | Mars 2020

◊ ◊ ◊

Tu lui as enlevé le nord, tu le vois bien. Il n’avait rien vu venir, et toi, tu l’as déjà vu. La même bouille que lorsqu’il t’a trouvé à l’attendre, assis sur le canapé, entre ton chien et ta valise. Il ne comprend pas. Pour sa défense, il tente de faire un puzzle dans le noir avec seulement la moitié des pièces. Ta langue perce dans la noirceur de ta barbe, tâte le sang coagulé sur ta lèvre. Un tsstt t’échappe quand tu secoues la tête, lentement. « - Tu prends les choses à l’envers. » Tu expliques calmement, avec les mains.   « - Je vivais chez Badia, après être parti. Lorsqu’elle est morte, j’ai cherché un appart’, pour moi la gosse. Je ne l’ai pas « trouvée. » dans un carton. C’est ma nièce, pas Penne Pepperoni. ». Tu n’étais juste au courant de rien parce que tu ne savais même pas que ton ex créchait chez Badia. Ce qui était le but, de ta part et de Badia, certes, mais Ingvar n’avait pas non plus débagoulé chez sa sœur de misère pour lui demander pour faire du coloriage avec Oona. « - Comme un père célibataire, je gère, j’ai des gens sur qui compter. » Tu ne lui feras pas l’affront de relever les privilèges de ses paroles, la froideur de ta voix le fait pour toi. Il fait comme les autres, pour travailler, et garder une gosse. Avoir sa mère à la maison, cachée dans un placard n’aide pas vraiment.

Comment est-ce que Ingvar pourrait trouver les pièces qui manquent à son puzzle ? Tu vois ta vie défiler comme un spectacle d’ombres chinoises, une tragédie muette, où tu danses avec Oona dans un appartement, où tu attires un inconnu dans tes draps dans un autre. Les bouteilles et les flingues sur la table basse des deux appartements. Les appartements vides sentent la tristesse. Ils sentent le fait divers sordides. La mère poussée au meurtre de sa fille par la solitude, avant de se suicider, retrouvée sur le canapée, entre des cadavres de bouteilles, et les voisins qui se posaient des questions pour l’homme armé qui passait si souvent à l’appartement. Il vivait seul – ailleurs, n’avait que des fréquentations d’une nuit, qui ignoraient son nom. Il voit les gros titres, il voit son année passée et désenchantée. Mais il ne l’aurait changée pour rien au monde. Les rires d’Oona, sentir son feutre son visage, et l’impression euphorique d’être à nouveau sorti du placard.

« - Toi et moi, nous ne vivons vraiment pas le même vie, par les tétons de Freyja.. » Il plaque les talons de ses paumes contre ses yeux. Il expire, sa poitrine épaisse se vidant de son air, lourdement. « - Ca veut dire que j’fais bien mon job, au moins. » Tu avais tellement voulu le protéger de tout ça. Lui cacher tes cicatrices et les fois où tu avais peur de mourir. Lui cacher à quel point tu avais pris le parti de mourir pour lui. Pour le protéger. Le rire qui secoue ses épaules le distrait un moment des étoiles qui brûlent sa rétines. Les étoiles qui brûlent sa rétine lui laissent quelques secondes pour réfléchir. Il avait l’étrange lucidité des moments de périls. C’est reposant la tragédie. Son cœur s’est arrêté de battre et de faire des bêtises, ne reste que la froide détermination du rebelle.  Les possibilités s’étendent dans son esprit. Il marche le long d’une falaise étroite. Est-ce qu’il savait ? Pourquoi avait-il menti ? Pourquoi Badia n’avait-elle pas voulu d’un parent surnaturel ? Pourquoi Wighard avait-il accepté ? Comment faire pour qu’Ingvar accepte de dire adieu à la petite, cette fois-ci ?  La tourmente l’apaise. Il a l’esprit clair, et sa voix tremble d’une intensité insoutenable, dans le plus grand des calmes. C’est ce qu’il fait, ce qu’il sait faire. Dire la vérité et se sauver la couenne. Plier l’échine, répondre aux questions. Ne pas laisser l’ombre d’un doute sur sa loyauté.

« - Maintenant que j’ai une enfant à charge, je dois faire attention à moi, pour qu’elle ne finisse pas à l’orphelinat, comme nous ? » Les bras ballants, légèrement écarté le long de son corps, il le nargue. C’est une chose étrange, l’ironie qui brille dans son regard. Bien sûr que la vie d’Oona vaut plus que la sienne. Bien sûr c’est plus important qu’il vive maintenant qu’il l’a qu’avant. Mais dans le cœur d’un amant, ces mots n’auraient pas dû avoir leur place : si Ingvar l’avait aimé. Et le sarcasme qui claque avec un pop sonore quand il claque sa langue contre son palais est mû par la peur. Et si. Et si Badia avait été prise ce soir-là ? Zakaria, Wighard, Ulrik, Markus, ils l’avaient tous échappés belle ce soir-là. Ce n’était vraiment pas passé loin. « - Seulement la moitié de mes cicatrices viennent de quand j’étais flic. J’ai pissé le sang sur ton canapé, y a quoi, un mois, tu te souviens ? Badia et moi, Markus, Lovaas… On y pense forcément. On est payés pour se prendre les coups. Surtout à la Tourmente, surtout à Rodsand. Les banques et les castes ne nous assurent pas, alors on se serre les coudes. » Il n’y a pas à dire, les gardiens du nouveau monde se la coulent douce.  « - Badia a toujours su qu’Oona finirait orpheline. Elle m’avait demandé de devenir le tuteur d’Oona si quelque chose arrivait, il y a longtemps de ça. » L’armée, être gardienne, être gardienne à la Tourmente. La vie de Badia allait toujours s’achever avec violence – Wighard n’avait même pas d’illusions pour la sienne. Dans une autre vie, il aurait un petite maison à Treby. Il récupèrerait tous les chiens abandonnés, et il tiendrait un bar, un refuge pour les jeunes paumés, les queer et les orphelins, ceux qui ont nulle part, avec des cafés et toutes les lectures que lui n’a jamais eu. Dans une autre vie, il aurait deux, trois enfants, à lui. A eux. Il aurait un homme pour l’aimer quand ses cheveux sombres s’éclairciraient au petit matin. Mais il a fait une croix depuis longtemps. Il y a une raison pour laquelle les gardiens ne cotisent pas leur retraite.   « - La promesse est venue plus tard. Mais ça ne changeait rien. » Inconsciemment, il pointe de sa main gantée de cuir, le coupable. Le grand lit coupable dévasté d’aucun de leur corps. Sa voix s’évade dans les aigus, dans le putain de manque qui lui crève la poitrine. «  Pourquoi tu crois que j’ai jamais voulu d’enfant ? » Une cause parmi d’autre, mais une cause tout de même. Il était fait pour être père, mais refusait de laisser un orphelin.

Cette fois ci, c’est lui qui s’approche de Ingvar, lentement, volontairement, jusqu’à s’arrêter à quelques centimètre de lui. Il y a encore les brumes de la nuit dans ses yeux cernés, et il baisse la voix. De sa belle voix grave avec laquelle il usait pour murmurer dans le creux de ses bras. « - Tu peux m’accuser d’avoir menti, tu peux m’accuser d’être un bâtard. Mais j’ai toujours fait tout ce que j’ai pu pour Oona, et tu ne peux pas dire que je n’étais pas touché Tu n’as aucune idée de ce que j’ai pu ressentir depuis un an. De comment j’ai géré ma propre vie. C’est ni la première personne que je perd, ni la dernière. Ce n’est pas parce que je crie pas mon chagrin sur toutes les messageries de mon répertoire que je ne ressens rien. Mais moi j’ai une enfant à m’occuper et je n’ai pas le temps de pleurer sur mon sort. » Compte tenu des circonstances, il avait géré. Il ne s’était pas accordé de trêve, pas de vacances, déterminé à aimer la vie coûte que coûte. Contre son gré, au sacrifice de son foie et de sa santé mentale.

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Message Mar 9 Fév - 10:05



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@Wighard Wolden | Mars 2020

◊ ◊ ◊


« C’est parce que je pleure pour deux, ça. » que tu rétorques, presque amusé. D’une spontanéité et d’une légèreté si inattendue que tes paroles te surprennent toi-même. Tu es las, si las. Le gardien a brisé tes derniers rempares, fracassé avec hargne tes dernières volontés. D’accord. Tu acceptes. Tu ne peux pas lutter. Tu vois bien comme il se défend, comme il est prêt à glisser les ongles au plus profond de tes plaies pour les remuer jusqu’à ce que tu n’en puisses plus et que tu finisses par céder. Il veut la paix Wighard, feras en sorte de l'obtenir dans toute la légitime qu'il prétend avoir dans cette situation. Autant écourter le supplice. Tu hausses doucement les épaules, les laisses retomber en donnant l’impression de ne plus te soucier de rien. « Hero of the day » que tu lui murmures. Wighard souffre maladivement du syndrome du chevalier blanc. A vouloir sauver le monde entier tout en lui faisant les reproches de s’être laissé piégé. Vous ne vivez tous les deux qu’à travers les autres, juste de façon différente. Est-ce cela qui vous a séparé ? Qui vous avait poussé à vous aimer ? Condamnés à vous déchirer ? « C’est la seule chose que je reconnais encore chez toi. » Une confession entre quatre yeux, les pupilles figées dans les siennes, un murmure d’intimité qui t’a échappé. La seule constante que tu as toujours relevée chez lui. Tu peines à reconnaître entre ses mots et sa trahison, l’amant qu’il a un jour été. Votre amour a-t-il pu seulement être vrai ? Il te semble si fade, éloigné, presque comme un rêve fané dont les détails t’échappent et filent chaque jour un peu plus entre tes doigts. Avez-vous seulement un jour existés ?

C’en est presque physiquement difficile qu’il soit si proche de toi. Tu aimerais poser les doigts contre sa peau. Comme un réflexe. Comme pour lui transmettre qu'il peut se poser là, qu'ici il peut déposer les armes, abandonner son armure et laisser libre court à ce qu'il te reproche. Tes pupilles heurtant les siennes, tu lèves la main doucement, dessines l’esquisse d’une caresse contre sa joue, avortée avant tout réel contact. « Je ne doute pas un seul instant que tu aies veillé à son bien-être. » Ce n’est pas là la question. Comme si tu avais pu en imaginer autrement. Wighard est sur ses gardes, grognant, prêt à montrer les dents. Tu recules de quelques pas, sans le quitter des yeux. Ce n’est pas cela que tu lui reproches. Tu l’observes de toute sa stature, de son corps puissant, habité par une âme en miettes. Tes épaules basses et la face de biais, tu ne sais plus vraiment quoi lui dire. Les mains tremblantes et l’air paumé, la confusion t’écrase, te paralyse. T’arrache un sursaut, un soupir vif, à mi-chemin entre rire maladroit et sanglot retenu. Les lippes s’entrouvrent mais rien n’en sort, tu cherches, creuses profondément à la recherche du moindre sens. C’est un rictus qu’elles finissent par décocher, étrangement, comme s’il n’était pas vraiment à sa place, contrastant trop abruptement avec la rage au mordant glacial tapie au fond de tes tripes, s’esquissant encore vaguement au fond de tes pupilles. Tu ne sais plus où tu en es, bien incapable de mettre un mot sur ce que tu ressens en ce moment.

« Je me demande juste… » Les mains se lèvent, se posent devant toi, dans un mouvement trahissant l’effort demandé pour trouver tes mots. Une langue nerveuse passe au travers de tes lèvres. Les poings se ferment et se rapprochent de ta poitrine, un dernier silence, hésitation ultime avant que tu n’abandonnes, laissant venir les mots sans plus aucun précaution. Il n'y a plus de joie, qu'elle soit feintée ou vrai, au creux de tes traits. Il y a juste assez de place pour la tourmente et la défaite. « Si tu me hais au point de m’avoir laissé croire pendant des mois que la prunelle de mes yeux qui était soit morte, soit potentiellement quelque part dans les rues ou pire encore, qu’est-ce qui t’as poussé à me sauver ? Tu faisais juste ton boulot ? »

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Wighard Wolden
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Message Mer 24 Fév - 23:19



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@Wighard Wolden | Mars 2020

◊ ◊ ◊

Il prend pour lui le monopole des larmes. Sa légèreté aux yeux mouillés te fait l’effet d’une claque en pleine figure. L’aiguillon s’enfonce dans ta poitrine, tire sur le coin de tes lèvres comme on tire sur les fils d’un pantin.  Grimace qui tente de faire bonne figure, mais elle montre les dents, elle est de guignois la grimace. Toute lourde des larmes que tu ne peux pas laisser couler. Tu chiales pour deux. Tu chiales pour Badia qui refuse de le faire. Tu chiales dans des bars et dans les bras d’inconnus. Tu chiales sur toute la misère de cette ville qui t’a saisi au cœur et qui te laisse pas partir. Mais tu dois essuyer tes larmes et enfiler ton holster, aller faire les courses (pour trois), aller promener les chiens (les trois), jouer avec Oona, aller faire changer les fils de tes coutures, aller aux AA, au psy, à l’orphelinat, au centre de réinsertion, aux orgies nocturnes que tu observes patiemment, invisible. Planning chargé car tu refuses de laisser pousser tes émotions, pas lorsque tes mains peuvent parler à leur place, pas lorsque tu peux agir. Tu ne peux pas gésir sur un canapé toute une journée, nier la réalité dans des paradis artificiels, nier les loyers à payer et les cris des enfants.

La phrase touche.
La seule chose qu’il reconnaît chez toi.
Tu ne te reconnaissais plus quand tu étais avec lui.
Tu ne t’es connu que lorsque tu étais avec lui.
Les deux propositions ne sont pas mutuellement exclusives. C’est long, douze années. Tu étais réellement devenu toi à ses côtés, homme, amant, amoureux, compagnon. Tu avais appris à te regarder dans la glace à ses côtés, à appeler un endroit chez toi, à aimer avec ton foutu cœur en bandoulière sans craindre. Connu tes limites et ta sécurité affective. Tu t’étais épanoui dans cette maison pleine de souvenirs, jusqu’à ne plus supporter d’y vivre. Tu t’étais épanoui dans l’amour de cet homme jusqu’à ne le plus supportait. Tu ne supportais plus qui tu étais ici.

« - Peut-être que tu n’as jamais connu le vrai moi, alors. » Peut-être qu’il ne te connaissait pas pour vrai. Il n’a jamais connu que des bouts de toi. Il n’y a aucune agressivité dans ta voix, que de la peine, des torrents de non-dits qui viennent s’envaser à vos pieds. Il n’a pas tort, et tu détournes les yeux. Tu as créé cette version de toi, cette version qu’il n’aime pas pour qu’il te déteste. Assemblées, les pièces de toi, mais elles sont toujours toi. Tu lui renvoies en pleine figure tout ce qu’il n’a pas vu en douze ans : ta colère, ton aigreur, ton intransigeance, ta hargne. Ton sentiment d’infériorité, ton exigence, ton manque d’assurance, ta violence. Tu n’aimes pas vraiment ce masque. Tu t’es nourri trop longtemps à son amour, trop longtemps tu t’es doré dans son rayonnement. Tu avais appris à t’aimer parce qu’il t’aimer, et le sentir se détacher de toi fais un mal de chien.
Tu l’as voulu.

« - Je ne sais pas si tu t’en souviens, mais je faisais mon boulot à l’époque. J’enquêtais sur la mort d’Asa. » Celle dont tu n’as jamais pu prendre la place. Il n’avait pas pu le laisser mourir. Il n’avait pas pu le laisser gâcher tout ce qu’il était. Face à ces yeux mouillés, question poignante, son mélodrame, tu le fixes un long moment. Tu te demandes s’il est sérieux. Tu revois vos années – vos étreintes, vos petits-déjeuners, les centaines, les milliers d’heures passés ensemble, et les bouts de ton cœur que tu lui as cédé une à une, tes traumatismes, tes rêves, ton envie de gamins et tes envies de quand t’étais gamin. Ton prénom. Il connaît ton prénom, Jésus-Christ, et il vient te poser cette question – comme si tu étais un travailleur du sexe, un travailleur des sentiments, un travailleur du couple et que tout était à vendre, tout était dû. Tu le fixes, la mâchoire paralysée avant d’articuler, très lentement :  « - Tu poses cette question et tu te demandes pourquoi je suis parti ? »   Rien ne tourne autour de Ingvar, au final. Ni leur rupture, ni la mort de Badia, ni la disparition de Oona. Les secrets sont trop bien gardés, scellés, loin d’Ingvar. Il ne discerne même pas leur existence. Avant que des mots que Wigahrd regretterait ne soient prononcés, la pièce chavire.

Elle penche dans la direction de l’iceberg miniature qui vient éventrer la tension. Oona est à la porte, les chiens la précède, envahissent la chambre. Elle tient Vincent d’un bras, de l’autre son chocolat qui lui fait encore une moustache sur la bouille. « - Est-ce que maman va venir ? Ou est-ce que je suis orpheline maintenant, comme vous deux ? »
Wighard enfin, s’assoit sur le lit conjugal.
Il s’y laisse tomber plus vraisemblablement, faisant signe à Oona de venir le rejoindre, la juche sur sa cuisse. Il évite le regard d’Ingvar, fais comme s’il n’était pas là. Ses doigts ne tremblent pas, à nouveau son sang-froid prend la place de tout le reste. L’air a quitté sa poitrine, a laissé dans son thorax une large cavité que rien ne semble remplir. Il lui semble entendre la voix sépulcrale de Badia. Elle est où la place d’Oona dans le monde ? Le fruit de sa chair semble les avoir entendu parler à l’autre bout de la ville. C’est dur les secrets dans un T2. Evidemment que les murmures échangés entre les deux adultes ont finit par suinter goutte à goutte dans l’innocence, à la souiller, elle qui n’a rien demandé à part une enfance heureuse. Celle que personne n’a eu dans cette famille dysfonctionnelle. (Pourquoi Sander avait-il à mourir ?)
Problème ; il ne peut pas ramener Oona chez sa mère et la laisser voir Ingvar.
Il a bu toute la nuit pour oublier ça.
Lui et Badia sont lucides : Ingvar ne laissera pas Oona disparaître de sa vie comme ça. Elle ne peut pas retourner chez sa mère. Mais Wighard ne va certainement pas proposer à Ingvar de garder la gamine chez lui, alors qu’il vient de dire que sa mère ne voulait pas qu’il l’élève. Il écarte gentiment un cheveu de sa joue. « - Ta maman ne va venir ici, mon ange. Mais je suis là, Ingvar est là. Et Udo est ravi de te revoir. »

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Message Jeu 25 Fév - 10:02



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@Wighard Wolden | Mars 2020

◊ ◊ ◊


Une cigarette au bout de tes doigts tremblant, tu as accepté une armistice aussi inattendue que salvatrice. La rancœur et toute autre sorte de sentiment se sont endormis sous couvert d’un épuisement commun. Tu n’as pas dormi de la nuit, à peine avais-tu grapillé quelques minutes de repos que Wighard avait débarqué pour faire flancher ton monde. A nouveau. Une tempête brutale mais brève, laissant l’insomnie semer les graines du doute et des ressentiments. Les pupilles perdues dans le bleu de la nuit entamé par les lumières citadines, tu ressasses les mots échangés ce matin. Un patchwork décousu de colère et d’incompréhension. Tu soupires, tires une longue taffe avant d’expirer longuement, vers le plafond. Il y a ce silence entre vous, chape de plomb qu’aucun d’entre vous deux ne semble avoir le courage de déplacer à l’instant. Vos épaules sont lourdes et vos crânes douloureux. La lassitude s’est emparée de vos êtres.

« J’espère que tu lui as réglé son compte à ce connard. Enfin, je dis ça, mais j’en suis sûr. » Les mots s’envolent, s’accrochent aux volutes de fumée, se perdent dans l’espace de l’appartement. Ils ne viennent de nulle part, tu as dit ça tout haut en repensant à l’amant terrible dépeint par Wighard. Un coup d’œil pour lui, enfin, vous qui vous êtes ignorés parallèlement toute la journée. Oona a ce bénéfice d’effacer la haine des cœurs et de vous obliger d’emprunter un chemin cordial et d’apparence heureuse. Dès qu’elle avait fait irruption dans ta chambre, tes traits avaient repris la mascarade auquel ils sont rôdés : l’illusion parfaite d’une existence sans tracas assez important que pour assombrir ta face. La Beauté t’a appris cela. Maintenant que la gamine est bien emmitouflée sous la couette, en bonne compagnie de son fidèle Loukoum – qui, depuis que sa petite maîtresse est revenue, refuse de se trouver à plus de deux mètres de son être – l’artifice est retombé et a laissé place aux traits fatigués, épuisés, fardés du désespoir d’un monde et de l’incompréhension d’une vie. Recroquevillé sur toi-même dans le fauteuil, les genoux contre la poitrine, tu allonges le temps de répit que vous vous êtes tacitement accordés. Tu ne veux plus de battre, pas contre lui, pas contre Wighard. Maintenant qu’un certain calme a repris possession de ton être, tu prends bien conscience qu’il s’est pris dans la face toute la haine du monde, catalyseur du maelstrom qu’était ton âme tourmentée à ce moment.

« Désolé pour tout à l’heure. » Tu hésites à ajouter quelque chose, les lippes entrouvertes, le regard scotché à la fenêtre pour éviter d’avoir à le mater dans le blanc des yeux. Peut-être qu’il te traitera de lâche, peu importe. Nouveau soupir. Encore. Comme si toutes tes expirations n’étaient en fait qu’une suite de lassitude. « J’dis n’importe quoi quand je suis en colère. » Ca t’échappe finalement, tu lui rappelles ce qu’il sait déjà. « Mais… » Ta main tente de déchiffonner tes traits, passe lentement sur eux, t’accorde quelques fragments de réflexion supplémentaire pour achever cette phrase entamée, pour retrouver le fil de ta pensée. « Merci de l’avoir amené. A moi. » Et nul autre. L’évidence noyée sous le coup de ce que tu as pris pour une trahison personnelle – et seuls les dieux (et Wighard) savent à quel point tu es loin du compte – t’est apparue durant la journée passée à trois. A y repenser, peut-être que l’histoire de l’amant d’une nuit abusif avait été fabriquée pour camoufler d’autres desseins, tu n’en sais rien. As du mal à estimer jusqu’où s’étend encore la confiance que tu as envers le gardien – c’est absurde, en vérité, tu lui accordes les yeux fermés. C’est plus complexe que cela. Comme si tu pressentais sous le discours, les décisions prises cette nuit, une autre vérité lugubre et floue, inatteignable d’où tu es. Malgré tout, Wighard te l’avait amenée, à toi. Dans sa tempête personnelle tu es resté un phare. Oona. Elle est réapparue dans ton existence et si tu dois fermer les yeux et ignorer à jamais le monde étrange gavé à outrance de secrets de Wighard, eh bien, qu’il en soit ainsi. Il ne te doit plus rien. Une question subsiste néanmoins, tranchante, évidente et pourtant vous semblez vous être obstinés à l’ignorer. Elle prend toute la place désormais, s’étend silencieusement entre vous, exerce une pression presque palpable contre vos lèvres : et maintenant quoi ?

« Je vais pas t’empêcher d’accomplir la volonté de Badia. » Les mots ricochent contre la paroi de verre avant que tu ne daignes enfin te retourner vers l’ancien amant. « Je t’avoue que j’ai du mal à saisir pourquoi tu m’as laissé croire pendant tout ce temps qu’elle était morte, tombée dans l’esclavage ou enlevée très loin, ou tout ce qui a de plus d’horrible qui a pu me passer par l’esprit. Si t’as décidé de tout garder pour toi, j’y peux rien et je chercherai pas à en savoir plus. » Tu hausses les épaules. Tu ne réfléchis plus vraiment à ce que tu dis, c’est d’une sincérité crue, sans aucune sorte d’autre pensée dissimulée. « Mais maintenant, tu comptes faire quoi ? Je veux plus la perde. » Tu as parlé vite, presque précipitamment, ajoutant une clause non négociable au contrat que tu dépeins. C’est ton cœur qui parle, ce sont les inquiétudes de ton âme qui ont transcendé les syllabes. Le regard souligne, supplie tandis qu’il se plonge dans celui du gardien : je t’en prie, ne m’achève pas.

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Wighard Wolden
Wighard Wolden
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Occupation : Gardien à la beauté, bénévole à l’orphelinat, ancien flic qui veut changer le monde. Loyauté aux rebelles et inscription aux alcooliques anonymes.
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Famille : Rebelle, infiltré qui connaît ses priorités, et pourtant rattaché à la beauté, gamin qui veut être aimé, soigne ses daddy issues avec Odin
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Message Mer 3 Mar - 18:22



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@Wighard Wolden | Mars 2020

◊ ◊ ◊


La plus longue journée du monde. Elle tire son temps interminable et ses non-dits, à la traîne. Si elle est longue pour toi, elle doit être interminable pour Badia, enfermée dans un appartement-prison. Emmurée sans savoir ce qui advient de sa fille, à harceler son téléphone comme un corbeau une carcasse inerte. Est-ce que tu as réglé son compte à ce connard ? Tu revois, Badia, assise par terre avalée par les monstres, comme une petite fille cachée derrière une benne à ordures. Tu revois, Badia, qui s'appelle. Tu revois, Badia, qui laisse sa fille. Tu lui as donné le coup de grâce, à cette ordure. Ta soeur, l'ordure. Ta meilleure amie, l'ordure. Ta colocataire, l'ordure. Une part de toi, l'ordure. Elle est bien K.O. l'ordure. Si la journée te semble longue et mortifère, à quoi elle ressemble pour Badia.
Chaque respiration te fait l'effet d'une côte brisée, elle tire sur la culpabilité. Il voit dans les sourires d'Oona, les abysses des yeux de la mère. Elles se ressemblent tellement, smiley à l'envers et à l'endroit. Vous jouez à la famille parfaite, pour une journée. Tu as gagné au loto, make a wish foundation. Un petit ami, un loft, des chiens en pagaille, une enfant, ta journée dessinée au crayon gras, affichée sur le frigo, comme quelque chose dont on peut être fier.
Tu te sens glisser le long d'une pente dangereux, avec ton coeur qui palpite par à-coups douloureux. Ou bien est-ce le sang à tes temps, qui frappe, sourd comme un pot. Comme dans une robe de chambre usée et confortable, la facilité des gestes, l'habitude des chaussures ôtées sur le pas de la porte, du cendrier tiré sur la table, du repas préparé. Ce serait facile. De baisser l'échine, de prendre le mensonge et le corps facile. De faire comme si de rien n'était.

La porte de la chambre close, occupée, c'est comme l'objet d'une phobie qu'on retire de ton champ de vision. Ta chemise entrouverte sur ta poitrine trahit ta respiration profonde, calme. Elle trahit aussi les cicaitrices encore récentes causées par l'explosion. A chaque inspiration, ta peau encore sensible tire, le bord d'un dernier pansement frotte contre ta chemise, elle tire lorsque tu étires ton bras pour le poser sur le dossier de ton fauteuil. Tu envoies valser le paquet de cigarrette sur la table basse, pose ton pied contre le rebord, maître en ton fauteuil.   « Je ne cache rien. Il n'y a pas plus grand putain de dessein. Je suis simple, Ingvar.  Lorsque j'ai peur, lorsque je suis ivre, je reviens vers toi. Parce que tu es la seule personne qui m'ait donné une famille, un endroit où aller lorsque je suis ivre ou que j'ai peur. » Quelque soit ton amour pour les Wolden, pour ta soeur, ce n'est pas la même sensation de stabilité affective. Tu ne t'es jamais laissé l'éprouver, tu gardes une défense face à eux. Effrayé qu'ils faillissent quand tu auras besoin d'eux. Ingvar était là quand il disait qu'il le serait, présent, attentif, quand il le promettait. Pendant douze ans.

«- Qu'est-ce que tu ne comprends pas ? Comment est-ce que je suis censé accomplir la volonté de Badia sans que tu la perdes, au juste ? » Sa voix grave et précise se fait cassante, comme elle se brise d'une dernière goutte qui fait déborder le vase, un dernier fagot qui brise ses épaules, net. Wighard allume sa cigarette, trépigne ses doigts sur son genou, avant de disperser des cendres dans le cendrier. Il n'a pas besoin de le regarder pour le voir, l'habitude. La bouffée de nicotine éloigne un peu la nausée, l'anxiété qu'a causé la journée, la gueule de bois qui commence seulement à s'éloigner. «- Que ce soit clair, toi et moi, c'est fini, Ingvar. Nous ne sommes plus de la même famille, nous sommes séparés, depuis un an. Pourquoi est-ce que je serais venu toquer à ta porte, pour te dire ça ? Pour te dire toutes mes condoléances et tu ne reverras jamais Oona. Pour que t'aies le plaisir de me traiter de bâtard ? De connard ? »  C'est quand tu passes tes mains dans tes cheveux que tu t'aperçois à quel point elles tremblent, à quel point tes doigts s'effondrent dans l'épaisseur de tes cheveux. Les tremblements ont repris.

Cela a le mérite d'expliquer la nausée.
Cela a aussi le mérite d'expliquer ton mouvement d'humeur, la violence de tes paroles, qui ne te ressemble pas. Pourquoi Ingvar ne te reconnaît pas. Les mots ont dépassé ta pensée, poussés par le manque. Rien n'est plus supportable. Tu te relèves d'un geste ample, traverse le salon, comme si de rien n'était. Tu lui tournes le dos lorsque tu ouvres les placards pour reprendre ce que tu y as apporté, des années auparavant. Comme une autre nuit, il y a un mois, le verre claque sur le comptoir, suivi du bruit de l'alcool qui dégringole de la bouteille. Tu descends le verre sans hésitation, avant de le remplir à nouveau.  Comme il y a quelques mois, tu restes appuyés, les paumes à plat sur le comptoir. Comme si tu attendais de voir les tremblements visiblement refluer alors que l'éthanol fait son effet dans tes veines. Comme tu voyais les crispations de manque quitter le corps d'Ingvar il y a des années.  
Le premier verre de la journée, c'est inhabituel, pour toi, ici.
Tu restes un moment, le regard posé sur le calice improvisé qui capte chaque lueur du coucher de soleil, les éparpille sur le comptoir, sur la machine à café, le rouleau d'essuie-tout, éclaire de l'intérieur les quelques gouttes disséminées. Et ceci est mon sang. Tu as l'impression d'être perché au bout du monde. Sur une île. Les lumières évanescentes en contre-bas semblent loin, vous isolent du monde. Il y a des kilogrammes de solitude dans le salon qui semble bien trop grands pour deux.
T'es tout seul à deux.
Badia te manque.

«- Ce n'est pas à propos de nous deux, c'est à propos d'elle. Je suis désolé, j'ai eu… une nuit. Ce qui n'est pas une excuse pour te parler ainsi, je suis désolée. Je recommence. »

Ingvar te manque.
Et contrairement à lui, tu sais comment l'histoire se termine.
Tu frottes ton visage des deux mains, inspire profondément, appuyé contre le comptoir. Tu l'avais aimé dans ce salon, tu l'avais couvé, adoré, étalant ta douceur et ta bienveillance, ton amour sans borne, doux et amoureux à t'en pourrir les dents, à ne plus jamais sortir. C'est ta sincérité naturelle qui prend le dessus quand tu t'excuses, quand tu crèves les bulles de toxicitié qui menaçaient d'apparaître. Ce n'est pas une raison pour l'agresser.
Tu gardes une cigarette et un verre entre tes doigts, tirant simplement une latte avant de confesser.   «- Merci, de l'avoir gardé. » Tu déplaces dans l'appartement, pourchassé par une sensation de déjà vu. La dernière fois il avait essayé de te toucher, et ton estomac se serre. Tu prends ton temps avant de lâcher, revenu près du canapé, dans son dos, tes doigts courant sur le dossier. «- Tu veux la garder, hein ? »

Tu ne veux pas le perdre. T'as jamais voulu le perdre. La dernière fois que tu l'avais touché, c'était son visage (en sang), sa poitrine (immobile), ses pommettes (éclatées), ses lèvres (froides), son beau visage inerte, vidé de toute beauté. Tu avais cru qu'il allait mourir avec tes dernières haines sur le coeur. Et tu n'étais pas prêt pour ça. Tu es un naïf, un idéaliste dans le fond. Une partie de toi croit que vous pourrez avoir votre révolution, vos droits, votre égalité et que tu pourras retourner couler des jours heureux auprès de ton amoureux. Il doit juste attendre un peu. Après l'attentat du gala, après les coups de couteau, après la nuit passée, après la photo de Niene un peu flou sur le téléphone de Zhenka, tu n'es plus sûr. Dans son dos, tu t'es appuyé sur le dossier, et porta ta cigarette à tes lèvres entre tes doigts éclatés. Tu rappelles, doux-amer.   «- J'ai jamais voulu élevé un enfant ici. » Tu sais comment l'histoire se termine.

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Message Mar 16 Mar - 19:18



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@Wighard Wolden | Mars 2020

◊ ◊ ◊


Tu ne le suis plus. Il t’a perdu, vous vous êtes perdus l’un l’autre. C’en est presque douloureux. Wighard est à bout. Au-delà des mots acerbes, au-delà de ses traits courroucés, tu l’aperçois. Parce que vous ne vous connaissez que trop bien. Il remet sur le tapis une évidence que tu as fini par comprendre – vous deux, c’est fini, à jamais – et tu peines à en comprendre l’utilité. Pas un mot ne traverse tes lippes, ni même ton esprit, trop embrumé encore pour lui répondre quoique ce soit à cela. Tu te contentes de l’observer se débattre avec lui-même, tirant sur ta clope. Si cela était une provocation, une attaque en guise de défense bancale, elle loupe magistralement sa cible.

Les paupières se ferment au bruit de l’alcool se déversant. Tu capitules. Ce n’est pas de sa propre bouche que tu appris la sentence apposée par les médecins à l’hôpital mais tu ne peux en ignorer l’existence : alcoolisme. Cela éveille tes propres démons, l’addiction est vicieuse, jamais vraiment endormie, toujours aux aguets. Tu estimes que ce n’est pas le moment, pas l’instant, que tu n’es pas la personne la plus avisée pour lui murmurer une vérité qu’il n'ignore pas. Alors tu fermes les yeux. Finis ta cigarette que tu écrases dans le cendrier avant de t’appuyer contre le dossier du canapé, laisses la tête tomber vers l’arrière. Un nouveau soupire. Cette soirée a quelque chose d’irréel, d’impalpable, un mauvais rêve étrange dont on peine à s’éveiller.

Il baisse les épaules, dépose les armes. Enfin. Il est désolé, lui aussi. Ce sont vos peines qui ont parlé, vos angoisses personnelles qui vous ont poussé à vous entredéchirer. Deux bêtes acculées se grognant dessus, donnant l’impression qu’elles sont prêtes à attaquer alors qu’elles ne font que se protéger comme elles peuvent. Malgré tous vos différends, vous partagez une ultime vérité commune, quelque chose qui vous rassemble malgré tout : c’est d’Oona qu’il s’agit. C’est elle qui a besoin de votre protection. Tu la revois, la gamine, demander si elle est orpheline comme vous deux. Tes deux mains frottent ton visage tandis que Wighard se rapproche de ton être, s’arrête dans ton échine. Tu l’observes par le bas, détaillant ses traits délavés par la fatigue et l’inquiétude. La question qu’il te pose est rhétorique. Elle t’arrache l’ombre d’un sourire. C’est une perspective qui te plaît et tu ne peux pas le cacher. Tu acquiesces doucement, la nuque toujours collée contre le dossier du canapé avant de te redresser. A cet instant, tu ne peux t’empêcher de te demander quel était son plan, en te l’amenant hier soir. Y avait-il réfléchi ? Wighard n’est pas un être calculateur, dans un moment d’urgence il a dû l’amener comme il était rentré ici il y avait un mois de cela : par réflexe.

« J’aurais sincèrement préféré ne jamais avoir à le faire, compte tenu de la situation dans laquelle ça arrive mais oui : j’aimerais la garder. Au moins quand tu en as besoin. Elle est ici chez elle. » Mentalement, tu as déjà planifié le réagencement de la pièce d’amis qui s’apprête à être rebaptisée sans aucune hésitation : la chambre d’Oona.

J’ai jamais voulu élevé un enfant ici qu’il te dit, qu’il rappelle, comme pour te rappeler que, quelque part, il t’en veut toujours. Comme pour ne pas te laisser un répit trop long, trop confortable. « Je n’ai jamais voulu être un enfant ici. » que tu rétorques, suivi d’un rire bref, expulsé dans un souffle. « Mais regarde ; l’un comme l’autre, on s’est en bien sorti. » que tu ajoutes. Le ton est plus léger que tout ce qui a pu être prononcé jusqu’ici, sans sous-entendu aucun, sans rancune. « Tu t’en sors bien en tant que père célibataire, apparemment. » Petite taquinerie amusée que tu lui offres tandis que ton regard se porte à nouveau sur son être. Maintenant qu’il est si proche, les pupilles s’accrochent aux souvenirs laissés par l’attentat d’il y a un mois. La face perd sa joie et contemple un instant les cicatrices. Cela te rappelle inévitablement tes propres blessures. Ravive le souvenir palpitant du gardien penché sur ton être, se battant pour ta survie. Même si le tragique évènement vous a poussé à échanger à de nombreuses reprises par message, c’est bien la première fois que vous vous revoyez face à face depuis. « Tu as l’air de pas trop mal guérir. » que tu lâches. Une observation qui t’échappe avant que ton regard ne glisse de son torse à sa face.

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Message Sam 17 Avr - 19:35



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@Wighard Wolden | Mars 2020

◊ ◊ ◊


Tu fixes sa nuque en contre-bas, les poils qui se dressent sur sa peau, la chair de poule alors que ton souffle appuyé sur le dossier du canapé, balaie sa peau. A le toucher. « - Et moi donc. » Tu n’as jamais voulu être un enfant ici, tu n’avais jamais voulu mettre les pieds ici pour commencer. Tu ne comptes pas faire subir à quelqu’un d’autre ce qu’on t’avait forcé. Tes tripes crient d’une autre île, même océan, sans rien à voir. « - J’avais des rêves plus classiques, un papa, deux papas. Être célibataire n’est définitivement pas mon truc. Je fais des trucs idiots quand… » Tu mords ta lèvre, tes dents ripent sur le papier humide de ta cigarette, sensation dégueulasse s’il en est sous ta langue. Tu te musèles avant de dire une connerie. Tu n’étais pas fait pour vivre seul. Tu pétais les plombs lorsque tu n’étais pas aimé. Tu devenais pire.
Les coudes sur le dossier du canapé, tu t’es baissé vers lui, une proximité soutenue par l’impossibilité de joindre vos corps. L’impossibilité de vous toucher pour de bon. Tu baisses les yeux vers lui, la tête penchée sur le côté, d’une proximité crasse. Son regard te déshabille, toi et l’échancrure impudique de ton vêtement. Tu lui rends la pareille, l’obscurité caressante de ton regard, sous un sourcil arqué. « - Tu aimes ce que tu vois ? » Cela t’échappe, la voix de velours, le ton séducteur. Comme si tu le croisais dans les alcôves feutrées d’un bar où vous avez l’habitude de vous croiser sans plus vous voir, reliés l’un à l’autre que par les hommes qui vous touche. En vases clos, comme séparés d’un monde parallèle à l’autre.

Cela t’échappe, ta gouaille ravageuse, le clin d’œil, Oona, tes secrets, tout t’échappe. « - Pour un humain, oui. » Tu grimaces, le sourire tendu, crispé malgré toi. Ces dernières semaines, tu es conscient de tes limites. Ceux que tu protèges ont récupéré plus vite que toi. L’ironie est palpable à chaque douleur qu’un mouvement brusque te tire.

Pour un humain, tu guéris vite. Pour un humain tu t’en sors bien. Ingvar s’en est bien – sorti de la rue, sorti du bordel. Toi, pas tellement que ça. Tu t’es trouvé des parents, tu as déçu chacune de leurs attentes, tu n’as pas rejoint Odin, tu n’as pas eu d’enfants, de femmes. Tu as pris le sacerdoce des hommes qui meurent jeunes, à la peau scarifiée de balles et de brûlures. Tu tires sur le col de ta chemise pour dissimuler les bandages qui te subsistent encore, pour dissimuler la peau neuve, encore nue du regard d’Ingvar. « - Je sais que c’est moche, le temps que je recouvre ça. »  Tu détournes les yeux, faisant craquer ta nuque. Tu détestes apercevoir les séquelles dans l’échancrure de tes vêtements. Tu détestais déjà tes anciennes cicatrices, dissimulées par les tatouages et l’âge. Tu n’as jamais été fait pour la beauté, hein ? Jamais à la hauteur. Marqué comme le bétail. Tu avais utilisé le renfort des artifices, de la pilosité, des muscles, du maquillage, des tenues fracassantes pour t’embellir, pour enfouir l’enfant délinquant et mal dans sa peau dans le placard à ta place, tu t’étais caché. Ingvar t’avais appris à être aimé. Mais c’était un oripeau que tu t’étais arraché, et t’avais cru pouvoir t’en tirer tout seul. Ton mouvement de recul te trahit. Ce n’est pas de la peur. C’est de la gêne. Tu tires encore un peu sur ta chemise, te redresses droit derrière le canapé. Avale une gorgée raide de whisky tandis que ton ongle joue avec l’une de tes bagues.

Tu glisses ta cigarette entre tes lèvres comme pour y moucher un baiser. La braise incandescente entre tes doigts renvoie la balle à la lueur un peu sauvage au fond des prunelles. Tu baisses les yeux sur le surnaturel assis devant toi, tu exhales ton haleine qui sent le whisky et la cigarette au-dessus de ses boucles et lentement, vient reposer tes paumes sur le dossier du canapé. « - Freyja sait… » Soupire.  « - L’idée que tu rejoignes Hel, après notre dernière conversation, après la façon dont elle a terminé… » Tu n’avais dit que la vérité ce jour-là, mais cela ne voulait pas dire que tu aimais cette dernière. Que tu voulais que Ingvar meure avec la certitude que tu ne pourrais plus jamais l’aimer, que tu l’avais haï, que votre relation avait pourrit quelque chose en toi, terreau où fermente encore des choses que tu n’oses regarder en face. Tu avais cru qu’il était mort, la poitrine inerte, et tu avais réalisé que tu n’étais pas en paix avec l’idée qu’il meure en pensant que tu ne l’aimais plus.

Ta voix pourtant ne tremble pas, te faiblit pas, elle est nette, tranchante, change de sujet. « - J’ai fait la vie de foyer. Oona a besoin d’un seul lieu de vie, stable. »  Une maison.  Tu n’auras pas assez de mensonges pour une garde alternée.  Si Oona pense sa mère morte, elle n’est pas une cible pour les castes. Et elle pourrait retourner à l’école. Et elle pourrait avoir des amis de son âge. Et elle pourrait jouer à la princesse avec quelqu’un d’autre que Wighard. Wighard a la gorge nouée par les conséquences de ses propres actions et il avale une lampée de whisky. Vous aviez bu, beaucoup avec Badia, une fois la décision prise. « - Mais tu ne peux pas être père célibataire et camé en même temps. » Un choix. Une condition. Sortis de nulle part, offerts sur un plateau pour ne pas dire une barre de pole dance.

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Message Dim 26 Sep - 16:20



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@Wighard Wolden | Mars 2020

◊ ◊ ◊


Tu abandonnerais tout pour pouvoir garder Oona, absolument toute chose, même Freyja s’il le fallait. Alors la condition que Wighard glisse soudain, qui résonne comme une évidence, ne t’impressionne guère. Du jour au lendemain te voilà avec la responsabilité d’une vie innocente entre les mains. Bien sûr qu’il va falloir que tu changes certaines choses. Tu t’adapteras, aussi vite que la situation inattendue te le demande. Tu peines tout de même à réaliser toutes les implications et conséquences de qui est en train de se décider. Ton esprit est toujours en train de traiter l’information qu’Oona est bien là, à tes côtés, après tous ces mois à avoir remué ciel et terre à sa recherche. Si tu avais perdu espoir ? Tu n’as jamais été assez sincère avec toi-même sur le sujet, préférant te voiler la face, continuant avec la détermination du désespoir à forcer contre le destin lui-même, refusant d’accepter cette vérité-là. La mort de Badia était déjà une épreuve trop affligeante que pour accepter la disparition mystérieuse de sa fille.

« De père célibataire à père célibataire, c’est ta seule recommandation ? » Que tu lui rétorques doucement, un sourire doux peint sur ta face. Malgré les traits fatigués, tu sembles désormais apaisé. Ton corps s’affaisse contre le dossier dans un long soupir, tes paupières se closent. Une part de ton être ne peut s’empêcher pourtant d’en vouloir à Wighard, d’avoir gardé pour lui le secret sur Oona durant tout ce temps. Qu’est-ce qu’il craignait de ton être ? Cette histoire de promesse bancale – blessante pour ton être, surtout – te chiffonne encore. Les mâchoires se crispent un instant avant que tu ne balayes les idées noires de ton esprit : il faut que tu te concentres sur la seule et unique chose qui importe désormais : Oona est là, Oona est près de toi et désormais il est absolument hors de question qu’il en soi autrement. Tu pressens que Wighard t’a donné l’illusion du choix car il savait que lui, ne l’avait plus. En prenant l’initiative de te l’amener à toi et nul autre, c’était mettre fin à cette mascarade. C’était peut-être se soulager d’un poids devenu trop lourd à porter parmi la charge écrasante de ses responsabilités. Pouvoir rayer une inquiétude le rongeant, déposer un peu de ces tracas à tes pieds, en sachant que malgré tout ce qui vous sépare, il s’en retrouverait rassuré.

Tu te relèves, traversant l’appartement d’un pas lent, l’esprit distrait par des questions pratiques, réfléchissant à comment organiser les jours à venir. Une concentration pratico-pratique qui tente de chasser vainement les tourments morcelant à l’instant ton âme. La joie de retrouver Oona profile une autre vérité autrement difficile : Wigard et toi ne formerez jamais plus de famille. La situation a des relents de couples divorcés malgré ce qui vous sépare de cette image. Peut-être qu’un jour tu refonderas un foyer avec une autre personne, peut-être que Wighard en fera de même de son côté et l’un comme l’autre ne sera plus qu’une ombre du passé pour l’autre. Peut-être, mais pour l’instant tu chasses les préoccupations futiles d’un futur hypothétique pour les questionnements hautement plus urgentes du présent. « Il faudra que tu m’apportes ses affaires. » Que tu lâches, te retournant vers Wighard, soudain stoppé dans ton errance réflexive, manifestation physique de ton esprit en pleine agitation.

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